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Martyr de Saint Matthieu

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Contributor: cloveb
Category: Visual Arts
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Art Martyr de saint Matthieu, 1599-1600, Rome, Eglise Saint-Louis-des-Français Durant le XVIème siècle la religion chrétienne connaît un grand bouleversement. L’année 1522 marque le début du protestantisme qui va rapidement gagner l’ensemble de la chrétienté occidentale. En réaction à cette Réforme de l’Eglise, Rome lance une Contre-Réforme pour réaffirmer le dogme catholique lors du Concile de Trente (1545 – 1563). L’une des dernières séances du Concile en 1562 va réaffirmer l’importance capitale des images dans la liturgie. Ces images ont une triple fonction : « movere, docere et delectare » autrement dit « émouvoir, enseigner et plaire ». On va donc chercher à multiplier les images dans les églises. Pour cela les grands cardinaux vont faire appel à des artistes de talent pour produire les œuvres qui orneront les églises. On fait par exemple appel au Caravage, un artiste qui innove et ouvre la peinture italienne du XVIIème siècle, tout en prenant en compte les récentes évènements qui concernent le décor des églises. Nous pourrions, pour cela, prendre l’exemple du travail que l’artiste a fait en cette fin de XVIème siècle dans une église. Il s’agit d’une commande pour le décor de la chapelle Contarelli, dans l’église Saint-Louis-des-Français. Ce qui caractérise l’art du Caravage c’est sa recherche de « naturalisme », de la vérité. Il ne cherche pas à plaire ou à enseigner mais plutôt à émouvoir. Il ne veut pas que son art soit beau mais plutôt qu’il suscite des émotions. Il serait donc intéressant de voir, par quels moyens, le Caravage réussit-il à émouvoir le fidèle par son art en prenant l’exemple du Martyr de saint Matthieu qui orne une chapelle de l’église Saint-Louis-des Français. Pour cela nous étudierons, dans un premier temps, le sujet biblique avant de nous intéresser à la représentation du sacré dans l’œuvre pour, enfin, analyser l’intemporalité de la scène représentée. Un sujet biblique Il est certain que pour tout fidèle la représentation d’un évènement ayant un rapport avec la religion provoque une certaine émotion, une compréhension par la lecture des Saintes Ecritures. Ainsi le décor d’un édifice religieux n’est pas chose aisé pour un artiste notamment par rapport à la réaction des commanditaires et des fidèles lors de la réception de l’œuvre. Histoire de la commande Pour le décor de l’église Saint-Louis-des-Français, plus particulièrement le décor de la chapelle dédiée à saint Matthieu, il faut évoquer Matthieu Cointrel ou Contarelli (1519-1585. Il voyage en Italie et se retrouve à la cour papale sous Grégoire XIII (règne 1572-1585). Le pape le nomme cardinal de Santo Stefano en 1583. Il aide financièrement à la réalisation des travaux de l’église Saint-Louis-des-Français. L’église se situe au cœur de la Rome médiévale à mi-parcours entre la place Navone et le Panthéon. Il s’agit de l’église de la nation française à Rome depuis 1478. Cependant l’église sera consacrée en 1589 lors de l’achèvement des travaux. Le cardinal Contarelli acquit la cinquième chapelle latérale gauche dans le but de s’y faire inhumer. Malheureusement il meurt en 1585 sans que les travaux de sa chapelle aient commencé. Il nomme un membre d’une puissante famille romaine avant de décéder comme exécuteur testamentaire : Virgilio Crescenzi. Malheureusement il décède à son tour et c’est son fils Giacomo qui reprend la main. Un procès est engageait contre lui car on l’accuse de s’enrichir en prolongeant la durée des travaux. Le pape Clément VIII (règne 1582-1605) confie en 1597 à la fin du procès l’héritage à la Fabrique de Saint-Pierre. C’est en 1599 que Caravage s’engage à peindre les deux parois latérales de la chapelle selon le programme initial de Virgilio Crescenzi auprès de la Congrégation de Saint-Louis-des-Français. En 1602 on commande à Caravage la réalisation d’un retable pour la chapelle. La composition En 1565 le cardinal Contarelli dans le cadre du contrat pour la réalisation du décor de la chapelle s’exprime de la façon suivante au sujet de la réalisation du de la réalisation du Martyr de saint Matthieu : « [Un] long et vaste lieu, plus ou moins en forme de Temple et, dans la partie supérieure, un autel isolé, surélevé de trois, quatre ou cinq marches, sur lequel saint Matthieu, en habits liturgiques, célèbre la Messe. Il faut qu’il soir tué par quelques soldats, et il serait plus subtil de le représenter déjà tombé, ou en train de tomber, mais pas encore mort. Et dans ce temple, il devrait y avoir un grand nombre d’hommes et de femmes de toutes sortes, des vieux, des jeunes et des enfants, priant pour la