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Renaissance de Marx.docx

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Contributor: gh0st
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RENAISSANCE DE MARX Questions la mythologie de la production Lectures du Capital livre I PLAN Quatre acc s au Capital Annexe la dette publique Le mythe du capital La prise de conscience de soi du capital Marx Hegel et la m thode dialectique I Discussion de l'interpr tation sartrienne Marx Hegel et la m thode dialectique II L erreur de Bergson La critique de la mystique au nom de l agir N gation et n gation de la n gation Marx Vico et Darwin conomie et religion De M-A-M A-M-A Le probl me de l infini Un humanisme de Marx Libert sant d mocratie droits de l homme les conqu tes du capitalisme Le f tichisme de la marchandise L analyse de la religion Mythologie marxiste de l'or La quantification mon taire de la force de travail Une anthropologie de la volont Dix th ses sur l'actualit de Marx Annexe au cours pr c dent retour sur le corps productif Expos Praxis et production chez Henri Lefebvre par Claire Revol l ments de synth se - Difficult s irr solues I-II Difficult s irr solues III V L argent est un cristal Le Capital d Folio p Quatre acc s au Capital Serons-nous assez libres pour lire le Capital Je crois que cette condition n est pas au-dessus de nos moyens Certes pour ma g n ration revenir Marx signifie revenir des exp riences de jeunesse qu il n est pas n cessaire de raconter ici Je me contente de reconna tre que pour moi lire Marx c est me souvenir de Marx Cette facult d int riorisation pourrait tre la source d une meilleure valuation C est en tous cas en elle que r side la libert que je revendique l or e de ce cours Dans le contexte politique actuel lire Marx retrouve tout son int r t J avoue avoir t toute d abord attir par des textes pr cis de Marx qui d crivent la dette publique comme un des m canismes du pouvoir du capital cf Annexe La surprenante actualit de ces passages cr e un climat d urgence dont nous pouvons tirer profit J ajoute que le mouvement profond de ma lecture est li l ach vement de mon ouvrage M taphysique de la destruction On peut lire ce cours comme un commentaire perp tuel d un livre que j achevais pendant que j enseignais et auquel je me r f re souvent Il peut lui servir la fois d introduction et de contre- preuve Commen ons par la Lettre sur l humanisme de Heidegger D s le d but les quatre premi res lignes du texte pr sentent un encha nement philosophique tr s dense Nous ne pensons pas de fa on assez d cisive encore l essence de l agir On ne conna t l agir que comme la production d un effet das Bewirken einer Wirkung dont la r alit est appr ci e suivant l utilit qu il offre Mais l essence de l agir est l accomplir Accomplir signifie d ployer une chose dans la pl nitude de son essence atteindre cette pl nitude producere Heidegger Lettre sur l humanisme in Questions III et IV TEL page La r flexion ontologique de Heidegger s engage sur la question de la pratique Agir ne veut pas dire simplement produire un effet mais tirer une chose vers sa pl nitude et par l l accomplir Accomplir est le seul v ritable producere D s son ouverture la Lettre sur l humanisme d nonce une production qui se soumet des fins pragmatiques et anthropocentriques Ce que Heidegger refuse dans la production des modernes c est sa soumission la repr sentation une entr e dans la pr sence qui oublie l origine de son tre La critique heidegg rienne de la production est d abord une cons quence de la Diff rence entre l tre et l tant Plus loin Heidegger dit que quand nous pensons en profondeur l accomplissement de l agir nous sommes face une nigme Cette nigme est toujours li e la question de la causalit Derri re l opposition de la production causale et de l accomplissement authentiquement productif il est d abord question d un arrachement une conception causale de la production l accomplissement est sans cause Le texte de Heidegger n est pas une d claration de guerre la production mais une r cusation ou une r -interpr tation de la production pour qu elle se lib re de la causalit et renoue avec les dimensions de l'accomplissement Marx en revanche n adh re la production qu travers le principe de la causalit Il n y a pour lui production que parce que cette production est production de la cause C est pourquoi le marxisme a toujours pr tendu tre une doctrine scientifique qui luttait contre l obscurantisme Marx produit une ontologie universelle de la production il est le site d une interrogation radicale sur toutes les dimensions de la production en tant qu en elle se mobilise totalement le pouvoir de la causalit Ce travail int rieur de la production fait de Marx un monolithe de la production causale et c est lui qui d sormais est entr en crise Sans doute cette confrontation initiale de Marx et de Heidegger semble un peu saugrenue Pourtant et c est le troisi me point ces deux auteurs ont une racine commune Ils sont en d bat avec elle et entre eux Le philosophe de jonction est Hegel Ce cours cherche ainsi r -introduire aux possibilit s latentes qui se tiennent dans l uvre de Hegel Il est le grand bless de la post-modernit Nous faisons de Heidegger et de Marx une double descendante de Hegel dans le seul but de servir la complexit pr sente et venir de Hegel Il s agit de remonter des questions h g liennes partir du dialogue entre Heidegger et Marx Nous verrons particuli rement dans cette perspective les textes de Marx sur Hegel particuli rement les textes h g liens du Capital Il faudrait recourir aussi aux manuscrits de Marx sa Critique de la philosophie du droit de Hegel et les Grundrisse qui sont les premiers brouillons du Capital plus proches d un dialogue avec Hegel et la m thode dialectique Loin de partager l id e qu il faut lib rer Marx de Hegel je d fendrai toujours l id e que c est faute d une intelligence suffisante de Hegel que l on m conna t Marx toute les difficult s de Marx sont chez Hegel proviennent de Hegel et se r sument l id e d un syst me de la philosophie A cet gard ce cours est un cours sur le syst me du monde contemporain Je voudrais enfin attirer l attention sur un quatri me point de vue on ne saurait bien lire le Capital sans entendre la musique qui est en lui Le Capital fait signe vers la T tralogie de Wagner Il y a un rapport penser entre Le Capital et L Anneau des Nibelungen Ils sont apparent s par un commun rapport l or Le premier livre du Capital est publi en La m me ann e Wagner crit Les Ma tres-chanteurs de Nuremberg op ra qui est un moment de pause pendant la r daction de la T tralogie mais dans lequel culmine la politique n o-corporatiste et r actionnaire de Wagner Mais la fonction centrale de l or n appara t que dans le Ring Marx et Wagner proposent tous deux une m ditation sur l or et la modernit Il est difficile de lire les analyses de Marx sur l or sans penser la mythologie wagn rienne de l or Il est difficile de r fl chir sur la circularit du Capital sans penser la circularit de la T tralogie de Wagner Cette convergence entre le Ring et Le Capital a t remarqu e d s les ann es par le metteur en sc ne Patrice Ch reau qui tenta entre et de donner une interpr tation marxiste pour le centenaire de la T tralogie Bayreuth avec des d cors de Richard Peduzzi et sous la direction de Pierre Boulez J y tais en Je soutiens pour ma part que le rapport entre Nietzsche et Wagner n est complet que s il s associe au soutien impr vu mais d cisif que Marx apporte Wagner La rencontre humaine m taphysique et artistique sur laquelle s est jou e la modernit est en r alit triangulaire et tourne non pas seulement autour de la Volont de puissance mais du capitalisme lui-m me Lire Marx avec Wagner c est donc avancer dans la profondeur du verdict de Wagner sur notre temps et envisager selon l esth tique qui leur sont propres l id e de la lib ration communiste de l homme la pratique r volutionnaire et les checs du sovi tisme Cette voie a d ailleurs t esquiss e par Andr Malraux d s son premier roman Les Conqu rants Derri re cette rencontre entre Wagner et Marx une personnalit moins visible constitue plus que tous les th oriciens r unis du socialisme du fouri risme et du saint-simonisme l anticipation fran aise du Capital c est Balzac Il est le grand penseur de l argent au dix-neuvi me si cle Marx voulait crire un article pour clairer la grandeur de Balzac Le grand sp cialiste de Balzac en France dans les ann es tait un marxiste Pierre Barb ris Marx lui-m me reconnut que Balzac tait son grand pr d cesseur le seul lever la connaissance du dix-neuvi me si cle au niveau requis Les pays communistes ou ex-communistes connaissent avant tout dans la litt rature fran aise Balzac en Roumanie comme en Chine Il joue un r le de transmission tonnante et constitue une raison profonde de lire Marx Ce serait lire Marx pour interpr ter Balzac et lire Balzac pour mieux comprendre Marx La r f rence Balzac se trouve page note Marx s enthousiasmait pour la Com die humaine de Balzac qui refl te toute une poque dans le miroir de la po sie il avait l intention de lui consacrer une tude apr s l ach vement de sa grande uvre mais ce projet comme maints autres est rest en germe F Mehring Karl Marx dition page Or il existe dans l uvre de Balzac une composante mythologique capitale en lien avec des valeurs d cri es aujourd hui par des gens la vue courte l'illuminisme l'occultisme et le martinisme Ce sont les trois bases de la religion balzacienne L illuminisme est une doctrine initiatique promue par Joseph de Maistre et li e aux th mes martinistes Les illumin s sont des disciples du martinisme courant sot rique venant de Martin s de Pasqually Ils d fendent l id e d une communication directe avec Dieu donnant lieu une augmentation directe des capacit s magiques de l individu Le divulgateur en France du martinisme est Louis-Claude de Saint-Martin Il op re la corr lation entre une th osophie et une magie qui est la base des relations qu on pourrait dire magn tiques entre les personnages chez Balzac Les gestes sublimes ou pervers de ces derniers s enracinent dans cette fa on de se repr senter le monde Cette dimension magique et mythique dans l uvre de Balzac permet de comprendre la fonction du mythe chez cet auteur et dans son temps L occultisme est d ailleurs un ensemble de pratiques magico-sp culatives qui est la source de la culture symboliste en France travers des relais comme Victor Hugo qui en est le chiffre absolu La Fin de Satan et Dieu avec des pr sences plus parses chez Baudelaire par exemple dans ses articles sur Balzac et chez G rard de Nerval Je montrerai ainsi que dans son rapport l or et la monnaie au f tichisme de la marchandise et l impersonnalit du capital Marx retrouve de telles mythologies elles-m mes h riti res des formes symboliques que v hiculent Shakespeare ou Rabelais avec leurs images alchimiques leurs rapports la sexualit la d f cation la sorcellerie l antis mitisme m me Toutes ces sph res de la fantasmagorie de l Occident sont impliqu es dans une lecture de Marx et c est seulement par elles que nous atteignons cette globalit du regard que Marx attendait de son lecteur f t-il ou non par ailleurs un militant socialiste Par elles et par elles seules le Capital r pond l id e du livre total non seulement du XIX me si cle tel que Marx a tent de le r aliser mais celle d une encyclop die des r volutions de notre temps avec les issues diverses qu on y observe encore Ces quatre raisons de revenir une lecture de Marx sont ainsi coordonn es entre elles L actualit et la r alit conomique dans laquelle nous sommes L ontologie avec les questions de l'accomplissement dans la destruction de la m taphysique de l agir chez Heidegger La logique en d bat avec Hegel L esth tique en dialogue avec Wagner et Balzac Ainsi la politique l ontologie la logique et l esth tique r clament chacun un moment marxien et cherchent leur unit dans son uvre On peut dire que lire Marx c est entrer dans une inqui tude l gard des totalit s qui nous gouvernent et rechercher le point d articulation qui en explique le caract re interactif et circulaire C est pourquoi le d bat sur le Capital est d abord en d bat avec Hegel Si Marx lisait Hegel sans ce plan logique son enqu te retomberait aussit t dans les produits de l'endentement il se donnerait une vue d entendement sur Hegel et alors il serait facile de se d barrasser de Marx en disant qu il est tranger la sp culation h g lienne Mais Marx ne manquera pas de pr ciser l intention de ses lecteurs allemands dans la Pr face allemande de l uvre donc que les sources de ses pens es sont issues de la logique de Hegel La dialectique mat rialiste est une reprise pensante de la logique dialectique et alors il n'est pas si facile de se lib rer de Marx une fois qu on le place sur ce plan de haute maturit L audace de Marx consiste oser articuler un dessein mat rialiste avec une logique dialectique G n ralement le mat rialiste s'oppose une conception logique de la r alit au nom d un retour aux choses Mais alors il ne reste que l objectivit morte La th se de Marx est que le mat rialisme n est pas celui d une objectivit morte mais un mat rialisme