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Socio-Histoire des Idees Politique.docx

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Contributor: Corey_smith
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Socio-histoire des id es politiques Section Les lib ralismes Introduction Le lib ralisme un cadrage g n ral par l histoire par les th mes I - Le lib ralisme subversif Gen se du champ artistique La Soci t de cour la d pendance de l artiste vis- -vis de l aristocratie La r volution de la lecture au XVIIIe si cle et l invention d un public bourgeois Gen se du champ litt raire Gen se du champ conomique L conomie comme activit sociale indiff renci e L invention de la science nouvelle Gen se du champ politique La construction intellectuelle d un espace politique autonome Le lib ralisme comme strat gie de subversion sociale Du c t des intellectuels Du c t de la bourgeoisie II - Le lib ralisme conservateur Les transformations sociales et politiques ouverture et diff rentiation du champ politique Les modifications socio- conomiques Les mutations du champ politique Le contr le du suffrage Le primat de l autonomie de la volont Les filtres sociaux la participation lectorale Le contr le de la soci t le lib ralisme oligarchique Le contr le de l opinion l enjeu de la presse Le contr le de l enseignement sup rieur D La gestion de la soci t le lib ralisme d mocratique et r publicain Le rationalisme et la la cit Individualisme et solidarisme Le parlementarisme et l appui sur les forces partisanes III - Les mutations contemporaines nouvel esprit du capitalisme et n o-lib ralisme A l chelle globale gen se du n o-lib ralisme La Soci t du Mont P lerin Le nouvel esprit du capitalisme L exemple de la France le renouveau du lib ralisme dans le champ intellectuel fran ais Les origines d un renouveau la crise des ann es et le CIRL Raymond Aron importateur de Tocqueville Le lib ralisme politique et le champ intellectuel fran ais Introduction Le lib ralisme un cadrage g n ral On va voir la premi re id ologie politique le lib ralisme et lui appliquer la m thode de d construction socio-historique labor e la re s ance Cette id ologie fera l objet de plusieurs s ances pour bien montrer l importance fondamentale du lib ralisme et de ses effets sociaux pour viter ainsi de mettre sur le m me pied toutes les id ologies politiques certaines ont eu plus d importance en terme d effets sociaux Apparemment le lib ralisme se veut la doctrine de la libert id e abstraite suffisamment forte pour agr ger des r flexions et susciter un courant intellectuel On a ainsi l habitude d indexer le lib ralisme aux uvres de quelques brillantes individualit s isolant un panth on lib ral Kant Locke Adam Smith Tocqueville Constant Guizot etc De m me on le d cline selon diff rents champs disciplinaires lib ralisme politique lib ralisme conomique lib ralisme culturel lib ralisme social etc C est uniquement cette aulne que l on d cline le lib ralisme au pluriel On souligne aussi que le lib ralisme politique est la philosophie dominante du me si cle On peut faire dans une longue introduction une premi re lecture g n rale et stabilis e du lib ralisme que l on va mettre au singulier c est- -dire qui en fait un objet global en soi achev coh rent dont on synth tise la fois l histoire et les th mes Cela renvoie au concept d id al-type de Max Weber comme construction intellectuelle op r e par le savant qui lui sert d chiffrer mieux le r el On verra n anmoins par la suite que cette lecture est plut t en trompe-l il c est- -dire qu elle proc de d une rationalisation a posteriori Il s agira donc de montrer la relativit du lib ralisme autour de tensions - c est- -dire que cette id ologie politique ne prend sens qu actualis e dans des champs On va voir successivement l histoire a et les th mes b du lib ralisme L histoire Le lib ralisme ne peut tre compris qu partir des conditions sp cifiques de son histoire et de son d veloppement Si on devait faire ainsi une histoire globale du lib ralisme on pourrait isoler trois grands moments Tout d abord les racines profondes du lib ralisme politique qui sont ant rieures au me si cle En gros on peut voir deux matrices l une conomique l autre relevant de la sph re des mentalit s Du c t de l conomie il faut citer l essor du capitalisme commercial amorc au si cle Et du c t des mentalit s il faut souligner le d veloppement de l esprit de tol rance avec la philosophes des Lumi res ou le protestantisme la fin du les principes fondamentaux qui commandent cette nouvelle id ologie sont le rejet du fanatisme religieux l exaltation de la tol rance la confiance en l observation et en l exp rience l examen critique de toutes les traditions Les deux racines conomique et intellectuelle peuvent se renforcer cf Max Weber L thique protestante et l esprit du capitalisme r f rence Sa th se le capitalisme a pu se d velopper gr ce la R forme protestante du XVI me au XVIII me si cle qui l a lib r de ses inqui tudes de ses interdits bref de sa mauvaise conscience L esprit puritain a constitu le terreau psychologique sur lequel a prosp r le capitalisme moderne Le capitalisme n est pas n d une accumulation de capital ou d une domination de classe Marx mais partir d une r volution du syst me de valeurs et d une nouvelle thique Le capitalisme selon Weber n est pas tant un simple syst me conomique qu une nouvelle forme de valeurs et de comportements recherche du profit professionnalisation pargne discipline conscience professionnelle etc On ne d finit plus le capitalisme de l ext rieur comme un syst me accumulation de l argent et des produits mais de l int rieur partir des motivations et pratiques individuelles Cette nouvelle morale a t apport e par l thique protestante calvinisme pi tisme m thodisme et l id al de l asc tisme protestant Le moment fondateur les R volutions fran aises et am ricaines La R volution am ricaine de a plac au c ur du d bat politique la question de l individu en tant qu il est autonome et libre ainsi s explique le prestige de la r volution am ricaine dans l Europe lettr e du me si cle puisque dans les ann es qui suivirent l ind pendance une litt rature pro-am ricaine envahit l Europe La R volution fran aise de est aussi l autre moment fondateur du lib ralisme politique Il faudra donc comprendre l av nement de l pisode r volutionnaire et sa contribution la stabilisation de la doctrine lib rale On va donc analyser les origines culturelles de la R volution fran aise selon le programme de Roger Chartier r f rence Puis avec l importance internationale que va prendre la R volution fran aise travers son prestige mais aussi son imp rialisme napol onien cette question de l individu va s tendre sur toute l Europe suscitant des entreprises d adh sion ou d opposition L importance de la r volution industrielle seconde moiti du jusqu la fin du me quart du La R volution industrielle signifie un bouleversement en profondeur des modes de production et de consommation qui auront des cons quences sur les modes de pens e politique et sur les institutions c est en effet de la r volution industrielle que vont merger les deux doctrines politiques qui vont parcourir tout le si cle socialisme et lib ralisme Les th mes Les id ologies politiques fonctionnent sur le canevas de la condensation de certains sch mes intellectuels elles d ploient tout un argumentaire autour d id es simples Les principes fondamentaux par lesquels s laborent le discours forment une unit relativement simple une structure matricielle qui forme en quelque sorte l invariant des discours Si on synth tise les diff rents auteurs se revendiquant du lib ralisme on peut tablir les trois points suivants L uniformit statutaire de l esp ce humaine tous les hommes ont la m me dignit morale la m me vocation la libert cela t moigne d une croyance dans l individu et non dans les groupes l homme peut tendre de lui m me vers le progr s moral Trois points m ritent d tre soulign s Tout d abord l id e de droits naturels Cf John Locke l tat de nature qui est soit une hypoth se de travail un concept-limite ou bien qui est un moment historique celui des Indiens d Am rique les hommes sont libres de disposer de leur vie de leur parole ou de leurs biens de m me ils sont gaux entre eux rien dans l ordre naturel n autorise les uns limiter la libert des autres A l tat de nature la soci t peut s organiser harmonieusement Il n y a recours la soci t politique que si et seulement si des conflits menacent cet ordonnancement naturel d o l apparition de l Etat De m me le primat de la raison individuelle Cf Kant penser par soi m me l homme est capable d autonomie au sens premier instituer sa propre loi Enfin il existe des lois qui commandent l volution sociale conomique et politique et que la raison peut saisir On peut donc appliquer les m thodes issues de la science au mat riau humain Cf Montesquieu L esprit des lois l auteur y m ne une approche sociologique de la l gislation et des institutions politiques de tous les pays en fonction de nombreux param tres pour en tirer des lois il s agit pour lui de d couvrir les lois scientifiques qui commandent les lois juridiques et politiques partir de donn es sociales institutions conomie syst mes juridiques mais aussi extra-sociales g ographie climats C est une nouveaut absolue vouloir saisir le juridique et le politique non pas en soi comme des essences abstraites ou sous l angle du d bat de l poque sur la nature du pouvoir politique naturel contractuel d origine divine mais de fa on contextualis e en relation avec les aspects de la r alit sociale Montesquieu consacre environ une trentaine de chapitres pour analyser ces variables sans qu aucune n apparaisse sur-d terminante par rapport aux autres Jeremy Bentham - il convient d insister sur la dimension prax ologique de ses crits tablir une v ritable science de l action politique et morale qui peut produire artificiellement les conditions de l ordre social L axiome est le suivant les individus sont guid s par une arithm tique des passions et de l utilit autour de deux principes la peine et le plaisir La nature a plac l humanit sous l autorit de deux ma tres absolus le plaisir et la douleur La qu te du bonheur constitue le fondement du lien social le bonheur individuel est donc le vecteur de la prosp rit g n rale De m me la l gislation peut tre fond e sur une science des m urs qui se sert de l outil math matique pour quantifier les plaisirs et m me les typologiser il isole sortes de plaisir et sortes de peine La science des m urs et de la politique est fond e sur le principe de l utilit En d coulent les mois scientifiques qui commandent les plaisirs et les peines par exemple l incidence de la redistribution des richesse ou de l imposition la peine caus e par la perte d une richesse d pend de la partie restante l inverse la joie acquise avec un gain d pend de la part relative de ce gain par rapport la mise de d part on a plus de plaisir quand on a et qu on obtient que quand on a et qu on obtient La soci t peut ainsi s auto-r guler la concordance finale des passions ne fait pas de doute mais condition que les hommes soient instruits de ce que sont leur v ritable int r t il n y a pas d h donisme vulgaire Un nouvel quilibre entre Etat et soci t civile Le moteur de la dynamique sociale r side dans l individu et dans la soci t civile d o une confiance plac e dans les associations L Etat restreint son r le la s ret de chacun et ne doit pas intervenir dans le cours naturel des choses sociales Il s agit d un pis-aller Locke il y a recours la soci t politique si et seulement si des conflits menacent cet ordonnancement naturel d o apparition de l Etat Cet Etat est le pouvoir public qui r alise le droit naturel on institue une soci t politique pour d fendre les libert s naturelles De m me les individus ont le droit de s insurger contre cet Etat s il contrevient aux droits naturels L quilibre des pouvoirs fond sur leur s paration Il s agit donc de limiter les pouvoirs de l Etat Pour cela de nombreux penseurs proposent des solutions d ing nierie institutionnelle Cf Montesquieu et l apologie de la s paration des pouvoirs indispensable condition de la libert politique d finie comme s ret absence de crainte de l action des autres Il y a trois pouvoirs dans l Etat la puissance l gislative la puissance ex cutive la puissance judiciaire La concentration de ces trois puissances dans un seul pouvoir est liberticide C est une exp rience ternelle que tout homme qui a du pouvoir est port en abuser livre XI chapitre Seul le pouvoir arr te le pouvoir et celui-ci doit tre distribu c est- -dire morcel et r parti Pour former un gouvernement mod r il faut combiner les puissances les r gler les temp rer les faire agir V Autre point noter selon Montesquieu la pente naturelle de la puissance l gislative est de tendre vers le despotisme d an antir les autres puissances D o la n cessit d un droit de veto pour la puissance ex cutive mais sans se substituer la puissance l gislative Conclusion de l introduction On voit bien qu la simple lecture des textes on peut facilement tablir un type id al intellectuel de lib ralisme Or dans la r alit ces principes peuvent avoir des effets sociaux tr s diff rents D o le but de cette section est montrer la relativit du lib ralisme autour de tensions c est- -dire que les id ologies politiques ne prennent sens qu actualis es dans des champs Ce lib ralisme id al-typique s incarne de fa on diff rente selon l tat des champs o il est produit On peut ainsi distinguer trois formes de lib