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Art Litterature et Politique.docx

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Art litt rature et politique Un titre plus exact serait Litt rature et politique en France au XX me si cle Ce cours se justifie en termes de science politique c est un compl ment aux cours d histoire des id es politiques mais aussi dans une perspective de culture g n rale Ce cours est d abord un cours d id e Le dictionnaire des intellectuels fran ais au XX me si cle Julliard et Winock Le si cle des intellectuels Winock L crivain engag et ses ambivalences Lotman Ce cours porte sur le XX me si cle C est encore pr sent mais est d j du pass Un certain nombre des id es qui circulent aujourd hui sont emprunt es au XX me si cle Par exemple le mot fasciste qu est-ce que c est Ca renvoi une r alit pr cise le r gime italien de Mais aujourd hui on est loin de ces r f rences Le XX me si cle c est aussi du pass souvent caricatur mythifi et on se condamne ne rien comprendre si on s en tient la vision des m dias Il faut se garder d une attitude d ethnocentrisme historique il ne faut pas faire l histoire du XX me si cle en le regardant dans le r troviseur du XXI me Cet ethnocentrisme a aujourd hui un aspect intellectuel et moral Du point de vue intellectuel il faut analyser les r alit s du XX me si cle en se gardant des savoirs qu ignoraient les contemporains Cette attitude est d autant plus n cessaire que les faits n ont pas le m me sens aujourd hui qu hier En plus il y a l ethnocentrisme moral avec un sentiment de sup riorit moral des hommes d aujourd hui sur les hommes d hier Il ne faut pas voir les choses en terme manich en les hommes sont m diocrement bon ou m diocrement mauvais disait Machiavel Il faut se garder d une derni re d rive consistant juger sans savoir alors qu il faut savoir avant de juger Ce cours comportera des citations de texte Il aura trois parties une g n rale et une sur des crivaines particuliers Partie litt rature et politique Chapitre Quel est le rapport entre la litt rature et la science politique I- Une approche s mantique du probl me Il s agit de pr ciser la notion de litt rature et de politique Les dictionnaires sont tr s peu pr cis pour le mot litt rature Ce n est qu une approche plut t qu une d finition Il y a deux orientations une approche large et extensible mode d expression qui recours l crit ou une approche restrictive qui a trait aux belles lettres De ces approches on peut extraire trois l ments D abord c est un mode d expression un moyen d ext rioriser ses pens es ses id es ses motions C est un moyen de communication Ensuite c est un mode d expression faisant appel l crit C est une r f rence al atoire pour les origines de la litt rature les premi res uvres litt raires furent transmises oralement Enfin c est li aux belles lettres c est une recherche esth tique une recherche de beaut On peut donc additionner ces trois l ments mode d expression crit but esth tique Mais c est trop restrictif a s carte des formes de litt rature populaire roman d espionnage policier Si on ne retient que les deux premi res r f rences la d finition est trop extensible un rapport administratif serait une uvre litt raire On retiendra une distinction entre la litt rature artistique et populaire mode d expression crite avec pour but de distraire et d amuser le lecteur sans avoir une pr occupation esth tique particuli re la litt rature artistique ce sont les productions litt raires qui ont une recherche esth tique la grande litt rature Les fronti res entre les deux sont difficiles tracer La conception retenue englobera la grande litt rature sans exclure des domaines o la recherche esth tique n est pas primordiale Le terme politique est sens tre un peu connu C est un mot qui n est pas facile d finir qui change selon que le d terminant est le la une ou un C est un mot polys mique Le politique d signe l appareil d cisionnel qui permet de prendre des d cisions collectives caract re obligatoire avec possibilit d utiliser la force pour l imposer the polity political Une ou des politiques d signe les d cisions prises par ce m canisme d cisionnel collectif policy La politique d signe la concurrence les conflits auxquels donne lieu le contr le de l appareil d cisionnel et la d cision du contenu de ces d cisions politics La litt rature peut avoir une fonction descriptive mais galement une d cision normative II- La litt rature objet de la science politique La question est de l int r t de la litt rature pour le politologue La litt rature peut l int resser en un double point de vue la philosophie politique et la sociologie politique Du point de vue de la philosophie politique la litt rature est compos e de jugements normatifs Le travail du politologue consiste mettre jour expliciter syst matiser ce qui est contenu dans l uvre litt raire il cherchera les implications politiques les recensera les synth tisera les syst matisera L activit du chercheur est alors une activit d analyse Dans cette perspective le politologue consid rera les uvres litt raires de la m me mani re que l historien tudie les id ologues politiques Cette d marche est moins facile que pour les th oriciens Rousseau Hobbes mais permet de mettre en rapport les id es et la vision du monde qui est plus explicite chez les crivains que chez les th oriciens La voix du rapport entre les choix politiques et la biographie est aussi int ressante Dans un certain nombre de cas on peut tudier des id es politiques chez des th oriciens et des crivains Dans cette perspective les r f rences les plus importantes sont celles la grande litt rature Le politologue peut galement se placer dans une voix de sociologie politique On tudie les uvres politiques dans leur rapport avec la soci t dans leurs rapports d interaction Ils tiennent deux ph nom nes d abord les id es sont rarement des cr ations totalement originales elles sont pour une part conditionn es influenc es par l environnement social Une uvre renseigne sur les caract ristiques de la soci t dans laquelle elle a t con ue Deux pistes peuvent tre exploit es tudier travers l uvre litt raire les mouvements d id e les courants id ologiques auquel cas l uvre est une information suppl mentaire L crivain est l le reflet des id es de l poque Dans cette perspective le politique consid re la litt rature comme un produit des id es de la soci t La seconde perspective sociologique consiste s int resser au contexte que traduisent les uvres litt raires Il s agit de s int resser aux faits les uvres ne sont l que des reflets de la structure de la soci t Cette orientation est l origine de la sociologie de la litt rature Mais la litt rature n est pas passive c est aussi un ph nom ne social susceptible d avoir une efficacit sociale C est un instrument actif de la diffusion des id es de changement des mentalit s La litt rature peut contribuer d terminer les orientations de la soci t La litt rature est un facteur de la socialisation politique m canisme social travers lequel se constitue la personnalit politique des individus La litt rature traduit ou r v le les courants d id e d une soci t mais contribue aussi les cr er Ce n est pas seulement un produit elle contribue faire l histoire ex Soljenitsyne Dans cette perspective il est vident que la grande litt rature est importante Mais la litt rature populaire a au moins autant d importance que la grande litt rature C est d au fait que en g n ral l influence sociale est beaucoup plus importante que sur celle de la grande En plus la litt rature se diffuse en millions d exemplaires a touche beaucoup de gens Chapitre Les rapports entre la litt rature et la politique Il s agit d voquer un certain nombre de points de rep res Les controverses qui seront voqu es sont celles qui depuis le XIX me si cle ont pos s la question des rapports politique litt rature Est-ce que l crivain doit s abstraire de la politique L crivain doit-il rester l cart des d bats contemporains I- Litt rature pure ou litt rature engag e La question est de savoir si les crivains doivent m ler leurs activit s politiques et litt raires On verra les positions de Sartre pour la litt rature engag e et celles de Julien Benda - pour la litt rature pure La th se de la litt rature pure On peut prendre comme r f rence La trahison des clercs de Benda Le terme clerc n est pas employ au sens religieux mais englobe tous ceux qui ont une activit intellectuelle d sint ress et dont elle est command e par la r f rence des valeurs universelles transcendantes vrai beau bien et juste Depuis la fin du XIX me les intellectuels ont trahis leur mission ils ont adopt s et partag s les passions politiques des foules ils ont m l s les passions politiques leur activit intellectuelle et ils ont contribu s nourrir les passions politiques par leurs uvres et par les id es cr es et diffus es qui trahissaient les valeurs universelles en favorisant l attachement aux pratiques au d triment du spirituel l attachement au particulier au d triment de l universel Ce r quisitoire visait particuli rement les intellectuels qui se sont fait les chantres de la renaissance du sentiment national bref les crivains nationalistes Maurice Barr s Charles Maurras Paul Bourget Charles P guy Bruneti re En Allemagne c tait essentiellement des historiens Mommsen Treitschke En Angleterre Rudiard Kipling en Italie d Annunzio Il faisait aussi allusion ceux qui exaltaient les passions de classe comme George Sorel et certains intellectuels communistes dans la r dition de Face eux Benda voquait l exemple d crivains qui taient rest s au dessus de la m l e politique et qui avaient ce qu il pensait devoir tre l attitude des crivains Goethe Il fallait conna tre l homme pas les hommes Ernest Renan Goethe et Fichte ne nous ont-ils pas appris comment on peut mener une vie noble et heureuse au milieu de l abaissement de sa patrie L intellectuel n est pas solidaire et ne doit pas tre solidaire de sa soci t Benda exprimait la nostalgie d une poque o les intellectuels seraient lib r s des corv es terrestres Il avait le r ve de la cr ation d une acad mie d tach e de la soci t ou les intellectuels pourraient se livrer leur activit d une mani re totalement libre Une classe d homme exempt des devoirs civiques et au service des valeurs non pratiques Les clercs ne doivent pas polluer leur activit par des activit s politiques ou sociales Mais cet hymne au d sengagement est plus ambigu que ce qu il parait au premier abord le comportement de Benda tait moins d sengag que ce qu on pourrait penser D un point de vue pratique cet essai avait une port e politique dans la mesure o il d non ait les crivains nationalistes Sur le plan th orique Benda ne condamnait pas tout engagement politique Il approuvait un type d engagement quand il tait justifi par la d fense d id es abstraites et universelles ce qu il condamnait tait l engagement au service d id es particuli res et pratiques Il a donc justifi l engagement de Voltaire en faveur de Calas l engagement de Zola dans l affaire Dreyfus Benda consid rait que l engagement d mocratique des intellectuels tait lui aussi justifi dans la mesure o s engager pour la d mocratie tait s engager en faveur d un certain nombre de valeurs universels libert individuelle justice v rit Par la suite Benda deviendra dans les ann es un militant de l antifascisme et sera jusqu sa mort un compagnon de route du PC en pr cisant que selon lui l engagement communiste tait justifi quand il se r clamait de la justice Mais si le communisme tait pr sent comme un combat pour le prol tariat alors l l engagement communiste devenait condamnable La th se de la litt rature engag e L avocat le plus c l bre de cette th se tait Jean-Paul Sartre Il a expos plusieurs chroniques dans Les Temps modernes r unies sous le nom Qu est-ce que la litt rature Sartre pourfend tous les crivains qui refusent ou refusaient de s engager Flaubert Proust Val ry Il condamne aussi Jean Giraudoux et crivait je sais que Giraudoux disait la seule affaire qui compte c est de trouver son style l id e vient apr s Il avait tort l id e n est jamais venu Pour Sartre la litt rature ne peut tre qu engag e La litt rature est par essence prise de position la litt rature a un contenu moral dans la mesure o c est une incitation certains comportements une certaine conduite Bien que la litt rature soit une chose et la morale une toute autre chose au fond de l imp ratif esth tique nous discernons l imp ratif moral il est li la fonction de d nonciation qui doit tre celle de l crivain Il ne veut pas contempler les injustices avec froideur mais les d voiler avec indignation pour qu elles soient supprim es L crivain engag sait que la parole est action Il sait que d voiler c est changer et qu on ne peut d voiler qu en projetant de changer Ecrire c est d voiler le monde et le proposer comme une tache la g n rosit des lecteurs La premi re id e est que la parole l criture constitue une forme d action ce sont des actes susceptibles d avoir une efficacit sociale Il y a des mots qui sont aussi meurtrier que les chambres gaz Simone de Beauvoir La deuxi