logique dont le proc s mat riel est logique La mati re est logicit l invocation du proc s logique ne lib re pas de la mati re Marx d passe ainsi son tour une opposition que Hegel d passait d j sa mani re entre mat rialisme et id alisme Ceci tait donc d j vrai chez Hegel dans la Grande Logique et Marx reprend le m me probl me et c est cela et non quelque vulgaire retour un anti-philosophisme primaire qu il faut entendre dans des expressions aussi divulgu es que mat rialisme dialectique mat rialisme historique mat rialisme scientifique Sous l id e de science c est la puissance de l analyse dialectique des concepts qui est en jeu Mais cette puissance th orique est entrain e dans un mouvement historique et mondial qu il faut sonder Il se propage jusqu en Chine il est l esprit du monde moderne lui-m me part Badiou et Ziz k la corporation des philosophes se tient en-de ou en dehors de ce mouvement quadruple Peu sont sur le pont pour affronter ces difficult s et les causes en sont multiples Mais c est d abord en France le r sultat de l effondrement progressif des tudes sur Heidegger alors qu il tait trop profond pour oublier ce qu il devait Hegel et Marx Heidegger est en permanence tourn dans une sorte de d cision guerri re contre Marx - ce qui suffit montrer que Heidegger est un moyen de haute intensit pour dialoguer avec Marx Le d clin de la reconnaissance de l uvre de Heidegger cr e un malaise qui fait perdre une nouvelle occasion d approfondir l uvre de Marx On aurait pu croire que la p rennit de la ph nom nologie allait agir en faveur de Heidegger mais c tait une erreur La ph nom nologie est d abord l ensemble du processus acad mique par lequel la question du capital est d ni e Elle th matise tout sauf l argent Seul Michel Henry a fait effort pour se tenir sur la ligne d un dialogue avec Marx L poch ph nom nologique n est rien d autre que celle du capital ce qui constitue une faute de principe une des entreprises de Marx est de rendre impossible un savoir qui ignorerait la question de la circulation des richesses Il y eut des tentatives pour viter cette cons quence comme Sartre dans la Critique de la raison dialectique qui tente un rapprochement entre la ph nom nologie et la dialectique marxiste Cependant Sartre oublie des aspects fondamentaux de Heidegger et r sout cette dialectique partir d un situationnisme qui utilise la figure de l agir sur un mode proprement impens ou irr fl chi qui ne s impose pas les questions que Heidegger exigeait Sartre mobilise un concept d action non travaill comme le propose Heidegger Faute de cet approfondissement il demeure l ext rieur du probl me de la libert et de l action L une des questions frappantes de la modernit est de savoir si l poch qui se g n ralise sous la forme de soci t du spectacle n'est pas celle de l argent Tant que le capitalisme tait florissant nous pouvions ignorer cette question Mais aujourd hui nous sommes oblig s de remettre en question l inconscient du savoir des ann es Nous n avons plus le loisir de nous comporter en ing nus du capital Il s agit de lever l poch sur le capital pour revenir l identification du processus de la circulation financi re Le cours essaie de donner un visage cet ennemi sans visage que la campagne lectorale en cours met au centre de son discours politique Marx donne toujours des preuves historiques et quantitatives de ce qu il avance L ouvrage est sur-document Marx est d un scrupule admirable qui le pousse tout analyser Certains dossiers sont plus utiles pour des tudiants en histoire que pour des analyses philosophiques Il s agit de voir les passages conceptuels Il faut veiller la culture de Marx Il connait la culture classique de Shakespeare de la Bible de l histoire antique de la th ologie chr tienne Il ne faut pas r duire Le Capital des lois abstraites ext rieurement math matisables mais le lire en faisant attention aux relations avec le protestantisme avec la th orie de la Trinit avec la po sie de Dante La circulation du mot mystique chez Marx est remarquable elle permet de cr er une perc e dans son dispositif car chez lui la mystique est tant t passive subie humili e tant t active et cr atrice fussent d illusions De m me Marx se concentre autour d une nouvelle anthropologie du f tiche le f tichisme est la part la plus conqu rante de son travail Elle fait de l uvre non seulement une critique de l conomie politique mais une v ritable Dialectique transcendantale attach e montrer les illusions m taphysiques de la connaissance historique En quoi cette critique des illusions h riti re des Lumi res peut tre li e une mythologie c est ce qu il nous faudra voir lors des prochains cours Annexe la dette publique Je donne maintenant le texte sur la dette publique qui m a paru d terminant pour l actualit d un retour Marx De nos jours la supr matie industrielle implique la supr matie commerciale mais l poque manufacturi re proprement dite c est la supr matie commerciale qui donne la supr matie industrielle De l le r le pr pond rant que joua alors le r gime colonial Il fut le dieu tranger qui se place sur l autel c t des vieilles idoles de l Europe un beau jour il pousse du coude ses camarades et patatras voil toutes les idoles bas Le syst me du cr dit public c est- -dire des dettes publiques dont Venise et G nes avaient au Moyen- ge pos les premiers jalons envahit l Europe d finitivement pendant l poque manufacturi re Le r gime colonial avec son commerce maritime et ses guerres commerciales lui servant de serre chaude il s installa d abord en Hollande La dette publique en d autres termes l ali nation de l tat qu il soit despotique constitutionnel ou r publicain marque de son empreinte l re capitaliste La seule partie de la richesse dite nationale qui entre r ellement dans la possession collective des peuples modernes c est leur dette publique Il n y a donc pas s tonner de la doctrine moderne que plus un peuple s endette plus il s enrichit Le cr dit public voil le credo du capital Aussi le manque de foi en la dette publique vient-il d s l incubation de celle-ci prendre la place du p ch contre le Saint-Esprit jadis le seul impardonnable La dette publique op re comme un des agents les plus nergiques de l accumulation primitive Par un coup de baguette elle doue l argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital sans qu il ait pour cela subir les risques les troubles ins parables de son emploi industriel et m me de l usure priv e Les cr diteurs publics vrai dire ne donnent rien car leur principal m tamorphos en effets publics d un transfert facile continue fonctionner entre leurs mains comme autant de num raires Mais part la classe de rentiers oisifs ainsi cr e part la fortune improvis e des financiers interm diaires entre le gouvernement et la nation - de m me que celle des traitants marchands manufacturiers particuliers auxquels une bonne partie de tout emprunt rend le service d un capital tomb du ciel - la dette publique a donn le branle aux soci t s par actions au commerce de toute sorte de papiers n gociables aux op rations al atoires l agiotage en somme aux jeux de bourse et la bancocratie moderne Le Capital pages - Ce texte sur les dettes publiques l gitime cet enseignement en tant qu il cherche tre en dialogue avec l actualit Marx distingue l poque manufacturi re et l poque capitaliste proprement dite Je d veloppe le contexte g n ral de ces analyses La Renaissance conquiert un terrain d'exploitation pour les valeurs du commerce avec la conqu te du nouveau monde et des pays soumis la colonisation europ enne Ceci donne lieu l accumulation de capital par le commerce qui est le moteur de l'enrichissement des peuples C est le mercantilisme l' change est l l ment fondateur du capital Puis au cours de cette extension coloniale le mercantilisme se trouve devant des difficult s impr vues Il faut augmenter les ressources financi res pour d velopper ce commerce et il faut multiplier les bateaux pour d velopper le commerce avec les les Un brusque afflux de capitaux est n cessaire Ce sera l'effondrement du mercantilisme Les villes italiennes notamment Venise fournissent cet afflux Venise est d j dans une position de d clin car elle est loin des mers dans lesquelles se joue l extension des territoires coloniser La d couverte du Nouveau monde affaiblit Venise et la prive de tout l ment moteur pourtant Venise dispose de beaucoup d argent d une puissance financi re consid rable Elle pr te de l argent aux pays sur le point de conqu rir le monde la Hollande et l Angleterre qui ne disposent pas de ces richesses Plus pr cis ment l argent passe de Venise en Hollande de Hollande en Angleterre puis en Espagne Ainsi est cr le m canisme qui fait que l tat emprunte Venise les sommes d argent n cessaires Apparaissent alors des flux d argent qui servent faire du commerce international mais qui ne sont plus articul s sur une production Cet argent d racin ne s inscrit pas dans une logique productive Il n existe que comme dette d tat tat Na t ainsi la seconde phase du d veloppement du capitalisme l ge manufacturier et proprement capitaliste L argent ne sert plus financer seulement les conqu tes outre-mer Ce n est plus le commerce qui commande la production mais la production qui commande le commerce Par exemple des machines produisent des cotons bas prix en quantit consid rable qu il faut ensuite couler La conqu te des march s vise ponger la surproduction Les tats ont besoin d acheter des machines et de les faire fonctionner avec une classe ouvri re Il faut un lourd investissement pour que le processus devienne enrichissant Cet investissement se fait en levant des imp ts sur les richesses en le prenant aux marchands etc Mais cela ne suffit pas il faut un surcroit de capital D o le m canisme de la dette publique faire marcher la planche billets en empruntant des Etats qui servent de banque Le capitalisme s entend comme un endettement l gard des grandes banques de l poque mercantile install es en Italie et qui entraient en d clin Le capitalisme tant le machinisme d un investissement extr mement couteux il doit prendre des risques financiers pour suivre le d veloppement des innovations technologiques qu il veut produire Les tats sont oblig s de prendre le risque d augmenter leur dette publique pour ne pas saigner la population qui si tel tait le cas se r volterait ou n aurait plus d agent pour acheter les biens produits par la machine On remarquera que Marx qualifie le processus de la dette par des termes religieux La religion du capital qu il y a dans l emprunt est le souffle qui anime le syst me c est l quivalent conomique de la foi dans la religion De m me que le plus grand p ch est de d sesp rer dans le capitalisme la plus grande faute morale est de ne pas croire que gr ce la dette publique on augmentera son patrimoine capital Le p ch contre l esprit devient un p ch contre le capital Dans la crise grecque actuelle soudain la foi a manqu et le syst me capitaliste s est manifest comme une religion que la foi d serte Il y a eu un ath isme du capital qui conduit l Europe la faillite De m me que Nietzsche pense le processus de la mort de Dieu nous vivons un processus d une m me ampleur th ologique qui est la mort de la croyance en la dette publique - par o nous tombons en Enfer Le mythe du capital Nous cherchons une approche du concept de production chez Marx avec une quadruple interrogation partir de l actualit partir d une interrogation ontologique venant de la Lettre sur l humanisme de Heidegger partir de l h ritage logique de la dialectique h g lienne Marx et Heidegger venant tous deux de la logique de Hegel et partir de son rapport avec les uvres de Balzac et de Wagner con ues comme des r alisations esth tiques et syst matiques du capital Cette quadruple entr e s int resse au Capital comme un mythe selon le principe d une lecture mythologisante - ni lecture militante ni lecture critique ou ironique Une lecture mythologisante cherche d terminer les mythes qui structurent un discours rationnel au-del des raisons qu il avance Chez Marx le discours rationnel est celui de la production les fameuses forces productives Mais la production on l a vu avec Heidegger ne repose que sur une rationalit partielle c est un choix parmi d autres parmi les possibles que mobilise la raison pour penser l action La production est donc particuli rement expos e entrer dans une mythologie ou se laisser saisir par une mythologie La lecture mythologisante des uvres de l esprit repose sur un principe qu on peut noncer sous la forme d un syllogisme toute raison incompl te est expos e au mythe Or toute raison est incompl te Donc toute raison conduit au mythe C est le syllogisme qui sous-tend ce cours et que devraient m diter les tenants des th or mes d incompl tude de la raison qui demeurent malgr leur arsenal logique singuli rement l gers dans les cons quences de leur th orie Nous soumettons donc Marx une lecture sp cifique construite en quatre temps coordonn s orient s vers la reconstruction de la mythologie de la production L'interrogation sur la puissance mythique du Capital vient de Georges Sorel qui a t ch d enrichir les processus r volutionnaires d crits par Marx d une dimension