ralismes ce qui illustre le choix du pluriel dans le titre du cours Il ne s agit pas v ritablement de diff rents moments du lib ralisme politique mais de trois configurations sociales de trois logiques diff rentes de production et de r ception des id es lib rales Ces m mes id es tout la fois illustrent et th orisent les transformations affectant divers champs sociaux On va illustrer cela essentiellement partir du cas fran ais mais sans occulter les ph nom nes d importation d auteurs trangers Un rappel sur la sociologie de Pierre Bourdieu s impose La d tention ou non des diff rents capitaux sociaux p se fortement sur l action des agents notamment en mati re de go ts et de pratiques culturels Cf La distinction Critique sociale du jugement Plusieurs strat gies peuvent tre isol es Une strat gie conservatrice ou de distinction pour les cat gories dominantes valoriser les pratiques culturelles consid r es comme nobles l op ra le roman classique par rapport d autres formes culturelles plus populaires comme la vari t ou le roman photo Une strat gie subversive pour les pr tendants notamment les dominants-domin s valoriser des pratiques culturelles nouvelles le jazz la bande dessin e et diff rentes des pratiques des dominants l op ra la danse classique tout en restant dans le m me espace social Une strat gie qui peut tre passive ou de retrait pour les domin s cf la notion de violence symbolique infra la reprise respectueuse des pratiques culturelles nobles pour la petite bourgeoisie la d sertion des mus es pourtant gratuits par les classes populaires la non-r ponse une question de sondage d opinion pour ceux qui s estiment incomp tents en mati re politique etc I Le lib ralisme subversif Ici c est surtout une logique de production d un champ politique le lib ralisme na t de l exportation partir d autres champs artistique et conomique d une critique du pouvoir politique Comme le rappelle P Ansart les phases r volutionnaires de contestation d un ordre politique s accompagnent d une activit intense de production d id ologies Les id es lib rales ont ainsi servi la constitution de certains champs leur d finition notamment travers des processus de transfert des id es lib rales entre champs de l conomie vers le politique de l artistique vers le politique etc A Gen se du champ artistique Il peut sembler bizarre de faire partir une id ologie politique du champ artistique Cela renvoie en fait la probl matique initiale du cours des nonc s politiques sont en fait export s d autres sph res de l espace social o ils prennent un sens diff rent Cela permet galement de souligner la caract re l origine composite du politique La Soci t de cour la d pendance de l artiste vis- -vis de l aristocratie Quel est l tat du champ artistique au XVIII si cle Il convient d insister sur la situation de d pendance structurelle des artistes vis- -vis de la noblesse m c ne et de l lite aristocratique et ce en raison de l absence d un v ritable march artistique avec un public bourgeois des relais d dition et de diffusion etc Le r le de la censure par les Eglises ou par les autorit s d Etat accentue cette absence d autonomie dans la production des biens artistiques le monopole de l valuation des productions artistiques appartient aux autorit s traditionnelles la cour les acad mies autoris es l Eglise Comme illustration on peut se baser sur l tude qu a consacr e Norbert Elias r f rence Mozart comme artiste bourgeois dans la soci t de cour qui traduit une configuration entre tablis ceux qui sont dans le jeu depuis longtemps et marginaux ceux qui veulent y entrer Elias a tudi Mozart en op rant un recadrage historique et social sur les conditions de la cr ation artistique Or la soci t de cour ob it une configuration sp ciale les groupes bourgeois font en effet partie d une conomie domin e par la noblesse de cour de plus il existe un cart de grandeur entre un prince tout-puissant commanditaire de l uvre et l artiste plac en situation de subordination dans un univers qui n a pas encore int gr le mod le de l artiste innovateur et ma tre de la d finition de sa propre uvre ce qui sera r alis plus tard avec la notion romantique de g nie Le musicien de cour est consid r comme un valet ou un cuisinier et doit r pondre aux exigences de go t et aux commandes du prince m c ne D o un sentiment de r volte de Mozart dont la conscience de son propre g nie est en d calage avec cette configuration de domination dans le syst me de cour La r volution de la lecture au XVIIIe si cle et l invention d un public bourgeois Le livre de J Habermas L espace public Arch ologie de la publicit comme dimension constitutive de la soci t bourgeoise r f rence tablit un lien tr s fort entre l av nement d une sph re publique litt raire o les uvres sont valu es par un public lettr dans les salons les caf s les clubs et les p riodiques un espace o des personnes priv es font un usage public de leur raison sur des uvres litt raires et d veloppent une fonction de critique esth tique et l av nement d une sph re publique politique qui entend contester le pouvoir royal De m me pour Kant la r volution des Lumi res doit provenir de la circulation de l imprim qui permet de rassembler dans la lecture des individus isol s dans l espace Et de ces lectures solitaires et isol es doit na tre une force collective qui est l opinion publique C est donc insister sur le caract re fondamental de l essor de l imprim et de la diffusion sociale de la lecture Les changements quantitatifs et qualitatifs des pratiques lectorales Les causes sociales et morphologiques d abord le XVIIIe si cle voit gr ce la diffusion sociale de la lecture la constitution progressive d un march artistique et la naissance d un public potentiel mais qui restera sociologiquement troit Cela renvoie d abord aux progr s techniques dans la production et la diffusion des livres Cela renvoie ensuite aux mutations sociologiques dans la lecture au XVIIIe telle qu attest e par les travaux d histoire sociale de la lecture ou d histoire de l dition Entre les me et me si cle la lecture devient timidement une activit de plus en plus individuelle d connect e de la classe sociale cf travaux de R Chartier r f rences de R Darnton r f rences et ou d Y Mollier r f rence Au d but la forme la plus r pandue est une lecture sauvage pr -r flexive indisciplin e faite voix haute la plupart du temps par le p re de famille ou par une autorit sociale l Eglise et qui concerne des textes religieux Dans les espaces ruraux la lecture se fait la veill e sur des objets bibliques Puis la lecture se d sacralise tout au long du si cle le nombre de lecteurs cro t fortement en France les alphab tis s passent de pour les hommes et pour les femmes dans les ann es pour les hommes et pour les femmes dans les ann es l imprim progresse dans des milieux sociaux nouveaux monde de l artisanat et du petit commerce citadin domestiques etc les mani res de lire se font plus individuelles le lire devient une activit silencieuse et solitaire et non plus un acte collectif et communautaire le d sinvestissement religieux de l imprim est frappant on note un effondrement du livre religieux dans l offre ditoriale il passe de la moiti de la production la fin du XVIe si cle un tiers en un quart au d but des ann es et un dixi me dans les ann es le statut social du livre est chang puisque le lecteur est confront des textes de plus en plus nombreux avec des statuts diff rents livres libelles p riodiques pamphlets et de moins en moins on reux on peut lire les livre sans les acheter gr ce des cabinets de lecture ou des loueurs de livres D apr s R Chartier r f rence cette d sacralisation de la lecture a d ailleurs pr par en partie l pisode r volutionnaire en ce sens qu elle a induit le d veloppement d un esprit critique d un sentiment d irr v rence l gard des autorit s Pour R Darnton r f rence c est plus dans le contenu des ouvrages que dans le mode de lecture que r side la pr paration de qui d coule de la circulation d une litt rature pornographique et philosophique sapant l autorit royale par la description des m urs d prav es de la Cour les Rousseau des ruisseaux Quoiqu il en soit les transformations lectorales sont accrues avec la R volution fran aise int r t croissant pour les nouveaut s politiques et les sujets profanes nouveaux m diateurs avocats de quartier tudiants contestataires aubergistes ma tres de postes motivations nouvelles faites pour apprendre lire par soi-m me jusqu un quart des populations citadines apprennent lire des laquais des commis du commerce et de l artisanat etc Apr s la r volution la r volution de la lecture continue Essor des journaux et de l imprim titres en en en en en Les sociabilit s de lecture continuent Les cabinets de lecture permettent une mutualisation des lectures Le contexte est au d veloppement des soci t s de lecture et traduit une volution vers des formes de lectures visant la communication et la r flexion en d calage avec le discours doctrinaire religieux et juridique des structures f odales traditionnelles On observe travers ces institutions des formes socialement plus lev es de lecture rudite mais pas encyclop dique pour autant souvent avec un fondement utilitariste et difiant tre un bon citoyen une bonne pouse A Paris en il existe plus de cabinets de lecture pour une population d environ habitants Londres il y a au d but du me si cle ouvertures de caf s litt raires en Allemagne il faut noter l importance des soci t s secr tes et des francs-ma onneries o des sociabilit s se fondent autour de la lecture La naissance d un public bourgeois La constitution de ce champ artistique autour de la diffusion de la lecture renforce les pr misses de la bourgeoisie en tant que classe sociale Cela se d cline dans un entre-soi et dans la d finition d un double repoussoir L entre-soi bourgeois J Habermas observe une corr lation entre mont e en puissance des classes bourgeoises et invention d une sph re d intimit familiale Cela renvoie des structures particuli res il faut noter ici l importance des Salons en France au me avec entre les diff rents salons des luttes f roces de distinction dont l enjeu est le contr le d une vie intellectuelle mancip e de la tutelle monarchique et curiale ceux-ci tablissent une relation entre l aristocratie urbaine improductive et d pourvue de fonction politique et des crivains artistes savants issus de la bourgeoisie ou bien la grande bourgeoisie des banquiers et des fonctionnaires Ils permettent l entr e des crivains dans le monde des lites dominantes Cela renvoie galement des modes particuliers de lectures il y a d veloppement d un mode de lecture plus sentimental emphatique cf Rousseau avec La nouvelle Elo se best seller de l Ancien R gime avec ditions jusqu en Goethe et Les souffrances du jeune Werther Samuel Richardson avec ses romans sur l ducation d une jeune fille Pamela le bourgeois se d couvre une int riorit une subjectivit cf exposition publique des sentiments go t des confessions et m me structure de la maison bourgeoise Un er repoussoir de plus la sph re publique litt raire te aux autorit s traditionnelles la Cour les acad mies l Eglise leur monopole sur l appr ciation des productions artistiques Il s agit d un tribunal collectif d une instance dont les arr ts ont plus de force que ceux des autorit s tablies en ce qu ils sont fond s sur la raison Un nd repoussoir Enfin l opinion publique est particuli rement oppos e au populaire au trivial la populace ou la vile multitude dans ces salons est ainsi revendiqu e une opinion clair e de gens de lettres fond e en raison etc L effet de miroir invers est particuli rement fort dans cette entreprise de disqualification des modes d engagement populaires les bourgeois sont rationnels et critiques et leur opinion est stable le peuple est passionn versatile et cr dule plein de pr jug s Bref il ne peut tre tenu pour un sujet politique mais comme un objet de manipulation dont il faut se m fier La gen se du champ litt raire Champ litt raire il s agit de l espace de production d valuation et de reconnaissance de la production intellectuelle destin e un public non sp cialis Il met donc en relation des auteurs un public et des m diateurs diteurs journalistes etc Ce champ est fortement marqu par des sp cificit s culturelles et nationales en raison des diff rences de langue de soutien ou non de l Etat des m moires historiques propres chaque pays cf travaux de P Bourdieu r f rence d A Viala r f rence et de R Chartier r f rence On observe la fin de l Ancien R gime une autonomie croissante d un champ litt raire c est- -dire que la production et la diffusion des livres deviennent soustraits aux d terminations du monde social et politique et s organisent selon des principes des valeurs et des hi rarchies propres On peut rep rer ce ph nom ne gr ce plusieurs indices Une transformation de la condition d auteur travers sa professionnalisation dans l ancien mod le l homme de lettre ne peut pas ou ne veut pas vivre de sa plume soit il est lui m me fortun soit il est r mun r par un m c ne Ceci est rep rable dans les statistiques tablies par l administration royale pour contr ler les crivains et l industrie de la librairie sur auteurs ayant publi au moins un livre en et dont on conna t la profession on compte de clercs de nobles d avocats et d administrateurs de m decins et d apothicaires de professeurs d ing nieurs et d architectes Or la professionnalisation croissante des gens de lettres est attest e partir de dans les contrats d dition avant l auteur est r mun r par l octroi d un