me est que cette efficacit tient au fait que le r le de l crivain est de r v ler la r alit du monde et les injustices qui s y trouvent L crivain doit r v ler la r alit elle-m me la litt rature doit tre la mauvaise conscience de la soci t Enfin cette r v lation ce d voilement sont par eux-m mes une incitation l action au changement Ils ont par eux-m mes une port e r volutionnaire sans qu il soit besoin de pr cher la r volution Telle est donc la fonction sociale de la litt rature et selon lui il n est pas possible d chapper ce r le Ceux qui ne d noncent pas sont les complices de l ordre tabli en aucun cas l crivain ne peut chapper l engagement et se r fugier dans l art pur M me le silence n est pas un refuge contre l engagement c est une forme d engagement implicite Serions nous muet et silencieux comme des cailloux notre passivit serait encore une action Ce d bat n est pas n avec Sartre il a exist au XIX me si cle il tait au c ur de la th orie de l art pour l art qui s est d velopp sous la plume de Th ophile Gauthier Il l a exprim dans la pr face d un roman Mademoiselle de Maupim Dans cette pr face Gauthier opposait sa conception du r le de l crivain en face de la conception d fendue par les critiques utilitaires d inspiration socialiste A sa th se Sartre r pond qu on sait bien que l art pur et l art vide sont une seule et m me chose au service de la classe dominante En r alit les choses sont plus compliqu es si l on se place au niveau de la litt rature II- L crivain et la politique Jean Touchard distingue trois situations types la premi re celle de l crivain amen occuper des fonctions politiques qui doit s engager dans des activit s caract re politique l crivain qui fait une carri re politique Ce cas peut recouvrir des hypoth ses diff rentes celle d crivains qui ont occup s des fonction dans les institutions politiques d put ministre Chateaubriand Lamartine Victor Hugo Malraux Ou encore le cas d crivains qui ont occup s des postes administratifs importants la fronti re de l administratif et du politique G n ralement ce sont des diplomates Claudel Morand Jean Giraudoux Saint John Perse Alexis L ger Ou bien aussi les crivains qui ont t militants de groupes ou de partis politiques et qui ont eu des responsabilit s dans une activit politique Malraux Aragon Il y a aussi des crivains journalistes qui se trouvent engag s Robert Brasillach La deuxi me situation est celle d crivains dont l uvre litt raire a pour toute partie un contenu directement explicitement politique Il y a ceux dont l uvre a un caract re essentiellement politique ceux dont l activit d crivain se confond avec leur pens e politique ils peuvent tre d anciens hommes politiques Machiavel le cardinal de Retz le g n ral de Gaulle ou des journalistes politiques consid r s aujourd hui comme des crivains Paul-Louis Courrier Louis Veuillot Il y a les crivains qui ont conduits parall lement une uvre litt raire proprement politique et une uvre litt raire non politique sans qu il y ait communication entre les deux Benjamin Constant Jean Giraudoux en partie Fran ois Mauriac On peut aussi trouver des crivains dont l activit a t essentiellement litt raire mais qui ont certains moments jug s n cessaires d avoir un engagement politique Zola La troisi me situation est celle d crivains dont l uvre est essentiellement litt raire mais dont l uvre comporte des significations des implications politiques On peut distinguer le contenu politique manifeste et latent des uvres litt raires Il est manifeste quand les implications politiques ont t introduites dans l uvre de mani re consciente et d lib r e L uvre comporte des aspects et une signification politique et ce sont des l ments que l auteur a introduits consciemment et volontairement dans son uvre Il est latent quand les implications politiques r sultent de la lecture ou de l analyse que l on peut faire de l uvre sans qu elles aient t voulues explicitement et volontairement par l auteur Balzac royaliste r actionnaire qui a t consid r par la critique marxiste et sovi tique comme un crivain r volutionnaire progressiste Tout a implique un certain nombre de cons quence L analyse du rapport entre l crivain et la politique am ne prendre en consid rations plusieurs types d information celles relatives la carri re politique de l crivain ce qui am ne s int resser la biographie de l crivain et on prend en consid ration trois types d v nements les v nements qu il a v cu et dont il a t le contemporain les actes et les engagements qu il a fait et les l ments de sa biographie qui peuvent avoir un rapport m me lointain avec les attitudes politiques prisent par les crivains Les informations relatives au contenu de l engagement de l crivain et au contenu de sa r flexion politique telle qu on peut la d couvrir dans ses uvres objet directement politique Les informations r sultantes de l analyse politique de l uvre litt raire Cette analyse peut se situer sur plusieurs niveaux on peut tre amen distinguer le dit du non-dit A l int rieur du dit il faut distinguer le dit manifeste du dit latent Le dit explicite dans l uvre litt raire ce sont les d clarations les jugements les engagements qui expriment ouvertement les opinions politiques des personnages qui sont mit en sc ne Le dit implicite latent c est les situations les personnages les v nements qui peuvent recevoir une interpr tation politique sans que l auteur ne guide explicitement le lecteur L auteur laisse le soin au lecteur de d gager ce sens politique A l int rieur du dit implicite il y a le dit implicite manifeste et le dit implicite latent Le dit implicite peut tre conscient manifeste voulu ou alors il peut tre d gag ind pendamment de la signification voulu par l auteur Chapitre Les rapports au XX me si cle en France On peut consid rer que le XX me si cle commence en avec la Premi re Guerre Mondiale Dans les ans qui ont suivit on peut distinguer trois dates cl et On peut aussi souligner l importance de cette p riode cl du XX me si cle que constitue les ann es - En effet ces vingt ann es ont t caract ris es par le paroxysme de la politisation de la litt rature et des crivains alors que avant et apr s les rapports taient plus distant Le d sengagement des ann es folles - Apr s la tension et les sacrifices provoqu s par la guerre les ann es suivantes se traduisirent par une sorte de d foulement h doniste favorisant le succ s d une litt rature brillante mais au ton souvent d sinvolte et insouciant qui semblait vouloir effacer le traumatisme de la guerre et de son souvenir Un certain climat d euphorie caract risa cette p riode euphorie due au souvenir de la victoire de et euphorie de l espoir que cette guerre serait la der des ders avec l av nement d une paix perp tuelle Euphorie aussi avec les changements mat riels et conomiques engendr s par le progr s technique et par ce ph nom ne nouveau qu tait l inflation On dira plus tard que ces ann es folles furent aussi des ann es d illusion un chroniqueur voquera cet univers clinquant cette France insouciante de son sort qui se croyait un destin facile un avenir sem de fleur Sur le plan strictement litt raire cette d cennie a t une des plus brillantes de la litt rature fran aise Mais c est une litt rature qui fait peu de place aux pr occupations sociales et politiques C est une litt rature d vasion quel que soit ses formes litt rature du voyage de l exotisme du d paysement C est l poque qui fait le succ s de Pierre Beno t de Pierre Mac Orlan de Paul Morand mais aussi des fr res Louis et Marc Chadourne de Maurice Bedel C est l poque o Jacques Chardonne commence se faire conna tre Deux th mes reviennent fr quemment le d part et l ailleurs La seconde orientation est une litt rature caract ris e par la recherche esth tique C est le cas de Jean Cocteau de Giraudoux de Paul Morand La troisi me orientation est ni e l influence naissante du freudisme avec l apparition de la notion d inconscient c est une orientation s attachant la psychologie individuelle Il y a Andr Gilles on d couvre Proust Andr Mauroy On peut y situer Chardonne aussi La quatri me orientation est une orientation vers la r flexion spirituelle et religieuse avec l uvre de Paul Claudel c est le d but de la carri re de Fran ois Mauriac c est la publication des premiers romans religieux de George Bernanos Elle se traduit aussi par l influence du philosophe catholique Jacques Maritain En r sum c est une litt rature de divertissement et d vasion m taphysique plus tourn e vers un questionnement religieux que politique et social On peut noter trois exceptions l int r t port par certains intellectuels au d but des ann es au communisme naissant et l exp rience sovi tique Henri Barbusse Romain Roland George Duhamel Ensuite l audience intellectuelle de l Action Fran aise et de ses leaders intellectuels Charles Maurras Jacques Bainville et L on Daudet Enfin le cas du surr alisme et de l orientation nihiliste tant sur le plan esth tique que social et politique Il surgit autour d Andr Breton Eluard Aragon A l poque on ne retient que les aspects les plus provocants les plus subtils du surr alisme L engagement des ann es - En trois ans entre et le paysage social culturel et politique va se modifier consid rablement au cours de ces ann es tournantes Ca se traduit par un retournement des sensibilit s litt raires et par l introduction de l histoire dans la pr occupation des crivains Ca ne s est fait qu en quelques mois Ces ann es voient la fin brutale de l atmosph re d insouciance C est d au d veloppement de la crise conomique qui touche l Europe en la fin du r le de la SDN et au retour une diplomatie classique la mont e du national-socialisme en Allemagne l impuissance et l impopularit du syst me politique parlementaire fran ais d bouchant une meute en f vrier Cette poque est donc caract ris e par la mont e d une inqui tude croissante Cette mont e des p rils va trouver un cho presque imm diat dans la litt rature Il va y avoir une r apparition des pr occupations sociales et politiques chez les crivains Dans l activit intellectuelle des crivains il y a une multiplication d essais caract re directement social ou politique La grande peur des bien-pensants en Paul Val ry publie en Regards sur le monde actuel Giraudoux publie en Pleins pouvoirs C est l poque o Saint Exup ry C line Malraux deviennent connu et c l bres Malraux sera le prix Goncourt de l ann e Jules Romains commence publier partir de l automne Les hommes de bonne volont et qui est un tableau social et politique de la vie de Chaque ann e la publication de deux tomes de ces romans est un v nement Roger Martin du Gard crit lui aussi un roman fleuve intitul Les Thibault Les premiers tomes ont t crit dans les ann es et sont une chronique familiale et les derniers crits dans les ann es sont consacr s l actualit sociale et politique pr parant la guerre de Il y projette les inqui tudes et les pr occupations du pr sent Apr s le f vrier les crivains et les intellectuels s engagent dans la politique militante A gauche c est l engagement qui se traduit par les manifestations des intellectuels anti-fascistes qui se r unissent autour de Malraux de Barbus d Aragon de Romain Roland de Jean Gu henno d Andr Chamson A droite a se traduit par des engagements en faveur d v nements historiques en la faveur de l Italie fasciste dans sa guerre contre l Ethiopie en en faveur de la r bellion franquiste la sympathie l gard du fascisme italien C est le cas de Pierre Brieu la Rochelle de Robert Brasillach de Lucien Rebatet Ca se manifeste par leur r le dans l hebdomadaire Je suis partout Les deux groupes s affrontent en Andr Gilde symbole de l orientation psychologiste des ann es bascule dans un engagement communiste en engagement qui s ach vera en l occasion d un voyage en URSS C est un bel exemple de la politisation des crivains dans les ann es Cet engagement va se renforcer dans la d cennie suivante Certains crivains vont s engager en faveur d une politique de collaboration avec l Allemagne pour construire une Europe nouvelle oppos e au communisme On retrouve Brieu la Rochelle Brasillach Rebatet Alphonse de Ch teaubriant C line Abel Bonnard A l oppos d autres crivains s engagent dans la R sistance Le comit national des crivains CNE diffusera une publication clandestine les Lettres fran aise et organisent une maison d dition clandestine On y retrouve Vercors Aragon Mauriac Camus Sartre Eluard A la Lib ration cette politisation aura pour cons quence que le milieu des intellectuels et des crivains sera l un des milieux les plus pur s l ex cution le f vrier de Brasillach et le suicide de Brieu la Rochelle Le CNE labore une liste de collaborateurs Apr s la Lib ration cette politisation va persister Le PC aura un grand prestige suite son entr e en r sistance La r v lation de l univers concentrationnaire et l apparition des armes atomiques auront un impact important sur les intellectuels A cela va s ajouter le d clanchement de la Guerre Froide qui deviendra chaude avec la guerre de Cor e A gauche les intellectuels se mobilisent autour de trois p les Les Temps modernes revue autour de