mythologique qui se substitue toute interpr tation d terministe de l histoire Il propose ainsi de construire une mythologie de la Gr ve g n rale pour mobiliser le prol tariat en vue d une conscience de masse c est le mythe du Grand Soir On notera que Sorel est un grand lecteur de Vico et l un de ceux qui l ont profond ment introduit en France Mais il y a un probl me Sorel Le probl me de Sorel tient au fait que ayant eu l intuition qu il pouvait y avoir une puissance mythique du Capital il finit par conduire Mussolini qui fut son fid le lecteur et usera en ma tre des premi res mythologies totalitaires Sorel r veille ainsi dans le Capital une force dont se serviront les fascistes Notons que L nine qui connaissait Sorel mais ne l appr ciait gu re ne proc de pas de Vico dans sa conception de la prise du pouvoir il est plus proche d une th orie du coup d Etat et donc du complot que du mythe du Grand Soir C est la diff rence majeure entre le sovi tisme qui est une prise de pouvoir minoritaire et le fascisme qui se d finit d abord comme un mouvement de masse organis A la vue des cons quences de ces deux violences d cha n es dans l histoire nous pouvons demander peut-on r veiller d autres puissances mythiques dans la production Mais pour cela il faut d laisser l id e d un mythe pour l action et entrer dans l id e d une connaissance mythique du r gime de production capitaliste La prise de conscience de soi du capital Telle est la forme sous laquelle le capital prend lui-m me conscience d tre une puissance sociale et chaque capitaliste y participe en raison de la part qui lui revient dans le capital social total Le Capital Livre II d cit p Le mythe est une puissance sociale c est Marx qui le dit La puissance sociale n est pas simplement l effet direct d une accumulation de richesses ni un simple pouvoir mat riel dont disposeraient m caniquement les b n ficiaires du syst me capitaliste Il y entre en jeu l l ment d une prise de conscience Le syst me mat rialiste de Marx introduit ici un facteur no tique remarquable Il ne s agit pas simplement d tre pris dans un syst me de production donn encore faut-il qu il y ait la production d une conscience de ce syst me Le Capital de Marx est une telle uvre de prise de conscience au-del m me d une tude de certains rouages conomiques Marx associe sa science de l organisme capitaliste l id e de produire une conscience il y a l une entr e possible du philosophe dans la lecture du Capital C est le point par lequel nous entrons dans le m canisme du marxisme Le capital prend lui-m me conscience cette prise de conscience n est pas seulement celle d un sujet fut-il le plus savant mais c est d abord un processus d auto-r flexion Il y a un ips it du capital qui oblige construire le concept de sujet du capitalisme Malgr tous les plaidoyers aveugles de l humanisme du personnalisme de l existentialisme m me il n est pas n cessaire d ajouter une th orie de la conscience au marxisme car cette conscience est immanente au capitalisme lui-m me Il n y a m me pas d crire des processus de subjectivation qui seraient propres un ontologie du pouvoir et qui viendraient se surajouter au processus de production du capitalisme Car le capital lui-m me engendre sa propre conscience et c est cette conscience qui nous int resse et non pas celle que les intellectuels veulent difier au-dessus de l intelligence que le processus produit de lui-m me Il n y a donc pas d cart entre la subjectivit du capital et celle des sujets investis dans la pratique du capitalisme entre la subjectivit du capital et la part qu y prennent consciemment les acteurs du capitalisme Les gens vivant sous le r gime capitaliste sont sujets en tant qu ils participent la conscience que le capital prend de lui-m me Comme chez Spinoza nous sommes les parties d une substance absolue que nous exprimons d abord comme partie notre corps mais aussi notre part dans la production totale et qui se pense en nous quand nous voulons nous donner une id e vraie de sa substantialit totale Mais Marx cite Hegel et non Spinoza Hegel conduit pourtant formuler des objections d terminantes cette th orie comment un processus mat riel ou un rapport de production comme le capitalisme peut-il se sublimer en une conscience Comment un antagonisme social peut-il devenir sujet Comment des contradictions socio- conomiques sont-elles des moments d un proc s immanent de subjectivation Comment la contradiction produit-elle du sujet Les moments les plus forts de la conception de Marx entrent dans un dialogue tr s technique avec l h g lianisme c est nous de sp cifier ce rapport Il passe par l id e du mythe C est le mythe qui fait d un rapport de production la production d une conscience moyenne susceptible d tre particip e par tous les sujets qui sont acteurs dans une soci t donn e Ainsi le Capital n est-il le capital du capitalisme que par l effet d un mythe qui fait d une action une puissance sociale Reprenons une fois encore l argumentation L objet capital n est pas seulement une hypoth se scientifique mais le processus par lequel l histoire prend conscience d elle-m me Le sujet est immanent au proc s de production ce pourquoi il n est pas n cessaire de chercher l ext rieur du processus capitaliste des figures de la subjectivation L immanence produit sa conscience Cette affirmation conduit-elle un mat rialisme tr s dur une conception m caniste de la production de la subjectivit En v rit non il n y a pas r gression vers une conception m caniste produisant les subjectivit s comme des effets imm diats du proc s de production Car ce dernier poss de une capacit d ips it La conscience lui est int rieure Si le capital est la conscience que se donne l histoire dans son stade ultime loin d tre un mat rialisme r ductionniste le marxisme est premi rement une philosophie de la conscience et deuxi mement un id alisme absolu Si le capital se produit comme conscience il renvoie la disposition conscientielle de l histoire humaine en tant qu elle devient L histoire est faite pour devenir une conscience ce qui revient poser un id alisme de la finalit et r p ter le parcours de la ph nom nologie de l esprit Marx se serait ainsi content de nommer le Savoir absolu h g lien non pas Esprit mais Capital Cependant le Capital demeurerait le calvaire de l absolu travers lequel l esprit de l histoire prend conscience de lui-m me Certes la d termination ultime de la nature du marxisme est difficile car Marx ne va pas jusqu au bout de l lucidation de ses principes Il est clair que le marxisme cherche malgr tout un tre ou une ontologie qui d passe les apories de l id alisme Le moyen propos est bien le concept de production mat rielle comme le pr cise toujours Marx Nous dirons pour notre part cette production mat rielle ne devient v ritablement une puissance sociale consciente d elle-m me que par le mythe du capitalisme lui-m me Seul le mythe fait du capital objectif le Savoir absolu qu il veut tre mais qu il ne peut tre sous la forme d un id alisme absolu Le mythe du capitalisme est cette puissance sociale qui transforme en conscience historique le processus par lequel l histoire prend conscience d elle-m me Voil bien qui semble plus proche d une lecture balzacienne de Marx que d une lecture marxiste du Capital elle nous attache non pas au marxisme et ses perspectives r volutionnaires mais au capital se pensant lui-m me au travers de l uvre de Marx Marx a su faire surgir une puissance sociale que la parcellisation du lib ralisme rend invisible sans le travail dialectique de l auteur Mais ce qui surgit alors ce n est pas tant un appel changer le monde formul par un id ologue du prol tariat qu un mythe invisible tous les mythologues du pass le mythe m me du monde moderne dont Marx devient le v hicule la fois formidablement pr cis et pratiquement inconscient Ce mythe porte sa part de mort et de destruction mais c est lui qui donne sens aux actions des hommes pris dans la lutte pour la survie et il devient la forme de totalisation de l exp rience laquelle nous pouvons acc der Pour m en tenir mon propre vocabulaire le Capital devient une M taphysique de la destruction Les rudits du marxisme pour leur part pr f rent distinguer entre marxien et marxiste Marxien est ce qui est nonc dans les crits de Marx y compris posthumes Marxiste qualifie le mouvement politique r volutionnaire li du vivant m me de Marx la Seconde Internationale dont d ailleurs Marx ne manquera pas de se distancer C est ce mouvement qui travers les destin es de la Troisi me et de la Quatri me internationale conduira l clatement du Marxisme-l ninisme en Stalinisme ou en Trotskyste Mais cette distinction des qualificatifs est assez artificielle Nous ne saurions limiter l uvre ces oppositions simples Marx est li l histoire du monde en interaction avec son uvre Il faut penser le fait total du marxisme sans s obliger une coupure entre un texte et une histoire Une telle attitude est tout sauf dialectique c est- -dire totale et processuelle Marx Hegel et la m thode dialectique Dans la Pr face de l dition allemande Marx pr sente son uvre le rapport qu elle entretient avec Hegel et avec l id alit chez Hegel Si la prise de conscience est le noyau du marxisme nous sommes dans un dialogue tendu on l a vu avec la dialectique h g lienne Comment Hegel engendre-t-il le marxisme et Marx s engendre-t-il dans Hegel Comment Hegel est-il accueilli par la r volution scientifique que propose Le Capital Le Capital est publi en Allemagne une premi re fois Traduit en fran ais il est corrig par Marx lui-m me au cours de la traduction D o une version fran aise qui donnera lieu une seconde dition allemande Le texte fran ais est plus m r et plus achev que la premi re dition en allemand Des phrases dans la traduction fran aise ne se trouvent pas dans la premi re dition allemande mais Marx cherche s duire le public des socialistes fran ais sans l effaroucher avec des tournures trop philosophiques C est pourquoi les textes sur Hegel se trouvent souvent dans l dition allemande et non dans l dition fran aise il y a des accommodements en fran ais de Hegel Il faut travailler dans les marges pour disposer des textes dont nous avons besoin Dans la pr face de la seconde dition allemande nous lisons un texte que Marx crit en r ponse un critique russe La traduction fran aise laisse tomber les passages les plus sp culatifs de ce texte passages qui se trouvent pour nous page Ce sont les textes o Marx explique ce en quoi il se distingue de Hegel Il s agit d une fa on g n rale de r pondre des critiques et des attaques fran aises page Les Fran ais d testent les traces de pens e allemande qu ils trouvent dans cet essai scientifique Ils reprochent Marx de faire de la m taphysique Voil comment Marx se justifie La m thode employ e dans Le Capital a t peu comprise en juger par les notions contradictoires qu on s en est faites Ainsi la Revue positiviste de Paris me reproche la fois d avoir fait de l conomie politique m taphysique et - devinez quoi - de m tre born une simple analyse critique des l ments donn s au lieu de formuler des recettes comtistes pour les marmites de l avenir Quant l accusation de m taphysique voici ce qu en pense N I Sieber professeur d conomie politique l universit de Kiev En ce qui concerne la th orie proprement dite la m thode de Marx est celle de toute l cole anglaise c est la m thode d ductive dont les avantages et les inconv nients sont communs aux plus grands th oriciens de l conomie politique Maurice Block lui trouve que ma m thode est analytique et dit m me Par cet ouvrage M Marx se classe parmi les esprits analytiques les plus minents Naturellement en Allemagne les faiseurs de comptes rendus crient la sophistique h g lienne Le Messager europ en revue russe publi e Saint-P tersbourg dans un article enti rement consacr la m thode du Capital d clare que mon proc d d investigation est rigoureusement r aliste mais que ma m thode d exposition est malheureusement dans la mani re dialectique allemande premi re vue dit-il si l on juge d apr s la forme ext rieure de l exposition Marx est un id aliste renforc et cela dans le sens allemand c est- -dire dans le mauvais sens du mot En fait il est infiniment plus r alise qu aucun de ceux qui l ont pr c d dans le champ de l conomie critique On ne peut en aucune fa on l appeler id aliste Le Capital p - On accuse Marx d tre m taphysique il r pond que ce sont ses contradicteurs qui nagent dans la mystique Il peut alors clarifier sa propre conception en citant les jugements critiques auxquels son uvre a donn lieu La valeur scientifique particuli re d une telle tude c est de mettre en lumi re les lois qui r gissent la naissance la vie la croissance et la mort d un organisme social donn et son remplacement par un autre sup rieur c est cette valeur l que poss de l ouvrage de Marx En d finissant ce qu il appelle ma m thode d'investigation avec tant de justesse et en ce qui concerne l application que j en ai faite tant de bienveillance qu est-ce que l auteur a d fini si ce n est la m thode dialectique Certes le proc d d exposition doit se distinguer formellement du proc d d investigation l investigation de faire la mati re sienne dans tous ses d tails