certain nombre d exemplaires gratuits de son ouvrage puis il demande une r mun ration financi re pay e par la librairie pour l acquisition de son manuscrit Pour autant il faut souligner la difficile condition mat rielle d crivain Mollier et la difficult bien vivre de sa plume ainsi que le m pris dans lequel le litt rateur est tenu par les crivains qui d tiennent des ressources financi res d ailleurs et qui n crivent que par amour de l art Il s agit de la division fondamentale qui organise ce champ litt raire en constitution La cr ation d instances de cons cration propres qui tablissent une premi re institutionnalisation du m rite litt raire et le distinguent du mod le ancien de l rudit touche tout et humaniste les salons les acad mies le jugement du public La cr ation d une conomie du livre de plus en plus d connect e du contr le administratif et se suffisant elle m me Dans l ancien syst me il n y a pas v ritablement de march du livre en raison du r gime des privil ges et des permissions du syst me de la censure pr alable voire m me de la poursuite p nale des auteurs selon la D claration de un auteur peut tre puni de mort pour avoir compos ou fait imprimer des crits attentatoires la religion la royaut et l ordre de m me entre et plus de des personnes embastill es l ont t pour avoir crit imprim ou vendu des textes prohib s Pour autant le nombre d ateliers typographiques est de plus en plus important et maille le territoire dans villes en dans villes en de m me il y a un usage croissant des permissions tacites qui autorisent la publication de livres de plus en plus nombreux entre et entre et entre et puis entre et B - Gen se du champ conomique L id ologie lib rale est en second lieu au principe de la justification de l autonomie d un autre champ conomique cette-fois ci D finition du champ conomique ensemble des relations entre diff rents agents engag s dans une lutte pour le profit mat riel Pour qu il acquiert une autonomie il faut qu il soit dot d une rationalit propre d une logique sp cifique de fonctionnement ce qui lui sera fourni par l id ologie lib rale L conomie comme activit sociale indiff renci e L tat du champ conomique dans l Ancien R gime se caract rise par une faible autonomie l conomie est li e la vie domestique familiale la maisonn e elle n existe pas comme science autonome rationnelle avec ses lois propres De m me l organisation de l conomie se fait sous la d pendance du pouvoir royal Jean-Baptiste Colbert - Intendant des finances en est adepte de la doctrine conomique du mercantilisme exporter le plus pour amasser le plus d or dans un contexte de simplicit des changes commerciaux internationaux et importer le moins pour le conserver gr ce des barri res douani res mais il reste souligner la m diocrit des encouragements de l Etat aux marchands et aux commer ants pour appuyer cette politique conomique L invention de la science nouvelle L id ologie lib rale proc de une naturalisation de l conomie qui range les activit s conomiques dans un ensemble install part de la soci t et fonctionnant selon des principes sp cifiques On a ainsi apparition et autonomisation d un champ conomique Albert Hirschman dans Les passions et les int r ts r f rence m ne une analyse de la g n alogie de l id e d int r t celle-ci se fait sous la Renaissance et cl t une longue p riode marqu e par une autre r f rence centrale la gloire avec une figure centrale le h ros avec la passion de la gloire cf th tre de Corneille Or se d veloppe l id e qu il faut limiter les passions des hommes il y a transformation positive des passions qui peuvent tre sources de f licit La cruaut source du m tier militaire L avarice source du commerce L ambition source de la politique On va donc opposer la passion de la gloire une autre passion compensatrice une passion positive l int r t D s lors celui-ci devient la r f rence universelle le fondement de l ordre social il amoindrit les conflits et adoucit les m urs l'acceptabilit des conduites orient es par le profit personnel l' poque moderne a t favoris e par la fonction r gulatrice qu'on leur a pr t e C'est la th se du doux commerce dont l'effet naturel est de porter la paix La recherche du gain peut venir bout de la violence guerri re ou politique L'int r t peut calmer les passions le terme d'int r t se substituant l'avarice ou la convoitise en est venu qualifier une action motiv e rationnelle et utile D termination subjective la recherche du gain est une passion mais la capacit de l'int r t se distinguer des autres passions vient de son association la raison Hirschman conclut son ouvrage sur les fondateurs de la science nouvelle l' conomie politique classique Les physiocrates Quesnay Tableau conomique de la France Quesnay fait rentrer d finitivement l conomie dans les fonctions relevant de l Etat national Mais il en propose une th orie pour lui la terre est le seul fondement de la richesse seul le travail de la terre augmente les richesses d un pays car il utilise la productivit de la Nature d o la base normale de l imp t est le territoire sanctionn par la propri t fonci re de m me le crit re traditionnel de l appartenance n est plus l incorporation tre inscrit dans un corps mais l implication sociale est membre celui qui participe la richesse d o les propri taires fonciers sont ceux autour desquels se construit l int r t g n ral dans un contexte d conomie agricole Jean-Claude Perrot Une histoire intellectuelle de l conomie politique XVIIe-XVIIIe si cle r f rence montre que les physiocrates ont gagn la partie au milieu du me si cle gr ce leur plus grande ma trise des codes sociaux de la communication gr ce des strat gies sophistiqu es et efficace de conqu te par l isolement de leurs adversaires Ce mouvement d autonomisation d un champ conomique sera couronn par la th orie d Adam Smith qui souligne le caract re socialement b n fique de l int r t et qui va le plus constituer l conomie comme science autonome Selon Hirschman Smith dans La Richesse des nations isole l'int r t de l'enchev trement du r seau passionnel dans lequel il s'ins rait La sp cialisation du domaine conomique est alors sa compl te rationalisation Adam Smith Enqu te sur la nature et sur les causes des richesses des nations Le principe de base nonce que le plaisir est le moteur de l activit conomique de m me c est par l int r t qu on peut comprendre l action des hommes Smith consid re le march comme lieu par excellence de l auto-constitution du social les int r ts particuliers s additionnent s ajustent et donnent naissance l int r t g n ral Cette m taphysique lib rale avec une sorte d harmonie pr tablie ou in vitable se traduit par la main invisible Avec lui l conomie devient surtout une discipline scientifique autonome et tend se distinguer de la philosophie L ordre conomique se s pare de l ordre religieux de l ordre politique ou des structures administratives et militaires L autonomisation de la sph re conomique r pond un double objectif pist mologique et politique elle constitue l conomie comme un objet propre relevant d un discours sp cialis et impose un mode particulier de socialisation L conomie est donc d abord une construction du discours conomiste qui lui conf re sa rationalit Cette rationalit est articul e sur une logique de l int r t Mais cette sph re conomique renvoie aussi des consid rations politiques Selon Pierre Rosanvallon dans Le capitalisme utopique Critique de l id ologie conomique non r f renc la naissance de l id ologie conomique doit tre comprise comme une r ponse aux probl mes non r solus par les th oriciens politiques du contrat social et qui visent avoir une soci t unifi e et transparente Par exemple la doctrine conomique de Smith n est qu une strat gie de celui-ci pour penser une soci t juste et harmonieuse Smith ne devient conomiste que par n cessit philosophique Le concept de march est un concept sociologique et politique une fa on de concevoir l ordre social avant d tre un concept technique une fa on de r gler les changes de biens et de services Mais ce concept de march est surtout une r ponse deux questions irr solues du temps de Smith celle de la paix et de la guerre entre les nations on explique les rapports internationaux par un jeu somme positive le commerce et non plus par un jeu somme nulle la puissance et celle du fondement de l obligation dans le pacte social la main invisible r gule les rapports entre individus sans avoir recours une autorit ext rieure et parfois coercitive comme chez Hobbes Le lib ralisme est une id ologie indissociablement conomique et politique et l id ologie conomique comme l id ologie politique sont tourn es vers la m me probl matique celle de l institution et de la r gulation du social C Gen se du champ politique L tat du champ politique sous l Ancien R gime se caract rise par Un mod le particulier de repr sentation politique avec la conception du Monarque sur le mod le du P re le royaume lui appartient comme un l ment de patrimoine priv et ses sujets sont ses enfants la personne du roi est l unique repr sentant possible du royaume divis en ordres tats et corps De m me il n y a de politique qu exhort e par le Roi Le principe du politique r side dans la volont souveraine du Roi sans qu il ait justifier sa position il d cide sans appel L importance du secret dans l exercice du pouvoir politique royal qui masque la connaissance publique le fonctionnement interne de l Etat de m me que l importance de la censure pour tablir le domaine du dicible en politique d o l troitesse de ce qui rel ve du public les pouvoirs publics se limitent au maintien de l ordre la d fense et la diplomatie et la justice L troitesse sociologique qui renvoie plus fondamentalement une soci t d ordres la distribution de l autorit politique d coule de l appartenance aux corps institu s la noblesse l Eglise le tiers Etat Et dans cet espace social les positions politiques d coulent de ce que Weber nomme la l gitimit traditionnelle la force de l ternel hier La l gitimit politique est donc hi rarchique et corporative Pour autant il ne faudrait pas conclure une trop forte cl ture du champ politique sous l Ancien R gime de nombreux discours de contestation sont port s par les philosophes des Lumi res par des crits licencieux ou m me obsc nes les Rousseau des ruisseaux selon R Darnton r f rence il existe m me selon A Farge r f rence une opinion publique au me si cle Le lib ralisme est ici subversif au sens o il promeut une valeur la libert jug e dangereuse pour l organisation du champ politique fond sur la tradition la hi rarchie le primat de l Ex cutif sur le L gislatif configuration qui renvoie l Ancien r gime comme aux r gimes imp riaux des Napol on La construction intellectuelle d un espace politique autonome Pour d passer cette conception ferm e de la politique le lib ralisme apporte l id e de coupure entre Etat et soci t civile qui permet l apparition th orique d un champ politique avec une d limitation des fronti res entre les deux Deux cons quences th oriques en d coulent Le lien social doit tre lib r de tout principe m ta-individuel ce qui fonde le lien horizontal entre les hommes n est plus gag sur un principe ext rieur Dieu la tradition etc La politique est con ue sur le mode de l artifice de la construction humaine lib r e de toute transcendance Ce sont les th ories contractualistes qui vont r aliser th oriquement cela Cf John Locke et l apparition de la notion de soci t civile dont l Etat garantit l autonomie Cf John Stuart Mill De la libert Lors des temps anciens le pouvoir d cide sans consulter la soci t civile Il tire sa force de la conqu te ou de son h r dit Le XIX si cle op re une mutation de la libert cf B Constant pour cette id e Le pouvoir politique proc de de la soci t civile pour autant cela sous-tend des risques que la soci t soit asservie sa propre norme Pour qualifier la naissance du champ politique moderne peu pr s proche de celui que nous connaissons aujourd hui on peut se tourner vers la notion d espace public emprunt J Habermas On a pu voir pr c demment l essor des soci t s de lecture des salons des uvres litt raires des soci t s francs-ma onnes etc Au-del des ces diff rences nationales J Habermas des crit res institutionnels communs L exigence d une sorte de commerce de soci t d une affinit qui fait abstraction des identit s sociales la valeur de la personne chappe la classe sociale l ouverture la discussion de nouveaux th mes qui taient jusque l du domaine des autorit s morales eccl siastiques et tatiques ceci notamment gr ce la marchandisation croissante des produits culturels qui chappent ces vecteurs de contr le Le public rassembl dans ces espaces ne peut pas se fermer sur lui m me mais se con oit comme agr g englob dans un ensemble plus vaste toutes les personnes priv es qui en tant qu auditeurs lecteurs spectateurs re oivent les uvres culturelles Cependant ce public reste socialement restreint et litiste C est en fait une nouvelle classe sociale qui merge Car selon Habermas l identit bourgeoise se serait constitu e avec l apparition d une nouvelle opinion publique ind pendante de la cour une sph re de personnes priv es rassembl es en un public qui conteste le monopole de l information et de l interpr tation d tenu par les autorit s de l Eglise et de l Etat puis met en place des structures antif odales de communication et d change d abord sur le plan litt raire puis politique Cette opinion publique se donne de plus en plus une fonction politique critiquer l exercice du pouvoir au nom de la raison Le pouvoir politique n est l gitime que