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Textes theoriques et critiques.docx

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Contributor: DetroitRed
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LITTERATURE TEXTES THEORIQUES ET CRITIQUES Partie I Qu'est-ce qu'une uvre litt raire Chap Sp cificit du texte litt raire Ds lign e des gds crivains du e vou s au culte de l'id al et du beau on a lgtps voqu les qualit s formelles condition de la survie de l'oe litt raire appartenant au domaine esth tique celle-ci ne se laisse d finir que c une forme parfaite produit d'un travail artistique A ce titre elle est oppos e aux crits qui visent une fin utilitaire notamment la connaissance scientifique Lanson Le dvlpt des sciences du langage a permis de d passer cette d finition trop g n rale en prenant en compte la nature particuli re de la communication litt raire Jakobson Ds cette perspective la sp cificit linguistique de la litt par rapport aux autres arts est de constituer un signifiant second Barthes uvre seconde le discours litt raire peut ainsi d noncer les repr sentations id ologiques que v hiculent le langage ordinaire Macherey Mettant l'accent sur l'interaction fondamentale pour tte uvre litt raire entre sa structure et son destinataire la th orie de la r ception pr sente une nvle conception de l' uvre qui ne se r duit pas un texte le r le du lecteur est d terminant Iser Celui-ci confront l'unicit caract ristique de tte uvre est contraint de faire l'exp rience d'un d paysement contrairement la communication ordinaire la communication litt raire ne comporte que deux l ments concrets le message et le lecteur Riffaterre Gustave Lanson la litt rature et la science Auteur c l bre d' tudes sur Bossuet Boileau Corneille Lamartine et d'une c l bre Histoire de la litt rature fran aise GL a fortement contribu au dvlpt de l'histoire litt raire positiviste autour de Expos de vilentes attaques dt celles de C P guy qui accusait la m thode moderne de ne point saisir le texte et de se perdre ds d' interminables consid rations historiques biographiques philologiques il a ensuite t victime du discr dit qu'a jet sur l'histoire litt raire le mvt de retour au texte avec le dvlpt de la linguistique et de la nvle critique ds les ann es Ds un article de intitul La litt rature et la science GL affirme la sp cificit de la litt et r cuse les pr tentions scientifiques de Zola Paradoxalement c'est parce qu'il poursuit un but purement artistique que l' crivain peut saisir et transmettre la v rit de son poque C Flaubert et Val ry L d clare que la forme et le fond sont ins parables et qu'une uvre qui se r duit un message est ss valeur Tel n'est pas le cas des Rougon-Macquart que la critique actuelle ne r duit nullement un t moignage laborieux Les crits de Z font d'ailleurs une large place la personnalit et au projet esth tique de l'artiste Toute id e de roman ou de po me qui n'est pas r alis e en sa forme parfaite n'est qu'un projet ou une bauche d'id e enfin une intention sans valeur Rien n'est plus funeste la litt rature que cette sorte de mat rialisme qui fait subsister l'id e ind pendamment de la forme et qui fait abstraction du travail artistique pour regarder l'objet dans sa r alit physique ext rieure et ant rieure l'art une uvre litt raire n'est pas un document elle vaut par sa forme achev e qui transmet une motion esth tique L' crivain n'atteint la v rit historique qu'indirectement s'il a d'abord satisfait cette exigence artistique Roman Jakobson Essais de linguistique g n rale L'ouvrage a fait conna tre les recherches des formalistes russes qui ont appliqu la litt rature les m thodes d'analyse structurale emprunt es la linguistique Reprenant les travaux de Saussure qui analyse la langue c un syst me de signe dt chacun se d finit n gativement par opposition aux autres J distingue deux modes fondamentaux d'arrangement dans le comportement verbal la s lection et la combinaison Ils constituent respectivement l'axe paradigmatique et l'axe syntagmatique que pr sente le dernier paragraphe de notre extrait La linguistique structurale sur ce mod le et en r action contre les approches historiques esth tiques ou impressionnistes de la litt tudie l' uvre comme une structure verbale relativement autonome ds laquelle les diff rents l ments prennent sens Cette analyse formelle du texte prend pour objet la litt rarit c'est- -dire ce qui fait d'une uvre donn e une uvre litt raire L'article entend esquisser une vue d'ensemble des relations entre la po tique et la linguistique J y rappelle les fonctions du langage le DESTINATEUR fonction expressive envoie au DESTINATAIRE fonction conative un MESSAGE fonction po tique qui fait r f rence un CONTEXTE fonction r f rentielle commun aux deux interlocuteurs un CODE fonction m talinguistique et un CONTACT fonction phatique st aussi indispensables la communication La fonction po tique du langage peut tre d finie d'une fa on purement linguistique ind pendamment de tout jugement de valeur subjectif La fonction po tique projette le principe d' quivalence de l'axe de s lection sur l'axe de combinaison l'art du langage a recours la fonction po tique qui prend en compte les caract ristiques des signes linguistiques la syntaxe la s mantique mais aussi la forme des mots pr sident leur arrangement Roland Barthes Essais critiques RB ds les ann es - a t le champion de la nvle critique du structuralisme contre la critique universitaire de l' poque Critique et V rit Son uvre inspir e par le marxisme la linguistique l'anthropologie a psychanalyse est celle d'un s mioticien la s miotique se d finit c la science des signes qui a pris pour objet la langue Le Degr z ro de l' criture les usages sociaux le r cit Pour B tout est langage le texte et le lecteur aussi plus qu'une critique d finit-il une