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Géographie - Afrique de l'Est Chapitre 1 : L’Afrique des hauts plateaux et des grands lacs La région s’individualise par des données écologiques et paysagères qui ont contribué à poser l’image qu’on se fait de la région. Comme toute représentation, il y a une part de vérité et une part d’imaginaire. 1) Un fragment de l’Afrique haute L’Afrique est un continent d’architecture massive, au littoral peu découpé et globalement marqué par l’horizontalité. Cette horizontalité est dûe à sa structure géologique ? Le vieux socle/bouclier précambrien de roche cristalline affleure sur le tiers du continent. Sa longue immersion (hors de la mer) a favorisé la création d’immenses zones planes. Toutefois de violentes dislocations d’age récent ont affecté ce vieux bâti rocheux en lui redonnant du volume la et en le fracturant ailleurs. Dislocations accompagnées d’activités volcaniques. D’où la différence entre une Afrique basse et une Afrique haute. Coté est, le bouclier africain a réagi aux tensions tectoniques liées a la dérives des plaques continentales en se fracturant le long d’un grand axe étiré de la mer rouge au lac Malawi. Ce qui se manifeste par des fossés d’effondrement : les Rifts. Au sud de l’Ethiopie, cette déchirure présente deux branches, l’une le long de la vallée du Kenya, l’autre prêt des Grands Lacs. Le rift n’a la forme d’un fossé régulier a fond plat que sur certaines portions. Le plus souvent ses limites ne sont pas aussi tranchées. La fracturation a engendré un volcanisme actif. Soit le long des rifts, ou même au fond des fossés, soit au-delà. En effet, d’amples coulées de laves ont débordées sur les plateaux (au Kenya) et de grands volcans récents se sont formés à des distances parfois considérables de la ligne de fracture principale. Dons les trois grands massifs : le Kilimandjaro, le Kenya et le Ruwenzori (plus de 5 000 mètres d’altitude). Les grands lacs sont enchâssés dans des paysages grandioses, ils se situent parfois dans des cuvettes au sommet de hauts plateaux, comme le Lac Victoria, mais le plus souvent ils se trouvent dans des fossés d’effondrement, à l’instar du Lac Tanganyika qui est le plus long, le plus profond et le plus volumineux. Le Lac Victoria est le plus étendu et est parsemé d’îles, bordé de baies et de criques. C’est un monde en soi, partagé entre trois états souverains. Il faut neuf heures pour rejoindre les deux villes tanzaniennes. Les chalutiers de Mwanza mettent dix-huit heures pour pêcher au centre du lac. Les cours d’eau qui s’y jettent ne sont pas très gros et ils ne fournissent qu’un cinquième du volume d’eau du lac. Les quatre cinquièmes du volume d’eau proviennent de la pluie. Le lac perdant de l’eau par évaporation et par écoulement vers le Nil, toute baisse de la pluviométrie annuelle amoindrirait assez vite le volume du lac. Il y a dix sept mille ans, le lac occupait, par exemple, une surface deux fois moins étendue. Ces lacs hébergeaient une grande diversité de poisson, il y avait plus de 400 espèces au Lac Victoria, mais l’équilibre a été profondément modifié depuis cinquante ans pour deux causes. - La perche du Nil, introduite dans les années 50 pour développer une pêche industrielle et exportatrice, ce prédateur vorace c’est emparé des eaux en dévorant les autres poissons. Les petits pêcheurs artisans, ont du se replier sur la capture des dagaa (petit poisson de surface) - Ensuite, la jacinthe d’eau, plante ornementale d’origine sud-américaine a réussi à se frayer un chemin jusqu’au fleuve en suivant les rivières. Elle constitue dans beaucoup d’endroits des tapis denses de feuilles et de racines qui accapare l’oxygène et nuisent aux autres formes de vie. 2) Une Afrique tropicale, à sa manière Sur le continent Africain, la diversité climatique renvoi d’abord à la variation des précipitations, les températures n’interviennent que comme un facteur second. Leur rôle discriminant/différenciant est très délimités puisque les espaces intertropicaux ont des températures moyennes annuelles presque constantes, qui varient peu au cours de l’année et qui sont partout élevées. A l’échelle du continent, les latitudes équatoriales sont les plus humides, recevant 1500 mm/an de pluie, voire bien plus, réparti sur toute la durée de l’année sur un rythme de 4 tops, c’est-à-dire deux maxima et deux minima (En comparaison il pleut 700 mm/an à Lille.). Les zones équatoriales sont principalement composées de forêts denses. Quand on s’éloigne de l’équateur, le total annuel diminue et les