parce qu il a t fond en raison gr ce un proc d d lib ratif Il s agit ici du principe du parlementarisme qu on peut illustrer avec diff rents auteurs Montesquieu Il est l un des th oriciens du gouvernement repr sentatif oppos la d mocratie La d l gation politique est une n cessit en raison de l insuffisante capacit du peuple reconna tre le bien commun mais qui a quand m me comp tence pour d signer ses repr sentants Benjamin Constant - La libert des anciens et des modernes Constant note une opposition radicale des soci t s antiques aux soci t s modernes du point de vue de leur conception de la libert Pour les anciens la libert est ins parable de la participation au pouvoir politique dont il retire une fiert plaisir d action il est dans ce cas pr t ali ner ses int r ts individuels sur le socle du bien public Pour les modernes il y a primat de l existence priv e sur les exigences publiques le seul r le politique qui est d volu est de d signer les repr sentants sans qu ils en retirent les gratifications psychologiques attach es l exercice du pouvoir Constant parle d un simple plaisir de r flexion Fran ois-Ren de Chateaubriand - La monarchie selon la Charte Il s agit d un crit de circonstance li au contexte politique seconde ann e de la Restauration Chateaubriand est alors vu comme une personnalit du parti ultraroyaliste parti alors dominant apr s les lections de la Chambre des d put s chambre introuvable mais qui est en conflit avec le Roi coupable de conserver l essentiel du syst me administratif h rit du r gime pr c dent et d tre trop indulgent vis- -vis de l ancien personnel politique de la R volution et de l Empire Chateaubriand critique en effet norm ment Bonaparte ses atteintes la libert de la presse la caporalisation de l enseignement qu il a produite et son syst me administratif ayant trop d emprise sur la soci t et enti rement tourn vers la guerre Cet ouvrage peut donc tre la fois lib ral et contre-r volutionnaire il veut tendre les pouvoirs du Parlement jusqu au principe de responsabilit gouvernementale devant la repr sentation nationale mais il d note une d nonciation l gard du laxisme vis- -vis des hommes de la R volution John Stuart Mill De la libert Mill conteste les doctrines du laisser faire qui n vitent pas les crises conomiques et leurs cons quences sociales De m me le lib ralisme politique pouss l extr me risque de s ab mer en tyrannie de la m diocrit lectoralisme ou bien en r gne de l uniformit et en apathie politique g n rale cf Tocqueville Contre cela il propose la diss mination des instances de gouvernement mais surtout il propose l institutionnalisation des conflits d opinion et d int r t il faut valoriser la diversit et permettre une pacification des conflits d int r t par la parole pour cela seul le recours au principe de publicit et de d lib ration du parlementarisme permet d viter les travers de la d mocratie A c t de ce concept d espace public on peut galement renvoyer titre d exemple sociologiques aux modalit s des sociabilit s de salon au XVIII si cle y participer implique un discours ch ti la contenance et le contr le de soi l coute de l autre autant de m taphores de l id al parlementaire Le lib ralisme comme strat gie de subversion sociale Des causes sociales peuvent galement expliquer la relation entre id es lib rales et strat gies de subversion politique et renvoient la formation de deux groupes sociaux distincts les intellectuels et les bourgeois Les id es lib rales s inscrivent ici dans des strat gies de pr tendant des lites sociales ascendantes qui th orisent leur capacit entrer dans le jeu et justifient la perte de pouvoir d une autre lite concurrente les intellectuels et les gens de lettre La relation sociologique entre intellectuels et id ologie lib rale est rep rable deux moments autour de la R volution fran aise A son d clenchement Tocqueville a t le premier insister sur le r le des intellectuels dans le d clenchement de la R volution de C est l Etat absolutiste en devenant une administration centralis e tend monopoliser la totalit de l exercice du gouvernement et rejette la marge les principales lites sociales qui tend produire par r action la politique intellectuelle et l opinion publique Tocqueville L Ancien R gime et la R volution inachev en la de T La th se de la continuit entre l Ancien r gime et est bien connue le m me tat de centralisme politique caract rise ces deux poques Ainsi avant m me la r volution est d j entam e dans les volutions mat rielles et dans les esprits Des causes sociologiques l expliquent En er lieu La centralisation politique sous la monarchie a cr les conditions qui ont pouss l autonomie et l h g monie des philosophes si la noblesse dirige toujours l Etat elle a abandonn l administration et perd le v ritable contr le du pouvoir puisque l exercice concret du gouvernement est monopolis par les agents de l administration politique Toutes les autorit s interm diaires convocation des Etats g n raux assembl es provinciales municipalit s etc ne marchent plus et les hautes classes sont exclues de l exercice du pouvoir En nd lieu la bourgeoisie profite de l essor conomique et s enrichit mais n a toujours pas le droit de participer l autorit de l Etat D s lors la vie politique et la discussion sur les choses publique sont refoul es transf r es dans la litt rature Ainsi Tocqueville insiste sur la place sociale croissante des crivains dans le d clenchement de l pisode r volutionnaire et le r le in dit des intellectuels hommes de lettre philosophes crivains etc le monde litt raire devient un terrain neutre o la noblesse est galit avec la bourgeoisie La philosophie des Lumi res n est donc pas proprement parler l id ologie de la bourgeoisie mais celle des classes dominantes aristocratie et bourgeoisie qui ont t galement d poss d es de la participation au pouvoir et qui gomment leurs diff rences et d couvrent leurs points communs Il y a des formes de sociabilit d mocratique La seule diff rence qui devient insupportable concerne l in galit des droits et des privil ges qui justifie une critique politique du pouvoir Il en d coule un ph nom ne de d r alisation de la vie sociale la politique est pens e sous la double caract ristique de l abstraction et de la g n ralisation qui tend r duire la r alit quelques principes simples Apr s la R volution fran aise Selon C Charle les intellectuels fran ais sont galement structurellement pouss s vers le combat politique lib ral dans la re moiti du me si cle Il faut d abord noter cette p riode l apparition d un groupe social se tournant de plus en plus vers des professions intellectuelles ceci est tout d abord permis par la r novation du syst me d enseignement sous Napol on qui est retranch au contr le de l Eglise et rentre dans le monopole de l Etat or c est sa fr quentation qui permet d acc der des positions intellectuelles dans une soci t d ordres il y a un afflux nouveau d aspirants dipl m s les enfants des classes moyennes sont attir es par les professions juridiques l enseignement ou les activit s intellectuelles plus libres comme le journalisme parce que d autres d bouch s traditionnels l arm e et l Eglise paraissaient moins porteurs en on compte tudiants entre et inscrits Or il faut noter l inexistence sociologique de ces intellectuels c est- -dire en tant que groupe reconnu et homog ne et cela en raison de nombreux obstacles les p riodes de crise conomiques ne permettent pas d assurer des d bouch s ces dipl m s surproduction de dipl m s d o baisse des effectifs admis en l extr me centralisation de la vie culturelle et politique pour faire certaines carri res dans l administration il faut b n ficier de patronage d autant plus que les pratiques du concours sont biais es d o un fort n potisme et une s lection sociale la restriction des libert s d expression sous certains r gimes la difficult s mat rielles vivre des comp tences intellectuelles faiblesse du public potentiel D o pour ces groupes sociaux n ayant pas su faire valoir leurs comp tences intellectuelles il s ensuit que le fait de militer pour plus de libert s revient tenter d exister en tant que groupe c est- -dire se cr er un espace de r ception favorable ces m mes ressources intellectuelles La classe bourgeoise Au del des classes intellectuelles l id ologie lib rale renvoie surtout la question de la constitution de la bourgeoisie en tant que classe sociale or il s agit sociologiquement d un monde tr s disparate en fonction des professions des niveaux de revenus etc Il existe certes des crit res minimaux de d finition de la bourgeoisie mais ils sont relativement flous Une aisance mat rielle minimale notamment par la propri t fonci re ou immobili re qui permet de laisser des biens successoraux La conformit un certain mode de vie intimit familiale cossue pr sence dans le foyer d un salon avec biblioth que et piano fait pour recevoir et para tre partie importante du budget consacr des frais de prestige Une mentalit un sentiment d alt rit vis- -vis des autres classes d o d coule une s gr gation sociale dans l habitat dans les loisirs th tres caf s dans les choix matrimoniaux ainsi qu une morale rigide irr prochabilit de la vie familiale rigueur dans l ducation sens de l pargne et de l effort etc Pour autant certains auteurs font du lib ralisme l id ologie politique de la bourgeoisie La doctrine en insistant sur les capacit s comme canon de la valeur d un homme oppos la naissance constituerait une arme de guerre contre une autre lite sociale la noblesse Effectivement l enjeu des luttes entre lites concurrentes dans la re moiti du me si cle est d occuper des positions dans l Etat central car permet des ressources publiques importantes recrutement disciplinaire des fonctionnaires patronage d Etat sur certains projets locaux Certaines id es politiques ont th oris ce lien entre id ologie du lib ralisme et mergence de la bourgeoisie comme classe sociale Le Marxisme Marx tudie la gen se historique de la bourgeoisie comme classe sociale pour lui la bourgeoisie est l h riti re du f odalisme o la classe dominante d alors repose sur la propri t de la terre vit du tribut pay par les paysans puis elle devient promoteur et profiteur du capitalisme lib ral industriel fond sur l argent le n goce la production manufacturi re la bourgeoisie est ainsi une force r volutionnaire qui cr e le capitalisme le bourgeois devient celui qui ma trise les moyens de production D o la d finition classique d Engels Par bourgeoisie on entend la classe des capitalistes modernes qui poss dent les moyens sociaux de production et utilisent du travail salari cette classe se cristallise notamment autour d enjeux comme la propri t priv e De m me la classe bourgeoise se sert de l Etat repr sentatif moderne comme un instrument de domination et les th oriciens de cet Etat repr sentatif ne sont que les l ments qui l gitiment l accession de la bourgeoisie au pouvoir Mais m me des auteurs appartenant la galaxie lib rale et surtout engag s dans l action politique partagent cet avis Emmanuel Joseph Siey s - Qu est-ce que le tiers- Etat L ouvrage traduit une volont de mobilisation politique du tiers tat contre la noblesse le tiers est la nation D o une certaine lecture de Siey s par les penseurs de la lutte des classes Marx Louis Blanc Proudhon Jaur s Lassalle ils y voient le manifeste de la r volution bourgeoise la d monstration d une classe qui devient r volutionnaire au moment o elle prend conscience de son r le historique L ennemi clairement d sign la bourgeoisie naissante par Siey s est le syst me des privil ges De m me l conomie devient le fondement et la finalit de la soci t plus de richesses donne plus de libert cf Locke or c est le tiers qui par son industrie et son progr s commerce croissance des villes a fait avancer la nation Chez Siey s on appartient la nation que si l on travaille que si l on participe l entreprise du d veloppement conomique d o les nobles sont hors de la nation par leur fain antise d o galement l acceptation par Siey s des in galit s sociales Fran ois Guizot - Des moyens de gouvernement et d opposition Des moyens de gouvernement et d opposition est un pamphlet ce texte pol mique est aussi le manifeste du parti de la France nouvelle et des classes moyennes par classes moyennes Guizot entend en fait les classes bourgeoises voulues comme support de son action politique celui-ci se fait le porte-parole des classes bourgeoises contre les ultras dans un contexte de r action ultra du r gime apr s l assassinat du duc de Berry pour qu elles revendiquent leur force avoir vaincu l Ancien R gime On retrouve ici cette lecture de l histoire de France en terme de lutte des classes Pour lui les moyens de gouvernement ne sont pas les agents et les ressources visibles de l autorit publique mais sont dans la soci t elle m me et ne peuvent en tre s par s l ducation la presse etc Ici r side l aspect politique du livre travers la volont de convertir les classes moyennes en force politique en classe politique consciente d elle m me gr ce un travail d ducation Guizot se donne un r le d organisateur de la bourgeoisie et qu il va tenter d inscrire dans l action pendant sa carri re politique travers le contr le de la presse et de l ducation II Le lib ralisme conservateur les lib raux prennent le pouvoir en France Cette arriv e au pouvoir a sa traduction pour les doctrines apr s un moment o les id es politiques lib rales servent constituer le champ politique il y a un me moment o le champ politique leur impose en retour sa logique Plus il s inscrit dans le champ politique et dans des forces politiques plus le lib ralisme s impr gne de la grammaire de ce m me champ politique d o une nouvelle fonction de l gitimation de la situation de monopole d un groupe social l accent d sormais plac sur la probl matique de la gouvernabilit de l Etat On peut ainsi parler de lib ralisme conservateur ou du moins adaptatif Deux cons quences en d coulent la situation paradoxale des lib raux fran ais sous la Restauration leur attitude ambivalente par rapport la R volution fran aise il s agit de l gitimer l h ritage lib ral de la R volution r gime repr sentatif galit civile tout en le dissociant des exc s de la Terreur et de l Empire Bref se r f rer Mirabeau tout en occultant Robespierre Danton l opportunisme ou la capacit d adaptation politique des lib raux B Constant a t adversaire puis alli de Napol on avant de se rallier la Charte de La carri re politique et intellectuelle de Tocqueville a volu au gr s des circonstances il va rompre avec le l gitimisme il d teste le parlementarisme bloqu la Guizot Thiers Lamartine D put de Valogne en et il est aussi membre de la Constituante repr sentant de la Manche sous la II R publique puis D put et m me Ministre des Affaires trang res il est enfin Pr sident du Conseil g n ral de la Manche jusqu au coup d Etat de Louis Napol on Bonaparte A - Situation sociale et politique de la France Pour comprendre cette mutation du lib ralisme en France il faut tout d abord prendre en compte le contexte politique historique et social Les modifications socio- conomiques Un nouveau type de capitalisme Les ann es sont caract ris es tout d abord par une acc l ration de la croissance conomique de fa on r guli re mais sans r el d collage take-off De m me certaines innovations sociales renforcent cette importance du contexte conomique La ligne ferroviaire Paris-Saint Germain est inaugur e en pr figurant la loi du juin l Etat conc de des soci t s priv es la gestion des lignes de chemin de fer construction du premier haut fourneau coque pour la fonte cr ation de la Caisse G n rale pour le Commerce et l Industrie nouveau type de banque par son statut constitu e en SA par actions et par l tendue de ses activit s de l escompte au soutien l industrie introduction du m tier tisser dans le textile Bref des transformations conomiques d cisives mod lent un nouveau type de capitalisme mais celles-ci ne sont per ues qu travers leurs cons quences sociales accumulation des travailleurs dans les villes mis re urbaine exploitation des femmes et des enfants On note ainsi le d veloppement dans l opinion bourgeoise d une peur des classes laborieuses d nonc es comme classes dangereuses Les ann es sont galement l ge d or de la pens e socialiste fran aise il y a donc apparition d une id ologie politique concurrente au lib ralisme cf section Une p riode de mutation sociologique des lites Ces transformations conomiques renvoient galement plus g n ralement des transformations sociales plus profondes C Charle note le passage en France au me d un mod le social de domination des notables le syst me organise les rapports sociaux et politiques sur une base r elle la propri t fonci re la capacit conomique vers partir des ann es un syst me plus m ritocratique fond sur la valeur de l individu On peut dresser un panorama sommaire des lites fran aises sur cette p riode La noblesse est une classe descendante elle n est plus la classe dirigeante mais une classe dirigeante parmi d autres qui fonde son pouvoir social et politique sur la propri t fonci re La bourgeoisie au contraire est la classe ascendante mais cela s accompagne d s par une d valorisation artistique de la classe bourgeoise le bourgeois est l individu sans go t sans distinction vulgaire mesquin cf Flaubert j appelle bourgeois quiconque pense bassement A partir de on note en parall le l ascension de nouvelles couches de la soci t petite et moyenne bourgeoisie qui revendiquent un r le de participation politique Pour autant il ne faut pas trop vite conclure au passage d une soci t traditionnelle d ordres fond e sur des valeurs aristocratiques vers une soci t plus fluide r gie par des valeurs bourgeoises Il y a plut t m lange au sommet de ces deux logiques les valeurs bourgeoises ascendantes se sont facilement accommod es des anciennes valeurs aristocratiques de distinction sociale beaucoup de bourgeois fondent leur position sociale sur la propri t fonci re ou immobili re d o d coulent leurs privil ges politiques de m me l Eglise garde un r le social et politique car elle est per ue comme une force d encadrement consid rable il y a un taux de pr tres pour habitants contre seulement pendant la p riode du Concordat de m me le budget des Cultes a augment de pr s de millions de F entre et Cette r alit sociologique de mixtion des lites bourgeoises et aristocratiques peut tre illustr e travers la lecture tr s critique faite par L Althusser de Montesquieu r f rence pour Althusser la libert dans L esprit des lois se r sume en fait des privil ges anachroniques selon lui Montesquieu appelle m me une alliance des privil gi s bourgeoisie et aristocratie contre les aspirations populaires Montesquieu distingue en effet trois types de gouvernements en fonction du nombre de leurs gouvernants et du principe qui les r gule La R publique le peuple la fois sujet et monarque ce r gime repose sur la vertu l int r t g n ral prime les int r ts particuliers La monarchie un seul gouverne le syst me repose sur l honneur Le gouvernement despotique le pouvoir est exerc par un seul sans lois et sans r gles qui entra ne tout par sa volont et par ses caprices livre II chapitre ce syst me repose sur le principe de la crainte La monarchie est la formule pr f r e de Montesquieu condition qu elle ne s ab me pas en monarchie absolue pour cela il note la n cessit de lois fixes et tablies II et de pouvoirs interm diaires entre le monarque et ses sujets assur s surtout par la noblesse et les eccl siastes ce qui rel ve de la structure f odale classique D o la critique d Althusser On peut aussi invoquer ici la r alit politique de l Orl anisme est-ce le r gime et la pens e politique qui correspondrait au r gne de la bourgeoisie pas vraiment ce sch ma est simpliste pour plusieurs raisons Le r gime de Louis Philippe a besoin du soutien de la bourgeoisie car l aristocratie penche vers la branche des bourbons la paysannerie a une conscience politique quasi-inexistante et les classes populaires effraient Mais il s agit surtout de la bourgeoisie d affaire la plus ancienne et la plus fortun e Le r gime de Louis Philippe sert en fait les int r ts de la bourgeoisie seulement en ce qui concerne le syst me lectoral ou le syst me conomique on restreint l intervention de l Etat En fait l orl anisme est un gouvernement des lites de la naissance de la fortune du talent qui s appuie sur des convictions des doctrines voire m me une id ologie les doctrinaires qui valorise et justifie les formes de distinction sociale Les mutations du champ politique Ouverture La p riode concern e se traduit galement par des transformations affectant la morphologie du champ politique celui-ci s ouvre progressivement travers un d cloisonnement juridique de la cat gorie d lecteur rendu possible par un abaissement des conditions de cens millions d lecteurs sur millions d hommes de de ans lecteurs lecteurs lecteurs lecteurs suffrage universel Pour autant il s agit d une configuration sociale et politique qui interdit d utiliser la m taphore de l entreprise politique ou du march comme c est le cas actuellement car le caract re censitaire du suffrage ne permet pas le d veloppement d un change entre notables et lecteurs Il s agit plut t d une op ration de ratification de l autorit sociale bien tablie de notables influents Il y a persistance de la rentabilit sociale des ressources d pendantes de la position sociale naissance r seaux d amis et d affili s aptitude recevoir ou entretenir des r seaux Au contraire il convient de noter la faible rentabilit d autres ressources comme le soutien d un parti ou d un lectorat Cela explique la sociologie particuli re du personnel politique en des d put s paient plus de F de cens et sont donc parmi les riches propri taires d put s sur proviennent de la haute fonction publique Professionnalisation croissante Il en d coule une tr s faible professionnalisation du m tier politique Il y a absence de cursus politique tr s professionnalis s avec des fili res stabilis es de recrutement et des comp tences propres idem pour la figure sociale de l intellectuel entendu comme professionnel de la manipulation des biens symboliques Bourdieu il n y a pas d autonomie du champ intellectuel parce que les l ments qui y d finissent les positions expertise savoir etc ne sont pas reconnus dans la soci t il faudra attendre selon Charle pour que le champ intellectuel s autonomise Ceci va favoriser l mergence d une figure sociale particuli re d id ologue la fois dans le champ intellectuel et dans le champ politique et dont les positions politiques peuvent se constituer par importation de ressources sociales plus larges dont le prestige intellectuel constitue une part non n gligeable Le fait d crire sert en effet appuyer une l gitimit sociale qui commence galement passer par un mandat politique et non plus par le fait d tre seulement un homme de lettre Cela renvoie aux intellectuels gar s en politique universitaires anciens journalistes dans des journaux comme Le Globe La Revue fran aise Le Constitutionnel malgr leurs charges politiques ils ont gard le go t des id es ils sont th oriciens et hommes politiques du c t des d put s Chateaubriand Tocqueville Constant du c t des hommes de gouvernement sous Louis-Philippe Guizot et Thiers historiens Cousin philosophe On verra que cette configuration sociale qui lient les id ologues lib raux la d fense de positions sociales dominantes va voluer sous l action d un double processus Une professionnalisation croissante du m tier politique l abandon de la proc dure censitaire apr s va favoriser graduellement un recrutement social plus diversifi des candidats et des lus Mais ceux-ci ont besoin de s appuyer sur des ressources d un autre type et qui pr figurent la professionnalisation du m tier politique tablir un programme faire campagne aupr s des lecteurs avoir le soutien d une organisation partisane etc La diversification du champ intellectuel apr s la figure sociale du doctrinaire est concurrenc e par d autres formes de figures d intellectuels le po te l artiste avec le th me de la boh me et surtout le nouveau messie qui essaye de convertir la soci t une nouvelle foi Saint-Simon les premiers socialismes dits utopiques en sont les arch types Face ces transformations g n rales on peut maintenant analyser les difficult s d adaptation du lib ralisme qui vont se succ der B Le contr le du suffrage La pens e lib rale traduit une v ritable peur d une tyrannie de la majorit c est- -dire des classes populaires il n y a pas de souverainet du peuple chez les penseurs lib raux ou plut t ils acceptent une co-souverainet du peuple condition que ce peuple n existe que par le suffrage censitaire D o la volont de contr ler l expression politique de cette souverainet savoir le suffrage et d o l id e de distinction entre citoyennet active et citoyennet passive Le primat de l autonomie de la volont Pour P Rosanvallon Le sacre du citoyen r f rence l id e d galit politique est trang re au lib ralisme originel qui reste tr s proche du christianisme Elle op re une r volution l int rieur m me du nouvel ordre lib ral qui s affirme partir du me si cle Au me si cle le citoyen propri taire constitue le mod le positif et la r f rence naturelle en mati re de droit politique Les syst mes de repr sentation politique ont une origine fiscale Cf les physiocrates la terre est le seul fondement de la richesse seul le travail de la terre augmente les richesses d un pays car il utilise la productivit de la Nature d o la base normale de l imp t est le territoire propri t fonci re de m me le crit re traditionnel de l appartenance n est plus l incorporation tre inscrit dans un corps mais l implication sociale est membre celui qui participe la richesse d o les propri taires fonciers sont ceux autour desquels se construit l int r t g n ral dans un contexte d conomie agricole Ce mod le marquera les acteurs de la R volution notamment dans leur p riode de formation intellectuelle d o l id e que le lib ralisme conservateur peut cohabiter avec le lib ralisme subversif Cf Condorcet R flexions sur le commerce des bl s les propri taires fonciers sont plus int ress s ce que le pays qu ils ne peuvent quitter soit gouvern par de bonnes lois Cf Siey s Lettre aux conomistes sur leur syst me de politique et de morale il critique les physiocrates sur le fait que la seule propri t soit fonci re et conform ment Adam Smith c est le travail dans ses diff rentes manifestations qui forme la richesse d o la notion de citoyen actionnaire et non plus seulement propri taire Pour autant il faut noter la nouveaut de l imp ratif d inclusion cela traduit une rupture avec les th ories ant rieures du citoyen propri taire le droit de suffrage devient appr hend comme un droit naturel il y a universalisation de la notion de citoyennet qui se confond avec celle de nationalit En l individu-citoyen remplace le citoyen propri taire en raison des conditions dans lesquelles s op re la translation de la souverainet du roi vers le peuple cf d signation des d l gu s des Etats g n raux avec conception tr s ouverte de l lectorat