d en analyser les diverses formes de d veloppement et de d couvrir leur lien intime Une fois cette t che accomplie mais seulement alors le mouvement r el peut tre expos dans son ensemble Si l on y r ussit de sorte que la vie de la mati re se r fl chisse dans sa reproduction id ale ce mirage peut faire croire une construction a priori Ma m thode dialectique non seulement diff re par la base de la m thode h g lienne mais elle en est l exact oppos Pour Hegel le mouvement de la pens e qu il personnifie sous le nom d Id e est le d miurge de la r alit laquelle n est que la forme ph nom nale de l Id e Pour moi au contraire le mouvement de la pens e n est que la r flexion du mouvement r el transport et transpos dans le cerveau de l homme Le Capital page Nous sommes devant les explicitations les plus pouss es que Marx ait jamais donn es de sa m thode On voit qu elles se r duisent peu de choses On sera surtout sensible la multiplication des mod les qui semblent s appeler l un l autre d s que le premier semble insuffisant La discussion avec Hegel va clore le d bat mais c est d abord un mod le biologique et organiciste que nous avons affaire tel qu il est propos par l un des premiers critiques de l oeuvre c t de la production voici donc qu un mod le biologique organiciste s impose Balzac pense lui-m me que la soci t se pr sente comme un organisme ce qu il d clare dans la pr face de la Com die humaine Son uvre est comme une tude biologique avec une morphologie de la vie qui d veloppe les phases d un r gne humain se structurant comme le r gne animal Ce texte prend un mod le qui s accomplira chez Darwin Un mod le volutionniste fait de la lecture du Capital un combat pour la vie Le capital est un dinosaure qui puis par les contradictions de son ampleur va mourir - mort d o rena tront d autres formes de vies qui r sisteront aux conditions nouvelles C est un volutionnisme social de mod le biologique La question des sciences naturelles est aussi importante pour Marx que pour Hegel Pourtant le texte de Marx n est ni seulement une science naturelle ni seulement un dialogue avec Hegel Il faut marcher d un double pas Voici maintenant une division entre un mat riau et une m thode qui recoupe l opposition entre l analyse et la synth se Le mat riau est l ensemble des enqu tes que Marx fit dans l histoire du capitalisme europ en pour en d terminer les lois C est l aspect analytique de l uvre sa fa on de d composer la sociologie du capitalisme moderne Puis il y a un aspect de synth se l ordre d exposition des r sultats Telles sont les lois que Marx construit partir de l analyse lois qui noncent les structures n cessaires de ce mode de production La m thode dialectique est du cot de la synth se et de l exposition Les acquis de cette conception proviennent clairement des Grundrisse Marx y soutient que la grande erreur de l conomie politique est de repartir d un homme de nature d un sujet individuel Les conomistes classiques ont cherch en effet montrer comment par une volution partir de ce sujet individuel ou monadique la consommation individuelle produit le syst me capitaliste Marx refuse cette construction lin aire et retourne le processus en disant que pour comprendre le capitalisme il faut commencer par le capitalisme On ne peut pas commencer par le sujet de l homme de la nature mais par la totalit du processus C est depuis cette totalit acquise et th oris e que je peux d duire les figures id ologiques de la bourgeoisie dans son stade initial C est le capital qui engendre les illusions du sujet bourgeois individualiste L histoire bourgeoise est ainsi toujours r trospective surtout quand elle pr tend d crire la gen se id ale de l activit conomique partir de la nature humaine Cette th se est h g lienne pour comprendre la philosophie il ne faut pas se tenir l ext rieur mais nous ne comprenons la philosophie que par la philosophie Nous ne concevons le Savoir absolu qu partir du Savoir absolu C est parce que le Savoir absolu est d j l que nous pouvons entrer en philosophie Nous ne commen ons pas par la s paration kantienne entre le sujet et l objet mais nous tudions un processus total - le Savoir absolu - et par sa scission nous recomposons la figure du sujet et de l objet Le sujet et l objet ne sont que des cons quences ou des suites du Savoir absolu des moments d j d pass s du Savoir absolu Penser c est penser la totalit Il n est jamais possible de produire une gen se en faisant comme si la totalit n existait pas Ce sont des illusions de sujets qui se croient des finitudes La finitude et la limite l auto-r flexion du sujet ne se peuvent se concevoir que comme d riv s de la totalit On criera au totalitarisme mais c est faute de savoir lire Car le totalitarisme est bien une pens e d oppression mais l enjeu est de se donner une pens e totale pour viter le totalitarisme viter de penser la totalit ne renvoie qu du partiel et c est le partiel qui produit le totalitarisme Le totalitarisme n est jamais que l id e de totalit que les messagers de la finitude veulent imposer la totalit qui ne cesse de leur chapper Le totalitarisme est la dictature totale de cette partie qui se proclame finitude Heidegger ne d roge pas malheureusement cette r gle Les nouveaux militants du fini nous imposent leurs vues partielles comme des vues valant pour le tout Marx est d une toute autre exigence il expose les lois d un savoir qui pourrait se mesurer la totalit Il ne pr tend pas la totalit il la transforme en travail Or ce travail ne pourrait se produire sans que la totalit du temps pr sent pense en moi qui cherche la partie Les partisans de la finitude se croient affect s par le temps En r alit ils ne cessent de d nier le travail que la totalit du temps pr sent effectue en eux jusque dans leur parti pris de la finitude Comme nous l avons d j vu ici c est Spinoza qui vient au secours et de Marx et de Hegel La m thode dialectique dans le Capital est donc l art d exposer les proc dures totales du capitalisme Elle est l art de la synth se Maintenant que Marx croit tre sur un terrain stable avec sa m thode dialectique il peut se livrer une attaque en r gle de Hegel Il reste que Hegel a pens le concept de m thode dans la Logique du concept La v ritable th orie de la m thode pour Hegel ne permet plus de distinguer la m thode et le contenu Une vraie m thode approfondie sp culative dialectique n a pas d autre contenu qu elle-m me Les contenus n y sont que des moments formels de la m thode Cette derni re a une telle puissance de construction qu elle contient ses contenus comme ses moments Il n y a donc plus de lieu de distinguer m thode et contenu La m thode est la somme dialectique et spiritualis e des contenus Quand donc Marx dit que sa m thode est dialectique tout en soutenant qu elle s applique une somme d observations empiriques il se heurte Hegel car il retombe dans la dualit du sujet de l objet Comment existerait-il un moment ext rieur au mouvement dialectique Comment existerait-il une r alit qui soit mise en forme de l ext rieur par la dialectique Pouvons-nous faire r gresser une m thode dialectique au rang d un instrument de connaissance du sujet et de l objet Pouvons-nous utiliser la m thode dialectique pour revenir une configuration kantienne de la science s parant un objet et un sujet Pourtant Marx est cat gorique le mouvement r el est la construction dialectique de mat riaux analytiques Il n y a de science marxienne que d une telle totalit On restituera alors le mouvement r el parce qu on d crira le mouvement total etc C est assez dire qu entre un h g lianisme rigoureux et un m thode anagogique Marx ne veut pas trancher Il ne veut pas trancher car il croit pouvoir subvertir les lois fondamentales de l id alisme h g lien Ceci est v rifier Marx voudrait acc der une science qui soit comme une mimesis de la vie de la mati re Il s agirait d tre en phase avec la vie de la mati re et faire en sorte qu elle se r p te en nous sous une forme langagi re Mais que veut dire la vie de la mati re Est-ce un lan vital la Bergson Ou est-ce la prise de conscience que la mati re se donne elle-m me en se d veloppant Si tel est le cas nous sommes face un id alisme r fl chissant Dans la mesure pourtant o sa th se de philosophie porte sur D mocrite et Epicure nous pouvons faire l hypoth se que Marx entend la vie de la mati re comme le mouvement stochastique des atomes Mais quelle forme de pens e r gl e peut entrer en mimesis avec le mouvement al atoire de la r alit atomique Marx tente de l expliquer gr ce un d tour par la philosophie transcendantale il faudrait user de la construction dialectique synth tique la fa on d une structure a priori s imposant des objets donn s Ainsi l h g lianisme de Marx se r duirait un usage kantien de Hegel et c est lui qui permettrait de donner une structure intelligible la vie de la mati re Le processus peut s crire ainsi Quand je suis en phase avec le monde je reproduis par mon intelligence l ordre du monde alors je crois un instant que c est mon intelligence qui a produit le monde Le reflet se prend pour une cause L activit intellectuelle produit ainsi un f tichisme de l esprit qui se croit devenu autonome dans sa productivit Mais alors que le f tichisme de la valeur et de la marchandise m emp che d acc der la v rit du processus conomique ce f tichisme de l esprit se croyant autonome est f cond Telle est la science la reconstruction a priori de l a posteriori Mais dans son fond cet a priori vainqueur de son objet n est que le produit de son a posteriori c est- -dire des conditions mat rielles qui l engendrent dans le cerveau du sujet connaissant L a priori malgr son nom n est jamais radical il est de l a posteriori r interpr t il est de l a posteriori devenu On aurait pu croire un instant que Hegel avait t soumis Kant mais par ce ultime retournement c est quand m me Hegel qui a le dernier mot l a priori est non pas donn mais fait Mais au lieu d tre fait par l id e c est la production qui le fait Mais tout ceci on en conviendra pose des probl mes crasants Quelle est ce recours non critique la mim sis qui vient au secours de la th orie de la connaissance Ne faut-il pas marquer ici la remont e spectaculaire d un concept grec archa que en pleine totalit capitaliste La connaissance humaine se caract riserait par la capacit d imiter par une facult de reproduire dans l esprit ce qui est l ext rieur La connaissance est ainsi d finie chez Emp docle par imitation du m me par le m me Ce concept pr socratique servirait Marx pour expliquer le capitalisme tardif Mais comment un concept archa que pourrait-il corroborer et certifier la th orie de la connaissance de la totalit du capitalisme dans sa phase ultime Quand Derrida et la gauche fran aise soutiennent que la lutte anti-capitaliste c est la diff rence ils deviennent assez dr les car Marx soutient l inverse Pour lui la science du capital c est la mim sis Toutes les pens es de l autre de la diff rence de l cart sont l envers de la totalit et du mod le ad quatif de la v rit selon Marx Ici le mod le ce n est certes pas la d construction mais plut t l empathie balzacienne Mais pire encore Marx finit par parler de sa m thode dialectique en termes de base et d oppos Comment opposer Hegel une base puisque la notion est clairement identifi e dans la Logique du concept et que pr cis ment la m thode o elle prend place est un cercle c est- -dire une forme qui n a pas d autre contenu qu elle-m me S il n y a que des moments de forme dans la forme comment y opposer une base Le concept h g lien ne rend pas intelligible un retournement de Hegel puisque Hegel est un cercle c est- -dire une base qui redevient une pointe et une pointe qui redevient une base Comment de m me prendre l oppos comme objection Hegel alors que ce dernier est le syst me des oppositions et de leur renversement Mais si d un autre c t le syst me h g lien ne traite que d un ph nom ne de r alit et non de la r alit absolue alors on retombe dans l opposition kantienne entre le ph nom ne et la chose en soi Si Hegel ne produisait qu un syst me de la ph nom nalit il faudrait admettre Kant pour admettre Marx Donc il faudrait repartir de la bourgeoisie du dix-huiti me si cle pour comprendre le capitalisme Or Marx enseigne l inverse le capitalisme ne se comprend qu partir de lui-m me et donc qu partir du XIX me s La fin du texte donne lieu une rechute biologisante avec l invocation du cerveau comme si la r alit venait s imprimer dans la structure neuronale de l homme et que c est elle qui aurait la charge de produire l effet d a priori Cette intervention du cerveau contre la logique de Hegel fut une des armes de Schopenhauer La connaissance repr sentative chez lui n est qu un produit du cerveau qui engendre les structures causales de l illusion ph nom nale La chose en soi n est jamais saisie par le cerveau Marx semble penser le contraire comme si le cerveau pouvait mimer une r alit que toutes les structures de l esprit peinent seulement esquisser On sent ici le subterfuge Mais ce n est pas le subterfuge d un menteur ou d un esprit faible C est le subterfuge de qui n arrive pas en finir avec Hegel DISCUSSION DE L INTERPRETATION SARTRIENNE La recherche en cours sur Marx