pluies se concentrent sur une seule saison humide de six mois, saison distinct d’une saison sèche d’une durée équivalente. C’est le climat tropical par excellence, avec sa végétation de savane ou de forêt claire. Plus on approche des tropiques, plus le total annuel diminue et plus la saison sèche s’allonge. Sous les tropiques règne le désert. Cette gradation est remarquablement zonale en Afrique de l’ouest, mais ce schéma n’est pas aussi régulier en Afrique orientale, d’abord parce que le dégradé pluviométrique apparaît plutôt disposé en auréole de direction nord-sud, et car le dispositif est perturbé par l’existence au nord est du Kenya d’une anomalie sèche. Alors qu’on est sur l’équateur, les pluies sont en effet faible et irrégulières, la végétation naturelle, elle, est steppique (bush). Garissa à 0°26 sud de l’équateur, possède une pluviométrie de 350 mm/an. A la même position, au Zaïre, cette pluviométrie s’élève à 2500 mm/an. Tout le nord est connaît des conditions de ce genre annonçant la Somalie, conditions aggravées par des sécheresses périodiques sévères. De même, le centre de la Tanzanie est traversé par une sorte de diagonale sèche recevant moins de 750 mm/an. Ce n’est qu’au sud du pays qu’on retrouve des pluviométries tropicales, comme celle qui existe à la même latitude en d’autres lieux. Dans cette Afrique-là, les Montagnes et les plateaux sont plus arrosés, les pluies dépassent 1000 mm/an sans jamais excéder 2000 mm/an et tombe selon un rythme bimodal. (deux périodes pluvieuses au cours de l’année). C’est le sud de l’Ouganda qui est le mieux servi, parce qu’il recueille les bénéfices d’un flux d’est humide venu du Congo et en outre des précipitations venues de l’Océan Indien. A vrai dire, ce n’est pas l’altitude absolue qui compte, mais la dénivellation, l’existence d’une rupture, d’une pente rapide qui accroche les nuages. Les versants sud et est du Kilimandjaro sont ainsi très arrosés. L’altitude abaisse aussi les températures (1° tous les 60m). Aussi, de la base des reliefs jusqu’à 3 500 m, on passe progressivement de températures équatoriales ou tropicales (26°) à des températures moyennes de 5 ou 6°. Ceci contribue à étager et diversifier les milieux naturels et les potentiels écologiques. Dès que le relief s’anime, on voit surgir une diversité d’écosystème que les peuples autochtones (majoritairement bantous) ont su très tôt valoriser, on y trouve en effet les plus fortes densités d’Afrique de l’Est. L’altitude donne aux plateaux une relative salubrité en atténuant les risques épidémiques. Par exemple, les glossines (mouches tsé-tsé), vecteur de la maladie du sommeil (tripanosomiase) qui touche les hommes mais aussi les bovins. Insecte présent sous deux biotypes (adapté à deux types de régions) entre le 15°N et le 15°S. Ces deux biotypes (présents uniquement en Afrique), se raréfient avec l’altitude. Si on conjugue la salubrité, le climat, la richesse des sols, on comprend qu’il y ait eu des conditions propices au développement des cultures et des sociétés humaines. A la veille de la colonisation, la région des grands lacs connaissait une quinzaine de royaumes, dont le plus connu, avec sa langue unique, son territoire délimité et étendu au dépend de ses voisins : le Buganda, dirigé par un kabaka. C’était sans doute le royaume le mieux constitué, mais pas le seul. Chapitre 2 : Un monde original : le littoral swahili 1) Le littoral comme « interface », une histoire singulière Long de 1 200 km, ouvert sur l’Océan Indien, le littoral de l’Afrique de l’Est possède une unité et une originalité écologique, culturale et culturelle qui mérite d’être soulignée, ce que l’on ne peut pas faire sans rappel historique. Cette façade a été rapidement connue par des étrangers non européens et, dès le début de l’ère chrétienne, et avant que les Bantous n’achèvent leur expansion sur le continent africain, le nord ouest de l’Océan Indien fonctionnait comme une Méditerranée unissant trois aires culturelles distinctes, l’Afrique Orientale, l’Arabie et le Gujarat (Inde). En effets, les boutres arabes et les dhonis indiens (bateaux), jouant de l’alternance du vent ont ramené d’Afrique de l’or, de l’ivoire, du bois et des esclaves. Des minorités commerçantes ont essaimé et se sont implantées dans des comptoirs côtiers. Ces échanges ont contribué à donner naissance à une civilisation particulière qui s’étendait jusqu’au Mozambique, voire jusqu’à Madagascar, civilisation qui a connu son apogée entre le XIIIème et le XVème siècle. Les villes côtières, ornées d’architecture