science du discours qui tentent d'analyser ds l' uvre litt raire fonci rement polys mique des structures des figures le lecteur devenant un producteur du texte R flexion sur le th tre et la litt analyses d'auteurs aussi diff rents que Voltaire ou Robbe-Grillet les Essais critiques refl tent le cheminement de B pdt une dizaine d'ann es de Il situe ses analyses ds la p riode de mont e de la s miologie en pr cisant que ces textes st polys miques et ne doivent donc pas tre r duits l'illustration d'une m thode critique historiquement dat e La nature langagi re de la litt rature appara t pleinement ds cet extrait elle communique en utilisant un mat riau le langage qui a d j pour fonction de communiquer D finie comme un syst me second et parasite du langage elle ne peut renvoyer qu'au langage et non au r el B montre ainsi la sp cificit de la litt par rapport aux autres arts en raison de l'arbitraire du signe la litt n'imite pas le r el contrairement la peinture figurative Mais inversement alors qu'un tableau appara t au premier abord comme art et artifice la litt rature ne se distingue pas toujours de l'usage courant du langage si vous isolez une phrase d'un dialogue romanesque rien ne peut a priori la distinguer d'une portion du langage ordinaire C'est pourquoi certains crivains ont d ni au roman tte valeur artistique cf Val ry Breton Gracq Il y a un statut particulier de la litt rature qui tient ceci qu'elle est faite avec du langage c'est- -dire avec une mati re qui est d j signifiante au moment o la litt rature s'en empare il faut que la litt rature se glisse dans un syst me qui ne lui appartient pas mais qui fonctionne malgr tout aux m mes fins qu'elle communiquer Il s'ensuit que les d m l s du langage et de la litt rature forment en quelque sorte l' tre m me de la litt rature structuralement la litt rature n'est qu'un objet parasite du langage ambitions bien connues du discours litt raire c'est un discours auquel on croit sans y croire car l'acte de lecture est fond sur un tourniquet incessant entre les deux syst mes voyez mes mots je suis langage voyez mon sens je suis litt rature On est ainsi ramen au statut fatalement irr aliste de la litt rature qui ne peut voquer le r el qu' travers un relais le langage ce relais tant lui-m me avec le r el ds un rapport institutionnel et non pas naturel L'art pictural quels que soient les d tours et les droitd de la culture peut toujours r ver la nature et il le fait m me dans ses formes dites abstraites la litt rature elle n'a pour r ve et pour nature imm diate que le langage Pierre Macherey Pour une th orie de la production litt raire Au moment o la critique structuraliste affirme l'autonomie radicale de l' uvre litt raire PM ds une perspective marxiste s'interroge sur les conditions de sa production Bien qu'autonome et irr ductible ce message l' uvre n'est pas pour lui ind pendante puisqu'elle utilise le langage et s'inscrit ds l'histoire de la production litt raire Elle se caract rise par son pouvoir d'illusion qu'elle tire de sa logique propre Le discours litt d veloppe l une propri t fondamentale de tout langage qui loin d'exprimer directement la r alit des choses ne parle js que de lui-m me et transmet tte une s rie de repr sentations ou inconscientes il n'est pas connaissance mais illusion Elabor e partir du langage la litt constitue une uvre seconde qui reproduit confronte et par l -m me conteste ces repr sentations id ologiques l'imitation de la r alit ici n cessairement parodique a valeur de d nonciation M distingue l'illusion caract ristique du langage ordinaire informe et la fiction repr sentation d termin e que l' uvre litt donne de cette illusion M me si elle est trompeuse la fiction est lib ratrice par cela seul qu'elle met en sc ne la feinte plus radicale que constitue l'illusion Par sa forme achev e elle tient toujours distance ce qu'elle repr sente c'est pourquoi l' uvre ne saurait se r duire un message Wolgand Iser L'Acte de lecture Pr WI et les critiques de l' cole de Constance laquelle appartient aussi Hans Robert Jauss l'analyse litt a restreint jusqu'alors son champ d'application l' uvre et l'auteur n gligeant la part fondamentale du lecteur destinataire du message litt et sans la participation duquel l' uvre n'aurait pas de sens Le lecteur actualisateur de l' uvre voit donc son r le pris en compte au travers d'une description analytique et pr cise de l'acte de lecture et de la r ception L'ouvrage de WI se veut une ph nom nologie de la lecture Il montre que le r le du lecteur est essentiel ds la prod de l'effet esth tique l' uvre n'est pas le texte seul elle se constitue par un processus dynamique un rapport d'interaction entre lecteur et texte Cette interaction est rendue n cessaire par la nature m me du texte litt d'une part il se caract rise par des manques son incompl tude qui appellent les repr sentations diff rentes des lecteurs d'autre part il comporte des ensembles complexes de directives qui s'imposent aux lecteurs et contr lent leur action Par ses structures chq uvre d finit ainsi son lecteur implicite et offre un certain r le ses lecteurs possibles que ceux-ci interpr tent leur mani re Cela explique la fois la survie de l' uvre et la pluralit de ses r ceptions Ainsi l'oe litt peut-elle tre d finie par sa bipolarit qui met en relation le texte p le artistique et le lecteur p le esth tique selon une dynamique qui n'est pas enti rement r gie par le texte cet hiatus fonde la cr ativit de la r ception La r f rence Sterne qui a influenc Jacques le Fataliste de Diderot montre que certains crivains avaient bien conscience que cette collaboration du lecteur l' laboration de l' uvre fonde le plaisir de la lecture le texte n'existe que par l'acte de constitution d'une conscience qui la re oit et ce n'est qu'au cours de la lecture que l' uvre