laquelle se r unissent les existentialistes Esprit qui rassemble les chr tiens de gauche et le p le communiste avec Les Lettres fran aises qui exist rent jusqu en et La nouvelle critique Le poids du PC est tr s important Les mandarins est une tr s bonne repr sentation de cette p riode Durant cette p riode commence filtrer les premi res informations sur le syst me concentrationnaire sovi tique A droite la politisation de la droite est bien plus faible Malraux devient le principal orateur du RPF et il est l origine de la cr ation de la revue Libert de l Esprit qui tente de mobiliser les intellectuels anti-communistes On peut lire Rive Gauche d Herbert Lottman et Les ann es souterraines de Daniel Lindenberg Pour approfondir cette p riode Des ann es aux ann es S il y a continuit entre les ann es et la date de constitue une date quivalente celle de Ca va tre une p riode de relatif d sengagement La litt rature engag e va conserver des repr sentants comme Jean-Paul Sartre m me si dans Les mots il semble douter de l efficacit des mots pour changer le monde Ce qui va pousser les intellectuels s engager ce sont les guerres coloniales d Indochine et d Alg rie et l av nement de la V me R publique Les v nements de mai seront aussi tr s mobilisateurs Mais cette tendance est moins g n rale moins syst matique que dans la p riode pr c dente et a va aller en s amenuisant jusqu aux ann es Les ann es constituent quand m me un tournant travers l apparition de deux coles litt raires se d finissant par le refus de l engagement Il y a les hussards caract ris s par le contraste entre le brio de leur criture la d sinvolture de leur ton l amoralisme de leur contenu ils se d finissent en rupture avec les th mes de la litt rature engag e ayant domin la vie intellectuelle fran aise des ann es - Ils se r clament d crivains post re guerre mondiale comme Paul Morand et Jacques Chardonne Ces crivains se voulaient et s affirmaient crivain avant tout et se lan aient dans de violentes pol miques contre les cuistres existentialistes Ces crivains sont Antoine Blondin Roger Minier Michel D on Jacques Laurent Derri re ces crivains il y avait la maison d dition La Table ronde Laurent a notamment crit Caroline ch rie Son nom de plume populaire tait C cile St Laurent D une certaine mani re Laurent a t le th oricien des hussards et il a fond la revue la Parisienne en Son ditorial disait que c tait une revue d humeur de caprice et de curiosit non dirig pas une revue en situation Il ne voulait pas guider mais s duire Laurent a crit un essai pol mique intitul Paul et Jean-Paul qui d montrait qu il y avait une filiation dans la fa on entre Paul Bourget et Jean-Paul Sartre consid rait la litt rature Face ces hussards les tenants de la litt rature engag e ont consid r s que les hussards cachaient sous leur pr tendu apolitisme des opinions de droite ce qui n tait pas tout fait faux pour certains Mais leur apparition a quand m me constitu un tournant dans la vie culturelle de l poque La seconde cole est l cole du nouveau roman C est une apparition un peu plus tardive c est l cole du regard une cole romanesque qui se voulait descriptive Elle voulait s en tenir aux apparences ext rieures que ce soit des choses ou des comportements Les personnages se r duisent la description des actes ext rieurs des personnages L engagement id ologique ne pouvait qu avoir une place tr s r duite Il y avait Nathalie Sarraute Michel Butor Claude Simon Alain Robbe-Grillet Le seul engagement possible de l crivain c est la litt rature et le nouveau roman ne peut tre qu un constat objectif qui ne saurait tre sous-tendu par un quelconque projet politique et social Il n est pas raisonnable de pr tendre dans nos romans servir une cause politique Robbe-Grillet Avant l uvre il n y a rien pas de certitude pas de th se pas de message Croire que le romancier a quelque chose dire et qu il cherche ensuite comment le dire repr sente le plus grave des contresens Car c est ce comment qui constitue son projet d crivain Mais l engagement des intellectuels ne dispara t pas totalement mais il va aller en s tiolant La date de est significative de ce point de vu Autour de disparaisse les derniers grands noms qui tout au long du XX me si cle ont symbolis s l engagement politique de la litt rature mort de Malraux mort de Jean-Paul Sartre mort d Aragon La deuxi me justification est que l volution technique et sociale fait dispara tre le r le de ma tre penser des crivains et des intellectuels Technique car selon Mac Luhan on est pass de l ge de Gutenberg l ge de Marconi un des inventeurs de la TSF bref de l ge de l imprim l ge de l audiovisuel Il dit le m dium est le message bref que le moyen de communication est plus important que ce qui est communiqu Ce qui est communiqu est d termin par le moyen utilis pour communiquer La cons quence est la perte d influence sociale des intellectuels et des crivains Culturel et intellectuel C est de l anti-id iste L influence de ces ma tres penser passait par les id es or aujourd hui on se m fie des id es Ca s explique par les d rives id ocratiques du XX me si cle Aujourd hui la culture m diatique contemporaine est caract ris e par deux r actions le sentiment plus ou moins conscient que les id es sont fausses car elles simplifient abusivement la r alit et le sentiment que les id es sont dangereuses car elles impliquent une distinction entre le vrai et le faux entre le beau et le laid entre le bien et le mal L id e est dangereuse parce qu elle produit de l exclusion En plus on consid re que c est une atteinte la libert Cette orientation est aussi favoris e par les orientations individualistes et galitaires Ce cours va pivoter principalement dans les ann es - Ce choix se justifie par trois remarques l importance des v nements qui se sont succ d s dans cette p riode et qui ont encore des importances dans la vie d aujourd hui Les v nements qui se d roulent durant cette p riode ne se d roulent pas de mani re coh rente et pr visible et qui ont oblig s les contemporains des orientations qui taient en rupture avec les orientations pr c dentes Durant cette p riode la rapidit de la succession des v nements a t consid rable le paysage social et politique se modifie presque tous les six mois Il fallait donc s adapter cette avalanche d v nements et donc se m fier de tous les ouvrages ne tenant pas compte de la chronologie Quand on commente un texte de cette p riode il faut savoir exactement quelle date il a t crit On tentera de reconstituer la logique des engagements des auteurs que l on va voquer en ne se situant pas en justicier Ce cours n a pour but ni d tre une plaidoirie ni d tre un r quisitoire D un point de vue m thodologique la m thode d analyse est id aliste c'est- -dire qu elle croit la logique des id es qu elle croit qu on peut expliquer les id es d un crivain par sa logique individuelle interne Ca n exclut pas une analyse psychologique ou sociologique Il y aura deux crivains George Bernanos de droite et Albert Camus de gauche Partie Georges Bernanos Chez lui l crivain politique est au moins aussi important que le romancier Aujourd hui la notori t du romancier a clips celle du pol miste pourtant son activit proprement litt raire a t tr s br ve elle a t de A l ext rieur de ces deux dates il n y a qu une pi ce de th tre qui est l origine un sc nario pour un film Au contraire de la veille de sa mort en il n a cess de commenter les v nements de son temps si bien que ses crits de combat articles et essais d passent en volume largement ses crits litt raires Mais si l engagement social et politique de Bernanos est vident il est aussi tr s d routant tr s surprenant Le premier qualificatif qui vient l esprit est l incoh rence En il est consid r comme un crivain de droite mais ses prises de position l occasion de la guerre d Espagne font de lui un crivain de gauche Avant c est un militant de l Action fran aise et apr s il fournira contre Maurras et l Action fran aise des r quisitoires tr s virulents Dans sa jeunesse c est un admirateur d Edouard Drumont puis il condamnera solennellement l antis mitisme hitl rien Il appara tra comme un des inspirateurs intellectuels de la R sistance et la Lib ration d noncera les r sistants A la veille de la guerre c est une grande figure de l antifascisme et apr s la guerre ce sera une grande figure de l anticommunisme Au premier abord l adjectif incoh rent vient l esprit Pourtant pour sa part Bernanos affirmera toujours qu il n a pas chang A de multiples reprises il renouvellera cette d claration et il est vrai que malgr des apparences contraires il y a une certaine continuit de l engagement politique et sociale de Bernanos Mais cet engagement se combine avec des volutions qui n en sont pas moins r elles et importantes Le caract re chaotique de cet itin raire tient sans doute la mani re dont se sont d roul s les v nements L histoire de Bernanos est celle d une lib ration intellectuelle contre l orthodoxie id ologique Au d but Bernanos s est trouv enferm dans le moule id ologique de l Action fran aise mais il va progressivement s en loigner et s en lib rer pour livrer une r flexion personnelle La premi re p riode est celle qui va de C est une p riode durant laquelle qu il soit pour ou contre l Action fran aise on ne peut rien comprendre Bernanos sans se r f rer ses rapports avec elle A partir de sa r flexion devient beaucoup plus personnelle I- Bernanos et l Action fran aise - Jusqu en l histoire de Bernanos se confond avec celle qu il a avec l Action fran aise C est d abord un engagement militant au sein de l Action fran aise jusqu en puis un rapport ambigu jusqu en et enfin sa rupture avec l Action fran aise en A l occasion de ce parcours les id es de Bernanos se modifient Avant il est un fid le de l Action fran aise et les solutions maurrassienne constituent le rem de la crise politique qui semblent compromettre les chances de la France Dans les ann es et il lui appara t que la France se d bat dans une crise non seulement politique mais aussi une crise de soci t Bernanos militant de l Action fran aise Durant cette p riode la vie de Bernanos se caract rise par un engagement politique militant dans les rangs de l Action fran aise L Action fran aise est n e en c est une revue qui donnera naissance un quotidien en et un mouvement politique royaliste et nationaliste qui se constitue autour de trois intellectuels Charles Maurras L on Daudet et l historien Jacques Dainville L audience la plus forte de ce mouvement s est situ e au lendemain de la Premi re guerre mondiale L influence est intellectuelle et d borde largement des cercles monarchistes L influence de l Action fran aise va diminuer avec la condamnation dont l Action fran aise est victime de la part du Vatican puis il s est effondr du fait de son soutient Vichy Durant cette p riode Bernanos adh re l essentiel des th ses maurassiennes L orientation nationaliste de Bernanos s explique par son h ritage familial Fils d artisan il a t influenc par les orientations id ologiques de son p re qui tait catholique monarchiste nationaliste et grand lecteur du journal La libre parole Ce journal tait anim par un pamphl taire nationaliste et antis mite nomm Edouard Drumont Bernanos n a jamais reni sa dette l gard de son vieux ma tre On a souvent pratiqu la reducto ad hitlerum l gard de Drumont Il est l auteur de La France juive Drumont appartenait la vie politique et intellectuelle et l poque Il se situe au carrefour de deux antis mitismes l antis mitisme nationaliste pour qui le Juif est l tranger et l antis mitisme de gauche pour qui le Juif est le capitaliste Cette influence paternelle s est combin e avec l ducation qu il a re ue de la part d enseignement priv catholique un moment de crise provoqu par l affaire Dreyfus et la s paration de l Eglise et de l Etat On se m fiait des institutions r publicaines et des catholiques lib raux Cette ducation va avoir pour cons quence de d velopper des fid lit s qui vont l accompagner il a une vision plus ou moins id alis de l ancien r gime et de l ancienne France monarchique et il reste fid le un catholicisme traditionnel tendance mystique Tr s t t ces influences conduisirent Bernanos s associer l Action fran aise D s ans il crit des lettres un de ses professeurs lib ral o on voit ses orientations monarchistes Plus tard quand il est tudiant en Lettres la Sorbonne il appartient aux Camelots du Roi et aura droit quelques arrestations En ses tudes termin es il devient une sorte de permanent de l Action fran aise en prenant la direction d un petit hebdomadaire local dit Rouen et qui s appelait L avant-garde de Normandie Il va redonner de l audience son journal et ses ditoriaux brillants sont souvent de violentes attaques contre le professeur de philosophie radical Alain Le comportement de Bernanos est celui d un militant actif Ses crits sont en conformit avec l orthodoxie maurassienne mais certaines dissonances commencent appara tre discr tement L lan personnel de Bernanos le porte davantage vers un autre leader de l Action fran aise qui est L on Daudet m me si il porte une grande admiration