et le Capital proc de d un double point de d part Tout d abord dans les textes innovants de la Pr face de l dition allemande du Capital Marx pr cise son rapport avec Hegel et reconna t implicitement que cette dette n est pas enti rement pay e Elle ne le sera jamais puisque cause de l inach vement Capital Marx ne fera pas l effort de r diger le texte qu il annonce et qui devait claircir d finitivement ses rapports avec Hegel Les quelques lignes pr cipit es que nous lisons n auront jamais leur pleine lisibilit cause du caract re inabouti du projet D autre part le lien reste faire entre ces mises au point et la critique plus tardive par Heidegger dans la Lettre sur l'humanisme du r le central du motif de la production et du produire dans l humanisme europ en Mais il revient Marx d avoir mis en avant l ontologie du productivisme un tel degr de profondeur et de syst maticit que c est d abord lui qu il faut lire et comprendre pour poser la question d'une rel ve possible l gard du primat de la production Toutes les apories de Marx sont des apories du productivisme et l intelligibilit de Marx est l intelligibilit de la production parvenue sa crise d cisive Il reste que cette entreprise consiste essentiellement en une reprise critique de la conception h g lienne du r el comme effectivit Wirklichkeit L ennemi de Marx est l id alisme il veut en finir avec une repr sentation id aliste de l anthropologie D sormais avec Marx le monde se fait lui-m me Cette nouvelle anthropologie r aliste qui proc de de l agir propre la mati re se veut une mise en question du syst me h g lien et de son rapport la r alit Les diff rents mod les que propose Marx cherchent mettre en uvre ce retournement et posent autant de probl mes d interpr tation Le mod le biologique Marx propose de raconter l histoire de la vie tout fait comme le fait Balzac dans La Com die humaine On sait que dans la Pr face g n rale de l uvre Balzac invoque des mod les biologiques pour penser l'existence humaine et les sciences naturelles lui servent de mod les En un certain sens Marx reprend le projet balzacien et son uvre par sa vocation la totalit peut tre consid r e comme un roman int gral de la vie Le mod le mat rialiste issu de l Antiquit de la vie de la mati re issu de la th se de doctorat de Marx D mocrite tente de ramener les repr sentations des interactions entre des l ments mat riels Marx propose le m me geste que ces mat rialistes antiques mais il substitue des rapports de production en lieu et place des interactions entre des atomes Le principe mat riel n'est pas la r alit neutre qu est l atome mais le rapport de production la fa on dont l homme transforme la nature Marx cherche les l ments d'un activisme d un productivisme o le travail de l homme est l l ment constructeur de l ensemble des repr sentations Mais aussit t acquis ce r sultat peine s accorder avec la pi ce suivante de la th orie marxiste de la connaissance Le concept de mim sis plac e au centre de la m thode de Marx suppose un retournement entre les figures de l'a priori et de l a posteriori dans un dialogue avec Hegel et Kant Chez ce dernier des formes a priori sch matisent des objets l a priori devient le sch me de l exp rience et de l a posteriori Chez Marx la proc dure est inverse il part d un empirisme radical d un a posteriori qui est l tat du capitalisme comme totalit de la modernit et il d veloppe les structures du capital les lois qui le r gissent dont il formule d une fa on rationnelle les l ments constitutifs Se produit alors le mirage d s que nous avons reconstruit intellectuellement les structures du capitalisme il advient un moment de vertige o il nous semble que c est l esprit humain qui les a engendr es Il nous semble que les d veloppements mat riels r sultent de l a priori de la pens e humaine C est un moment de crise int rieure mais aussi de d lice ou d ivresse Nous touchons ici la part d id alisme qui demeure chez Marx sauf qu il est pr sent comme un mirage une apparence transcendantale Cette expression vient de Kant la m taphysique est une pure illusion mais m me quand nous avons d truit cette illusion elle persiste - c est une apparence indestructible De m me chez Marx nous savons que le capital est produit par les rapports de production mais arriv s la th orie compl te du processus nous avons l impression d'avoir produit un a priori susceptible d engendrer le capitalisme Marx conclut alors par le concept de mim sis La fonction de la connaissance humaine dans son mirage a priori est de refl ter dans les concepts les interactions mat rielles r elles Le mirage de l a priori se dissipe quand nous comprenons que nous ne constituons pas le r el mais que nous le reproduisons ou le refl tons Au-del de son dialogue avec Hegel Marx revient ainsi une th orie du reflet proche des Pr socratiques notamment Emp docle C est proposer un retour au mod le de connaissance du m me par le m me On peut dire encore que Marx r investit le concept platonicien de mim sis mais pour proposer une mim sis invers e chez Platon le sensible imite l intelligible chez Marx l intelligible imite les rapports mat riels du sensible Cette th orie du mirage signifie que les philosophes doivent ordonner leurs pens es pour qu elles cessent d tre de pures imaginations mais qu elles ne valent que comme expressions du monde r el Il s'agit de produire des s ries mentales dont la vocation est de refl ter le cours objectif de l histoire Marx n est pas un penseur de la diff rence ou de la d construction mais il reste un penseur de l ad quation Tel est le caract re original du Capital il cherche produire des id es pour refl ter le processus objectif de l histoire C est pourquoi il ressemble La Com die humaine ou la T tralogie de Richard Wagner qui sont des grandes machines id ales dont la vocation est d exprimer la situation historique du monde dans lequel elles ont t cr es Ces difficult s se retrouvent avec des formulations tr s proches dans la Critique de la raison dialectique publi e par Sartre en cf dition critique de plus particuli rement l'Introduction Dialectique dogmatique et dialectique critique Sartre d fend la th se selon laquelle la r volution pist mologique de Marx semble proprement incompr hensible Le Capital semble tre un discours de l immanence qui pr sente le savoir total du capitalisme se d veloppant par ses propres processus et cette dialectique est immanente Sartre parle d un monisme de Marx une seule substance le capital s auto-d veloppe Mais en m me temps Marx par la th orie du mirage d j d velopp e construit son objet scientifique et distingue la science et la r alit La science tend vers la r alit mais elle n est pas la r alit C est l aspect dualiste de Marx il est la fois moniste et dualiste Comment articuler les deux positions Sartre r pond p en fait il est moniste et dualiste la fois Il est dualiste parce que moniste Sartre observe que le marxisme aujourd hui en ne parvient chapper la crise de ses fondements th oriques qu en passant par un moment dogmatique Sous cette forme il est stalinien Sartre d compose le processus en ces termes On pose comme l poque de la philosophie id aliste une assertion la r alit dans sa totalit est dialectique Un intellectuel produit un travail de connaissance consistant enregistrer et analyser le caract re dialectique de la r alit Cette pens e est archa sante elle ne consiste qu enregistrer des oracles Sartre n'y voit pas de la science marxiste mais des interpr tations du destin une conception obscurantiste de la dialectique Le comble de cette conception qui revient soutenir une sorte de th ologie est de finir en une affirmation dogmatique sans preuve qui n est autre que du fatalisme Les tenants de cette position assurent que l histoire est dialectique mais aussi que la nature elle-m me est dialectique - ce qui est un surcro t de dogmatisme Ce marxisme monumental est un mat rialisme dialectique du dehors p Or Sartre pense qu il faut r p ter l op ration de Kant propos de Spinoza Ce monisme substantialiste donna lieu un savoir critique de la connaissance d terminant quels sont a priori les pouvoirs de la raison Kant fit basculer la philosophie moderne du point de vue de la substance au point de vue du sujet Sartre veut faire la m me chose et propose le concept de dialectique critique Son travail consiste produire une uvre critique qui nous lib re du caract re funeste des principes qui gouvernent le marxisme dogmatique Sartre affirme la possibilit de produire un concept critique de la raison dialectique Le crit re de v rit n est pas selon son point de vue le reflet mais la praxis elle-m me La th se de Sartre est que seule la praxis humaine est le vrai crit re de la raison dialectique Dire dans ces conditions que la nature est dialectique est au mieux une hypoth se Il importe de voir comment les hommes agissent dans l histoire et comment en agissant ils produisent la fois n cessit et libert Les hommes agissent suivant des lois n cessaires provenant pour tous d une m me sph re des besoine Nos actes sont ainsi marqu s d un sceau de n cessit car ils expriment les lois n cessaires sous lesquelles nous vivons Le besoin imprime aux actes humains un caract re de n cessit Mais en m me temps les hommes r fl chissent leurs besoins ils les diversifient et entrent en relation avec autrui Il se produit un effet de socialisation de notre besoin un passage du besoin au d sir d un imp ratif de la nature la reconnaissance d autrui Or la fa on dont je n gocie mon d sir avec autrui implique la libert au-del de la n cessit C est la dialectique chez Hegel du ma tre et de l'esclave le rapport autrui est celui de deux libert s mon besoin rencontre la libert d'autrui et fait surgir ma propre libert en reconnaissant la sienne Cette synth se de n cessit et de libert est pour Sartre le sens de l histoire et la v rit de l homme On ne peut dire que le marxisme soit un fatalisme reproduisant le m canisme r el car le monde a un sens l homme est porteur de v rit au-del de l cart entre le fatalisme et le relativisme Par la r f rence la praxis nous pouvons poser ainsi les crit res d'une raison dialectique qui sont la n cessit des processus et la libert comme sens de l homme Je crois pour ma part qu il faut se d barrasser de l illusion de la n cessit dans les affaires humaines Sartre sacrifie encore cette n cessit dans laquelle il donne certes un r le la libert Mais Sartre croit au marxisme scientifique Le marxisme scientifique est une science de l histoire qui manque l histoire Car l histoire n est ne peut tre prise entre libert et n cessit l histoire est al a C est le mythe qui transforme les al as de l histoire en s ries signifiantes Mais l histoire en elle-m me est une suite d al as cosmiques d oscillations pendulaires qui attendent le r cit qui persuadera les hommes que cette succession fut n cessaire Sorel se montrait sur ce point beaucoup plus lucide que les id ologues du Parti Il est vrai qu il limitait son action au syndicalisme r volutionnaire La grosse erreur de Sartre est de maintenir ici une th orie archa que de la science et de se figer dans la croyance en une n cessit objective des processus historiques il veut comme dans les manuels que la science soit n cessaire et universelle Il croit de plus que ce mod le h rit de la science classique peut valoir sans modification dans le contexte des savoirs produits par la sp culation dialectique il croit fermement que les contradictions se synth tiseront n cessairement dans un tat de rang sup rieur Mais en empruntant cette voie il est aussi dogmatique que le stalinisme qu il condamne Il n approfondit pas la valeur de v rit du reflet il suspend une illusion humaniste le d veloppement historique Il r introduit le dualisme dans une connaissance dont toute la force r sidait dans son monisme Aussi devient-il deux fois autoritaire une premi re fois en nous imposant l illusion d une science historique deuxi mement en nous sommant d tre digne de notre libert quelles que soient les conditions objectives dans lesquels nous avons exercer la praxis Entre une contradiction et sa r solution il y a un saut qualitatif que Hegel traite de n cessaire Ce saut qualitatif comporte pourtant un moment al atoire n cessitant mais non n cessaire Le sursaut dialectique Aufhebung est une possibilit mais non une n cessit du monde Il est faux de penser qu il y a des encha nements n cessaires dans l histoire car en v rit il y a des encha nements al atoires qui sont des sauts de possibles C est la m me diff rence entre la physique m caniste et la physique quantique Le reflet marxiste peut tre contenu dans l illusion d terministe Mais il peut tre aussi expressif des al as qui traversent la vie de la mati re C est pourquoi un marxisme profond doit poser le caract re dialectique de la nature elle-m me Le reflet dans sa dimension d extase pr socratique doit remonter jusqu une intuition de la nature La filiation antique du marxisme va jusque l Sartre voque l hypoth se que l on pourrait lire la dialectique marxiste comme un mythe page il ne s agirait en fait que d un reflet mythique comme est aujourd hui le lib ralisme politique Pour viter le dogmatisme dialectique nous pouvons en faire un