acquiert son caract re particulier de processus D sormais on ne devrait plus parler d' uvre que lorsqu'il y a de mani re interne au texte processus de constitution de la part du lecteur L' uvre est ainsi la constitution du texte dans la conscience du lecteur L' uvre ne se r duit pas au texte elle comprend aussi l'effet qu'il produit sur le lecteur Cet effet est provoqu mais non enti rement contr l par le texte Le plaisir de la lecture r side ainsi dans la part de cr ativit que le texte laisse au lecteur Michael Riffaterre La Production du texte MR postule l'unicit du texte litt raire le style c'est le texte m me crit-il en corrigeant Buffon le style est l'homme m me Cette d finition de la la litt rarit est v rifi e selon lui par le fait que pour le lecteur l'exp rience litt raire est un d paysement Il analyse d'autre part le ph nom ne litt raire d fini comme le texte mais aussi son lecteur et l'ensemble des r actions possibles du lecteur au texte et signale les lacunes de la narratologie qui ne rend pas compte de la production du texte dans l'esprit du lecteur Etudiant une nouvelle de Balzac La Paix du m nage il montre qu'elle tire son unit des variations m tonymiques et m taphoriques qui associent les personnages f minins un diamant et un cand labre repr sentant dans le texte l'amour et sa duperie en r f rence une phrase matricielle qui s'impose la pens e du lecteur Tout ce qui brille n'est pas or Le r cit est donc expansion textuelle d'un sens variation m lodique ou exercice musical sur une donn e s mantique Chap Les crit res de qualit Question tradi qu'est-ce un chef-d' uvre Le jugement esth tique n'est-il pas une affaire de go t Ms ds la mesure o crivains et critiques ont voulu d passer cette simple r f rence la subjectivit il para t l gitime de chercher d finir des crit res de qualit en litt Le pb peut d'abord pos du pt de vue du public pour lequel un gd crivain cr e une forme nvle de beaut que le lecteur per oit comme unique et nigmatique Proust Elle lui demande un effort d'adaptation car elle se caract rise par l' cart esth tique qui s pare les habitudes de lectures de son poque Du pt de vue de l'auteur la relation avec le public est la fois d terminante et d termin e contrairement aux faiseurs de livres l' crivain authentique ne vise pas un public particulier l' uvre de qualit est pour le lecteur mais aussi pour l'auteur- l'occasion de se conna tre Butor C'est bien un crit re de qualit ds la mesure o la capacit d'une gde uvre supporter de multiples lectures peut consid r e comme la garantie de sa survie et de sa richesse Val ry Marcel Proust La Prisonni re La Recherche - est l'autobio fictive d'un crivain Les romans qui composent ce cycle int ressent d'abord par le r cit des aventures du narrateur hist de son admission ds la soci t du faubourg St-Germain hist de ses relations amoureuses et d'autres hist d'amour de Swann myst re de Charlus Ces r cits font aussi une large place aux analyses psychologiques sur la jalousie par exemple et sociologiques peintures de m urs de la gde bourgeoisie et de l'aristocratie Ms l'originalit est stt de pr senter une r flexion sur la litt en rapport avec la vocation invisible dont cet ouvrage est l'histoire Le narrateur expose ds son dernier volume comment sa vocation a t tardivement r v l e par trois exp riences de m moire involontaire Elle le conduit entreprendre le d chiffrage du livre int rieur de signes inconnus compos d' impressions obscures et de r miniscences que la vie pass e a d pos es en lui et qui constituent les mat riaux de l ' uvre litt raire Le but de l'art inaccessible l'intelligence et qui fait de l' crivain un traducteur est en effet d'interpr ter ts ces souvenirs de nous r v ler notre vraie vie la r alit telle que nous l'avons sentie bref l' uvre d'art est le moyen de retrouver le temps perdu Le Beau est toujours tonnant disait Baudelaire ds le Salon de Pr P aussi l'originalit constitue la marque du g nie celui-ci offre ses contemporains une nouvelle et unique beaut nigme son poque o rien ne lui ressemble ni ne l'explique cette nouveaut concerne la forme et non le contenu de l' uvre ce qui explique d'ailleurs la difficult du public recevoir et assimiler une uvre nvle Ms une fois cette accoutumance r alis e le lecteur est sensible l'unicit de l' uvre au retour des m mes motis qui s'ordonnent ds un m me monde ds une vision du monde nvle accord e un nv style L' uvre d'un gd crivain se caract rise ainsi par sa monotonie Pr montrer son amie Albertine et ses lecteurs- la valeur de cette loi le narrateur choisit ses exemples ds diff rents arts litt Barbey d'Aurevilly et Stendhal peinture Ver Meer et musique Vinteuil Contrairement aux trois autres artistes le musicien n'est qu'un personnage imaginaire de la Recherche Cette qualit inconnue d'un monde unique et qu'aucun autre musicien ne nous avait jamais fait voir peut- tre tait-ce en cela disais-je Albertine qu'est la preuve la plus authentique du g nie bien plus que le contenu de l' uvre elle-m me M me en litt rature Me demandait Albertine M me en litt rature Et repensant la monotonie des uvres de Vinteuil j'expliquais Albertine que les grands litt rateurs n'ont jamais fait qu'une seule uvre ou plut t r fract travers des milieux divers une m me beaut qu'ils apportent au monde plus que son contenu l' uvre d'un gd artiste se distingue par la beaut des formes nvles qu'elle impose au public La r currence de ces m mes motifs originaux constitue un crit re de qualit Hans Robert Jauss Pour une esth tique de la r ception - HRJ a renouvel l'approche des textes et de l'hist litt en la centrant sur la notion de r ception et en en d finissant les concepts d' horizon d'attente et d' cart esth tique J constate d'abord qu'une uvre s'ins re ds le syst me de r f rences fourni par les lectures ant rieures c'est l' horizon