avec le principe d un suffrage individuel presque sans restrictions millions de votants selon Michelet pour Rosanvallon il s y joue quelque chose d extraordinaire l exp rience d une nouvelle modalit du lien social des nouvelles repr sentations de la division sociale le nouvel enjeu c est la manifestation d une identit collective la nation laquelle il faut donner une voix et une forme de repr sentation C est le peuple comme sujet collectif et non l addition d individus comme dans le mod le du citoyen-propri taire qui exprime la souverainet il y a une entr e collective dans la souverainet une r cup ration collective de la puissance publique Pour autant ce citoyen national doit tre un individu autonome l universalit pouse les fronti res de l espace domestique ou familial on rejette les tres consid r s comme d pendants Cf les philosophes durant l pisode r volutionnaire Siey s Condorcet Target etc la base de la citoyennet reste l autonomie de l individu sa capacit d cider librement du bien public Ils posent ainsi la distinction entre l individu politique et l individu social Dans une soci t de corps comme celle de l Ancien R gime cette distinction n a pas de sens la participation indirecte de tous les individus concrets est assur e par le filtre des corps dont chacun est membre Dans une soci t moderne l individu est la base de l architecture sociale l id e centrale n est plus le corps mais le contrat civil ou politique qui lie les individus entre eux il faut des obligations contractuelles entre individus pour fonder le lien social d o la n cessit d une autonomie de volont des contractants Cela renvoie l volution du droit civil et de la d finition des sujets juridiques avant le me si cle les droits juridiques d coulent de l inscription dans un corps social les juristes des me et me si cles ont progressivement labor les notions de capacit juridique et d autonomie de la volont cf L on Duguit le droit est la science des rapports de volont C est la d finition actuelle du droit cf article de la D claration des droits de l homme et du citoyen la loi est l expression de la volont g n rale Rosanvallon tablit un parall le avec le politique le vote est assimil un acte juridique producteur comme tout contrat d obligations Mais ici aussi ce contrat doit tre consenti par un sujet autonome Cf Siey s il n y a point d engagement s il n est fond sur la volont libre des contractants Cf Kant Doctrine du droit la constitution d une association politique n est possible que si les hommes qui y participent sont capables d autonomie celle-ci consiste ne devoir son existence et sa conservation qu ses propres droits et ses propres forces comme membre de la r publique et non l arbitre d un autre dans le peuple Les filtres sociaux la participation lectorale Rosanvallon parle galement d une histoire anthropologique de la citoyennet visant distinguer des personnes en fonction de leur capacit tre de vrais individus Deux cons quences cruciales en d coulent Le choix de la m thode lective dans la d signation des gouvernants Pour Bernard Manin Principes du gouvernement repr sentatif r f rence les ers responsables politiques qui ont du r fl chir la question de la d signation des gouvernants les p res fondateurs de la d mocratie am ricaine dont Madison mais aussi les constituants fran ais de la R volution fran aise dont Siey s ont choisi le principe de l' lection Alors que dans le r gime ath nien l lection se fait par tirage au sort proc d jug le plus d mocratique au sens o tout le monde est galit devant la chance Le choix de l lection par suffrage s'explique par cette croyance que le consentement est la source supr me de l'autorit politique Or l' lection supposant un acte de volont permettait ce consentement voulu et volontaire Mais il en d coule une cons quence in vitable cela cr e une distance sociale entre l lecteur et l lu Le choix d un vote censitaire Le vote censitaire fond sur la propri t traduit l autonomie de l lecteur Pour les Constituants de il y a formes d autonomie qui correspondent divers crit res l autonomie intellectuelle tre dou de raison d ge mur l autonomie sociologique tre un individu et non pas le membre d un corps l autonomie conomique gagner sa vie et avoir une profession ind pendante D o la justification th orique de l exclusion de la citoyennet de certains groupes sociaux les mineurs les moines les domestiques les hommes condamn s pour crime les femmes Cette exclusion est fond e dans la nature et donc ne d roge pas au principe d galit d ailleurs la question ne suscite que peu de d bats en ces groupes sociaux sont jug s incapables d avoir une volont autonome une raison propre Ils sont dans la d pendance vis- -vis du social encastr s dans des r seaux de d pendance respectivement par rapport aux parent par rapport au clerg par rapport au patron par rapport la loi par rapport au mari ou au cur De fait en il y a millions de citoyens actifs qui votent contre millions de citoyens passifs On peut illustrer cette m fiance des lib raux vis- -vis du suffrage universel par trois auteurs Benjamin Constant - le lib ralisme contre la d mocratie La soci t politique n a pas pour fin d instaurer l galit celle-ci se fonde sur une conception d pass e de la libert valable pour les anciens mais inutile et dangereuse pour les modernes les modernes n ont que faire de participer au pouvoir politique ils pr f rent se tourner vers leur vie priv e il y a une partie de l existence humaine qui de n cessit reste individuelle et ind pendante et qui est de droit hors de toute comp tence sociale La souverainet n existe que d une mani re limit e et relative Au point o commence l ind pendance de l existence individuelle s arr te la juridiction de cette souverainet Ceux qui vont s occuper du pouvoir politique c est ceux qui en ont le loisir indispensable l acquisition des lumi res Cela motive la critique par B Constant d auteurs comme Rousseau ou les r publicains qui en voulant instaurer l galit raisonnent encore selon la libert des anciens et favorisent inconsciemment la tyrannie vouloir mettre en uvre la libert antique dans les soci t s modernes donc compenser les restrictions aux libert s individuelles par la participation au pouvoir c est pousser les individus la violence meuti re Tocqueville le lib ralisme malgr la d mocratie Si Tocqueville consid re le fait d mocratique comme in luctable contrairement aux autres lib raux en raison de la passion de l galit il reste m fiant vis- -vis des cons quences n fastes qui peuvent en d couler repli sur la sph re priv e au d triment de l int r t public hausse de la m diocrit etc Dans cet tat d esprit il voit dans les Journ es de un pisode de la lutte des classes ceux qui n ont rien contre ceux qui poss dent la coupure centrale de la soci t concerne la propri t malgr l galit politique proclam e Les doctrinaires Selon P Rosanvallon Le moment Guizot r f rence les lib raux doctrinaires Guizot Royer-Collard dans la premi re moiti du XIXe si cle ne voient dans la d mocratie repr sentative qu un m canisme pour introduire la division du travail dans le champ politique en donnant des experts la responsabilit des affaires publiques Il se font les chantres de l'ordre capacitaire instituant la souverainet de la raison L'exercice du pouvoir doit tre assur par les capacit s c'est- -dire les hommes capables d'agir selon la raison le droit lectoral n est pas dans le nombre mais appartient la capacit politique M me apr s l av nement du suffrage universel apr s les penseurs lib raux continuent plaider l id e de capacit politique et donc de r cuser l universalisation du vote Selon Albert O Hirschman Deux si cles de rh torique r actionnaire Paris Fayard p - des auteurs comme Le Bon Mosca ou Paretto voient dans le suffrage universel la fin des libert s politiques et utilisent les m mes modes de contestation de ces politiques progressives que les auteurs traditionalistes cf section C Le contr le de la soci t et la peur de la foule On a ici un paradoxe l id ologie politique du lib ralisme postule un individu qui s autonomise vis- -vis du social mais traduite dans les faits dans des politiques concr tes cette id e va s inverser les lib raux vont mettre en uvre des politiques pour contr ler l individu l encadrer De m me ils traduisent une conception aristocratique du pouvoir et appellent la n cessit d un leader dans une d mocratie Cette id e est particuli rement pr sente dans deux livres Burdeau Le lib ralisme r f rence l Etat lib ral a trahit les id aux du lib ralisme la libert a d g n r en l gitimation des privil ges Lucien Jaume L individu effac r f rence le lib ralisme fran ais post rieur la R volution et l Empire ne travaille pas l mancipation de l individu mais plut t sa subordination son contr le voire son effacement d o le titre L Etat est per u comme ce qui sauve le pays apr s les d sordres r volutionnaires et il doit donc tre prot g des passions individuelles Le concept de lib ralisme ou le lib ralisme d expression philosophique Kant Montesquieu Locke Stuart Mill etc n a donc rien d universel et se retraduit dans des forces r elles et empiriques selon un contexte intellectuel politique et culturel qui lui pr existe On va illustrer cela travers le courant dit des doctrinaires Le lib ralisme doctrinaire de Guizot dans les ann es - r pugne en effet l auto-gouvernement de l individu et recherche au contraire son inscription dans un corps groupe social Etat Cf Fran ois Guizot Des moyens de gouvernement et d opposition Pour lui les moyens de gouvernement ne sont pas les agents et les ressources visibles de l autorit publique mais sont dans la soci t elle m me et ne peuvent en tre s par s Le lib ralisme qu il d finit est donc surtout une culture de gouvernement pour fonder un nouvel ordre constitutionnel contrairement Constant Le gouvernement doit tre le chef de la soci t et doit s inscrire dans les profondeurs du social Guizot critique de m me l anarchie des esprits l individu pr tendant juger le pouvoir sans attache de parti L individu ne saurait donc exister sans l Etat Gouverner par le maniement des esprits et non par le bouleversement des existences ce principe mis en pratique par Guizot vise parachever l uvre de Pour cela le ministre Guizot met en place une impressionnante infrastructure culturelle d tat un r seau dense d appareils destin s g rer le sens commun et qui repose sur deux piliers la presse et l ducation La presse C est d abord la presse qui sert la pens e lib rale journaux sur sont lib raux sous la Restauration voire sur Paris soient abonn s Exemples de revues lib rales Le Parlement Le Journal des D bats La Revue des deux Mondes Sous la Monarchie de Juillet la presse devient de plus en plus un enjeu politique on d couvre le poids de l opinion on pense que c est elle qui a fait la r volution de D s lors se met en place un arsenal juridique pour la contr ler La Loi de m ne une aggravation des obstacles financiers qui g nent les titres de presse les tribunaux ont le droit de suspendre la parution d un journal ce b illonnement oblige ainsi la prudence r gime de libert surveill e La question de la libert de la presse divise les penseurs du lib ralisme Pour Constant la presse est un moyen de r sister au pouvoir un moyen individuel de jugement critique Pour les doctrinaires l imprim est tout d abord un moyen d organisation de la soci t le canal d expression de deux ou trois grands groupes d opinion la presse sert de m me l h g monie des classes ais es le journalisme est ainsi m me une fonction sociale un pouvoir d Etat Sous le gouvernement de Guizot - la presse se fait ainsi le porte-parole de la politique gouvernementale Cependant avec l essor des techniques de presse d couverte de la presse m canique de K nig qui permet de doubler les cadences Bauer trouve un proc d pour imprimer recto-verso mise au point de la st r otypie gr ce Genoux linotype presse Marioni t l graphe etc ce monopole lib ral va d cro tre avec l apparition d une presse plus populaire L enseignement sup rieur Autre vecteur important du lib ralisme l universit et l enseignement sup rieur sont consid r s comme la me colonne de l orl anisme ce qui renvoie aux propres trajectoires des leaders lib raux par exemple Guizot est professeur la Sorbonne depuis avec la cr ation d une chaire de droit constitutionnel pour enseigner la Charte de la Monarchie Boutmy fonde l Ecole libre des sciences politiques en Autre raison plus structurelle il n y a pas v ritablement autonomie du champ universitaire par rapport au champ politique depuis le projet imp rial d unifier les lites fran aises travers le monopole tatique de l Universit en l Universit a le devoir de seconder l Etat Les doctrinaires estiment qu il en va de la souverainet de l Etat les professeurs de l Universit forment une fraction de l Etat que Guizot appelle l Etat enseignant Par exemple on peut citer l Acad mie des sciences morales et politiques supprim e par Napol on refond e par Guizot pour doter la bourgeoisie d un organe de r flexion et d analyse de la soci t pour mieux en contr ler les d bordements Autre exemple l Ecole libre des sciences politiques fond e apr s la d faite de qui s est av r e tre un bastion du lib ralisme Sur l histoire de l ELSP on peut se r f rer aux travaux de Dominique Damamme r f rence de Corinne Delmas r f rence ou d Alain Garrigou r f rence Parmi ses promoteurs on d j trouve de nombreux hommes d affaire qui y voient un d bouch et une fili re de formation pour des lites conomiques On a de m me pu parler avec l ELSP de relais institutionnel du