en pierres (le mot stonetown désigne les vieux quartiers en pierres de ces villes), étaient le lieu d’échange où les produits de l’artisanat asiatique se troquait contre des produits locaux, du littoral, comme le miel et la noix de coco, ou de l’intérieur des terres, comme le cuivre. A la fin du XVème siècle, dans le sillage de Vasco de Gama, les portugais mirent à mal ces cités, sans parvenir toutefois à en prendre le contrôle, sauf tout au sud, dans ce qui allait devenir la colonie du Mozambique. Dès le XVIIème siècle, arabes et indiens reprenaient l’initiative, en particulier les omanais qui n’avaient jamais cessé de consolider leurs intérêts commerciaux en Afrique orientale, mais firent également valoir leur domination politique. C’est en effet au XIXème siècle que le sultan Sayid Saïd a étendu son pouvoir vers la côte et l’intérieur du continent, en établissant sa capitale sur l’île de Zanzibar, en 1840, qui devient un foyer de rayonnement de l’Islam. Ce même sultan ordonna aux paysans de planter deux girofliers pour chaque cocotier qu’ils possédaient. A partir de 1860, plus de trois millions de girofliers peuplaient les îles de Zanzibar et de Pemba qui dominaient alors le marché mondial du clou de girofle jusqu’à une date récente. La seconde partie du XIXème est marquée par la domination de l’Empire de Zanzibar, empire commercial essentiellement, de routes, de pistes, de caravansérail et de liaisons maritimes. Zanzibar joue alors le rôle d’entrepôt accueillant des bateaux européens de plus en plus nombreux (150 européens par ans et 600 arabes). L’Empire se ramifie jusqu’aux Grands Lacs, dès les années 1840 des colonies arabo-swahilies s’établissent sur les rives du Tanganyika, et les caravanes font le voyage jusqu’au Duganda. Sur ces itinéraires, il n’est pas rare de croiser des convois d’esclaves, que ces derniers soient des prisonniers de guerres ou des victimes de razzias, sur une « aire de prélèvement » qui allait jusqu’au Congo et au Malawi. Après une longue marche vers les côtes jusqu’à Dar-el-Salam, les esclaves étaient en partie exportés. Au début du XIXème siècle cinq mille esclaves en moyenne étaient expédiés chaque année en Arabie, en Perse et en Inde. Vers 1850 cette moyenne s’élevait à sept mille. Au cours de ce siècle, il y avait autant d’esclaves exploités sur la côte de l’Afrique Orientale que d’esclaves expédiés à l’étranger. Les cannelles de giroflier exigeaient une main d’œuvre abondante et renouvelable en raison d’un haut taux de mortalité dans les plantations. Néanmoins, l’esclavage causa des problèmes entre le sultanat et les européens qui, depuis peu, s’étaient décidés à lutter contre cette pratique. En effet le XVIIIe siècle qui est la pire période de la traite Atlantique a vu aussi le progrès de mouvements abolitionnistes d’inspirations diverses, ce courant d’opinion a été assez fort pour que le congrès de Vienne prononce en 1815 la première condamnation internationale de la traite tout en laissant à chaque état le soin de l’abolir, comme l’avait fait l’Angleterre en 1807. Peu à peu, les traités et les lois rendirent cette activité illégale et les négriers furent poursuivis par les marines nationales. Ainsi, les navires de guerre anglais ont commencé à saisir les cargaisons arabes d’esclaves en 1869, mais il fallut des années de négociations avant que le Sultan n’interdise les marchés publics d’esclave en 1873, puis ne l’abolisse complètement en 1897, c’est-à-dire lors de la mise sous tutelle coloniale de l’île. La colonisation a ensuite séparé Zanzibar des zones côtières et continentales qu’elle possédait, mais il reste de cette longue histoire commune, une série de caractères communs originaux. 1) Une identité particulière L’identité du littoral repose aujourd’hui encore sur une culture swahilie fondée surtout sur une langue et sur l’ancienneté de la conversion à l’Islam, en effet, plus de 70% des habitants de la côte sont musulmans et minarets et mosquées sont un trait spécifique urbain. Ces deux traditions, un Islam tolérant et non prosélyte d’une part, et la langue swahilie (ou ki-swahili), qui est fait d’une grammaire et d’un fond lexical bantou, enrichi fortement d’emprunts arabes, indiens et portugais, qui tolère une certaine variété de dialectes d’autre part. La colonisation britannique a développé un Swahili standardisé qui a ensuite été enseigné, notamment en Tanzanie, et qui est devenue l’une des langues officielles du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie. Cette culture anime une société métissée qui