d'attente du lecteur Cette notion d bouche sur celle d' cart esth tique d fini comme l' cart entre l'horizon d'attente pr existant et l' uvre nouvelle et comme la condition du caract re artistique de l' uvre J l'illustre en montrant l'exemple de Jacques le F o D d joue l'horizon d'attente des lecteurs le sch ma romanesque la mode du r cit de voyage en d montant les mensonges inh rents la fiction La notion d' cart esth tique fournit J un crit re de qualit une gde uvre rompt avec des formes pr tablies bouleverse les habitudes de lecture et les attentes du public L' uvre commerciale au contraire flatte le go t dominant et co ncide avec l'horizon d'attente cet art culinaire cette litt de consommation ne les oblige pas remettre en question leurs cadres esth tiques et faire une exp rience nvle L' cart esth tique ressenti d'abord comme tonnement puis comme plaisir va s'effacer pour les lecteurs ult rieurs qui assimilant la nouveaut int greront l' uvre leur horizon d'attente venir Cette interpr tation d finit le classicisme des chefs-d' uvre La fa on dont une uvre litt raire au moment o elle appara t r pond l'attente de son premier public la d passe la d oit ou la contredit fournit videmment un crit re pour le jugement de sa valeur esth tique L' cart entre l'horizon d'attente et l' uvre entre ce que l'exp rience esth tique ant rieure offre de familier et le changement d'horizon requis par l'accueil de la nouvelle uvre d termine pour l'esth tique de la r ception le caract re proprement artistique d'une uvre litt raire une uvre vaut d'abord par sa rupture avec les conventions du moment Une fois int gr ds le champ de l'exp rience esth tique elle devient classique Michel Butor R pertoire II MB a particip avec Claude Simon et Nathalie Sarraute au gd renouvellement des formes romanesques dont Robbe-Grillet fut le th oricien Nouveaux romans L'Emploi du temps et La Modification modifient les rapports habituels entre crivain et lecteur obligeant ce dernier un d cryptage une reconstruction du r cit priv de ses structures narratives conventionnelles histoire personnages temps espace De nbx essais r unis ds diff rents R pertoires d veloppent par ailleurs une riche r flexion sur la litt L'un d'eux intitul Le critique et son public analyse la relation entre le destinateur et le destinataire de l' uvre On crit toujours en vue d' tre lu Ds l'acte m me d' crire il y a un public impliqu Or la nature de cette relation c'est- -dire le choix d'un public par l' crivain d termine la valeur de l' uvre L' uvre de qualit d passe son public Une uvre commerciale est troitement adapt e au public vis Cette attitude s'oppose celle de l' crivain authentique qui s'adresse un lecteur pour une large part ind termin De ce pt de vue l' uvre de qualit est celle qui d passe son projet et son public ds une telle uvre le destinataire mais aussi le destinateur se r v lent ds l' criture qui constitue pour les deux interlocuteurs une v ritable recherche Michel Tournier dt les uvres recourent ptt des modes de narration plus traditionnels pr sente une analyse tr s voisine Le crit re de la sup riorit d'une uvre se trouve selon lui dans la quantit et la qualit de la co-cr ativit que le cr ateur attend et exige du receveur J'appelle mineur une art qui ne demande que r ceptivit passive et docilit amorphe ceux auxquels il s'adresse mineure une uvre o presque tout est donn o presque rien n'est construire Le Vent Paraclet L'auteur d'un manuel scolaire crit pour la classe de seconde ou pour l'Ecole polytechnique conform ment des programmes lorsque ceux-ci auront chang il adaptera ses ouvrages C'est ce qui se passe pour toute litt rature commerciale il faut bien se rendre cette vidence que le destinataire ne peut tre jamais enti rement connu par avance que c'est le texte lui-m me qui va le r v ler On pourrait dire l'auteur d'un manuel scolaire pour la classe de seconde ne peut consid rer celui-ci comme une uvre au sens plein du terme que dans la mesure o il n'est pas seulement destin aux l ves de seconde o il a l'impression d'apporter quelque chose qui peut int resser quelqu'un d'autre Chap L' uvre et le r el La r duction de l'oe au r el correspond une attitude de lecture spontan e encourag e par les d clarations des classiques pour qui l'imitation de la nature tait un imp ratif ou des romanciers r alistes qui ont souvent d fini leur oe comme le miroir du r el A cette question les crivains fournissent r ponses diff rentes qui affirment la sp cificit de la litt La premi re fr quente au e consiste op rer une distinction radicale la reproduction exacte de la nature tant pr sent e comme la n gation m me de l'art Cpdt elle ne nie pas qu'il existe une relation entre ces deux termes l'art doit tre un miroir de concentration qui permet de donner une image de la nature plus expressive plus intense Hugo Plus radicalement encore c'est la notion m me de r alit que met en cause Maupassant dans la pr face de Pierre et Jean Quel enfantillage de croire la r alit puisque nous portons chacun la n tre dans nos pens es et dans nos organes Ainsi le romancier ne peut que reproduire fid lement son illusion du monde Poussant cette logique son terme le narrateur de la Recherche affirme que la seule r alit pour chacun est le domaine de sa propre sensibilit que l'artiste doit s'efforcer d'exprimer Proust Les critiques contemporains mettent plut t l'accent sur la condition verbale de la litt rature selon l'expression de Val ry La litt rature c'est l'irr el m me ou plus exactement bien loin d' tre une copie analogique du r el la litt rature est au contraire la conscience m me de l'irr el du langage Barthes Soucieuse de ne pas r duire l' uvre un document un nv type de lecture sociologique montre que la litt aborde le r el sue le mode de la d n gation et de la sublimation et permet ainsi