mythe organisateur Cette voie est pour Sartre la production d une image flatteuse de la modernit qui n acc de pas au v ritable m canisme qui soutient le projet r volutionnaire La position de Sartre est vraie tant que nous croyons la n cessit des r volutions Mais si nous jugeons que l analyse se trompe en n gligeant le saut qualitatif ou en le r duisant la n cessit alors le r el se r v le pour ce qu il est constitu de sauts al atoires de ruptures au sein de la continuit Comment partir de l unifier le r el Les s ries mythiques reconstituent l unit des sauts qualitatifs qui se sont impos s au d triment de l illusion dogmatique de la n cessit Le reflet mythique pour Sartre consiste donner une image de la r alit sans acc der la pratique Sartre continue videmment le projet critique des Lumi res Mais la vraie critique consiste non pas d senchanter le monde mais montrer que le monde ne vit que d enchantements Le mythe consiste en s ries mentales capables de produire des unit s l o il y a des discontinuit s Par rapport cette id alit du mythe les rapports de production jouent le m me r le que la Chora dans le Tim e de Platon de purs soubresauts de la n cessit La forme ne r side jamais que dans le monde des id es Malgr son anti-platonisme visc ral Marx d signe pourtant ce processus final dans l id e de l autor flexion du capital se d couvrant puissance sociale Le mythe produit des narrations qui restituent une continuit l o l al a a perc au point de bouleverser l histoire Par exemple Michelet est face aux al as historiques qu on appelle R volution fran aise et il essaie de montrer que l esprit du peuple est le mythe organisateur qui surmonte ces ruptures Les grands cr ateurs enregistrent le caract re al atoire de l histoire et non sa n cessit et ils produisent une narration de r organisation et d unification Et ce sont souvent les grands artistes qui remplissent cette fonction - Le plus grand probl me pour nous l heure pr sente tient au fait que les narrations esth tiques d clinent donc nous cherchons des mythes organisateurs dans les religions ce qui produit le fondamentalisme Nous cherchons dans un Dieu communautaire un boucheur d al as ce qui fait revenir un nouveau dogmatisme Bref il n y a jamais de mythe sans pens e de l al a et ce qui fait la diff rence du mythe et du dogmatisme c est la persistance dans le mythe de l al a que cet al a soit le g nie du peuple la mal diction de l or ou la puissance r volutionnaire des masses Il existe une solution alternative qui consiste recourir au coup d tat pour transformer notre avantage l al a de l histoire Telle est l'action de L nine mais lui-m me croyait accomplir les lois n cessaires du marxiste C est pourquoi il a t impitoyable avec le gauchisme Il me semble que les gauchistes actuels savent parfaitement qu il n y a pas de n cessit dans l histoire ils veulent seulement un coup d tat minoritaire quand bien m me il se produirait au nom des masses ce que l Action fran aise soutenait aussi quand elle disait en politique la seule b tise c est le d sespoir r duisant sa politique cette phrase sibylline si le coup de force est possible Le gauchisme est un subjectivisme droitier mu par des raisons sentimentales le l ninisme est une imposture scientifique qui sait attendre son heure Entre les deux l auteur du Capital t moigne ni pour l un ni pour l autre Il s identifie tellement l tat des forces en pr sence qu il entre dans la conscience d une puissance sociale inconnue et finit par oublier la conclusion r volutionnaire qu il promettait En traitant p - de la synth se entre n cessit et libert Sartre rencontre le probl me h rit de Engels de la dialectique de la nature La dialectique v ritable r side dans la praxis mais nous pouvons tendre ses propri t s la nature Mais comme il n y a pas de praxis de la nature ce sera un savoir simplement analogique de la dialectique comme si la nature r pondait des lois dialectiques Ce n est pas une dialectique d terminante mais une dialectique r fl chissante au sens de Kant Sartre sait bien que l h g lianisme pose l'identit de l tre et de la raison dans un Savoir absolu ce qui d passe le dualisme kantien Mais pour Sartre la grandeur de Marx est de se tenir l id e que cette galit entre la raison et l tre est une tendance mais non un r sultat C est pourquoi on peut soutenir la fois le primat de l tre sur la pens e et la praxis comme crit re de v rit Chacun peut voir comment cette conciliation qui favorise l activisme sartrien tout en maintenant l orthodoxie marxiste nous s pare des propositions les plus troublantes du Capital pour la simple raison que la praxis sartrienne revient introduire une transcendance subjective dans le processus r el qui contredit l autor flexion du capital la d couverte propre de l ouvrage de m me nom Le noyau rationnel est pour Sartre la praxis mais pour Marx le capital lui-m me Ce d placement d accent dit tout La conscience du capital devient la conscience des masses du parti des intellectuels que sais-je mais la structure du savoir absolu capitaliste chappe Et elle s chappe parce que le moment mythique de l histoire est manqu La praxis se substitue lui c est- -dire une production du sujet par lui-m me Mais le marxisme enseigne que c est le capital qui fait le sujet jamais la libert Ainsi la pens e du capital revient-elle favoriser la belle me de la bourgeoisie lib r e entre Simone de Beauvoir et Fran ois Sagan dont Sartre se retrouve finalement le porte-parole Mieux vaut ici demander la v rit de Marx Picasso ou Pignon plut t qu aux lites de l existentialisme Marx Hegel et la m thode dialectique suite Il nous reste revenir au point pr cis o nous en tions rest s dans la lecture de la Pr face de la seconde dition allemande Ce sera la suite des mises au point sur Hegel malgr le renversement revendiqu de Hegel il faut encore et encore y revenir C est l heure de la fid lit dans le renversement Cette fid lit est l nigme de Marx nul doute qu elle ne puisse tre puis e par les dualit s sartriennes Du cerveau matrice de reflets de la science mat rialiste nous en venons ainsi la r habilitation de Hegel malgr ses liens troubles avec la mystique C est l poque de la critique par Marx de la Philosophie du droit J ai critiqu le c t mystique de la dialectique h g lienne il y a pr s de trente ans une poque o elle tait encore la monde Le Capital p Comme je l ai dit il y a une puissance de la mystique condition qu elle soit reconduite sa puissance r elle de production Mais juste au moment o j laborais le premier livre du Capital les pigones grincheux pr tentieux et m diocres qui tiennent actuellement le haut du pav dans l Allemagne cultiv e se complaisaient traiter Hegel de la m me mani re que du temps de Lessing Moses Mendelssohn avait trait Spinoza savoir de chien crev Aussi me suis-je ouvertement d clar disciple de ce grand penseur et dans le chapitre sur la th orie de la valeur j allais m me jusqu flirter et l avec son style particulier Le Capital p ce passage supprim selon les modalit s ditoriales d j nonc es suit en fait la page La m diocrit c est l historicisme allemand le recours de l humanisme au fid isme mais aussi le positivisme sans logique venu de France Face ces tentations qui r sument l id ologie allemande avec ce m lange d outrance et de platitude qui la caract rise Marx d fend Hegel comme il fallut jadis d fendre Spinoza Marx est la fois fid le Hegel et poursuit la r habilitation de Spinoza Nietzsche et Marx semblent ici solidaires face au cas Spinoza Il n y a pas de pens e sans Spinoza surtout quand il faut mettre en sc ne l autor flexion que la substance donne d elle-m me Mais comment Hegel est-il revenu dans le discours de Marx Par hasard Pour la m thode de l laboration j ai tir grand profit en feuilletant une fois de plus par un pur hasard la Logique de Hegel Freiligrath avait trouv quelques volumes de Hegel qui avaient appartenu Bakounine et m en avait fait cadeau Si un jour j ai de nouveau le temps pour ce genre de travaux j aurais grande envie de rendre accessible au sens commun en deux ou trois feuilles d impression le contenu rationnel de la m thode que Hegel a d couverte mais qu en m me temps il a envelopp e de myst res Le Capital page note lettre de Marx Engels dat e du Un coup de d mallarm en a mis Hegel sur le chemin de Marx Trois pages auraient suffi pour en finir avec les ambigu t s de ce retour Mais ces pages ne seront jamais crites Le myst re restera donc entier Il faudra choisir ou la dialectique avec son myst re ou le positivisme avec son aveuglement Nul doute que ce myst re inexpugnable fait partie de l attrait de Marx La dialectique gardera jamais son c t obscur pr cis ment cette puissance de saut par rapport l tat des forces en pr sence qui appartient plus la fulguration de l instant qu aux lois du n cessaire Marx fut conscient du risque que Hegel repr sente Or ce risque ne tient pas proprement parler l id alisme du syst me h g lien il tient plut t l apparence de flatterie accord e au pouvoir en place l h g lianisme pourrait tre pris pour une simple science de l affirmation Mais ce malentendu vient de ce que les gens ne savent pas lire La v rit de Hegel n est ni l affirmation ni le soutien au pouvoir en place mais l intelligence de la destruction n cessaire de ce monde Sous son aspect mystique la dialectique devint une mode en Allemagne parce qu elle semblait glorifier les choses existantes Sous son aspect rationnel elle est un scandale et une abomination pour les classes dirigeantes et leurs id ologies doctrinaires parce que dans la conception positive des choses existantes elle inclut du m me coup l intelligence de leur n gation fatale de leur destruction n cessaire parce que saisissant le mouvement m me dont toute forme faite n est qu une configuration transitoire rien ne saurait lui en imposer parce qu elle est essentiellement critique et r volutionnaire Le Capital p et En se posant en Hegel renvers redress le dialecticien Marx n a gu re d voil comme il l affirme dans la version allemande de cette postface le noyau rationnel que la dialectique h g lienne cache sous son enveloppe mystique Le Capital page note relative la p Hegel bien lu est en r alit une puissance de destruction de l ordre en place Il dispose d un pouvoir double critique et r volutionnaire M me id aliste Hegel reste d abord l entr e en sc ne d une n gativit sans gale C est une chose d en proposer les renversements les plus divers et peut- tre les moins coh rents c en est une autre d en manquer l enseignement radical C est pourquoi il n y a pas d am nagement kantien avec Hegel n en d plaise Sartre et tant d autres interpr tes bien intentionn s il n y a que Hegel qui conduise au noyau rationnel du marxisme La critique du syst me ne lui est pas ext rieure mais int rieure et appartient sa propre emprise sur le savoir C est faute de cette exigence de fid lit Hegel que nombre de lectures de Marx aussi novatrices soient-elles se mettent d embl e hors jeu et entrent dans l insignifiance Car il ne s agit pas tant de tirer du sens de Marx ce qui est la port e de tout observateur venu mais de proposer un sens qui puisse subir en int gralit la loi du syst me Or cette loi n est pas d abord de libert ou de praxis elle est de destruction et de r volution L erreur de Bergson Dans Les deux sources de la morale et de la religion page en GF Bergson rencontre la fin de son uvre les arguments qui sont les n tres dans ce travail sur Marx Apr s avoir surmont de nombreux probl mes conceptuels avec une cr ativit majeure voici soudain qu il fait des faux-pas sur la question de l argent et du rapport social de production Il n int gre pas la le on de Marx il reste des na vet s impardonnables pour quiconque lit Marx Si nous essayons de ne pas tre surpris par les m mes na vet s pouvons-nous produire une philosophie aussi riche et cr atrice que celle de Bergson Nous sommes pour notre part face des lucidit s qui peinent se donner une organisation cr atrice de concepts Ces lucidit s sont tellement am res et radicales que les lans du spiritualisme ne nous consolent gu re Pourtant Bergson est tr s la mode A ses c t s la France philosophique se flatte d avoir encore un avenir Dans les pages pr c dents le passage que nous allons lire Bergson analyse intelligemment la Renaissance Elle fut la conjonction entre un lan vital la cr ativit de l humanisme et une discipline g om trique m canique l invention de la machine Elle est un Janus qui porte d un c t la question de l esprit en tant que cr ateur et de l autre c t la r p tition de la production dans la machine L auteur value la f condit de la Renaissance et les risques occasionn s par ce machinisme La Renaissance pass e une fois le romantisme d pass nous arrivons au vingti me si cle et il faut tenir un discours intelligent sur notre rapport au travail et nous demander si nous ne sommes pas ali n s par ce travail On a reproch aux Am ricains d'avoir tous le m me chapeau Mais la t te doit passer avant le chapeau Faites que je puisse meubler ma t te selon mon go t propre et j'accepterai pour elle le chapeau de tout le monde L n'est pas notre grief contre le machinisme Sans contester les services qu'il a rendus aux hommes en d