intellectuelle Maurras Bernanos est d abord nationaliste pour lui tout homme est solidaire du groupe national auquel il appartient et la d fense des int r ts du peuple passe par la d fense de l int r t national Bernanos met l id e que le salut de la nation transcende toute autre consid ration Son nationalisme d bouche sur la critique de la d mocratie jug e incapable de prendre en charge les int r ts constant profonds et permanent de la Nation Il estime que la d mocratie multiplie les divisions alors qu il faut l unit de la nation Le suffrage universel fait de chaque citoyen un partisan et de la vie nationale une guerre-civile Dans la foul e appartient une orientation anti-parlementaire et il met en cause les baladins de l urne La tradition parlementaire c est l impuissance au dehors et la flatterie au-dedans les co teuses flatteries de la surench re les pouvoirs grandissants des capitaux anonymes Ca conduit un monarchisme justifi par le nationalisme la monarchie est la seule pouvoir assur la continuit de l Etat et de la Nation Il avait une condition traditionnelle h r ditaire anti-parlementaire et d centralis de la monarchie Enfin la convergence de Bernanos avec Maurras se manifeste aussi par l antis mitisme qui est l aussi justifi par le nationalisme le Juif est consid r comme inassimilable par la nation dans laquelle il reste un tranger Il se prononce pour un statut particulier des Juifs qui sont les h tes de la France mais ne sont pas ses enfants Le peuple Juif est une Nation qu on le traite en ami en alli en fr re mais en tranger Qu on reconnaisse leur v ritable nationalit Cet antis mitisme nationaliste comporte une dimension sociale dans la mesure o le Juif est non seulement l tranger mais l usurier l accapareur le capitaliste Pour l essentiel les positions id ologiques de Bernanos cette poque correspondent celles de l Action fran aise On peut relever un certain nombre de traits mineurs propres Bernanos mais qui ne le s pare pas de Maurras La premi re nuance est l orientation anti-bourgeoise de Bernanos Il n a aucune sympathie pour le monde des bourgeois conservateurs avec lequel il estime que l Action fran aise n a rien voir et dont il stigmatise l opportunisme et la l chet C est aussi une critique sociale il met en cause le luxe cruel inhumains de cette riche bourgeoisie lib rale Inversement il manifeste sa sympathie pour le peuple et insiste sur le cot populaire sinon populiste que devrait avoir une ventuelle restauration monarchique Il faut noter que sur ce dernier point ses orientations avaient des accointances avec certaines orientations de l Action fran aise de l poque on a vu l Action fran aise soutenir des gr vistes Bernanos a t invit participer au cercle Proudhon qui r unissait des militants de l Action fran aise et des syndicalistes Ces tendances anti-bourgeoises sont signaler car elles vont aller en s accentuant et se relient une conception anti-capitaliste de l institution monarchique Ou bien un pouvoir h r ditaire et responsable ou une bande irresponsable de tyrans milliardaires Ensuite il est anti-intellectuel Le temp rament de Bernanos ne s accordait pas avec le rationalisme politique de Maurras qui tait un h ritier d Auguste Comte Il ne s accordait pas avec la dialectique quelque peu aust re de Maurras pour qui le royalisme tait un royalisme de raison rationnel quasi-scientifique alors que chez Bernanos c est un lan instinctif affectif qu il a rationalis en adh rant l Action fran aise c est un romantisme rationalis L engagement de Bernanos est command par un enracinement spirituel dans une foi religieuse tendance mystique extr mement vigoureuse et profonde La vie est une chose terrible sans saveur quand on n y m le pas toujours absolument Dieu On peut dire que durant cette p riode si l on rencontre dans les orientations de Bernanos des nuances personnelles elles restent pour l essentiel tr s proche de celles de l Action fran aise Sa vision des choses recoupe en grande partie la th se maurassienne pour laquelle la France traverse une crise politique d aux mauvaises institutions dont s est dot la France depuis Ce qu il faut voir c est que dans cette vision des choses il faut distinguer le pays r el du pays l gal Le pays r el est sain mais parasit par le mal qui ronge le pays l gal Si on rem die au mal tout va rentrer dans l ordre La rupture avec l Action fran aise Elle va dater des ann es - Mais en fait c est la conclusion d une volution qui s est amorc e d s les premiers mois de la guerre de Il devient de plus en plus r ticent certaines transformations mutations du mouvement maurassien Les rapports ambigus du rapport entre Bernanos et l Action fran aise ne peuvent emp cher qu il y a une rupture critique en - Ce qui a contribu au premier loignement de Bernanos d avec l Action fran aise est la guerre Il s engage volontairement et a lui fait perdre les illusions romantiques qu il avait sur la guerre C est une preuve atroce qui lui fait trouver insupportable le journalisme cocardier de l arri re et ses outrances que l on trouve dans les journaux nationalistes Cette preuve de la guerre est l occasion d un approfondissement spirituel il d couvre et approfondi sa connaissance de L on Bloy Ensuite la fraternit des tranch s d veloppe chez lui les inclinations populistes qui taient d j chez lui avant la guerre et sa sympathie instinctive pour le peuple Enfin Bernanos oppose ce monde de l avant symbole de jeunesse de puret d h ro sme de courage ce qu il appelle l univers de l arri re o semble r gner l go sme la veulerie la corruption Bernanos a le sentiment que la fin de la guerre se traduit par le triomphe de l arri re sur l avant Il a le sentiment que les victimes de la guerre sont mortes pour rien il d plore le retour des m mes habitudes des m mes routines Devant cette soci t qui dit-il est press e de rattraper le temps perdu et qui bascule de la guerre dans le carnaval Son sentiment dominant est un sentiment d coeurement Qui n a pas v cu ce temps l ne sait pas ce qu est le d go t Cette r action d coeurement s accompagne d un certain loignement l gard de l Action fran aise C est d deux choses il a le sentiment que ce qui tait pour lui le souffle r volutionnaire de l Action fran aise est en train de s puiser et que sa politique vire au conservatisme et l opportunisme Pendant la guerre il n a pas compris la politique d Union sacr mise en uvre par l Action fran aise pendant la guerre Il a le sentiment que malgr ses d n gations l Action fran aise est en train de s int grer dans l ordre tabli en pr sentant des candidats aux lections l gislatives de A cela s ajoute un diagnostic social et c est la seconde raison Il a l impression que l Action fran aise qui tait un mouvement de contestation de l ordre tabli devient un mouvement rassurant o reflue la bourgeoisie conservatrice que l Action fran aise s embourgeoise Le doctrinaire en r volte ne fait souffle que de gens paisibles Bernanos s loigne progressivement de l Action fran aise Il d missionne des Camelots du roi en et a continuera jusqu en On peut penser que c est parce qu il ne retrouve pas de travail aupr s de l Action fran aise il devint agent d assurance L -dessus interviennent les v nements de Assez paradoxalement pour le catholique fervent que Bernanos est et a toujours t la condamnation de l Action fran aise par l Eglise va le faire se rapproche de l Action fran aise Bernanos prend la d fense de l Action fran aise On peut penser que c est d l amiti qui le liait Henri Massis l accueil enthousiaste qu a fait L on Daudet du livre de Bernanos ce qui a contribu le lancer En plus Bernanos par temp rament est spontan ment non-conformiste il a pu tre tent de r agir face ce qui lui paraissait tre une injustice de l Eglise il avait l impression que c tait un comportement opportuniste En plus cette d cision a t tr s mal expliqu e On peut aussi l expliquer de fa on rationnelle et il faut aller chercher les causes du comportement de Bernanos du cot religieux Le Bernanos qui r agit la condamnation de l Action fran aise c est le catholique traditionaliste et intransigeant la condamnation de l Action fran aise lui appara t moins comme une d faite de l Action fran aise mais comme une victoire des catholiques lib raux et modernistes dont il n a cess de d noncer les orientations Ses d clarations concernent davantage les probl mes religieux des probl mes politiques Un jour ils criront sur la porte de l Eglise On mange mieux ici qu en face il estime que les clercs ont trahis leur mission spirituelle au profit de raisons politiques Bernanos ne semble pas tre revenu sur ses r ticences de l imm diat apr s-guerre m me si il participe des activit s culturelles proches de l Action fran aise De plus en plus il s adresse aux jeunes de l Action fran aise comme si les vieux avaient trahis En il patronnera la revue tudiante R action On va retrouver cet appel la jeunesse dans l essai historique et politique qu il publie sous le titre La grande peur des bien-pensants C est la foi une biographie de Drumont et une histoire politique de la premi re partie de la III me R publique Cet loignement va se transformer en rupture avec la collaboration que Bernanos apporte au Figaro qui tait cette poque la propri t du parfumeur Fran ois Coty Mais l Action fran aise a v cu a comme une concurrence et Bernanos s est donc retrouv dans le collimateur de l Action fran aise ce qui a provoqu une tr s violente pol mique qui s est termin par une rupture retentissante entre Bernanos et Maurras en mai La collaboration de Bernanos avec Le Figaro s arr te en d cembre Pendant quelques mois la r flexion de Bernanos va s loigner de la politique d autant plus qu en il aura un grave accident de moto Il se d bat aussi durant cette p riode dans de graves difficult s financi res C est dans ce climat qu il va crire Le journal d un cur de campagne Dans cette p riode Bernanos est un homme seul Mais cette rupture a t en partie circonstancielle mais n a pas t un accident C est le fruit de toute une attitude critique Pourtant il reste monarchiste nationaliste hostile la d mocratie au parlementarisme adversaire des partis de gauche Mais il est quand m me en train de changer Tout d abord il d nonce plus ou moins clairement ce qu on peut appeler l inaction et l inefficacit de l Action fran aise C est un mouvement qui s est scl ros et qui n est plus capable d avoir une prise sur les v nements Il constate la bureaucratisation la fonctionnarisation de l Action fran aise d s A cela s ajoute un probl me intellectuel c est une volution vers une caporalisation intellectuelle de l Action fran aise elle se r tr cit se fige intellectuellement L orthodoxie de l Action fran aise n volue plus il met en cause le servilisme intellectuel vis- -vis de la pens e de Maurras Il d nonce le verbalisme de l Action fran aise le fait que l action de l Action fran aise se r duit crire sans qu on pense aux moyens d action concret Certains parleront de l inaction fran aise Bernanos traitera Maurras de vaine et inutile Cassandre A cela s ajoute une m fiance l gard de l intellectualisme or il voque ces doctrinaires qui font une besogne utile car ils d couragent de penser des million de sot mais qui les dispense aussi d agir Il critique aussi ceux qui calculent trop et n entreprennent rien Quand a lui il consid re que pour mobiliser les hommes il faut parler leur intelligence ainsi qu aux puissances du c ur et aux sentiments A cela s ajoute le sentiment que l Action fran aise pr sente des insuffisances spirituelles elle est gangren e de tendances positivistes D s au c ur de la crise qui se d clanche entre l Action fran aise et le Vatican Bernanos fait des r serves sur les carences spirituelles de l Action fran aise A cela s ajoutent des divergences litt raires dans la mesure o Bernanos d fend des crivains contre l Action fran aise il d fend P guy Bloy Il s est progressivement cr un d calage entre les sensibilit s de Bernanos et l Action fran aise qui pour lui manque d plorablement de vie int rieure Le troisi me l ment de divergence est sur le fait que l Action fran aise s est embourgeois qu elle a attir une client le bourgeoise de conservateurs mod r s L Action fran aise a cr e une nouvelle esp ce de bien-pensants la plus coriace h las qu on ait jamais vu C est une accusation importante car Bernanos attribue des responsabilit s importantes dans la d cadence de la France et de la soci t fran aise Ce que refl tent ces consid rations c est une volution dans la fa on dont Bernanos pense les probl mes de son temps c est un changement des id es de Bernanos Crise politique et crise de soci t Aux yeux de Bernanos le drame qui caract rise la soci t fran aise n est plus seulement celui d une soci t malade de l absence d institutions saines Ce n est pas seulement une crise du pays l gal mais une crise du pays r el La soci t fran aise est aux d j d compos e Pour Bernanos les responsabilit s de la bourgeoisie sont crasantes et ont t d terminantes Il d veloppe cette th se dans La grande peur des bien-pensants Au premier abord c est une biographie de Edouard Drumont En r alit