plupart, et vêtus selon leur statut et rang de noblesse, sur des bancs, des tapis et autres mobiliers, et pour la plupart effrayés par l’évènement, suscitant le mépris chez certains et la compassion chez les autres ». On remarque cependant que la composition de l’artiste s’éloigne sensiblement des attentes du cardinal. Dans l’aspect général, l’œuvre présente des colonnes suggérées, des marches, un autel qui évoque le Temple où le saint devait célébrer la messe. On remarque la présence de beaucoup de personnages d’âges et de conditions différentes, un ange, pas de femmes et un seul bourreau. Saint Matthieu Il serait intéressant avant de se pencher plus précisément sur l’œuvre de se renseigner sur la vie du saint. Saint Matthieu est l’un des douze apôtres et un des quatre évangélistes. Nous le connaissons aussi sous le nom de Lévi. Il était collecteur d’impôts et ne jouissait donc pas d’une bonne réputation. Il est à l’origine de la rédaction du premier Evangile. Dans son Evangile il y décrit sa rencontre avec Jésus au chapitre 9, verset 9 : « Etant sorti, Jésus vit en passant, un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu, et il lui dit : « Suis-moi ! » Et, se levant, il le suivit ». Par la suite Matthieu s’en ira prêcher l’Evangile en Ethiopie où il triomphera. Cependant il y mourra comme martyr en s’opposant au mariage du nouveau roi Hirtacus avec sa nièce fille d’Egippe. Les conditions de sa mort restent cependant vague et laisse entrevoir une mort par lapidation, décapitation ou sur le bûché. La représentation du sacré Etant un évangéliste, la vie du saint reste très populaire, très racontée et son nom se répand à travers le monde entier en son hommage. Il paraît alors tout à fait normal au cardinal Contarelli de dédier la décoration de sa chapelle à son saint patron, Matthieu. Le cycle de saint Matthieu Ainsi, nous pouvons percevoir à l’intérieur de la chapelle sur la paroi latérale gauche, la Vocation de saint Matthieu, sur la paroi latérale droite le Martyr de saint Matthieu et enfin sur le mur du fond un retable, Saint Matthieu et l’ange. Les travaux pour les deux peintures latérales commencent en juillet 1599 et seront achevées avec un peu de retard au début de l’année 1600. Le retable quant à lui a été réalisé par le Caravage à cause du refus d’une statue de saint Matthieu et l’ange en février 1602. L’artiste avait pour la réalisation de son œuvre comme date butoir le jour de la Pentecôte (25 mai). Il acheva son œuvre dans les temps. Dans ce cycle sont évoqué les trois moments les plus marquants de la vie du saint : sa première rencontre avec le Christ l’écriture de son évangile sa mort La cohérence de ce cycle émeu le fidèle. En effet on passe du moment où le Christ invite Matthieu à la rejoindre parmi ses disciples, pour passer, par la suite, à l’écriture du texte saint que les fidèles, eux-mêmes, lisent. Mais le cycle se termine par la mort du saint. Violence de la scène Le fidèle étant ému et choqué par la mort d’un saint. Il est d’autant plus choqué par la violence de la scène qui est représentée dans l’œuvre du Caravage. Dans un premier temps le peintre choisit une œuvre de grand format. Ainsi, le spectateur, le fidèle se voit être directement impliquait dans la scène comme tous ces autres personnages qui entoure le centre de l’œuvre. Nous pouvons percevoir par leur attitude et leur expression beaucoup d’émotions différentes face à l’horreur de l’acte qui est en train de se produire. De plus ces personnages sont dans la pénombre et laisse donc émerger le bourreau et le saint mis en lumière. Car, en effet, la composition s’organise autour du centre, autour de l’acte de violence lui-même. Il n’est pas nécessaire de percevoir l’épée tenue par le bourreau pour comprendre l’atrocité de la scène. La composition en elle-même suffit notamment par le vide qui entoure le point central de l’œuvre. De plus, l’aspect sombre et la dimension de l’œuvre agissent presque comme une attaque pour le fidèle. Ils sont plongé au cœur de l’action et termine le cercle autour de la scène centrale avec l’espace vide du premier plan. Cependant ils ne peuvent rien faire pour aider les saints. Comme les autres personnages ils sont simplement témoins d’un assassinat. Fusion de l’humain et du sacré Ainsi donc les fidèles font comme partie de la scène, ils vivent la mort du saint, ils souffrent. Par cet effet d’identification ils peuvent eux aussi faire partie de l’histoire, de l’histoire de saint Matthieu. Par sa brillante technique, l’artiste réussit donc à immiscer le fidèle dans l’histoire. Il s’agit ici d’un grand changement dans la peinture religieuse. Il y a comme une libération de la convention. Il s’agit de la représentation d’un sujet familier peint de façon inattendu, c’est un éloignement de la tradition. Car, en effet, lorsqu’il s’agit d’un sujet biblique l’artiste se doit d’être pointilleux. Or, ici, le « naturalisme » du Caravage amène à rendre un épisode sacré plus vrai, plus réel. C’est une représentation humaine d’un évènement sacré. De plus on remarque la réduction de l’architecture à sa plus simple expression alors qu’elle pourrait plus accentuer le côté religieux de l’œuvre par la présence d’un temple ou d’un autel voyant. Cependant on reconnait une certaine sacralité à l’œuvre. Cette dimension sacrée est rendue par le thème lui-même, c’est-à-dire la mort de l’apôtre Matthieu. Mais elle est aussi représentée par la présence de l’ange qui, sur son nuage, propose à saint Matthieu la palme (symbole des martyrs) comme pour l’inviter à le rejoindre dans le monde céleste où son action sera récompensée. L’intemporalité de la scène L’instant représenté ici est le moment qui précède la mort du saint. Pour montrer l’instant précis le Caravage n’hésite pas à figer la scène non pas après la mort mais juste l’instant qui précède. Ce choix donne une sorte d’intemporalité à la scène, comme si l’action était en suspens. Le clair-obscur Pour représenter cet instant inachevé l’artiste utilise son talent pour la maitrise du clair-obscur. En effet, l’action figée est mise en lumière. Elle sort de ce fond sombre et de cette ambiance lugubre rendue par les personnages. La brutalité physique du clair-obscur renforce le caractère tragique de la scène. Mais ce clair-obscur sculpte aussi les visages, les draperies et les corps. Il rend plus réelle la scène, la rend plus vivante mais il la fige en même temps. L’intensité des ombres et des lumières a un effet direct sur le fidèle. Il est certain que la lumière portée sur le l’assassin du saint met en avant la cruauté de la scène et la violence de l’acte. Cependant nous pouvons également remarquer que la lumière est également portée sur l’apôtre, qui symbolise la foi. Cette lumière se prolonge également par la main de l’apôtre vers l’ange et son nuage. Il est certain que l’ange n’est pas éclairé comme une lumière divine mais peut, peut être représenté comme une lueur d’espoir dans les moments les plus sombres. L’expression des passions Car, en effet, la scène est très sombre. D’une part par ses couleurs mais aussi par l’ambiance qui y règne. L’utilisation du clair-obscur permet de mettre en évidence certaines expressions faciales des personnages qui assissent à la scène. Il n’y a pas dans cette œuvre une recherche de la beauté idéale mais plutôt une recherche du vrai que ce soit dans les mouvements ou les expressions. Les mouvements torsadés des corps semi-nus rappellent les ignudi (nus masculins) de Michel-Ange. Mais leurs visages témoignent l’horreur que leur inflige l’acte du bourreau. Cette expression de l’horreur est familière aux fidèles car ils la ressentent. Nous pouvons noter qu’un autre élément important rentre en jeu pour les fidèles. Il s’agit des vêtements des personnages. En effet, il s’agit de costumes d’époque. Une identification immédiate est alors faite entre les personnages et les fidèles d’un point de vu physique en plus d’une identification émotionnelle. Au premier abord cette sensation leur paraît choquante car nouvelle. Il est intéressant de noter que l’artiste lui-même s’identifie à la scène à un tel point qu’il y glisse son autoportrait. Il s’agit du personnage du fond avec une grande tristesse dans son attitude qui regarde la scène avec un dégoût et une déception profonde. Effet sur le spectateur S’il est facile pour l’artiste lui-même de s’impliquer émotionnellement et même physiquement dans l’œuvre, c’est un exercice encore plus facile pour le fidèle, le spectateur. Il ne faut pas seulement penser qu’il s’agit d’une simple représentation d’un évènement marquant dans la vie du saint. Il faut, au contraire, plutôt le considérer comme un évènement marquant pour la religion tout entière. L’artiste essaye de représenter de son mieux ce que les mots sont capables ou incapables de dire. Ici ce n’est pas un mot qui fait allusion à une image, c’est l’image elle-même qui est représentée. Cette démarche peut choquer le fidèle car en effet c’est une vision directe de la souffrance, de la violence qui est soumise à ses yeux dont il n’a pas l’habitude. C’est dans ce sens-là que le Caravage essaye d’émouvoir le fidèle. Non pas par des artifices ou des symboles mais par une représentation directe du vrai. Ainsi à travers sa première commande religieuse le Caravage rompt avec une certaine tradition et ne cherche plus comme avec ses prédécesseurs à décrire un évènement, à le représenter, à le faire comprendre mais, à le faire vivre au spectateur au moyen d’une grande technique et par le choix d’une représentation de la vérité telle qui la voyait.

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