tocquevillisme Fran oise M lonio r f rence puisque la philosophie de Tocqueville constat de l in luctabilit de la d mocratie et crainte de ses d rives est pr sente dans de nombreux enseignements De m me l ELSP traduit une conception tr s litiste du pouvoir qui doit tre confi aux meilleurs en vertu de leur talent surtout dans un moment o leur position centrale est menac e en raison de l apparition d lites politiques concurrentes la nouveaut avec la III R publique est l apparition d une nouvelle lite de professions lib rales issue de carri res journalistiques m dicales ou juridiques en il y a avocats et m decins sur d put s en il y a avocats pour d put s Il s agit en effet d un moment de facile conversion par les avocats de leur capital social en capital politique Mais surtout l ELSP apporte la classe politique dominante un moyen de contr le de l enseignement des lites et lui donne une dimension plus professionnelle notamment par le poids central de l histoire se d marquant de l amateur bavard rh toricien et entendant former des hommes d Etat ou des leaders capables d organiser des partis politiques D La gestion de la soci t le lib ralisme d mocratique et r publicain Le lib ralisme peut aussi s adapter l ouverture du champ politique en acceptant plus ou moins les principes de d mocratie et de R publique De nombreux lib raux sont en effet des R publicains mod r s favorables une R publique conservatrice Tocqueville Taine Fustel de m me de nombreux radicaux penchent vers les principes du lib ralisme Ferry Gambetta incarnent notamment ce mariage entre lib ralisme pr occupations individualistes et d mocratie pr occupations sociales les deux p les entre lesquels voluent le discours r publicain dans des configurations g om trie variable selon les donn es de la conjoncture Les premi res ann es de la III R publique apparaissent comme une p riode de d finition de la synth se r publicaine c est- -dire d une synth se entre les diff rentes branches du courant r publicain lib raux sociaux etc qui se rassemblent autour d une manation institutionnelle stabilis e r gime parlementaire de la III et qui accouchent d un lib ralisme r publicain Pour autant la probl matique de l Etat reste au c ur de la doctrine Mais ici l Etat se fait g rant de la soci t pour en corriger les d fauts et les d viations Ce terme de g rance peut permettre de d passer la fausse opposition entre lib ralisme et socialisme car il d signe des l ments doctrinaux du lib ralisme comme du socialisme mais se distingue d un lib ralisme comme doctrine d une classe sociale ou comme justification du laisser-faire laisser-passer Quelques l ments sont souligner Une fois de plus on voit le caract re adaptatif syncr tique de l id ologie lib rale qui renvoie au caract re tr s syncr tique de ce que l on a appel le mod le r publicain qui marrie lib ralisme et d mocratie cf Bernstein r f rence Ce syncr tisme renvoie aussi des consid rations politiques puisque les r publicains lib raux sont plac s dans une situation de double concurrence sur leur gauche avec les mouvements socialistes comme sur leur droite avec les mouvements r actionnaires Il s agit d une solution d adaptation du lib ralisme beaucoup moins autoritaire que l orl anisme Il s agit galement d une solution beaucoup plus efficace et beaucoup plus ajust e la nouvelle r alit du champ politique aussi puisque le r gime politique qui va en na tre la IIIe R publique va perdurer jusqu la premi re moiti du me si cle Et pour autant malgr l efficacit de cette mutation elle n est que peu th oris e mise dans une case c est une id ologie sans nom canonique sans respectabilit dans la soci t intellectuelle P Ory r f rence Tout se passe comme si les principes lib raux faisaient l objet d un tel consensus dans l ordre politique qu ils pouvaient se passer de doctrine de justification intellectuelle On peut cerner ce mariage entre lib ralisme et principe d mocratique et r publicain autour de trois principales id es force et pour chacune d entre-elles on verra les soubassements sociaux le rationalisme dans l ordre philosophique l individualisme dans l ordre socio- conomique et le parlementarisme dans l ordre politique Le rationalisme et la la cit er point L individu dou de raison est au c ur de la construction sociale des r publicains Cf philosophie officielle du r gime qui est une reprise de la morale kantienne il s agit d tablir une morale universelle r pondant aux exigences de la conscience individuelle sans r f rent transcendant n cessaire Charles Renouvier - Manuel r publicain de l homme et du citoyen Ouvrage de commande l initiative d Hippolyte Carnot ministre de l Instruction publique du er gouvernement de la IIe R publique r diger de courts manuels pour diffuser les id aux du nouveau r gime Diffusion massive tir s part envoy s aux recteurs puis dition sous forme de livre Importance de la morale pour fonder la R publique la vraie politique vient de la morale qui conna t la morale conna t aussi la politique la R publique n est pas seulement une fa on d organiser les pouvoirs publics elle est adoss e une certaine conception de l homme comme tre perfectible capable de tendre vers le bien ainsi qu un id al d amour du prochain la R publique a vocation rassembler les hommes Codification du r le social de citoyen on a pu parler dans ce livre de cat chisme du citoyen cette morale joue niveaux et s exprime avec des imp ratifs cat goriques emprunt s Kant Niveau individuel perfectionnez vous Niveau social collectif travaillez et gouvernez vous de mani re vous rendre meilleurs les uns des autres fa tes pour les autres ce que vous jugez que les autres doivent faire pour vous Ce citoyen accepte l autorit de la loi et se tourne vers les devoirs ob ir la loi tre tol rant d fendre la patrie payer l imp t pour exercer pleinement son r le ce qui renforce la dimension thique de ce statut Par sym trie les droits les plus sacr s sont la libert et l galit nd point l importance de l ducation et des lois scolaires Quelques l ments du contexte et des mobilisations politiques et sociales autour de l enjeu de l ducation Mobilisations politiques - les principales lois scolaires sont institu es Mobilisations scientifiques En parall le essor des travaux se r clamant d une nouvelle science la p dagogie - Dictionnaire de p dagogie dirig par Ferdinand Buisson La science de la morale de Charles Renouvin Education et sociologie d Emile Durkheim o il conteste les conceptions individualistes de la p dagogie l ducation est une chose minemment sociale la socialisation de la jeune g n ration par la g n ration adulte Mobilisations associatives De m me appui sur des institutions parascolaires comme la Ligue de l enseignement LDE La LDE est n e en sous la forme du r seau en regroupant des adh rents directs des sections locales et des autres organisations soci t s ouvri res et loges ma onniques constitu es autour d une r flexion sur l enseignement et pour donner aux activit s p riscolaires des enfants et adolescents un contenu patriotique et r publicain Croissance rapide des effectifs novembre adh rents F vrier adh rents En la LDE se structure et se centralise De m me forte pr sence au sein de la Ligue de militants r publicains L on Bourgeois va prendre la t te de la Ligue en - - la LDE lance l chelle nationale une p tition en faveur de l Ecole la que gratuite et obligatoire et recueille signatures Quel est le contenu des lois scolaires L cole est tout d abord gratuite pour toucher les populations pauvres De m me la m ritocratie scolaire est pr sent e comme une r ponse la question sociale Mais aussi l cole est politique pour socialiser les enfants leurs devoirs politiques la formation des citoyens est consid r e comme un enjeu politique de er plan ce qui d note l ouverture du champ politique travers l instauration du suffrage universel Ceci fonde le combat contre l Eglise la fameuse querelle scolaire et la concurrence entre conceptions de la morale civique l une religieuse et l autre la que cf livre d Yves D loye sur les conceptions de l individu et de la citoyennet qui se d gagent des manuels scolaires r publicains sous la IIIe R publique r f rence Conception r publicaine du citoyen qui transpara t dans ces manuels travers une p dagogie de la raison individu autonome capable par lui m me de s manciper vis- -vis de toutes formes de d pendance vis- -vis de la tradition vis- -vis de la religion vis- -vis de l alcool et du vice de la paresse etc L homme peut r guler lui m me ses passions Conception religieuse pessimiste du citoyen l homme est fondamentalement mauvais en raison du p ch originel et seule une puissance m ta-sociale Dieu et la religion peut le ramener dans le chemin de la vertu me point Valorisation de la raison et de la science et autonomisation relative du champ universitaire La R publique encourage les d couvertes scientifiques travers les institutions qui les produisent Depuis Napol on et Guizot on a vu une situation de subordination de l Universit par le pouvoir central La IIIe R publique va transformer cet tat m me si une certaine forme de contr le demeure on observe une autonomisation relative du champ universitaire et sa s paration avec le champ du pouvoir On peut cerner cette relation travers les formes d engagement politique des universitaires D crue des exemples d universitaires qui se professionnalisent dans l univers politique par la d tention d un mandat l gislatif ou d un poste ex cutif puisque ces opportunit s se ferment Les universitaires qui si gent la Chambre des d put s ou au S nat deviennent l exception Un seul b mol les juristes obtiennent de plus en plus des postes politiques de haut niveau Cela traduit la sp cialisation croissante des t ches politiques et le besoin cons quent d expertise Nouvelle forme d engagement des savants et nouvelle figure sociale d intellectuel l adh sion un parti politique qui s incarne dans l intellectuel de parti Mais cette modalit est assez rare Seuls les universitaires en poste dans les institutions parisiennes les plus prestigieuses le Coll ge de France adh rent cette figure Victor Basch Fran ois Simiand Maurice Halbwachs etc Les modes d engagement politique des savants restent prioritairement conformes au mod le esquiss par l Affaire Dreyfus une mobilisation collective en tant qu intellectuel autour de la d fense de valeurs universelles et qui consiste signer une p tition ou un texte commun N anmoins il y a refus de signer des p titions lorsque la cause appara t trop connot e politiquement L apolitisme des universitaires est la r gle La raison r side dans un habitus acad mique qui rend incompatible l engagement partisan et l objectivit scientifique Pour C Charles cette modalit d intervention est un substitut la professionnalisation politique en raison de l troitesse des d bouch s Individualisme et solidarisme Deux points principaux peuvent tre soulign s La promotion des petits contre les gros dans une soci t qui donne chacun ses chances Cette conception lib rale des rapports sociaux se traduit par le primat donn l individu dans un moment o les philosophies du collectif socialisme nationalisme commencent appara tre l importance des m canismes de march et surtout la d fense de la propri t et sa conception comme moteur du civisme de l ind pendance et du progr s Jules Ferry j ai foi en sa solidit car elle repose sur le c ur et sur les bras de plus de dix millions de propri taires et c est parce que la d mocratie fran aise est une d mocratie de propri taires qu elle sortira de toutes les passes difficiles La nouveaut est que ce lib ralisme est ramen aux petites unit s on d fend des petits entrepreneurs petits entrepreneurs agricoles industriels et m me intellectuels contre les gros Cela renvoie au souci des r publicains de s appuyer sur et de promouvoir les classes moyennes les nouvelles couches petits commer ants et artisans employ s petits fonctionnaires salari s interm diaires entre la bourgeoisie et le prol tariat Il s agit de trouver un fondement dans la France des petits un moment o la paysannerie est consid r e comme amorphe et les classes laborieuses sont dangereuses et acquises aux id es socialistes De plus ces populations sont consid r es comme une garantie de stabilit sociale face l agitation ouvri re La r alit sociologique t moigne de l h t rog n it de ces groupes sociaux Le seul point commun est n gatif ils habitent la ville et ne sont pas des paysans ils sont trangers l industrie ils cherchent rompre avec leur milieu d origine Cela permet de souligner nouveau la dimension performative des id ologies politiques donner une consistance rh torique des groupes sociaux h t rog nes et modifier les repr sentations de l espace social Le principe de solidarit celui-ci vise reprendre les philosophies du contrat du lib ralisme originel Id e selon laquelle le citoyen est d biteur vis- -vis de la soci t le fait de na tre dans une soci t humaine engage l individu vis- -vis de celle-ci Il a une dette sociale son gard qui est de l am liorer d accro tre l h ritage humain de restituer et d am liorer ce qu il a re u de la soci t Sym triquement la soci t s engage r parer les injustices issues de son fait Ceux qui ont moins re us la naissance pourront davantage recevoir par la suite La solidarit suppose l intervention correctrice de l Etat L on Bourgeois - Solidarit Sa pens e est un compromis entre socialisme et lib ralisme et l id e de solidarit est situ e mi-chemin des courants Son ouvrage synth tise la pens e sociale du radicalisme Appui sur la rationalit il s agit d