depuis plus de mille ans autorise la coexistence d’influences ou d’éléments concrets venus d’Afrique et d’Asie. Cette société est d’ailleurs plus urbaine que la moyenne dans une Afrique de l’Est rurale, c’est un héritage des cités swahilies, complété par quelques créations coloniales telle que Tanga. Nombre de ces villes, à commencer par les deux plus importantes, Dar-es-Salaam et Mombasa, sont des ports, car l’échange maritime reste au cœur du fonctionnement du littoral. Enfin, l’individualité du littoral repose sur des données écologiques et culturales, des précipitations plus abondantes et plus régulières soutiennent depuis longtemps une vie rurale active, de gros villages ceinturés de cultures sont des vergers de manguiers et de cocotiers. Précipitations qui animent une frange d’une cinquantaine de km de large, les conditions se dégradent en effet vite ver l’intérieur, les pluies diminuent et on passe à la savane ou, au Kenya, au bush. Chapitre 3 : l’Empreinte coloniale. L’organisation spatiale précoloniale différenciait deux ensembles largement distincts, d’un coté la bande littorale des cités swahilies et leurs campagnes environnantes, de l’autre le monde des royaumes inter-lacustres. Entre les deux s’étendait un arrière pays où l’emprise humaine était encore faible, ponctué par quelques communautés agraires et des pasteurs se déplaçant encore sur de vastes étendues avec leur troupeau, comme les masaai. L’unité de l’Afrique de l’Est qui aurait pu alors se construire autour de Zanzibar, si le sultanat avait eu cette ambition, est donc plutôt le fruit de l’occupation européenne. 1) Une conquête tardive mais rapide C’est seulement après 1870 que l’Afrique entière a été en proie aux entreprises impérialistes européennes. On rappellera d’abord l’action conjointe de trois types d’acteurs soutenus en métropole par divers groupes de pression qui cherche à obtenir de leur gouvernement parfois réticent un engagement en faveur de la colonisation. Les premiers acteurs sont les explorateurs, qu’ils soient fascinés par la découverte de l’inconnu comme Burton et Spike, représentants des intérêts d’une société coloniale comme Karl Peters ou encore mandaté par des sociétés de géographie commerciales, qui demeuraient l’auxiliaire des sociétés coloniales. Les seconds sont les compagnies de commerce qui avait besoin de traités commerciaux avec les indigènes pour pouvoir dominer le marché à l’aide d’un monopole. On peut y adjoindre les compagnies à charte auxquelles les anglais ont eut volontiers recours à l’exemple de l’IBEAC (Imperial British East African Compagny). Une compagnie reçoit par charte royale le monopole de la colonisation économique et administrative, le pouvoir de négocier des traités en s’appuyant, si besoin est, sur ses propres troupes. Ainsi en 1890, le capitaine Luggard est entré au Buganda à la tête des troupes de l’IBEAC. Les troisièmes acteurs sont les missionnaires qui ont souvent précédé les conquêtes, animés par la volonté de christianiser les autochtones et de lutter contre l’esclavage, tel que la Church Missionnary Society (protestant) qui avait déjà un pied au Buganda en 1880 avant l’arrivée des Pères Blancs catholiques, ou encore le célèbre David Livingstone, qui était un écossais farouchement opposé à l’esclavagisme. Le pasteur Krapf quant à lui fut le premier à décrire le swahili et le premier à en établir la grammaire et à rédiger un dictionnaire ainsi qu’une traduction de la Bible en cette langue. Les missions ont souvent joué un rôle politique avec les pouvoirs indigènes au début de la colonisation, mais elles ont également joué un rôle important sur l’éducation et les soins. L’accélération des initiatives coloniales des uns et des autres comportait des risques de conflits et de contestations entre les européens, c’est pour les éviter que la conférence de Berlin (1884-1885) fixa des règles de bonne conduite, en particulier le principe du droit de continuer vers l’appropriation de l’intérieur des territoires africains à condition que le contrôle des zones côtières soit effectif et notifié aux autres puissances. S’en suivit une multiplication des expéditions sur les littoraux et une course vers les arrières pays. La concurrence fut très vive en Afrique Occidentale et Centrale, ce qui aboutira à un fractionnement territorial poussé. En revanche, Allemands et Britanniques étaient les premiers à s’intéresser à l’Afrique Orientale, chacun visant principalement le contrôle de la région des Grands Lacs. La délimitation des sphères d’influence a donc fait