l' mergence du r el le plus profond Bourdieu Enfin est apparue la conscience que les oe renvoient moins au r el qu' d'autres oe Malraux ce qu'un domaine de la critique moderne analyse en termes d''intertextualit Jenny Victor Hugo Pr face de Cromwell Ecrivain polygraphe H a cherch ouvrir la litt ts les aspects de la vie C'est au nom de cette exigence de libert que chef d' cole il a pr n ds la pr face de Cromwell qui a valeur de manifeste romantique un renouvellement du genre th tral Le caract re du drame est le r el tout ce qui est dans la nature est dans l'art l'homme tant con u dans une perspective chr tienne c un tre fondamentalement double la fois me et corps le th tre doit unir le sublime et le grotesque et r pudier la vieille unit de ton Autres conventions du th tre classique les unit s de temps et de lieu sont aussi refus es D fini comme un point d'optique le drame romanesque ne conna t d'autre mod le que la nature Se pose alors la question de la sp cificit de l'art L'art ne reproduit pas la nature D sireux de montrer que le romantisme n'est pas simplement un mvt n gateur H r affirme ici la n cessit de l' laboration esth tique de l'unit d'ensemble le romantisme n'est pas confondu avec ce que l'on n'appelle pas encore le r alisme Le dramaturge tablit en une sorte de d monstration par l'absurde que la nature n'entre pas directement sur la sc ne qui ne conna t que l'imitation L' uvre elle-m me n'existe pas en dehors de cette mise en forme artificielle qui recours divers instruments dont la grammaire et la prosodie symbolis es ici par deux crivains classiques Vaugelas et Richelet La m taphore du miroir ne r duit donc nullement le drame un reflet fid le et plat de la r alit puisque le drame est d fini comme un miroir de concentration A titre de prolongement rappelons que ds son compte rendu du Salon de B critique la doctrine ennemie de l'art qui se donne pour id al la repr sentation de la nature et aboutit l'invasion de la photographie de jour en jour l'art diminue le respect de lui-m me se prosterne devant la r alit ext rieure et le peintre devient de plus en plus enclin peindre non ce qu'il r ve mais ce qu'il voit Il exalte au contraire la reine des facult s l'imagination est la reine du vrai et le possible est une des provinces du vrai Elle est positivement apparent e avec l'infini la v rit de l'art ne saurait tre ainsi que l'ont dit plusieurs la r alit absolue L'art ne peut donner la chose m me On doit reconna tre sous peine de l'absurde que le domaine de l'art et celui de la nature sont parfaitement distincts La nature et l'art sont deux choses sans quoi l'une ou l'autre n'existerait pas L'art outre sa partie id ale a une partie terrestre et positive Quoi qu'il fasse il est encadr par la grammaire et la prosodie entre Vaugelas et Richelet Il a pour ses cr ations les plus capricieuses des formes des moyens d'ex cution tout un mat riel remuer le drame est un miroir o se r fl chit la nature Mais si ce miroir est un miroir ordinaire une surface plane et unie il ne renverra des objets qu'une image terne et sans relief fid le mais d color e on sait que la couleur et la lumi re perdent la r flexion simple Il faut donc que le drame soit un miroir de concentration qui loin de les affaiblir ramasse et condense les rayons colorants qui fasse d'une lueur une lumi re d'une lumi re une flamme La r alit n'est js transcrite directement par l'art Celui-ci atteint la v rit en usant d'artifice versification langue composition qui lui donnent un pouvoir de r v lation dont serait d pourvue une reproduction int grale Marcel Proust Le Temps retrouv Pr P le gd crivain est d'abord la recherche de son moi v ritable Des rapports nvx s' tablissent entre l'art et la r alit L'art doit d gager l'essence de la r alit P proc de une red finition de la r alit Pr lui ns avons une perception subjective du r el nos impressions du moment st m l es aux choses et les souvenirs qui ns en restent conservant l'essence de notre moi qui seule int resse l'artiste La r alit brute imm diate que l'on pourrait d crire simplement n'a aucune valeur L' crivain ne peut faire l' conomie d'un travail d'interpr tation et d' criture un beau style une m taphore st porteurs de cette v rit unique que lui seul pouvait exprimer Une telle conception de l'art et de la r alit indique une totale condamnation du r alisme La litt dite r aliste manque la r alit puisqu'elle se contente de saisir l'apparence des choses la litt rature qui se contente de d crire les choses d'en donner seulement un mis rable relev de lignes et de surfaces est celle qui tout en s'appelant r aliste est la plus loign e de la r alit celle qui nous appauvrit et nous attriste le plus car elle coupe brusquement toute communication de notre moi pr sent avec le pass dont les choses gardaient l'essence et l'avenir o elles nous incitent la go ter de nouveau Ce que nous appelons r alit est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultan ment rapport unique que l' crivain doit retrouver pour en encha ner jamais dans sa phrase les deux termes diff rents On peut faire se succ der ind finiment dans une description les objets qui figuraient dans le lieu d crit la v rit ne commencera qu'au moment o l' crivain prendra deux objets diff rents posera leur rapport analogue dans le monde de l'art celui qu'est le rapport unique de la loi causale dans le monde de la science et les enfermera dans les anneaux n cessaires d'un beau style m me ainsi que la vie quand en rapprochant une qualit commune aux deux sensations il d gagera leur essence commune en les r unissants l'une te l'autre pour les soustraire aux contingences du temps dans une m taphore la r alit n'est pas une donn e brute de l'exp rience mais le produit d'une laboration esth tique qui r v le l'essence du moi Pierre Bourdieu Les r gles de