c est une histoire vue par Bernanos des d buts de la III me R publique de la I re Guerre mondiale Il y d veloppe sa vision de l tat de la soci t fran aise C est une soci t qui est fondamentalement bourgeoise faite par et pour la bourgeoisie Elle est n de la R volution et a t confisqu e par la bourgeoisie Peu peu ce propri tariat a investi durant tout le XIX me la soci t en la transformant en une soci t son image la plus propice possible ses int r ts C est la r pression que la Commune qui a marqu le couronnement de cette bourgeoisie Elle a r cup r certains l ments de l ancienne aristocratie ainsi qu un certain nombre d l ments populaires qu elle associe son entreprise C est cela le ph nom ne le plus important m me si elle se divise entre la bourgeoisie r publicaine et la bourgeoisie conservatrice Mais en fait ces deux bourgeoisies communient dans le culte des m mes valeurs dans le m me amour de l argent dans le m me souci de l ordre C est ici qu appara t l anticapitalisme bernanosien Ce livre contient aussi un certain nombre de consid rations antis mites Bernanos y fait le proc s du r gne de l argent qui est une des causes d terminantes de la d cadence de la soci t fran aise La bourgeoisie se caract rise par le culte de l argent et de l ordre elle vit dans la crainte d une r volution sociale mettant en p ril cet ordre tabli Dans la foul e Bernanos interpr te la r pression de la Commune comme un acc s de panique du monde conservateur qui vise transformer les mod r s de tout poil en moutons enrag s Mais Bernanos s en prend plus particuli rement la bourgeoisie de droite conservatrice laquelle il donne le nom de bien-pensant Car elle pr tend d fendre des principes servir l Eglise et la monarchie alors qu en r alit elle cherche garantir ses int r ts Pour d fendre ses int r ts ce qui caract rise cette bourgeoisie c est l opportunisme La cons quence c est que ces bien-pensants n ont jamais su d fendre les valeurs dont ils se r clamaient et qu ils pr tendaient servir ces bien-pensants sont des passifs des impuissants des r sign s Un moyen intellectuel pour a consiste faire l loge de la mod ration Ce qu il faut voir ici c est que cette critique des bien-pensants est conduite par Bernanos au nom des principes dont ces bien-pensants se r clament principes qu ils compromettent et trahissent Il ne met pas en cause les principes en eux-m mes C est un mode de raisonnement typique de Bernanos Ce r gne de l argent de l opportunisme de la m diocrit a pour cons quence une crise des lites Politique d abord mais aussi religieuses et militaires Il consid re que pour le cheptel Bigaud des bien-pensants l Eglise est devenu une gendarmerie destin e prot ger leurs int r ts et le clerg a donc perdu le sens de sa mission spirituel car il est gangren par l opportunisme bourgeois Le clerg a fait en cent ans le tour de tous les r gimes tous les partis toutes les classes sociales l aum ni re la main Les militaires ont fait la m me chose ils flattent le r gime et sont plus pr occup s de leur avancement et de leurs aises bourgeoises que du salut de la Nation Ils remplissent merveilleusement leur culotte mais ils ne remplissent pas leur destin Tout a refl te la d mission d une bourgeoisie enferm e dans ses go sme enferm dans ses int r ts et trahissant sans cesse les principes qu elle pr tend servir Qui dit conservateur dit toujours conservateur de soi-m me Ces lites sont en plus coup es du peuple en prenant vis- -vis du monde ouvrier la responsabilit d une r pression qui ne leur fut jamais pardonn Bernanos reviendra souvent sur ce th me Il s y appuiera pour justifier son attitude critique vis- -vis des v nements du f vrier Il dit qu il saute aux yeux que ce mouvement entra ne une foule de brave gens qui ne serviront que les supr mes int r ts d une soci t bourgeoise qui croule et croyant restaurer la France ne restaurera que monsieur Guizot Certes le front commun r publicain sert des int r ts aussi peu honorables seulement ils ne les servent pas au nom de Dieu de la morale et de la famille C est pour cela qu il est plus s v re avec la bourgeoisie de droite qu avec celle de gauche La bourgeoisie d fend la propri t et mesure que s organisait contre elle le monde ouvrier on l a vu s instituer peu peu protectrice des valeurs spirituelles dont l immense prestige avait l avantage de couvrir ses privil ges Bernanos ne fait qu esquisser des rem des Pour lui les probl mes de la soci t fran aise ne sont plus seulement politiques il ne s agit pas seulement de changer les institutions mais il faut provoquer un changement social et moral Bernanos reste monarchiste mais il appara t ses yeux qu une restauration ne suffirait pas elle seule la d composition de la soci t fran aise De la soci t telle qu elle est je souhaite passionn ment la crevaison La soci t moderne est refaire La soci t fran aise est refaire Et la trahison du maurrassisme est d avoir fait croire qu il n en tait rien Quand Bernanos arrive au stade des propositions ce ne sont plus seulement les th mes maurrassiens mais la notion qui appara t est la notion d ordre social chr tien avec en arri re plan une image mythique de ce qu a pu tre la chr tient m di vale Bernanos propose de reconstruire une soci t chr tienne dans laquelle la foi chr tienne animerait spiritualiserait toutes les activit s de la cit en rejetant dans l ombre toutes es valeurs bourgeoises La monarchie est un l ment de cette reconstruction mais ce n est plus le seul ni le plus important Une restauration devrait s accompagner sur une r forme sociale qui se fonderait sur la r conciliation du peuple et de l Etat unis contre l oppression de l argent Quand aux moyens Bernanos reste vague mais il semble que l important pour lui est de faire ressurgir un type d homme analogue celui qui avait construit la chr tient m di vale C est une r volution spirituelle et morale Il y a une r surgence du nationalisme dans l id e que la France a un r le particulier jouer dans ce type de r volution A l int rieur de la France Bernanos croit l id e d une mission de la jeunesse Il a le sentiment que sa g n ration a fait faillite que les g n rations en place sont incapables d enrayer la d composition de la soci t fran aise La grande peur des bien-pensants s ach ve sur un appel la jeunesse S amorce aussi une r flexion sur ce qu il appelle l avenir d un monde d spiritualis un monde qui s organise pour se passer de Dieu Bernanos est amen voquer l volution d une civilisation industrielle dont le seul objet para t tre la souverainet sur la mati re Il proph tise l av nement d une nouvelle forme de barbarie dans laquelle le r gne de l argent viendrait confluer avec le triomphe de la technique pour donner naissance un monde mat rialiste dans lequel les hommes libres n auraient plus leur place Si le monde que nous voyons na tre a quelque chance de durer cela ne peut tre que par l accord chaque jour plus intime du capital et de la science du ploutocrate et de l ing nieur Voil la r flexion de Bernanos qui se dessine de et qui en s inscrivant dans une th matique proche de l Action fran aise l en on peut peu loign D sormais Bernanos est un homme seul qui se d finit comme un chr tien et un homme libre II- Bernanos et son temps A partir de Bernanos va presque enti rement se concentrer sur les commentaires de l actualit Il se sent appeler assumer une mission presque proph tique face aux v nements mission laquelle il ne lui para t pas possible de se d rober Sur le plan politique le catalyseur de la r flexion de Bernanos va tre le d veloppement des dictatures totalitaires avec une r flexion de la vuln rabilit de la soci t fran aise face ces menaces Ses analyses s efforcent de d gager la signification profonde de l apparition de ces r gimes d un type nouveau dont il rapproche l exp rience communiste De ce fait il ne consid rera pas sa tache comme achev apr s la d faite nazie car il luttait face la menace communiste Mais durant cette p riode sa r flexion ne se situe pas seulement ce niveau Les probl mes politiques et sociaux doivent tre situ s plut t qu envisager isol ment Il faut les mettre en perspective avec une crise g n rale mettant en cause l ensemble de la civilisation occidentale Bernanos a le sentiment apr s que le monde moderne vit une v ritable crise de civilisation Bernanos et les dictatures totalitaires La r flexion de Bernanos sur les ph nom nes totalitaire s est amorc e avec la conqu te de l Ethiopie par l Italie fasciste en Bernanos condamna la foi la finalit et les moyens de l invasion en allant l encontre d une partie de l opinion de droite C est en que se situe un v nement d cisif pour lui avec le d clanchement de la guerre civile espagnole Il va en tre le t moin direct car depuis il s tait install aux Bal ares car la vie y tait moins ch re Bernanos va donc se trouver imm diatement concern par les premiers mois de la guerre civile et c est de cette exp rience que va na tre Les grands cimeti res sous la lune Bernanos se trouve dans une zone qui est imm diatement contr l e par les nationalistes Sa premi re r action est une r action de sympathie pour les insurg s nationalistes un de ses fils est un militant de la Phalange Mais d s septembre sa correspondance et ses articles contiennent des r serves grandissantes concernant les moyens mis en uvre par les soldats de cette nouvelle croisade Cette guerre civile a un caract re de f rocit vraiment surprenant Ca le conduit au d but condamner non seulement les moyens mais aussi le soul vement en lui-m me tel qu il s est transform et d natur Il reviendra en France en mars Dans Les grands cimeti res sous la lune il tient l ancienne phalange pour parfaitement honorable Il ne conteste pas les principes au nom desquels a t d clanch le mouvement franquiste ce qu il met en cause c est la trahison de ces principes par ceux qui pr tendent s en r clamer Il est dur de regarder s avilir sous ses yeux ce qu on est n pour aimer Bernanos fait la bourgeoisie et au clerg espagnol un proc s qui rappelle ceux qu il a fait aux fran ais Selon lui l insurrection a t d tourn e de ses buts car ses instigateurs ont t d bord s par le ralliement des hommes d ordres par le reflux d une bourgeoisie aux abois pr te tout pour sauver ses privil ges Et c est la bourgeoisie qu il impute la f rocit de la r pression Une telle position ne pouvait qu tre g n ratrice de malentendu Ne retenant que la condamnation de Franco l opinion publique devait assimiler Bernanos aux hommes de gauche pro r publicains alors qu il restait chr tien nationaliste et monarchiste Il condamnait le soul vement pour avoir d natur et perverti ces valeurs Cela tant cette prise de position allait contribuer l isoler un peu plus de la droite fran aise de l poque Les tartuffes de droite ne nous pardonnaient pas de dire la v rit les tartuffes de gauche nous reprochaient de la dire tout enti re Bernanos est coeur par le climat id ologique et quitte la France pour l Am rique du Sud pour se stabiliser au Br sil d o il vivra la crise de Munich et la Seconde Guerre Mondiale A la crise de Munich Bernanos s engage dans Scandale de la v rit et Nous autres fran ais et condamne la capitulation devant les dictatures fascistes que constitue Munich Ses crits sont un long r quisitoire contre la l chet et l esprit de capitulation qui caract rise l opinion publique fran aise Bernanos voit cette l chet et cet esprit de capitulation dans l armistice et le r gime de Vichy Celui-ci beau se r clamer de valeurs traditionnelles proches de celles de Bernanos celui-ci met en cause la fa on dont Vichy trahit ces valeurs Vichy est un avilissement des valeurs traditionnelles et spirituelles Bernanos accuse l encore la bourgeoisie fran aise coupable d avoir privil gi ses int r ts au d triment de l int r t national et de l honneur national Il appara t Bernanos que c est progressivement cr en France un climat favorable aux dictatures fascistes c est un esprit de non r sistance Bernanos d nonce les causes qui sont id ologiques et sociales Bernanos est amen mettre en cause le r le de l Action fran aise son immoralisme cette id e selon laquelle l int r t national tel que le d finissent les conditions du moment doit primer sur toute autre consid ration morale ou spirituelle Bernanos d nonce en Maurras un des corrupteurs de la jeunesse et lui impute en partie le d sastre de car du r alisme la l chet il n y a qu un pas Pour pouvoir continuer tre r aliste il faut sauver sa peau Ca consacre la rupture de Bernanos avec le r alisme maurrassien Bernanos glisse vers une forme de moralisme politique Les indignations du Bernanos de ces ann es sont d avantages celles d un moraliste que d un politique Ce qui motive sa fureur c est un climat g n ral de d faitisme de l chet Il ne s agit pas de savoir si l armistice tait l unique salut possible Quand on nous d montrerai qu il tait militairement et politiquement avantageux le fait de son approbation par la presque totalit des fran ais n en serait pas moins un immense malheur pour mon pays La politique ne peut plus se s parer de la morale et Bernanos met au premier plan la fid lit un certain nombre