l’objet de rivalité puis de négociation et de traités, l’un des plus importants en 1890 voit l’Allemagne renoncer à ses prétentions sur Zanzibar et l’Ouganda en échange de l’île d’Heligoland en Mer du Nord. Ainsi, parti de Dar-es-Salam, les Allemands occupèrent le Tanganyika avant d’imposer leur protectorat au Rwanda et au Burundi. Les Anglais quant à eux s’assurèrent du contrôle du Kenya pour contrôler la route de la côte au Rwanda . Un simple trait suffit parfois simplement pour tracer les frontières, une ligne droite sépare ainsi le Kenya du Tanganyika, malgré un léger écart afin d’inclure le Kilimandjaro dans le domaine colonial allemand. En 1919, les colonies allemandes furent placées sous mandat par la société des nations qui confia le Tanganyika à l’Angleterre, le Rwanda et le Burundi à la Belgique. 2) Une administration coloniale : encadrer efficacement et au moindre coût L’administration allemande au Tanganyika fut brève mais produit davantage de rapports officiels et de statistiques que les autres régions colonisées d’Afrique, ce qui témoigne en partie du souci qu’eut l’Allemagne d’établir une colonie modèle, comme au Togo. La colonisation fut « efficace » avec de nombreuses constructions de chemins de fer et de plantation, mais également rude comme le témoigne la répression sanglante de l’insurrection des Maji-Maji en 1905 ou encore le travail forcé. L’Allemagne a pratiqué une administration directe comme la France en Afrique Occidentale, dans ce système chaque colonie est subdivisée en circonscription dirigées par des administrateurs coloniaux ayant tout pouvoirs sur tous leurs sujets, et secondés par des chefs de canton, d’origine africaine, désignés comme intermédiaires exécutants. A ce mode de gestion peut être opposé le gouvernement indirect (« indirect rule ») dont les pratiques tendent à rechercher davantage la collaboration des pouvoirs indigènes en place avant l’arrivée des puissances coloniales, comme en Ouganda où un protectorat fut établi en 1894, malgré la présence d’un gouverneur Anglais, les britanniques préservent au moins en façade la monarchie et son administrations, ainsi que quelques pouvoirs symboliques du kabaka et leurs relais. En fait cette opposition traditionnelle entre deux systèmes volontiers soulignée est sans doute simplificatrice, chaque puissance parait avoir adapté sa façon de faire aux circonstances et aux situations locales. Ainsi au Kenya la réalité du pouvoir est vite exercée par la minorité blanche, les Anglais n’ayant jamais dédaigné l’administration directe. De même, au Rwanda, Belges et Allemands utilisèrent le gouvernement indirect contrairement au Congo et au Tanganyika. En fait, tout repose sur la circonscription de l’espace colonial et la mise en place d’un maillage administratif à trois échelles. De plus, presque tous les colonisateurs, a l’exception des Belges, ont pensé que cette mise en place devait s’appuyer sur des postes ou des chefs- lieux urbains, quitte a créer ces derniers s’ils étaient inexistants, afin d’encadrer à moindre coût. De même, l’administration territoriale, hors régions islamisées, a composé avec les missions chrétiennes qui avaient leurs propres réseaux de lieux et de compétences qui ont joué un rôle de suppléant, notamment en matière sanitaire et éducative. 3) La Colonisation a profondément marqué l’organisation de l’espace. La conquête et la mise en exploitation ont progressé du littoral vers l’intérieur, c’est ainsi que l’ouverture des territoires s’est faite pas des voies ferrées pénétrantes joignant les ports côtiers vers les Grands Lacs, qui permettaient de diffuser le contrôle administratif du territoire et de drainer les produits d’exportation. La voie allant de Mombassa au Lac Victoria, construite à grand renfort de main d’œuvre indienne, a atteint Kampala en 1901; les Allemands firent de même à partir de Dar-es-Salam jusqu’à Kigoma sur le lac Tanganyika. Cette mise en place effectuée comme référence dans chaque colonie aboutie à une succession de tronçons ferroviaires parallèles. Il s’agit encore des principaux axes de circulations actuels. En venant rompre l’isolement des espaces intermédiaires entre la côte et les lacs, cette trame de voie a permis le développement de l’intérieur, ainsi que sa mise en valeur. Si l’Ouganda a été fermé à la colonisation blanche dès 1916, le Kenya en revanche devient une colonie de peuplement. En effet, la terre apparaissait ici libre, car à la fin du XIXème une peste bovine ravagea la région décimant les populations locales et il n’y avait