organiser la soci t selon les lois de la raison Il y a des droits fondamentaux inali nables dont la libert et l galit Conception de l individu comme fondamentalement social l individu n est pas un isolat il est totalement inscrit dans des relations r ciproques avec d autres individus Solidarisme et organicisme l homme est comme la partie d un corps vivant il ne peut pas fonctionner sans les apports de ses semblables De m me il n y a pas de relation verticale la soci t ayant des droits sur l individu mais une dimension horizontale les droits et les devoirs sont mutuels entre les hommes Il faut donc r partir les fruits n s de l association des hommes entre eux Cette r partition du produit social est in gale en fonction des diff rences de capacit mais elle doit tre quitable ceux qui ont davantage re u de la soci t ont une dette d autant plus grande vis- -vis des autres Cela justifie des politiques redistributives par l Etat au moyen de l imp t et de la protection sociale Le parlementarisme et l appui sur les forces partisanes Les r publicains se caract risent par le primat donn aux questions politiques et institutionnelles qui importent plus que les questions sociales et conomiques la d mocratisation politique importe davantage que l mancipation sociale des ouvriers Souvenir traumatique des pisodes imp riaux Napol on Ier et Louis Napol on Bonaparte et donc rejet des pouvoirs ex cutifs forts Berstein p -s A l inverse omnipotence du Parlement dans le syst me institutionnel Valorisation du suffrage universel comme principe exclusif de d signation et de l gitimation des gouvernants Le seul v ritable souverain est l ensemble des citoyens formant la nation Outre ces dimensions th oriques il faut relever choses Appui sur une organisation partisane le parti radical en effet le suffrage universel a totalement boulevers la configuration du champ politique ainsi qu il a caus une transformation du m tier politique La professionnalisation du politique se joue en effet autour de la n cessit d un change de plus en plus gal et codifi avec l lectorat et de l appui de soutiens organisationnels de style partisan Il en d coule l apparition de nouvelles lites politiques notamment les hommes politiques r publicains d origine plus modeste que les anciens notables et qui mobilisent des ressources collectives tendant la professionnalisation du m tier politique soutien d un parti comit s lectoraux diffusion de programmes politiques quadrillage du territoire L instauration d finitive de l indemnit parlementaire en ach ve de briser le co t d entr e filtre du cens quant la qualit d lu Sa structuration est assez faible et l organisation est tr s faiblement centralis e existence de comit s locaux r seau de sociabilit s souples absence de contr le sur les d put s il n y a pas de discipline de vote La seule fonction de ce parti est d tre une entreprise de mobilisation lectorale Il a de m me une certaine base militante adh rents en environ comit s locaux qui t moignent de l enracinement social de la doctrine interp n tration entre ces comit s et d autres organisations r publicaines comme la franc-ma onnerie la Ligue des droits de l homme la LDE avec des m dias comme La D p che de Toulouse etc Il se d veloppe au sein de ce maillage des relations client laires croissantes le notable radical tend se substituer aux anciennes lites locales le noble le ch telain Les lib raux r publicains s ins rent dans le jeu parlementaire dont ils occupent le centre ce qui les font h siter entre deux strat gies politiques gouvernement mod r ou alliance dans un bloc des gauches avec les socialistes apparition d un tiraillement entre la doctrine du parti et les alliances et compromis qui r sulte du jeu parlementaire Et application pratique des dogmes th oriques avec le gouvernement d Emile Combes en vote de la loi de s paration de l Eglise et de l Etat en III- Les mutations contemporaines du lib ralisme La premi re moiti du me si cle est une p riode de crise du lib ralisme domination du keyn sianisme en conomie concurrence id ologique des socialismes et surtout le lib ralisme reste une id ologie qui n a pas su emp cher l av nement du suffrage universel et de la d mocratie de masse Il s est m me totalement d natur en s adaptant d autres courants id ologiques Cette situation n cessite une mutation de la doctrine et son adaptation la transformation du champ conomique ou artistique On va donc insister sur la plasticit de l id ologie lib rale Et comme le me si cle est celui de la mondialisation on va galement insister sur les processus d exportation des id es lib rales et leur inscription dans des champs intellectuels nationaux en l occurrence la France A Les transformations l chelle globale gen se du n o-lib ralisme La Soci t du Mont P lerin Selon Fran ois Denord r f rence la mutation du lib ralisme proc de de la cr ation d un dispositif international de diffusions de th ories conomiques finalit politique la Soci t du Mont-P lerin fond e en par Friedrich Hayek et Wilhelm R pke et qui se place au c ur d un r seau mondial visant la diffusion des id es n o-lib rales et des op ration de l gitimation des celles-ci en solutions politiquement acceptables Dans le contexte international de l entre-deux-guerres on observe tout d abord une internationale du n o-lib ralisme qui se densifie de plus en plus il y a une cole allemande du n o-lib ralisme autour de Wilhelm R pke une cole anglaise la London school of Economics autour de F Hayek une cole autrichienne avec Ludwig von Mises ou une cole am ricaine dite de Chicago Ce qu il faut noter c est que ces membres d coles fonctionnent surtout sur le mode du r seau international sans v ritablement passer par les champs intellectuels nationaux Denord souligne l importance des solidarit s au sein des communaut s d exil s politiques notamment allemands Cette mise en r seaux favorise ainsi des rapprochements id ologiques notamment le rejet des totalitarismes et la volont d difier une Europe f d rale ainsi que la constitution d un capital social collectif dimension internationale Mais ce groupe s appuie sur un ensemble d institutions Congr s des conomistes de langue fran aise Chambre de commerce internationale Institut universitaire des hautes tudes internationales de Gen ve Apr s la guerre un nouveau lieu d accueil et de formalisation de la doctrine est institu par F Hayek qui jouit d un grand prestige depuis la publication en de La route de la servitude la Soci t du Mont-P lerin Une organisation souple une communaut motionnelle Il s agit d une organisation souple et simplifi e l extr me un pr sident un secr taire un tr sorier un board of directors et des adh rents la tr sorerie n est pas tr s importante il y a absence de bureaux mais les statuts sont d pos s dans l Illinois la Soci t fonctionne par des r unions tous les ans dans des pays diff rents il y a accr ditation de peu de membres d o un fonctionnement de la Soci t comme une communaut motionnelle et d o le sentiment pour ses membres d appartenir une lite lib rale D un point de vue sociologique la Soci t fonctionne pour ses membres comme une fa on d accumuler un capital social des r seaux des amiti s intellectuelles et de le traduire en capital symbolique du prestige intellectuel de l influence politique Le prestige de la Soci t du Mont-P lerin est rep rable sa composition prix Nobel Maurice Allais G Becker J Buchanan R Coase Milton Friedman Friedrich A Hayek G Stigler de nombreux intellectuels prestigieux Raymond Aron Karl Popper John Rawls A Sch tz Pascal Salin des patrons et des hommes politiques lib raux de m me les membres essaiment dans de nombreux think tanks comme l Institute of Economics Affairs en Angleterre ou l Heritage Foundation aux EU Un espace de conflit d interpr tation sur le n o-lib ralisme La Soci t du Mont-P lerin a connu une histoire interne chaotique qui illustre les conflits th oriques r currents quant la nature du n o-lib ralisme et les luttes symboliques pour en donner une d finition l gitime Il faut d abord noter les conceptions divergentes entre F Hayek et d autres notamment europ ens Wilhelm R pke Albert Hunold Hayek cf La route de la servitude Droit l gislation et libert tomes tal s entre et Hayek se caract rise par une confiance tr s forte plac e dans les m canismes du march il part d une distinction entre deux types d ordres sociaux les ordres spontan s ou auto-g n r s ceux-ci naissent des changes et des interactions entre individus mais de fa on libre sans intention ni plan d ensemble sup rieur ou transcendant Cet ordre social est r gi par des r gles de juste conduite normes abstraites g n rales et impersonnelles qui sont issues de l exp rience et qui ont prouv leur efficacit sur le long terme les ordres construits ou d cr t s c est le mal pour Hayek ils proc dent d une volont humaine visant g rer dessiner la soci t de fa on rationnelle et volontariste C est le constructivisme l id e d une volont humaine souveraine dont l origine philosophique remonte Platon et surtout Descartes Politiquement ce principe s est incarn dans l Etat totalitaire mais galement dans l Etat providence entre les deux il y a une diff rence d intensit et non de nature selon Hayek Il parle ce sujet du mirage de la justice sociale Or ce constructivisme est critiqu sous deux points il contrevient la finitude de la raison humaine et l irrationalit des hommes il encadre les conduites individuelles et donc bride les potentialit s individuelles Le march appel aussi catallaxie est un ordre spontan par excellence et devient l institution centrale d une soci t libre C est une extraordinaire proc dure de d couverte qui prodigue l information et lib re les nergies C est un ordre authentiquement lib ral il chappe la volont humaine il permet des milliers d individus d entrer en relations sans n cessairement se conna tre et sans besoin de se r gler sur une instance ext rieure et coercitive et gr ce la transparence des changes d informations les changes entre individus s ajustent en toute spontan it Pour autant l Etat a un r le jouer dans cet ordre lib ral prot ger certains biens publics fondamentaux la s curit la libert la propri t et le march fournir la soci t une armature juridique pour pr server les droits des individus De m me la d mocratie permet d tablir ce qu il appelle la grande soci t elle permet un arbitrage pacifique entre tenants du pouvoir politique elle permet d assurer la primaut des r gles de juste conduite applicables tous sur les r gles particuli res applicables certains Les d fauts ou risques de d voiement des d mocraties sont les marchandages entre groupes d int r t l lectoralisme qui cr une relation de client lisme entre les lus et les lecteurs A l inverse R pke a une conception plus sociale il sera un des th oriciens de l conomie sociale de march en Allemagne il accepte un Etat social moins limit qu il juge compatible avec le libre jeu du march l Etat est autoris intervenir dans l conomie pour soutenir l offre et la demande Mais c est Hayek qui va l emporter d abord la fin des ann es l l affaire Albert Hunold se solde par le d part d une quinzaine de membres hostiles Hayek et sa conception jug e manich enne du lib ralisme qui d nie toute efficacit la r gulation tatique et privil gie la libert d entreprendre la libert individuelle Puis partir du milieu des ann es apr s la remise du Nobel en le poids d Hayek et des anglo-saxons surtout Am ricains va s accentuer Du point de vue de la composition nationale de la Soci t les Europ ens sont d abord majoritaires puis partir des ann es les Am ricains deviennent de plus en plus nombreux et influents notamment au tour de l Ecole de Chicago les fameux Chicago Boys qui vont tre les conseillers conomiques de Ronald Reagan sur les qui l entourent sont membres de la Soci t du Mont-P lerin Mais ce qu il faut retenir c est que la Soci t fonctionne comme un des lieux d unification des champs conomiques nationaux la doctrine n o-lib rale qui sera institutionnalis e dans d autres lieux FMI Banque mondiale etc Le nouvel esprit du capitalisme Autre mutation r cente du capitalisme le transport de justifications emprunt es au champ artistique Luc Boltanski et Eve Chiapello r f rence font retour Max Weber selon eux le capitalisme n est pas un syst me conomique c est un esprit un ensemble de valeurs et de comportements jug s positivement Or le capitalisme aujourd hui a un nouvel tat d esprit une nouvelle fa on de se justifier d o ils parlent d un n ocapitalisme Sur la base de l tude de l'abondante litt rature du management des ann es Boltanski et Chiapello tentent de comprendre comment les sph res pensantes des directions d'entreprises s'efforcent de donner un sens au salariat et de justifier le nouvel ordre capitaliste Or ce nouvel esprit du capitalisme a triomph gr ce la formidable r cup ration de la critique artiste - celle qui apr s Mai n'avait eu de cesse de d noncer l'ali nation de la vie quotidienne par l'alliance du capital et de la bureaucratie Pour les auteurs il y a plus g n ralement deux traditions critiques depuis le me si cle la critique sociale celle des partis ouvriers qui prend pour cible les in galit s l exploitation etc la critique artiste port e par une lite intellectuelle cette tradition remonte notamment au mouvement de la boh me ou Baudelaire critique de la bourgeoisie et plus largement de la modernit entendue comme marchandisation massification perte de la singularit etc Mai op re une fusion des deux critiques Hommage du vainqueur au

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