veloppant largement les moyens de satisfaire des besoins r els nous lui reprocherons d'en avoir trop encourag s d'artificiels d'avoir pouss au luxe d'avoir favoris les villes au d triment des campagnes enfin d'avoir largi la distance et transform les rapports entre le patron et l'ouvrier entre le capital et le travail Tous ces effets pourraient d'ailleurs se corriger la machine ne serait plus alors que la grande bienfaitrice Il faudrait que l'humanit entrepr t de simplifier son existence avec autant de fr n sie qu'elle en mit la compliquer Les deux sources de la morale et de la religion GF p - La spiritualit perce travers les conditions mat rielles comme la t te sous le chapeau Ce mod le est la reprise de Rabelais de Montaigne mieux vaut avoir la t te bien faite que bien pleine La culture de la Renaissance fran aise est pr sente dans cette revendication Bergson n en conteste pas moins la modernit il a un grief contre le machinisme Il propose le retour la cr ativit humaine contre la r p tition de la machine Il rencontre alors la question des besoins du rapport entre la ville et la campagne du rapport entre le patron et l ouvrier du rapport de production et de domination dans le travail Il arrive notre propre probl me le capital et le travail Son discours est celui du r formisme moyennant des adaptations techniques et une r forme spirituelle le machinisme moderne pourrait devenir la chance de l humanit Qu en dirait Marx L id e de correction En lieu et place de la correction de Bergson Marx avance le concept de r volution Au lieu de corriger des exc s il faut renverser la superstructure qui dissimule les rapports de force Le mod le th orique majeur de Marx est le renversement pas la correction La correction est une conception bourgeoise de l adaptation progressive par am nagements successifs des rapports de classe Pour Marx ces derniers sont fondamentalement p trifi s non susceptibles d'am nagement comme le veut le r formisme bourgeois Marx y oppose la discipline r volutionnaire Pour Bergson la machine est une bienfaitrice qui lib re l homme de longues journ es de travail Marx partage ce motif En fait sa conception du travail connait plusieurs phases Il pense d abord dans les Manuscrits de que le travail permet l homme de s exprimer qu il est la dimension d un humanisme cr ateur permettant de d finir l essence de l homme Ensuite dans les Grundrisse Marx per oit le travail comme une souffrance impos e par la productibilit capitaliste la r volution socialiste communiste doit nous en lib rer par l automatisation int gr e dans la production Enfin dans le Livre III du Capital la machine a l effet technique de limiter la journ e de travail En somme Marx volue dans sa conception du travail il est tant t positif tant t n gatif avec enfin une position d quilibre On retrouve ces phases chez Bergson mais sans aucune consid ration de la lutte de lib ration par rapport aux propri taires des moyens de production Bergson parle dans l abstraction de la bienfaisance de la machine en g n ral sans les conditions historiques pour que la machine devienne effectivement bienfaitrice Son texte devient non faux mais partiel Bergson remet la cr ativit du temps humain la m tamorphose que Marx n engendre qu aux travers des contradictions sociales C est la violence qui fait la diff rence de ces discours Bergson s attache au devoir- tre qu une philosophie morale intime l tat et l humanit sans consid ration approfondie des forces r elles en jeu dans ce il faudrait Est-ce un souhait purement thique Ou dispose-t-on d j de moteurs vivants pour conduire sa r alisation Un moteur appara t au c ur du dispositif de Bergson celui de la fr n sie il faut y entendre sur un mode qui comporte sa part d inconscient la mobilisation de tout l lan vital de toute la cr ativit de la vie l implication de la dynamique vitale dans le travail et dans la peine qui lui est associ e L humanit fut fr n tiquement compilatrice elle doit devenir fr n tiquement simplificatrice Marx ne porte aucune revendication thique mais d ploie un m canisme jug n cessaire de l histoire - ce qui est encore la conviction profonde de Sartre qui juge la transformation de la condition humaine au nom des lois n cessaires de l histoire C est une prise de conscience du moteur effectif de l histoire dans ses lois n cessaires - sans thique revendiqu e La simplification laquelle Bergson appelle est la d croissance le retour des besoins plus naturels une moindre consommation - ce qui demeure dans un horizon de contr le de la surproduction capitaliste Marx envisage la solution non comme une sous-production ou une d croissance mais par une surproduction socialiste bas e sur la planification il s agit de la mise en oeuvre d une production pouss e tellement loin que la pens e elle-m me devient production Marx g n ralise tout acte humain le mod le de la production tandis que pour Bergson le r el depuis la Renaissance est fait de deux visages de production machinique et d lan vital Le vitalisme sert d alternative au productivisme tandis que le mod le de Marx demeure le recours la seule production pour endiguer la menace de la nature et lib rer un espace pour l humain Bergson est l exemple des id es de la bourgeoisie des ann es Mais la guerre de fut-elle une correction ou une crise si effroyable qu elle montre la contradiction du syst me Conduisit-elle une ma trise r elle de moyens de production Non elle les a d cha n s d brid s absolutis s Il n est que trop clair que c est plus encore que dans sa th orie du machinisme dans sa th orie de la guerre que Bergson est faible La fr n sie n a gu re t sond e dans ses principes et ses cons quences Mais d un autre c t les objections marxistes ont videmment leurs limites limites pist mologiques on l a vu mais limites m me du monisme productiviste qui rencontre aujourd hui la protestation de la terre Ne pouvant nous tenir du c t de Bergson nous mesurons que la conscience r flexive du capitalisme pr n e par Marx conduit une rencontre incontr lable entre l exacerbation de la lutte des classes et l puisement de la terre Notre propre situation est peut- tre rendue plus grave par l puisement des mod les de pens e que par la gravit des circonstances r elles Elle ne peut faire obstacle cependant au travail en cours qui peut pr tendre au moins au titre d une lecture esth tique du Capital La critique de la mystique au nom de l agir Nous avons vu que le mod le th orique du Capital consiste en un renversement de Hegel en l abolition de son c t mystique Le marxisme est une pens e radicalement a-mystique une destruction de cet l ment mystique que Bergson pr cis ment ne cessera de tenter de restaurer Le marxisme n est pas seulement un mat rialisme c est une th se ontologique n existe que la mati re et ses processus immanents mais il se veut aussi une critique s exer ant contre les illusions mystiques des soci t s Pour arriver au bout de cette critique de la mystique il faut conqu rir un autre concept au centre du dispositif le f tichisme Le r el est voil par la mystique parce qu il est f tichis La mystique n est qu une superstructure son d faut de fonctionnement ne r side pas en elle dans sa propre production mais tient au fait que c est le f tichisme qui est le concept op ratoire construisant ses illusions Le f tichisme prend pour une chose ce qui est en fait un r sultat Il manque l'activit qui r side l int rieur d une substance c est voiler dans une consid ration de l tre la r alit de l agir qui active cet tre La critique du f tichisme chez Marx d c le un agir derri re un tre Contrairement Heidegger qui part de l agir et va vers l tre Marx part de l tre comme r alit mystique pour d celer l agir se tenant derri re lui Cet clatement de l tre sous la pression de l agir vient de Fichte la revendication d un agir plus vrai que l tre est une conqu te de Fichte que Marx reprend int gralement Sauf que chez Fichte Introduction La Doctrine de la science l agir qui est au c ur de l tre et que voile l illusion de l tre est celui du Moi du sujet transcendantal kantien qui s oppose au Non-moi Fichte a d couvert que la constitution de l exp rience par le sujet transcendantal est un agir propre C est de cette irruption du pratique dans le th orique que s empare Marx Pourtant chez lui le primat de l agir ne repose pas sur le principe actif du Moi mais sur celui que constituent rapports de production dans la soci t La subjectivit active donnant lieu la critique du f tichisme n est pas celle de l individu connaissant mais de la soci t toute enti re en tant qu elle est engag e dans un proc s de production Le sujet de Marx est un sujet social en termes sartriens c est un sujet total une subjectivit comme masse et comme besoin des masses L id e ficht enne de l individu comme principe structurant et comme tel agissant est rejet e par Marx au rang d une illusion individualiste bourgeoise La pens e individualiste bourgeoise est toujours de croire que le Moi est actif Pour Marx ce n est pas le Moi mais le rapport de production par des masses qui est actif Les tats d me des subjectivit s ne sont pour les marxistes que des effets tardifs de la puissance des corps sociaux des illusions terminales d un processus dont la v rit est le rapport social Il faut ainsi revenir de l'esth tique de la subjectivit la productivit des masses J aimerais cependant poser quelques questions ces certitudes En admettant qu il faille proc der une v ritable inversion des illusions mystiques de Hegel cette inversion n est-elle pas au fond elle-m me une mystique La passion de l inversion n est-elle pas aussi une mystique La Table d meraude rappelle tout ce qui est en haut es comme ce qui en bas et que tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut Depuis la fin de l Antiquit l herm tisme poss de des propositions lumineuses et riches proposant l'inversion entre le haut et le bas et Hegel lui-m me n est pas sans relation avec ces traditions de l sot risme occidental De telles proc dures d inversion sont la base d une spiritualit de la rotation et de la r volution laquelle passe par la magie l orgie la sexualit - par des pratiques de transgression en vue de l inversion Rabelais fonctionne sur ce principe d inversion La lecture de Rabelais par Bakhtine l a assez montr La mystique suppos e de Hegel renvers e ne devient-elle pas une mystique encore plus initiatique donnant lieu une v ritable conversion myst rique Le marxisme serait une forme de magie par le sch me m me de l inversion comme s il y avait un d sir alchimique dans la r volution marxiste Certes cette alchimie co ta cher vingt millions de morts Les pratiques invertissantes sont des pratiques sacrificielles et tout le vingti me si cle est conduit par cette pouss e sacrificielle Et Marx y apporte sa contribution avec la th orie de la n gation de la n gation N gation et n gation de la n gation Nous avons vu Marx soutenir la puissance critique de l h g lianisme Marx ne s arr te pas cette prise de partie Il se donne des vue proph tiques sur l avenir Le mouvement contradictoire de la soci t capitaliste se fait sentir au bourgeois pratique de la fa on la plus frappante par les vicissitudes de l industrie moderne travers son cycle p riodique dont le point culminant est la crise g n rale D j nous apercevons le retour de ses prodromes elle approche de nouveau par l universalit de son champ d action et l intensit de ses effets elle va faire entrer la dialectique dans la t te m me des triporteurs qui ont pouss comme champignons dans le nouveau Saint-Empire germano-prussien a a La postface de la deuxi me dition allemande est dat e du f vrier et ce n est que quelque temps apr s sa publication que la crise qui y est pr dite clata en Autriche aux tats-Unis et en Allemagne Beaucoup de gens croient tort que la crise g n rale a t escompt e pour ainsi dire par ces expositions violentes mais partielles Au contraire elle tend son apog e L Angleterre sera le si ge de l explosion centrale dont le contrecoup se fera sentir sur le march universel Le Capital pages et Bergson pensait en termes de correction Marx assiste une explosion - si proche de Nietzsche qui se voulait une bombe sur le point d' clater La dialectique s empare des situations acquises et annonce un bouleversement absolu Cette pr diction va embraser le monde Elle avait pourtant ses racines chez Hegel Marx le sait La forme tait l tre chez Aristote car elle tait l acte du compos Mais dans la pens e dialectique toute forme est toujours une forme faite elle contient en elle un agir qui est le mouvement m me de la cat gorie L tre n est qu un bourgeon terminal de l activisme originaire Les id ologues doctrinaires d testent Hegel notamment les repr sentants de la pens e lib rale moderne Les lib raux pensent que tout est n gociation m diation conciliation alors que le concept h g lien repose sur des conflits conduisant des violences La dialectique h g lienne est profond ment li e un d chainement de la violence Les id ologies lib rales d testent Hegel qui rappelle que la substance est d chir e que le r el est violent et conflictuel Le lib ralisme cherche le repos dans les invocations thiques ou les sp culations sceptiques sur la logique et la