pas de propriété privée sinon une propriété collective. Ainsi commença en 1902 la mise en valeur par des colons européens des Hautes Terres Blanches (White Highlands), près de Nairobi, dont la délimitation définitive en 1933 fut accompagnée de la création de réserves tribales privant les indigènes d’une partie de leur territoire traditionnel. C’est d’ailleurs pour protester contre ce qui leur paraissait être une spoliation que les Kikuyu (principales ethnies du plateau) fondèrent le KCA (Kikuyu Central Administration) d’où sont sortis beaucoup de cadres indépendantistes, de même il y eu le Mouvement Insurrectionnel des Mau Mau (1955-56) qui fut violemment réprimé. Prêt de ¾ des terres blanches furent consacrées au ranching (élevage extensif) sur de grandes étendues, le reste se partageait entre la polyculture céréalière et les plantations de café et de thé, culture réservée aux Blancs. Or, tandis que la Rhodésie du Sud accueillait le tout venant des colons européens, le Kenya reçut plus que sa part de fils de famille d’anciens officiers et d’administrateurs retraités, l’ensemble fit un groupe de pression efficace pour la défense des intérêts des colons, bien plus qu’un groupe de fermiers compétents. Aussi, d’un coté, le lobbying permettait aux colons de se réserver le pouvoir politique et le monopole des cultures de rente, de l’autre, les farmers, les moins soucieux capables d’investir, ont très vite recouru au système des squatteurs, ces paysans africains sans terres qui obtenaient le droit de disposer d’un lopin de terre, d’une parcelle, en échange d’un certain nombre de jours de travail exploité sur 20% des terres blanches en 1938. A vrai dire, les investissements reçus par les colonies ont été très variables, d’abord parce que l’attitude de la métropole a varié d’un cas à l’autre, en fonction des intérêts européens, au Kenya par exemple la culture du café n’a été autorisée aux indigènes que dans les années 50, en revanche en Ouganda, l’administration anglaise était favorable au développement d’une petite paysannerie autonome, productrice de culture de rente. Au Rwanda et au Burundi, les paysans obsédés par la production de vivres étaient opposés aux cultures d’exportations, alors que l’état Belge souhaitait ces dites cultures. C’est donc dans le cadre de culture obligatoire que le café s’est imposé. Les investissements ont été très inégaux dans d’autres domaines, c’est ainsi que le Tanganyika, territoire n’ayant aucun représentant dans la Chambre des Lords du fait qu’il s’agissait d’un territoire sous mandat, fut le parent pauvre de la colonisation britannique. Une colonie ne devant pas coûter, c’est à partir des années 50, lorsque se précise la menace indépendantiste, que les colonisateurs ont consenti à un réel effort, notamment dans le développement sanitaire, éducatif, et celui de l’agriculture indigène. C’est le moment des grands plans agricoles, qui connurent des succès variés, comme au Kenya le plan Swynerton, véritable plan d’émancipation agricole. Enfin, la colonisation fut également l’occasion d’un rééquilibrage des densités de peuplement au profit des plateaux. Chapitre 4 : Un des grands « archipels » du peuplement africain A propos de l’Afrique, le géographe Pierre Gouron évoquait un fond faiblement peuplé sur lequel se détache des îles de fortes densités, séparées les unes des autres par de grands vides relatifs. 1) Un monde peuplé. A petite échelle (vu de très loin), le continent africain présente un premier ensemble fortement peuplé dans l’espace compris entre le Sahel et le Golfe de Guinée, qui compte environ 200 millions d’individu, dont presque la moitié au Nigeria. Un deuxième ensemble part des plateaux d’Ethiopie, jusqu’au Grands Lacs et se poursuit de manière fractionnée jusqu’à l’Afrique du Sud. Ces deux ensembles sont séparés par des densités de 2 habitants au km², si ce n’est quelques cristallisations à plus forte densité. Avec ses 100 millions d’habitants, l’Afrique de l’Est appartient à l’ensemble oriental des densités élevées. Cependant, les densités moyennes par pays ne rendent pas parfaitement compte de la démographie. La Tanzanie possède 35 habitants par km², le Kenya 50 habitants/hm², alors que le Rwanda et le Burundi dépassent les 250 habitants par km² en réalisant ainsi les plus fortes concentrations d’Afrique. La forte croissance démographique de ces pays contribue encore à la densifier, mais il faut prendre ces densités pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des indicateurs généraux qui ne sont significatifs que