de valeurs parmi lesquels l honneur occupe une place pr pond rante Sur le plan de la doctrine politique Bernanos remet en question le nationalisme qui lui appara t comme une d composition du sentiment de la patrie Le patriotisme est un amour instinctif et l gitime de la patrie alors que le nationalisme en est la d formation id ologique Aux yeux de Bernanos le nationalisme maurrassien qui a fait de la Nation une sorte d absolu aboutit en fait justifier les syst mes politiques dictatoriaux Maurras a contribu plus qu aucun autre cr er chez les gens de droite une mystique mussolinienne La mystique du nationalisme int gral aboutit l gitimer une dictature de salut public D s Bernanos prendra le parti du comte de Paris quand il rompra avec l Action fran aise Il oppose la monarchie dictatoriale de l Action fran aise la monarchie populaire Pour Bernanos la bourgeoisie d moralise la soci t en faisant passer l esprit de classe de parti avant l esprit national Il s est cr dans la bourgeoisie un tat d esprit de non-d fense face au fascisme La France est entr dans la guerre avec des lites gagn es par l id e de d faite Si Bernanos est aussi violent dans la d nonciation de ceux qu il suspecte de complaisance avec les dictatures fascistes c est parce que ces milieux lui paraissent avoir une action irresponsable parce qu ils sous-estiment m connaissent la v ritable nature de ces r gimes totalitaires ces imb ciles croient avoir affaire des bien-pensants de leur esp ce les fascismes ne sont qu une vari t de r gime autoritaire alors que Bernanos estime que ce ne sont pas des r gimes analogues aux r gimes autoritaires du XIX me si cle Bernanos consid re que ne voir dans le fascisme que des r gimes politiques est un point de vue partiel et peu en accord avec l volution de ces soci t s Quiconque ne voit en eux que les instruments d une politique est bien aveugle Selon lui ces r gimes sont un grand branlement de la conscience occidentale Bernanos consid re que c est li la crise spirituelle d une chr tient en d g n rescence Bernanos s interrogeait d s sur les cons quences de la d spiritualisation des soci t s modernes C est dans cette perspective que se situe son analyse des dictatures fascistes et tout particuli rement du nazisme Il met l accent sur l aspect totalitaire de ces r gimes visant cr er un homme nouveau L analyse de Bernanos se situe dans la perspective de Raymond Aron propos de ces religions s culi res L originalit de Bernanos est de mettre l accent sur ce cot particuli rement pour le nazisme On parle toujours du r alisme des dictatures mais elles sont mystiques et tirent toutes leurs forces d une mystique Pour Bernanos l emprise que ces r gimes exercent sur leurs citoyens est similaire l emprise de la religion Pour Bernanos ce sont de nouvelles formes d idol trie qui sont en train de se cr er race r gime prol tariat Si les dictatures ont des aspects religieux c est parce que selon Bernanos les causes de leur apparition est la religion avec la crise sans pr c dent des anciennes valeurs religieuses et morales de la soci t chr tienne qui a cr un vide pr disposant la soci t se donner n importe quel ordre ou n importe quel ma tre Ils constituent un grand effort manqu des peuples pour chapper au d go t et au d soeuvrement de l me En contrepoint pendant la p riode - Bernanos sera le chantre de la R sistance Depuis le Br sil il multipliera les articles dans les publications de la France libre que rejoindra deux de ses fils et un de ses neveux Il r dige deux essais importants La Lettre aux anglais et Le Chemin de la croix des mes Bernanos dit son admiration pour l engagement du g n ral de Gaulle mais il ne s y ralliera express ment apr s le d barquement en Afrique de Nord en - Bernanos appara t comme un des inspirateurs de la R sistance qu il con oit non seulement comme l opposition l occupation et Vichy mais aussi comme la possibilit d une r volution visant redonner la France son esprit De la r sistance la r volution La r sistance n est pas la r volution elle l annonce la rend possible et n cessaire La r sistance lui appara t comme un lan populaire incarnant la jeunesse de la France par opposition la soci t bourgeoise et d faitiste du r gime de Vichy Quand sur l invitation de de Gaulle il rentre en France en la France est loin de correspondre cette image h ro que qu il s tait imagin la lib ration ne s est pas accompagn de la r volution morale sociale et politique qu il appelait de ses v ux Sa d ception n est pas sans rappeler celle qu il a eue au lendemain de la Grande Guerre De m me que selon lui les combattants de - furent incapables de r g n rer la France les r sistants le furent aussi million et demi de fran ais ne voulaient pas le r volution et les qui la voulait ne savaient pas la r volution qu ils voulaient Au contraire les r sistants grossis des r sistants de la derni re heure sont devenu des profiteurs qui se concentrent sur l occupation des places Jamais des hommes qui avaient eu l honneur de combattre pour la France n ont t aussi press s de toucher le prix de leur risque Le spectacle que donne la IV me R publique le confirme dans ses craintes Bernanos condamne la r apparition des querelles politiciennes La IV me R publique est le plus abject des r gimes que la France ait connu Selon lui ce r gime est en train de pr parer ou de faire le lit d une r volution communiste de la m me fa on que la III me R publique avait fait le lit d une dictature fasciste C est la m me situation de d faitisme et de d composition mais la menace communiste a remplac e la menace fasciste Bernanos cherchera encore partir l tranger il vivra en Tunisie plusieurs mois Devant la France de l apr s-guerre Bernanos d nonce d sormais le p ril communiste Il consid re que le danger communiste est de m me nature que le danger fasciste le communisme est le premier n des r gimes totalitaires Il s agit de la m me mainmise de la collectivit et de l Etat sur la libert des hommes D s il relisait les r gimes communistes et fascistes L un exploite la mystique de la race et l autre la mystique de la classe Ce sont des r alit s de m me nature reposant sur les m mes causes savoir la mis re spirituelle de l homme contemporain La victoire de n a t qu un r glement de compte entre deux religions h g liennes marxisme et nazisme Son engagement anticommuniste lui semble se situer dans la continuit de son combat antifasciste et il lui semble se d rouler dans les m mes conditions De la m me fa on qu il y avait un climat d acceptation des entreprises fascistes il y a ne acceptation des entreprises communistes Ce qui l amenait s en prendre la bourgeoisie et aux bien-pensants de droite l am ne d sormais s en prendre la bourgeoisie et aux bien-pensants de gauche Il a tendance penser que ce sont les m mes bien-pensants qui se sont content s de virer de bord De m me qu avant la guerre Bernanos s en prenait aux bien-pensants se r clamant du catholicisme il s en prend d sormais cette nouvelle esp ce de catholique de gauche qu ils soient d mocrates-chr tiens ou des intellectuels d Esprit Il y a dix ans la masse catholique penchait dangereusement vers le totalitarisme de droite avec une lite jeune et dynamique d j gagn e au fascisme Aujourd hui la m me masse penche vers le totalitarisme de gauche avec une lite jeune et dynamique gagn e au marxisme Inutile de dire qu entre temps le prestige de la force est pass de droite gauche Bernanos a le sentiment que face la menace communiste la soci t fran aise et particuli rement la bourgeoise il retrouve des comportements qu il avait d nonc s avant la guerre Sur ce th me Bernanos multipliera les avertissements jusqu sa mort et il le fera avec d autant plus de virulence que l volution vers le communisme s inscrit selon lui dans un processus plus g n ral de d composition de la civilisation occidentale Cette analyse va prendre un r le grandissant presque obsessionnel dans la pens e de Bernanos partir de Une crise de civilisation Cette id e Bernanos va beaucoup la d velopper de sa mort en en particulier dans un essai intitul La France contre les Robots et dans Fran ais si vous saviez ainsi que dans La libert pour quoi faire Bernanos affirme que les probl mes que pose l volution du monde moderne ne sont plus seulement conomique sociaux et politiques mais ne sont que les sympt mes d une crise plus g n rale une crise de civilisation Le probl me qui se pose aujourd hui n est pas un probl me de r gime politique ou conomique C est un probl me de civilisation Bernanos ne va cesser jusqu sa mort de dresser le tableau apocalyptique de dresser le portrait d un monde s enfon ant de fa on de plus en plus rapide vers une soci t de robot o ne pourront survivre que des tres d shumanis s ayant perdu le go t et le sens de la libert Il l attribue particuli rement la croissance hypertrophique de l Etat et la technicisation des soci t s modernes La premi re manifestation de cette volution est la croissance pathologique de l Etat moderne qui est un prodigieux instrument de contrainte et d asservissement En effet il voit grandir de jour en jour son pouvoir et les moyens de son pouvoir Son pouvoir devient de plus en plus tentaculaire en intervenant dans tous les domaines de la vie humaine Cette d rive est aux yeux de Bernanos un fait g n ral partout le tissu social se d sagr ge en ne laissant face face que des individus impuissants d un cot et des Etats omnipotents de l autre L Etat moderne profite de la d g n rescence de tous les organismes sociaux jadis ind pendants Cette volution se fait comme un cancer qui substitue ses monstrueuses prolif rations cellulaires la soci t de la m me fa on qu un organe artificiel se substitue un corps vivant L Etat est la soci t ce qu une armature de bois ou de m tal est un corps en train de pourrir Pour Bernanos tant les d mocraties que les dictatures vont dans cette voie mais les dictatures totalitaires le font plus vite Bernanos redevient l l adversaire de la d mocratie qu il n a jamais cess d tre La d mocratie est un l ment de ce processus d tatisation car la d mocratie pour la plupart des gens signifie beaucoup plus l galit que la libert L galit fait dispara tre les r sistances possibles l Etat ce qui entra ne encore plus d Etat La cl de cette volution est que la passion de l galit est plus importante que celle de la libert Nous supporterions volontiers d tre esclave pourvu que personne ne puisse se vanter de l tre moins que nous La conclusion de Bernanos est que les masses d mocratiques en viennent d truire de leurs propres mains les vestiges de la libert Bernanos oppose cette logique uniformisatrice la tradition monarchique dont il donne une vision quasi-f d raliste Pour Bernanos une illustration de cette volution tatiste c est la transformation des d mocraties modernes en des dictatures conomiques dans lesquels l Etat tant contr ler une part grandissante de l activit conomique en profitant de l volution monopolistique du capitalisme la d mocratie pousse l Etat intervenir et le socialisme r alise ce contr le Dans cette volution les effets de cette hypertrophie pathologique de l Etat se conjuguent avec la technicisation des soci t s modernes Un monde technicis est trop rationalis trop organis trop soucieux d efficacit pour tol rer ce ph nom ne qu est l exercice de la libert humaine La civilisation des machines est elle-m me une machine La technicisation entra ne la croissance de l Etat car il constitue la puissance centralisatrice et coercitive qui peut ali ner la libert Une soci t technique est une soci t fragile dont l Etat tant devenir le protecteur tout puissant Inversement le d veloppement technique fournit l Etat des moyens de plus en plus perfectionn s pour tendre son emprise sur la soci t et contr ler les comportements humains La vie quotidienne des individus est de plus en plus d pendante de moyens techniques qui supposent une organisation collective dont l Etat est le ma tre La servitude technologique n est pas seulement un asservissement aux machines mais aussi la collectivit propri taire des machines Dans un tel contexte il ne peut pas tre question de d mocratie et d esp rer un contr le r el de l Etat car le pouvoir est monopolis par ceux qui ont les comp tences techniques Dans la venir cette civilisation technique conditionnera les hommes a accepter volontairement cette soci t Il y a ventuellement un troisi me degr qui se caract riserait par des manipulations biologiques des individus pour qu ils acceptent les contraintes Ces deux ph nom nes caract riseraient toutes les soci t s modernes et Bernanos se refuse faire des distinctions entre les soci t s communistes et occidentales Pour lui communisme et capitalisme sont la m me chose Cette parent n est pas fortuite Ca tient l unit des principes fondamentaux qui r duisent l homme son destin conomique et social Bernanos met l accent sur les causes de ces volutions C est sur cette vision mat rialiste de l homme que repose a La civilisation totalitaire est une maladie de l homme d spiritualis A l origine il y a deux ph nom nes la d spiritualisation de l homme co ncidant avec l invasion de