l'art Gen se et structure du champ litt raire Le sociologue PB poursuit ici un double dessein Il montre d'abord comment s'est constitu e l'autonomie de la litt dans la soci t du e si cle D non ant la fois ceux qui affirment le caract re ineffable de l'exp rience litt et ceux qui r duisent l'oe un document sociologique il entend aussi proposer une analyse scientifique des conditions sociales de la production et de la r ception de l' uvre d'art Ds cette perspective l'artiste n'est plus con u c un g nie transcendant mais c un cr ateur qui affirme son originalit ds un champ de d terminations sociales et mentales Le probl me du r alisme et du r f rent du discours litt est dc pos en termes nvx PB analyse les rapports entre la litt et le r el en termes freudiens l'oe litt voile et r v le la fois la structure du monde social dans laquelle elle a t produite D'une part l'oe ne reproduit pas exactement le r el elle le nie par sa mise en forme compar e un euph misme g n ralis Ms cette r alit litt rairement d r alis e produit chez le lecteur un effet de croyance et fonde la complicit de l'auteur et du lecteur D'autre part la fiction constitue la sublimation d'une v rit refoul e Cette v rit qui dite autrement serait insupportable doit tre mise au jour par l'analyse sociologique de l' uvre seule capable de mener jusqu' son terme le retour du refoul contr l donc limit par l' crivain Ainsi si mettre en forme c'est aussi mettre des formes c'est- -dire voiler la fiction romanesque permet de savoir tt en refusant de savoir ce qu'il en est vraiment et assure l' mergence du r el le plus profond L'Education sentimentale est alors analys e comme une entreprise d'objectivation de soi d'autoanalyse de socioanalyse le texte litt raire n'est pas un document sociologique directement lisible Ds la fiction romanesque la structure du monde social est a la fois refoul e et sublim e ce qui permet la litt d'exprimer une v rit plus profonde Ms cette v rit doit tre mise au jour par une lecture sociologique seule capable de rendre compte de la forme m me de l' uvre Andr Malraux L'homme pr caire et la litt rature posthume Il est commode de distinguer plusieurs volets ds l'oe de Malraux romans Les Conqu rants La Condition humaine essais Le Miroir des limbes crits d'art Le Mus e imaginaire L'unit de cette oe et d'une vie consacr e l'engagement politique antifasciste d'abord gaulliste ensuite peut tre cherch e ds la permanence de l'interrogation m taphysique sur la mort le sens de la vie le destin ms aussi ds le culte de l'art Je suis en art comme en religion d clarait-il en Ds sa r flexion sur la cr ation artistique M oppose constamment le monde des formes et la vie L'artiste cherche moins imiter le r el qu' echapper au destin humain l'art est un anti-destin Son oe posthume r affirme la distinction fondamentale entre la litt et le r el L'imaginaire de l'artiste est un domaine de formes c'est pourquoi la cr ation litt raire na t dans le monde des cr ations et non dans celui de la Cr ation M d nonce ainsi l'illusion qui voit dans la litt une transcription de la r alit L'oe s'inscrit ds une relation non avec le r el mais avec le monde-d'un-art qui chappe aux lois de l'espace et du temps humains c'est le mus e imaginaire pour la peinture la Biblioth que pour le roman Il n'y a pas de cr ation sans forme esth tique aussi Balzac a-t-il construit son oe moins en faisant concurrence l' tat civil qu'en s'en appropriant et en renouvelant les formes romanesques de son temps Une telle analyse conduit dc faire de l'intertextualit bien que M n'utilise pas le terme une caract ristique essentielle de l'oe litt Un po te ne se conquiert pas qur l'informe mais sur les formes qu'il admire Un romancier aussi Avant de concevoir La Com die humaine et de se battre avec l' tat civil Balzac s'est battu avec le roman de son temps La cr ation n'est pas le prix d'une victoire du romancier sur la vie mais sur le monde de l' crit dont il est habit Toute narration est plus proche des narrations ant rieures que du monde qui nous entoure et les uvres les plus divergentes lorsqu'elles se rassemblent dans le mus e ou la biblioth que ne s'y trouvent pas rassembl es par leur rapport la r alit ms par leurs rapports entre elles Nous appelons r alit le syst me des rapports que nous pr tons au monde au plus vaste englobant possible La cr ation ds les arts plastiques et ceux du langage semble la transcription fid le ou id alis e de ces rapports alors qu'elle se fonde sur d'autres Car la cr ation semblable aux liquides qui ne prennent forme que par leur contenant ns appara t par les formes qu'elle a prises elle ns appara t encore d s que nous nous attachons leur dissemblance non leur ressemblance ce qui s pare Madame Bovary de tout mod le Laurent Jenny la strat gie de la forme En r action contre la critique traditionnelle des sources et sous l'influence de la linguistique structurale la critique moderne pr c d e par le Contre Sainte-Beuve a t marqu e par un mvt de retour au texte consid r comme une structure relativement autonome Cette critique formelle ou textuelle ne constitue pas pour autant la seule approche du txt litt Celui-ci peut tre envisag comme le r sultat d'un lg travail et la critique g n tique a entrepris de rendre compte de la sp cificit d'un txt en tudiant son mode d'engendrement partir des traces laiss es par l'auteur L'autonomie du txt a t aussi relativis e par les travaux du critique sovi tique Bakhtine qui a mis en avant la notion de dialogisme le discours romanesque se compose de diverses voix de divers discours qui lui pr existent dans la soci t et ds la litt La notion d'intertextualit reprise ensuite par Julia Kristeva se fonde sur le fait que la litt travaille sur des langages d j constitu s et qu'un texte s'ins re dans l'ensemble social consid r comme un ensemble