pour les petits pays, en effet deux densités moyennes similaires ne signifient pas nécessairement la même chose. Faut-il par exemple comparer les 350 habitants par km² de la Belgique avec ceux du Rwanda ? On a ici deux territoires restreints très pleins, mais aux capacités productives très différentes. C’est pourquoi il revient d’être prudent dans l’usage des termes surpeuplement et sous-peuplement. Cela ne peut qu’être établi par la combinaison des densités et des niveaux de vie. De plus, en calculant une moyenne nationale, on effectue une généralisation qui efface les contrastes régionaux, or un peuplement ne se dilue jamais de manière uniforme sur tout un territoire, il se présente toujours, dès qu’on change d’échelle, en agrégat de dimension variable, c’est évidement ce qui se passe en Afrique de l’est, au Kenya les hautes terres dépassent couramment les 100 habitants au km², prêt du lac Victoria ce nombre s’élève même au dessus des 500 hab/km² alors que les plaines du nord est apparaissent vides. Ainsi, voit-on apparaître un modèle différent d’un pays à un autre à échelle comparable. Au Kenya, la répartition oppose pour l’essentiel un centre peuplé et des périphéries vides, plus de la moitié du peuplement se rassemblent sur 10% du territoire, c’est-à-dire les hauts plateaux du sud-est. Un foyer de peuplement secondaire apparaît sur le littoral swahili également, autour de Mombassa. En revanche, en Tanzanie, le dispositif est comme le négatif du modèle Kenyan, le peuplement apparaît ici écartelé, au centre se dessine un immense espace aux densités très diluées, alors que les noyaux de peuplement denses sont sur le pourtour, comme au quatre coins du pays, sur le littoral, près du Lac Victoria et du Lac Tanganyika. L’Ouganda quant à lui présente une sorte de gradient sud-nord en pente avec les plus fortes densités au sud, au Bouganda, près du lac Victoria qui faiblissent au fur et à mesure que l’on remonte vers le nord. Enfin le Rwanda et le Burundi sont des mondes pleins. 2) Une affaire délicate : expliquer les répartitions Les grands contrastes du peuplement est africain pose une question de fond, c’est de la part relative de la nature, de la société et de l’histoire comme facteurs du peuplement. En ce domaine, le risque principal est le déterminisme naturaliste qui consiste à expliquer plus ou moins intégralement la distribution du peuplement par les caractéristiques du milieux physique, dans cette optique, les rapports entre les sociétés et la nature sont envisagée sur le mode linéaire, A cause de B, alors que dans ce domaine régnerait plutôt un mode complexifié où A et B s’inter influenceraient, or l’Afrique de l’est est un endroit où il faut être particulièrement nuancé car c’est l’une des régions où les relations entre peuplement et conditions écologiques sont les plus nettes. Globalement, les basses terres sont sèches et de faibles densités, alors que les zones de fortes densités sont des régions de hautes altitudes qui reçoivent plus ou moins un mètre de pluie par an. Cela dit, on ne doit pas pour autant poser une équivalence générale : altitude = pluie = densité forte, sans autre précision, d’abord car l’avantage des régions montagneuses n’est pas vérifié partout, et non plus de manière systématique. Il existe des monts sous-peuplés, notamment en Tanzanie. Ensuite, parce que le constat d’une relation en lui-même n’explique pas grand-chose, le peuplement met en effet en jeu tout un faisceau de facteurs écologiques et sociaux qui s’articulent entre eux. Constater une relation entre altitude et peuplement ne suffit pas en soi, il faut essayer d’en percer la logique et les articulations. Ce schéma implique que les avantages relatifs offerts par le milieu aient été perçus par les sociétés locales et qu’elles aient le moyen de le valoriser. (cf image) Le potentiel naturel est perçu par les sociétés en terme de ressources, de risques ou de contraintes qui s’exercent souvent à travers des phénomènes dérivés par exemple l’activité agricole. Ressources et contraintes sont appréciées, gérées, surmontées en fonction d’objectifs et de moyens techniques propres au groupe à un moment donné. Il faut donc tenir compte des capacités des groupes humains à tirer parti de leur milieu, à des techniques productives (comme les charrues), à des techniques sociales assurant la cohésion du groupe et la maîtrise de l’espace (« technique d’encadrement » P. Gourroux). Tous ses éléments se regroupent et se combinent entre eux. C’est donc les sociétés humaines qu’il faut interroger, le