la civilisation par les machines S est amorc un cycle infernal savoir que la d spiritualisation provoque la civilisation totalitaire qui provoque la d spiritualisation C est contre cet avenir qu il va mettre en garde les gens de fa on de plus en plus v h mente dans les textes qu il publie jusqu en Si il voque avec insistance ces sombres perspectives il ne d sesp re pas de l homme il pense que l homme peut encore se r volter Bernanos lance un appel la r volte la r volution qui briserait cette volution Il r p te qu elle est possible l avenir se surmonte on ne subit pas l avenir on le fait Cette r volution doit tre une r volution totale et non pas partielle Elle doit tre contre le syst me tout entier Les institutions libres ne font pas elles seules les hommes libres les hommes font les institutions La cause de cette volution tant spirituelle la r volution ne peut tre elle aussi que spirituelle Il faut une r volution analogue celle d il y a ans Pour Bernanos les chr tiens ont un r le capital jouer Bernanos place ses derniers espoirs dans la jeunesse La France a une mission particuli re parmi toutes les Nations C est une pr occupation presque obsessionnelle des derni res ann es de Bernanos de voir appara tre ce totalitarisme nouveau d abord de contrainte puis de conditionnement On peut trouver des correspondances entre Bernanos et deux autres auteurs D abord le sociologue et philosophe Herbert Marcuse Il a eu une c l brit plan taire entre et car on a consid r que ce philosophe sociologue avait t l origine de la contestation de la soci t de consommation avec notamment les v nements de mai A tort ou raison on a consid r que l uvre de Marcuse repr sentait l esprit de contestation de la soci t de consommation N en Allemagne en il a appartenu au tout d but des ann es l cole sociologique et philosophique de Francfort constituant en un m lange de marxisme et de freudisme En il s est exil aux USA o il est devenu professeur d Universit Il a publi un livre intitul L Homme unidimensionnel livre qui a t un succ s plan taire Marcuse abouti un diagnostic de la soci t moderne tr s proche de celui de bernanos Lui aussi parle de totalitarisme des soci t s industrielles avanc es L appareil conomique et sociologique tend prendre possession de l homme dans toutes les dimensions de son existence l homme est r duit sa seule dimension d individu socio conomique L appareil impose tant sa contrainte sur la vie social que sur la fa on dont les hommes per oivent le monde Les hommes seraient asservis la rationalit propre de ce syst me socio- conomique Ensuite il y a l id e que l enfermement n est pas seulement le r sultat d une contrainte ext rieur mais la cons quence d une int riorisation par les individus des r gles impos es par la soci t Les individus perdent donc peu peu conscience du caract re r pressif de ce monde qui perdent conscience des besoins vitaux que ce monde r fr ne et en y substituant des besoins artificiels impos s par la soci t Marcuse met l accent sur les conditionnements psychosociologique dont l individu est le sujet dans ce type d environnement avec notamment l influence des moyens de communication de masse Les gens se reconnaissent dans leur marchandise trouvent leur me dans leur automobile Cette vision des choses n est gu re loign e de la vision de Bernanos Cette analyse conduit l aussi souligner la parent entre le monde communiste et le monde occidental Si il y a des diff rences entre les deux il y a des assimilations centralisation embrigadement bureaucratie qui exercent leur pouvoir Le diagnostic est donc tr s semblable malgr des diff rences philosophiques tr s diff rentes L autre crivain plus proche de Bernanos est Soljenitsyne N en intern pendant dix ans au Goulag en il a t lib r et r habilit apr s la d stalinisation Durant cette p riode il a t atteint d un cancer dont il a gu ri presque naturellement et il s est converti au christianisme orthodoxe Il a acc d la c l brit en quand une revue sovi tique d importance a publi une nouvelle d crivant la journ e d un intern au Goulag journ e d Ivan Benissovitch Ensuite il a poursuivi sa carri re litt raire de mani re semi clandestine ses grandes uvres ont t publi es l ouest Le Premier cercle et Le Pavillon des canc reux Il a commenc publier le premier tome d une s rie romanesque intitul e La Roue et qui raconte les pisodes de la R volution de Il s est vu attribu le Prix Nobel de Litt rature en et il a acquis une c l brit mondiale apr s la publication des trois tomes de L Archipel du Goulag qui a commenc tre publi en Expuls d URSS en il s est install aux USA o il a v cu jusqu la chute du communisme Quand Soljenitsyne s est retrouv en occident il en a fait une analyse tr s critique En juin lors d une c r monie de remise de dipl me l Universit de Harvard il a fait un discours et ses id es taient tr s proches de celles de Bernanos Les soci t s modernes sont caract ris es par la m me crise de civilisation m me si elle n est pas formul e comme a Le monde qu il a sous les yeux est un monde clat Il a l id e que le ressort de cette crise est une crise spirituelle le monde moderne est fragile Les causes de cette crise r sident dans les perspectives mat rialistes qui r gnent depuis la Renaissance Le r sultat est que malgr les apparences il y a des convergences entre l occident et l URSS On a plac trop d espoir dans l conomique et le social et a aboutit une destruction de la vie int rieure Les soci t s modernes sont une crois e des chemins et ont des choix radicaux faire sur les fondements de leur syst me conomique et social Il en appelle ce que Bernanos appelait une r vision spirituelle Partie Albert Camus Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale le mot engagement est la mode chez les crivains La litt rature engag e se limite pour le public Jean-Paul Sartre et Albert Camus Depuis il a particip la R sistance alors qu il devient c l bre pour L tranger et Le mythe de Sisyphe Il participe au mouvement Combat qui donnera naissance la Lib ration d un journal du m me nom dont Camus sera l ditorialiste Camus publie des articles dans la presse clandestine qui seront r unies dans un opuscule intitul lettre un ami allemand A la Lib ration cet engagement se confirme En le plus c l bre de ses romans la Peste appara t comme un manifeste justifiant l engagement social et politique Mais les choses sont en fait beaucoup plus ambigu s Les rapports de Camus avec la politique ont t beaucoup plus complexes et ambigu s que sa r putation peut le faire penser Cette ambigu t est n d s la jeunesse de Camus n en c est un pied-noir Camus tudiant puis journaliste a d s cette poque une activit politique Mais ses premi res uvres litt raires L envers et l endroit Noces Caligula font bien peu de place aux probl mes sociaux et politiques On ne peut pas dire que l engagement politique de Camus trouve ses justifications et ses motivations dans la r flexion intellectuelle litt raire et philosophique Ses activit s litt raires et philosophiques sont d sengag es Apr s la R sistance la r flexion politique va situer Camus en marge des courants politiques qui s affrontent tandis que s amorce la Guerre-Froide Dans ce contexte la place de Camus va devenir de plus en plus d licate Ca se manifeste avec la publication de L Etat de si ge les Justes et L homme r volt Ca va entra ner sa rupture avec son milieu d origine et a se traduira par une retentissante pol mique avec Jean-Paul Sartre Cet loignement va s aggraver en avec le d clanchement de la guerre d Alg rie Dans les ann es Camus a le sentiment d tre de plus en plus un solitaire Cet isolement le conduit se retourner vers la cr ation litt raire avec la Chute publi e en Apr s avoir le Prix Nobel de Litt rature en il est mort dans un accident de la route le janvier Les rapports de Camus avec la politique ont donc t marqu s par une tr s forte ambigu t Ca tient d abord aux principes m mes de l engagement politique Qu est-ce qui peut justifier que l on s engage en politique Le principe m me de l engagement se pose Ensuite l ambigu t tient au probl me des orientations de l engagement au contenu de l action politique de Camus qui fait qu il se trouve marginalis Dans son rapport la politique il n y a eu que pendant la R sistance qu il n a pas de probl me Chapitre Camus et l engagement politique Au cours de la controverse violente qui a suivi la publication de L homme r volt Sartre a reproch Camus d avoir toujours tent de fuir l histoire et ses combats L engagement de Camus dans la R sistance n avait t qu un accident Sartre disait que Camus n avait fait que fuir l engagement politique Cette accusation tait sans doute excessive mais elle mettait l accent sur le caract re quivoque de l engagement de Camus Il faut distinguer deux p riodes la c sure entre ces deux p riodes tant son engagement dans la R sistance Avant il semble que Camus ait prouv une certaine tentation de l indiff rence par rapport la politique et l histoire il y a une tentation de l irresponsabilit sociale et politique tentation perceptible dans son uvre litt raire et philosophique C est une r flexion sur le monde la nature la condition humaine mais pas sur la soci t ou l histoire Mais cette tentation n est qu une tentation Camus n y c de pas m me si une indiff rence naturelle pouvait le porter fuir la soci t et l histoire Camus a eu une enfance difficile il tait orphelin de p re sa m re faisait des m nages il a connu la pauvret Son exp rience et son sens de la justice le ram ne des pr occupations sociales et politiques Durant cette p riode o il est tudiant en Lettres puis journaliste il y a un engagement de fait Camus est un militant de gauche Mais a s articule mal sa r flexion philosophique et litt raire Apr s l engagement actif de Camus dans la R sistance va le conduire r fl chir et tenter de r soudre ses contradictions Il va tenter de d couvrir quelles taient les valeurs qui justifiaient cet engagement c est particuli rement perceptible dans Lettres un ami allemand Cette r flexion s ach vera avec L Homme r volt I- La tentation de l indiff rence Cette tentation est surtout sensible dans les uvres crites par Camus entre et Ses premi res productions litt raires n ont pratiquement pas de contenu pol mique la philosophie qui s exprime est plus une philosophie du d sengagement que de l engagement Il y a deux orientations contradictoires le sentiment et l exaltation de la beaut du monde d un cot et le sentiment de son absurdit d un autre Ces deux orientations conduisent la m me abstention Bien que sa r putation de philosophe de l absurde le fasse oubli il y a chez le jeune Camus une exaltation de la joie de vivre li e ses premi res exp riences de jeunesse m diterran enne Je suis n pauvre sous un ciel heureux C est particuli rement sensible dans Noce o Camus c l bre les noces de l homme avec la nature Pour Camus le seul bonheur de l homme r side dans ce contact direct charnel sensuel avec le monde Cette exp rience d bouche ans un premier temps sur une philosophie h doniste et sensualiste Il n y a pas de honte tre heureux et j appelle imb cile celui qui a peur de jouir Tout cela pour corollaire une caract ristique importante de Camus qui est l ath isme Si il y a un p ch contre la vie c est d esp rer une autre vie Le monde est beau et hors de lui point de salut Il est certain que ce go t du bonheur cet h donisme tout cela ne pr dispose pas l engagement politique Cela dit cette orientation n est pas la seule caract ristique de la pens e de Camus de cette poque Il y a une volont de lucidit de conscience qui l emp che de se dissimuler que cet endroit du monde comporte un envers Toutes ces joies tous ces plaisirs sont fugaces fragile p rissable et sur la beaut du monde plane l ombre de la mort Plus on go te les joies de la vie plus on en per oit la fragilit Tout ce qui exalte la vie accro t en m me temps son absurdit Pour Camus ces deux exp riences de la vie sont ins parables le grand courage est de tenir les yeux ouverts sur la Lumi re comme sur la mort Il n y a pas d amour de vivre sans d sespoir de vivre Entre cet endroit et cet envers du monde je ne veux pas choisir On a l la racine d une r flexion sur l absurdit de la condition humaine Il va approfondir a dans L Etranger et dans Le mythe de Sisyphe L Etranger est un roman de l absurde il raconte l histoire d un personnage qui ne fait jamais de choix mais joui de ce que la vie peut lui offrir Tout lui est gal Le but est de faire na tre chez le lecteur l absurdit de la situation de ce personnage L absurde affleure de partout Il y a n anmoins un aspect social et politique avec les rapports du h ros avec sa soci t Ca traduit les sensibilit s anarchisantes de Camus Il met l accent sur la com die sociale Son h ros vit en marge de la soci t mais il n est pas non plus r volt contre la soci t il est asocial Camus insistera sur l individualisme de son h ros il est condamn mort parce qu il refuse la com die sociale Le mythe de Sisyphe d bute en disant que le seul probl me philosophique s rieux est le suicide Il dit que quand l homme regarde en face son existence ce qui ressort est