textuel L'artcle de lJ paru dans un num ro de la revue Po tique d finit d'abord l'intertextualit comme la condition de la lisibilit litt raire puisque l'oe travaille le langage qui v hicule tt un syst me de repr sentations L'intertextualit est dc pr sente ds le code m me Le texte re oit l une nvle sp cificit il impose au lecteur un d chiffrage particulier que la pratique d'une multiplicit de textes rend possible L'intertextualit peut tre plus ou moins explicite ds les oe qui pratiquent les diverses formes de l'imitation elle appartient alors au contenu de l'oe Qd elle n'est pas explicitement d clar e son rep rage d pend des comp tences du lecteur Julia Kristeva S miotik recherches pour une s manalyse tout texte se construit comme mosa que de citations tout texte est absorption et transformation d'un autre texte A la place de la notion d'intersubjectivit s'installe celle d'intextextualit et le langage po tique se lit au moins comme double Partie II L'exp rience de l' crivain L'exp rience de l' criture et de la lecture semblent radicalement diff rentes selon Val ry l' crivain ne peut jouir de l'effet instantan que produit son texte cette sensation tant r serv e aux lecteurs qui ne connaissaient pas cet ouvrage qui n'ont pas v cu avec lui qui ne savent pas les lenteurs les t tonnements les d go ts mais qui voient seulement un magnifique dessein r alis d'un coup Tel quel Flaubert souhaitait provoquer chez son lecteur une esp ce d' bahissement La cr ation litt doit-elle dc rester un myst re pour le lecteur M rite-t-elle de retenir notre attention puisqu'aujourd'hui la critique s'int resse la po tique de l' uvre plus qu' son auteur Selon les t moignages de Rousseau Aragon et Balzac la cr ation litt est r gie par des m canismes qui chappent partiellement la conscience claire de l' crivain La notion d'auteur au sens d'individu enti rement conscient des buts et des moyens de sa cr ation doit tre remise en cause l' criture et ce qui s'y joue manifestent une s rie de d terminations int rieures et ext rieures l' crivain C'est bien pourquoi on ne peut tablir de relation privil gi e entre l'homme et l'oe Certes comme l'a not Sartre contrairement l'artisan qui peut objectiver son ouvrage l'artiste ne trouve jamais que lui dans son uvre parce qu'il a lui-m me invent les r gles de sa production Ms il y trouve sa personnalit d'artiste et non l'individu qui int resse le biographe Chap La cr ation litt raire Robbe-Grillet notait en dans Pour un nouveau roman que les mythes du XIXe si cle conservent toute leur puissance l'artiste est encore vu comme un m diateur entre le commun des mortels et une puissance obscure un au-del de l'humanit un esprit ternel un dieu On peut penser qu'aujourd'hui la m diatisation de la litt aidant le romancier appara t davantage au public comme un honn te artisan capable d'expliquer ce qu'il a voule dire ou faire D laissant le probl me de l'inspiration po tique ns choisissons de pr senter divers t moignages de prosateurs Les exp riences voqu es st de ordres Certains crivains d clarent avoir con u leur oe ss l'effet de l'illumination Rousseau ou d'un besoin imp rieux de noter des phrases qu'aucune r flexion n'appelait Aragon Ds le premier cas une forme d'inspiration r v le un syst me de pens e qu'il faudra ensuite mettre en forme ds le me une phrase myst rieuse et gratuite s'impose la conscience de l' crivain comme un incipit et d clenche le processus de cr ation Balzac dt le nom est associ l'id e d'un labeur forc affirme lui que le m canisme cr ateur lui est rest myst rieux Pour M qui tranche le d bat la cr ation est gouvern e et instinctive Rousseau Lettre M de Malesherbes le janvier Malgr l'importance de son oe R ne s'est js consid r comme un crivain de m tier Tte son oe est inspir e par une gde sensibilit le sentiment de sa valeur et de sa singularit et une haute exigence morale R n'a pas crit pour crire mais pour satisfaire exigences vitales intervenir ds les gds d bats de son temps go ter par la fiction ou les m moires un bonheur que lui mesurait chichement une vie difficile et ds les derni res ann es se justifier Avant-texte des Confessions les lettres M de Malesherbes racontent comment Rousseau est devenu crivain En allant rendre visite son ami D emprisonn Vincennes il eut la soudaine intuition de son syst me en d couvrant le sujet mis au concours par l'Acad mie de Dijon si le r tablissement des Sciences et des Arts a contribu purer les m urs Celle intuition aboutit au Discours sur les sciences et les arts et aux autres uvres de R T moignage authentique Les manifestations physiques et morales de l'enthousiasme de R sont impressionnantes Ms on n'oubliera pas que ce texte compos plus de ans apr s l' v nement pdt une crise profonde marqu e par la rupture avec les philosophes est inspir par un d sir d'autojustification Aragon la force entra nante de l'incipit uvre et vie marqu es par des engagement diff rents aux txts provocants et clatants d'invention du jeune surr aliste succ de la production plus rang e du communiste et du chantre d'Elsa r alisme socialiste des romans du Monde r el retour la po sie versifi e avec les recueils de la R sistance et les po mes d'amour jusqu' ce que la crise politique de d stalinisation am ne un renouveau des formes et de l'inspiration Cpdt unit de cette uvre discontinue se r v le ds la permanence chez l'homme et l' crivain d'un questionnement sur soi et de la r f rence au surr alisme a Postface des Cloches de B le le m canisme de la cr ation romanesque y est voqu de mani re concr te ans apr s sa publication A rapporte comment il a crit ce roman partir d'une phrase venue spontan ment ss sa plume et tt de suite comme la phrase initiale d'un texte A l'origine du processus cr ateur il y a dc une exp rience voisine de celle d crite ds le Manifeste du surr alisme