peuplement n’est pas la rencontre de l’homme et de la nature mais la rencontre entre le type de civilisation et le type de climat. Il faut tenir compte de la durée historique, car cette rencontre à lieu dans le temps, négliger cela c’est le simplisme. Le géographe J-P. Raison illustre cela par la grande épidémie de peste bovine qui a traversé le continent entre 1885 et 1900, cette épidémie à provoqué l’effondrement partiel de certaines sociétés indigènes, notamment les éleveurs orientaux comme les Masai et les Samburu, et bouleversé la répartition du peuplement ? En Afrique Orientale les populations se concentrèrent autour des lieux où la maîtrise sanitaire était mieux assurée. Ce faisant elles ont affaibli leur emprise sur des espaces de pâturages extensifs qui retournèrent à la broussaille ou à la forêt claire, situation propice au retour des mouches tsé-tsé. La colonisation a donc rencontré une situation particulière, un état de peuplement qu’elle a contribué à figer, réalisant une sorte d’arrêt sur image et ouvrant la voie à toute sorte de malentendus. 3) La mosaïque des ethnies La grande majorité des habitants de l’Afrique orientale sont des noirs, au-delà de cet apparentisme, il faut rappeler d’abord l’existence d’une minorité « asiatique », essentiellement d’origine indienne, et aussi souligner que le peuplement africain cache une formidable diversité humaine que l’on tend à analyser à tort ou à raison en terme d’ethnies. Le mot ethnie désigne un groupe qui se reconnaît dans une histoire et dans une généalogie commune, même si l’ancêtre fondateur est légendaire. Un ensemble de lignages réunis par une filiation concrète et mythique qui renvoie souvent à des récits d’origine du monde. Ses membres partagent une tradition culturelle, un ensemble de lois coutumières, une même langue et souvent un territoire auquel ils sont plus ou moins attachés. La conscience collective que le groupe à de lui-même est symbolisé par le nom qu’il se donne, étant entendu que celui-ci peut différer de celui que lui donne les étrangers. La définition de l’ethnie est une affaire de regard du groupe sur lui-même, sur ses voisins, des européens sur les africains. L’ethnie correspond à ce que les anglo-saxons désignent sous le nom de tribu, ce dernier mot, pris dans un sens purement scientifique garde une valeur descriptive pour les anglo-saxons, mais il est aujourd’hui dévalorisé par les connotations dépréciatives et péjoratives qui s’y sont attachées. Ajoutons en passant que les distinctions ethniques ne tiennent pas vraiment à des traits physiques, ou beaucoup moins qu’a pu le croire l’ethnologie coloniale qui classait les populations en races et en peuples. La génétique moderne a liquidé le concept de race qui n’est guère qu’un discours sur l’apparence, c’est-à-dire sur le phénotype qui est un aspect mineur, mais voyant du génome humain. Quand au Rwanda la colonisation allemande, puis belge, s’est aventurée à définir la différence entre tutsi (long, grand, mince et éleveur), twa (petit, trapu et agriculteur) et hutu sur des critères d’apparence physique, elle a mis une voie dans un engrenage funeste et on a enfermé des gens dans une identité physique. La consolidation de l’ethnie tient beaucoup de la colonisation. Tous les états de l’Afrique de l’Est sont pluriethniques, au Kenya on recense 38 groupes connus, plusieurs dépassent un million de membres, et le plus important est celui des Kikuyu, pour autant il existe d’autres groupes agraires comme les Luo Luya autour du Lac Victoria, ou encore des pasteurs comme le plus important est celui des Masai qui déborde sur la Tanzanie. Dans cette dernière, les ethnies sont assez importantes mais aucunes ne dominent et elles sont réparties aux quatre coins du pays. La constitution de ces ethnies est en partie un phénomène historique sur lequel la colonisation a beaucoup influé. La prise de possession de territoires jusque là inconnus, s’est accompagnée de l’inventaire et l’étiquetage de leur composition humaine. Ce travail est allé de pair avec la création des encadrements administratifs. En effet pour disposer d’interlocuteurs identifiables et pour délimiter des circonscriptions il fallait démarquer les territoires des groupes indigènes ce qui obligeait à définir les uns et les autres de façon tranchée, là où existait une certaine imprécision. La colonisation a donc cristallisé et souligné ce qui n’était jusque là qu’une dimension de l’identité commune et des rapports sociaux indigènes.

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