l absurdit de la condition humaine Aux yeux de Camus la sagesse commence par la prise de conscience de cette absurdit Mais ce n est qu un point de d part pouvant conduire au suicide Le suicide n est pas la conclusion de Camus qu il voit comme un consentement l absurde alors que la noblesse de l homme est de se r volter contre l absurde L homme doit vivre dans la lucidit en s installant dans l absurde en d passant l absurde Vivre c est faire vivre l absurde Le bonheur reste possible et la conscience de l absurde ne doit pas amener d truire la vie mais en jouir encore plus tout en sachant les limites de ce bonheur L homme absurde qui a pris conscience de l absurde doit s installer dans l instant en puisant toutes les ressources possibles du pr sent La grandeur de l homme est d accepter toutes les limites de sa condition m me si il sait que la partie sera en d finitive perdue avec la mort C est le mythe de Sisyphe Ce que Camus d crit c est un tre lucide livr la fatalit dans un univers sans signification mais qui en m me temps accepte sa destin e en se jetant passionn ment dans cette vie limit e Quel rapport cela peut-il avoir avec l engagement politique Ca pose le probl me de la morale que l on peut tirer de cette philosophie Il faut accepter l absurdit de la condition humaine vivre la vie qu il nous est donn de vivre aussi intens ment que possible en accumulant des exp riences Il faut puiser tout ce qui nous est donn Il n y a pas d chelle de valeur pas de choix faire pas de pr f rence tablir Ce qui importe c est la multiplication et l intensit des exp riences et pas leur nature Il faut remplacer la qualit par la quantit Ce qui compte ce n est pas de vivre le mieux mais de vivre le plus L absurde enseigne que toutes les exp riences sont indiff rentes et de l autre il pousse vers la plus grande quantit possible d exp rience Dans le m me temps sachant qu il n y a pas de cause victorieuse Camus a du go t pour les causes perdues Ca peut donc justifier l engagement politique comme une exp rience parmi d autres exp riences Il n est pas possible travers cette morale de choisir entre les exp riences C est un peu nihiliste D ailleurs Camus reconna tra plus tard qu il n tait pas loin du nihilisme Le sentiment de l absurde quand on pr tend d abord en tirer une r gle d action rend le meurtre plus ou moins indiff rent et par cons quent possible Si l on ne croit rien si rien n a de sens et si nous ne pouvons affirmer aucune valeur tout est possible et rien n a d importance Camus dira plus tard avoir profess le nihilisme sans le savoir La le on qui se d gage c est que dans un monde absurde la sagesse pour l homme qui prend conscience de cette absurdit c est de chercher son bonheur individuellement en marge de la soci t et de l histoire en jouissant le plus intens ment possible des ressources du pr sent tout en sachant les limites de ce bonheur C est une morale tr s individualiste et tr s go ste qui pr vaut et a ne constitue pas une pr disposition l engagement politique Cela dit m me si l uvre litt raire de Camus est d sincarn il ne c de pas cette tentation de l indiff rence par rapport aux drames de l histoire Il s int resse la politique et a m me t un militant II- Un engagement politique de gauche Durant cette p riode qui va de Camus ne s est pas en acte d sint ress de la politique de son poque que ce soit comme tudiant ou comme journaliste Il a pris des positions politiques bien nettes qui sont celles d un militant de gauche avec un engagement au PC jusqu en puis en engagement journalistique jusqu en D s Camus adh re au PC Plus tard un de ses commentateurs l expliquera par son d sir d action pour la justice et dans la camaraderie Mais Camus lui-m me ne s est jamais expliqu On peut faire deux remarques a date de elle intervient juste apr s les meutes du f vrier un moment o le PCF s engage dans une politique de rassemblement orient e vers l action antifasciste et en att nuant son dogmatisme r volutionnaire ce qui aboutira la constitution du Front Populaire Il semble bien que l adh sion ait t davantage l expression d un engagement antifasciste et pacifiste que d une adh sion au marxisme et au communisme Ca semble confirm par le fait que Camus avait auparavant au sein d un mouvement pacifiste Amsterdam Pleyel anim par Romain Roland et Henri Barbus A partir de l engagement pacifiste du mouvement va s ajouter un engagement antifasciste Vraisemblablement Camus n a jamais t marxiste il ne s est engag au PC que pour des consid rations imm diate justice camaraderie sans parler du fait que c est un moment o le PC att nue son dogmatisme Camus va exercer des responsabilit s dans le cadre du PC en Alg rie et il sera charg de la propagande aupr s des populations indig nes Il semble que d s Camus se soit trouv en porte faux vis- -vis de la politique du PC qui n tait plus assez pro-musulman ce qui va conduire Camus quitter le PC apr s un conflit entre le PC et Messali Hadj leader nationaliste alg rien Les engagements id ologiques qui apparaissent sont le pacifisme l antifascisme et la lutte pour la justice Ca se traduit en faveur des revendications assimilationniste des populations indig nes C est aussi la p riode o Camus ach ve ses tudes En octobre a t fond Alger r publicain dont le comit de direction tait compos de membres de la gauche non communiste mais aussi de membres du PC Il y avait notamment Pascal Pia qui engage Camus Il fait des chroniques litt raires et judiciaires En il devient le r dacteur en chef de l dition du soir Soir r publicain Ce journal sera interdit en janvier Dans ses articles trois grandes orientations apparaissent lutte contre l injustice pacifisme et antifascisme et d mocratie Le souci de la justice se manifeste sur le plan individuel et collectif Sur le plan individuel Camus a rendu compte d un certain nombre de proc s et l occasion de ces chroniques il a t amen prendre partie en faveur d accus s qu il estimait injustement accus Dans une autre affaire Camus a pris la d fense d un musulman accus de meurtre Ca s est aussi traduit par un engagement pour la justice collective Camus s est inqui t du sort des for ats d port s en Guyane et s est engag en faveur des indig nes alg riens Il s est inqui t du sort des travailleurs alg riens en France et de la situation de mis re des berb res en Kabylie Camus r cuse les comportements charitables au nom de la justice sociale Il estime que le r le des hommes doit tre de rendre la charit inutile Il estime que la seule fa on d enrayer le nationalisme alg rien est d enrayer l injustice par laquelle il est n En plus il juge d favorablement la politique du Front Populaire apr s et notamment la pause sociale partir de Camus est aussi pacifiste jusqu en Il dira avoir commenc la guerre de en pacifiste Il est orphelin de p re son p re est mort au d but de la guerre de En plus ses tendances h donistes ne le poussent pas un comportement belliciste Cette tendance est tr s perceptible dans l article que Camus publiera au moment de la d claration de guerre en septembre cette heure mortelle l incite voquer les images fragiles et pr cieuses d un pass o la vie gardait son sens Ce pacifisme est aussi politique Apr s la victoire de toute la gauche a t pacifiste La gauche avait condamn l intransigeance de la France lors de la signature du Trait de Versailles Cette attitude perdura de Apr s l arriv e d Hitler au pouvoir c est pos la question de savoir ce qu il fallait faire Une partie de la gauche basculera dans l antifascisme en admettant la possibilit d un conflit arm avec l Allemagne et une autre partie de la gauche au moins aussi importante persistera dans une attitude pacifiste Ce choix est le choix de Camus Les jugements que porte Camus sur l Allemagne sont ambigus Il y a d abord une hostilit du r gime int rieur de l Allemagne Mais sur le plan international il reste pacifiste Il d finie sa politique l gard de l Allemagne nazie comme de ne pas humilier essayer de comprendre ter Hitler les raisons profondes de son prestige accorder ce qui est juste en refusant ce qui est injuste r viser Versailles en respectant l int grit de la Tch coslovaquie et de la Pologne refuser l enseignement de la haine fonder la solidarit humaine et europ enne rajuster la politique des nations une conomie devenue internationale En novembre apr s un mois de guerre il continue esp rer une r conciliation avec l Allemagne Nous croyons que ce conflit pouvait tre vit et qu il peut tre encore arr t la satisfaction de tous Nous croyons que si il existait cela qu une seule chance il serait encore d fendu de d sesp rer avant de l avoir tent Ce pacifisme tr s favorable l action de la SDN et une organisation de l Europe d bouche sur une d nonciation des nationalismes Les nationalismes apparaissent toujours dans l histoire comme des signes de d cadence Quand il sera r sistant il dira qu il lui avait t tr s difficile de se sentir solidaire de la France Mais Camus ne s est pas senti le droit une fois la guerre d clar e de se d solidariser de la France Il tentera de s engager dans l arm e mais il sera r form cause de sa sant fragile Camus est antifasciste hostile aux r gimes fascistes Il est tr s attach la libert et la d mocratie Il est tr s hostile au franquisme durant la guerre d Espagne un point tel qu il refusera toujours d aller en Espagne Il porte des jugements tr s s v res sur le r gime int rieur hitl rien Ca le pousse s lever contre les poursuites engag es contre les dirigeants du Parti populaire alg rien dirig par Messali Hadj Il protestera contre les mesures anticommunistes prises par le gouvernement apr s la signature du Pacte germano-sovi tique Camus est en revanche sans indulgence pour la III me R publique il dira que ses dirigeants taient une fausse lite qui fut d abord celle de la m diocrit Chaque fois que j entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent je suis effray de n entendre rien qui donne un son vraiment humain Le jeu politicien le d goutte et a le conduit signer un ditorial anarchisant s associant l id e que la politique est le royaume du mensonge et de l impuret Du d but au d but Camus va prendre ses distances avec la politique m me si il suit l actualit Ca a plusieurs causes la d sillusion qu a constitu pour lui le d clanchement de la guerre des probl mes mat riels d une r surgence de ses probl mes de sant qui vont l obliger aller vivre au c ur du Massif Central pour se soigner et il r dige deux livres qui vont faire sa c l brit C est vers la fin que Camus va de nouveau se tourner vers l action et mettre en uvre un engagement politique Il voquera son engagement en montrant les r sistances pacifistes en lui En il va s engager dans la R sistance et tenter de th oriser son engagement III- L engagement politique et ses justifications L engagement dans la R sistance fut d abord un engagement instinctif n d un sentiment irraisonn qu il ne pouvait pas rester inactif face au nazisme Mais le Camus de cette poque pouvait difficilement trouver des justifications intellectuelles cet engagement Au contraire cette absurdit pouvait s interpr ter dans un sens nihiliste qui tendait mettre tous les engagements sur le m me plan Il se justifie dans Lettres un ami allemand qu il envoi un ami imaginaire qui a les m mes positions philosophiques que Camus et que ces positions ont amen es rejoindre le nazisme Ces lettres ne dissimulent pas la fragilit de son engagement Moi qui croyait penser comme vous je ne voyais gu re d argument vous opposer sinon un go t violent de la justice qui pour finir me paraissait aussi peu raisonn que la plus soudaine des passions Il va donc tenter de se sortir de cette vision Il le fera en en disant il y a des conduites qui valent mieux que d autres Je cherche le raisonnement qui permettra de les justifier Il consid re possible d avoir une pens e politique positive Il publiera un certain nombre d uvres importantes dans les ann es et Le probl me qui s pose Camus est de tirer de sa philosophie et sans la remettre en cause des principes susceptibles de justifier et d orienter une action politique La pens e de Camus va se construire autour de trois propositions d abord l absurde et le malheur sont au c ur de la condition humaine mais la grandeur de l homme est de se r volter contre sa condition et de tout faite pour que l action des hommes n ajoute pas ce malheur et cette absurdit La premi re valeur est donc la r volte Ensuite cette r volte contre l absurde concerne tous les hommes car la condition humaine tant la m me pour tous cette r volte doit tre une r volte de tous D o une seconde valeur la solidarit Enfin l absurdit de la condition humaine tant ressentie par les hommes comme une injustice la r volte dans la solidarit contre cette injustice doit se traduire et s incarner dans une lutte pour la justice D o une troisi me valeur la justice Le point de d part de la condition de Camus ne se modifie pas savoir le constat de l absurdit de la condition humaine Il ajoute et constate que selon lui son ami allemand imaginaire s est install dans cette absurdit

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