th orie de la connaissance En somme tout sauf Hegel On craint Hegel On y voit celui qui permit Marx de construire son syst me ce qui est vrai qui tua vingt millions de personnes Il faut interdire Heidegger qui est nazi et Hegel qui est dialectique ce rythme l Platon est vis Il nous reste entrer dans le concept le plus d cri de Marx la n gation de la n gation Il appara t dans la conclusion du livre I L appropriation capitaliste conforme au mode de production capitaliste constitue la premi re n gation de cette propri t priv e qui n est que le corollaire du travail ind pendant et individuel Mais la production capitaliste engendre elle-m me sa propre n gation avec la fatalit qui pr side aux m tamorphoses de la nature C est la n gation de la n gation Elle r tablit non la propri t priv e du travailleur mais sa propri t individuelle fond e sur les acqu ts de l re capitaliste sur la coop ration et la possession commune de tous les moyens de production y compris le sol Le Capital p et L uvre s ach ve comme elle a commenc par des pr dictions La premi re phase du capitalisme est pens e par le concept h g lien de n gation Le capital exproprie les petits propri taires en tendant les grands domaines agricoles en invitant les ouvriers quitter la terre pour venir travailler en ville autour des usines Le capitalisme est une violence qui repose sur le concept de n gation Mais apr s avoir t expropri s et contraints au travail l'usine les ouvriers en cr ant des conflits sociaux produisent une rupture au sein du d veloppement continuel du capitalisme Cette n gation de la n gation est le ressort ultime du marxisme face aux tenants d un capitalisme adaptatif Cette loi proclame Marx est aussi certaine que les lois de la nature C est la loi de la pesanteur sociale Sartre avait-il lu ceci Quand il soutient que la dialectique proprement dite n a de sens que dans le monde de l histoire dans le monde humain et qu elle ne s tend que sur un mode primitif et non d velopp dans la nature il est aux antipodes de ce genre d assertion Pour Marx la n gation de la n gation ob it des lois de d veloppement identiques aux m tamorphoses de la nature Le mot de m tamorphose et non loi est ici un hommage G the qui pense la nature comme ensemble de m tamorphoses C est le moment le plus avanc de l ontologie de Marx et elle s annonce pas une r ciprocit la nature elle aussi produit et se contredit pour devenir et les contradictions de la production humaine sont aussi n cessaires que les contradictions de la nature Cette supr me r conciliation de l tre et de la pens e est le moment m taphysique de Marx Il n est pas si loign de la Philosophie de la nature de Schelling Naturellement la praxis de Sartre ne pouvait acc der ce genre d intuition intellectuelle Cette n gation de la n gation deviendra pour les gauchistes de la destruction de la destruction l un des grands slogans de l poque Marx quant lui en reste un mode logique dans sa formulation et cherche plut t le lien avec la nature qu avec les mouvements spontan istes c est pr cis ment la diff rence entre Marx et le Quartier latin Non pas que Marx n ait pas lui aussi son utopie le communisme communisme qui avant d tre marxiste est d abord la vague attente de tous les peuples et de toutes les poques le tremblement m me de l histoire dans ses poques les plus troubl es la rencontre entre l insurrection de l esclave antique le mill narisme m di val et les hallucinations des paysans anabaptistes de la R forme C est en v rit un point vraiment difficile de l histoire de la pens e que de comprendre comment l analyste implacable qu est Marx cet h g lien redoutable cet historien impeccable a pu se laisser entra ner par la pens e libertaire issue de la R volution fran aise Comment un babouvisme peine m ri a-t-il pu prendre la place du Savoir absolu dans la nouvelle ph nom nologie de l esprit social qu il construisait Comment a-t-il pu l issue d une longue critique de toutes les d viances du socialisme la fran aise ainsi que de ses reprises par la dialectique allemande se pr tendre l id ologue d un communisme scientifique La puissance sociale du capitalisme se d veloppe-t-elle selon des lois n cessaires non seulement de la production la crise mais de la propri t priv e des moyens de production un communisme galitaire Ce Marx communiste est la maladie infantile du Capital Il est au centre des premiers grands crits en particulier de l Id ologie allemande de Elle n appara t ensuite que par bouff es dans le Capital notamment dans la conclusion comme dans l introduction Il n est pas s r qu elle appartienne l intelligibilit du livre tout entier Le credo socialiste auquel conduit le motif de la n gation de la n gation a de quoi faire trembler il ne s agit pas de restituer les moyens de production aux travailleurs contre les accapareurs mais une forme de propri t individuelle conc d e sous la raison d une possession commune autrement dit de la dictature du prol tariat et de l Etat totalitaire Plus libertaire le trotskisme demandera ce que soient restitu s au travailleur ses propres moyens de production Mais quel sens aura cette propri t passera-t-elle de l Etat au syndicat r volutionnaire et faudra-t-il pour chapper la dictature de la police d Etat ob ir la dictature de l atelier ou du Comit des f tes Toutes ces formules ont t essay es elles ont balanc entre le ridicule et l odieux c est pourquoi les capitalistes font toujours la f te sur le pont du Titanic Mais le texte ajoute un d tail atroce y compris le sol Cette mise en commun du sol fut l' chec du communisme qui a voulu imposer l agriculture des mod les de production et de possession n s dans les usines Et les paysans qui sont des tres mythiques et non des tres productifs voulurent garder leurs terres au prix de leur sang Cette pr tention de mise en commun du sol conduisit aux abjections que l'on sait en Russie en Roumanie tout particuli rement l limination des koulaks le moment le plus d chirant de l histoire du vingti me si cle L analyse du capital qui est un objet scientifique se transforme ici en un pr cipit de violence presque sans liaison avec le reste du livre basculant sans transition dans les principes les plus tyranniques - non comme les socialistes de sur le mode du r formisme et des conseils d mocratiques mais travers la duret m me de la n gation de la n gation Ce qui n a plus rien voir avec ce qui s appelle aujourd hui socialisme sans doute une question de logique Se pose ici un probl me de textualit La conclusion finale du Capital de c'est- -dire de la derni re uvre publi e de Marx n est pas propre ce livre mais elle est d coup e et emprunt e au Manifeste du parti communiste publi en Marx livre en son uvre scientifique aux promesses ant rieures de Continuit exemplaire ou obscurcissement des finalit s de l uvre Comment cet homme qui a produit un travail acharn pour comprendre le m canisme du capitalisme semble pour finir manifester une certaine l g ret dans l analyse parall le des promesses proph tiques qu il fait Ce n est ici ni un approfondissement des rapports des paysans avec leurs terres ni une tude sur le sens d une r volution apr s Marx fonde ses esp rances r volutionnaires sur la r volution pr c dente En le syst me bancaire permettant au capitalisme de se d velopper n existe pas Le syst me bancaire et celui du cr dit sont b tis en France par Napol on III Le capitalisme est en situation de production maximale partir de la chute de Napol on III Et voici que Marx propose les m mes id aux mystiques n gation de la n gation propri t commune des moyens de production et pourquoi pas un certain rousseauisme sur la base d une promesse formul e avant la constitution du syst me bancaire moderne Je renvoie ici aux remarques ant rieures sur la dette publique la crise moderne n est plus celle de la production mais du syst me bancaire La crise passe de l introduction de la machine aux rapports de production dans l usine pour devenir enfin une crise du syst me bancaire Mais l analyse du syst me bancaire dans ses rapports avec l id e de socialisme n est pas produite dans le Capital livre I Ce livre est aussi extraordinaire qu incomplet et pour cela tr s dangereux il donne un verdict sur la r alit d une profondeur inou e tout en ouvrant sur un champ d esp rances presque n glig L ouvrage finit par la date de O est le mat rialisme scientifique dans cette r gression Marx Vico Darwin Je voudrais maintenant approfondir le rapport entre les lois sociales et les lois de la nature partir d une note en apparemment sans cons quence mais qui permet de mesurer contre les approximations id alistes de Sartre quel point Marx a voulu saisir dans un m me mouvement les deux sph res de l objectivit Une histoire critique de la technologie ferait voir combien il s en faut g n ralement qu une invention quelconque du XVIII me si cle appartienne un seul individu Il n existe aucun ouvrage de ce genre Darwin a attir l attention sur l histoire de la technologie naturelle c est- -dire sur la formation des organes des plantes et des animaux consid r s comme moyens de production pour leur vie L histoire des organes productifs de l homme social base mat rielle de toute organisation sociale ne serait-elle pas digne de semblables recherches Et ne serait-il pas plus facile de mener cette entreprise bonne fin puisque comme dit Vico l histoire de l homme se distingue de l histoire de la nature en ce que nous avons fait celle-l et non celle-ci La technologie met nu le mode d action de l homme vis- -vis de la nature le processus de production de sa vie mat rielle et par cons quent l origine des rapports sociaux et des id es ou conceptions intellectuelles qui en d coulent L histoire de la religion elle-m me si l on fait abstraction de cette base mat rielle manque de crit rium Il est en effet bien plus facile de trouver par l analyse le contenu le noyau terrestre des conceptions nuageuses des religions que de faire voir par une voie inverse comment les conditions r elles de la vie rev tent peu peu une forme th r e C est l la seule m thode mat rialiste par cons quent scientifique Pour ce qui est du mat rialisme abstrait des sciences naturelles qui ne fait aucun cas du d veloppement historique ses d fauts clatent dans la mani re de voir abstraite et id ologique de ses porte-parole d s qu ils se hasardent faire un pas hors de leur sp cialit Le Capital p note A Cette note prend rend hommage Vico dont Karl Marx se pr sente comme l'un des successeurs Elle parle aussi de Darwin C est l'un des textes le plus pr cis dans l tablissement de ce que Marx appelle les lois de la nature Le lien entre naturalisme et mat rialisme se trouve parfaitement explicit dans cette note qui doit tre lue avec la plus grande attention Cette note se greffe dans le cours d une analyse de l outil et de la machine Ce texte est aussi pr cieux pour la lecture d tre et temps propos de la th orie de l outil o Heidegger tente de r pondre au nom d un artisanat tr s suspect l analyse de la production industrielle C est ici qu on voit quel point Sein und Zeit est une r ponse syst matique Marx jusque dans le concept de producere et la critique de l agir causal au profit d un agir d accomplissement On ne peut pas lire Heidegger sans Marx ni Marx sans Heidegger et notre t che est de d passer un point de vue frontal Marx met en avant l importance de l histoire critique de la technologie L uvre de Gilbert Simondon toute enti re r pond cette ligne du texte La philosophie de la technologie a une dette l gard de Marx Elle n entre pas pour autant dans la logique d monstrative du marxisme Marx refuse le concept d inventeur bourgeois il ne veut voir que l action de groupes pris dans un rapport de production Contre ce qu assure Bergson la vie elle-m me est enr l e par la production Marx introduit le concept de production au sein d un dispositif d analyse de la vie Dans la querelle entre le vitalisme et le r ductionnisme il trace une troisi me voie Il n est pas vitaliste car il pense la vie comme production Il n est pas non plus r ductionniste car il ne pense pas que les choses se produisent m caniquement par la cause et l efficace Le concept organisateur permettant la vie de se d ployer comme telle est la production elle surmonte les apories de l opposition entre vitalisme et r ductionnisme Puis Marx veut tre une sorte de Darwin des soci t s Il cherche mettre en uvre une analyse des technologies sociales commencer par la charrue le tissage etc d finies ici comme base mat rielle C est l que r side la v rit des repr sentations sociales il en appelle une histoire de la technologie comme base de l'humanisation C est un geste mat rialiste au sens o Marx esp re trouver dans la technologie un moyen de passer de l tre la pens e Vico entre alors en sc ne Selon l enseignement de la Scienza nuova avons fait l histoire sociale et non celle de la nature nous pouvons donc mieux comprendre l histoire que la physique C est une citation exacte de Vico Marx ayant lu l dition fran aise Vico soutient deux th ses que Marx pr suppose ici Il faut sortir d une conception contemplatrice de la v rit elle n est pas un tre mais un faire Il

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