o Breton raconte sa d couverte de l' criture automatique qui a constitu la pierre de touche du premier surr alisme j' crivis tout fait comme si j' tais encore eu temps de l' criture automatique une phrase une premi re courte phrase comme une provocation Le type de phrase qu'il m'e t nagu re encore paru inadmissible d' crire nb allusion la double condamnation du r alisme et du roman par les surr alistes Tout ce qu'il y avait d'inconscient ici c' tait le caract re d'incipit de cette phrase je l'imaginais dans une table des mati res Cela ne fit rire personne quand Guy appela M Romanet papa au-del de ces mots s'encha nait s'articulait un livre pais une histoire coh rente un roman b Je n'ai jamais appris crire ou les Incipit L'incipit y voit sa fonction cr atrice syst matis e conjonction de mots donn e par accident et engendrant l'ensemble du roman il constitue le germe d'une cr ation qui s'op re en dehors de la conscience du romancier l'auteur est un autre Ce processus cr ateur r pond une n cessit int rieure et constitue une aventure personnelle L'entreprise romanesque perd ainsi cette apparence de jeu gratuit et pauvrement invent qui lui valait le m pris de Breton Mes romans partir de la premi re phrase du geste d' changeur qu'elle a comme par hasard j'ai toujours t devant eux dans l' tat d'innocence d'un lecteur Tout s'est toujours pass comme si j'ouvrais sans rien en savoir le livre d'un autre le parcourant comme tout lecteur et n'ayant ma disposition pour le conna tre autre m thode que sa lecture Comprenez-moi bien ce n'est pas mani re de dire m taphore ou comparaison je n'ai jamais crit mes romans je les ai lus Balzac Pr face de La Peau de chagrin En B se pr sente comme un historien un secr taire du r el Tte imagination semble r pudi e au profit de la stricte observation du r el La pr face de La Peau de chagrin en reprenant la m taphore romantique du reflet donne ptt une autre vision de la cr ation romanesque le pouvoir du romancier est compar un miroir concentrique o suivant sa fantaisie l'univers vient se r fl chir Ainsi la capacit d'observation du monde est ins parable de celle qui permet l'artiste d'en donner une vision conforme sa personnalit Et une me facult distingue le romancier de g nie Pour reproduire la nature par la pens e les crivains disposent de trois puissances au couple de capacit s constitutives du talent observation-expression s'ajoute celle qui d finit les gds artistes comme dou s d'une sorte de seconde vue qui leur permet de deviner la v rit dans toutes les situations possibles sans avoir se d placer L'intuition la voyance sont essentielles au g nie Les hommes ont-ils le pouvoir de faire venir l'univers dans leur cerveau ou leur cerveau est-il un talisman avec lequel ils abolissent les lois du temps et de l'espace La science h sitera longtemps choisir entre ces deux myst res galement inexplicables Cf Baudelaire Th ophile Gautier J'ai maintes fois t tonn que la grande gloire de Balzac f t de passer pour un observateur il m'avait toujours sembl que son principal m rite tait d' tre visionnaire et visionnaire passionn Chap L' criture et ce qui s'y joue Ecriture autre chose qu'un beau style un ornement destin donner la qualit litt un langage transparent qui d signerait directement son objet le r el ou le message de l'auteur Ecrivain celui qui travaille sa parole selon Barthes et ce travail n'est pas une op ration simple Engageant la fois ce qui rel ve du plus secret et de l'Histoire des hommes et des formes le langage litt se trouve l'articulation de l'individuel et du social Qu'en est-il alors du sujet de l' criture Il ya chez le po te une part obscure mais f conde qui interdit de percer le myst re de l' arcane de la g n ration des po mes Val ry Si l'on approfondit la r flexion cette dualit devient une multiplicit le je de l'auteur s'analyse en une s rie de strates Calvino La sociologie de la litt ajoute une autre dimension l' criture en consid rant que l' crivain donne forme et coh rence aux tendances affectives intellectuelles et pratiques d'un groupe Goldmann Roland Barthes Le Degr z ro de l' criture Selon B la forme litt correspond au choix de l' crivain confront la double d termination de la langue et du style Code social la langue s'oppose la parole acte individuel Le style ph nom ne d'ordre germinatif est l'expression de la nature de l' crivain il renvoie un pass Produits naturels du corps et du temps la langue et le style ne rel vent pas de la responsabilit de l' crivain Celui-ci s'engage en inventant une autre forme l' criture Par l' criture l' crivain affirme des valeurs il n'y a pas de litt rature sans une morale du langage dit B s'inscrit dans une aire sociale et ds les gdes crises de l'Histoire Mais une nvle d termination p se sur l' criture celle des formes litt historiquement dat es Jamais innocent le langage conserve des significations anciennes au sein m me d'une nouvelles probl matique du langage litt raire limitant ainsi la libert de l' crivain Quel que soit son raffinement le style est toujours quelque chose de brut il est une forme sans destination il est le produit d'une pouss e non d'une intention il est la chose de l' crivain sa splendeur et sa prison sa solitude Indiff rent et transparent la soci t d marche de la personne il n'est nullement le produit d'un choix d'une r flexion sur la Litt rature Il est la part priv e du rituel il s' l ve partir des profondeurs mythiques de l' crivain Le style est un ph nom ne d'ordre germinatif il est la transmutation d'une humeur Par son origine biologique le style se situe hors de l'art c'est- -dire hors du pacte qui lie l' crivain la soci t soumis des d terminations biologiques le style et sociales la langue l' crivain invente une criture Mais cette libert est encore r duite par le poids des formes litt anciennes Paul Val ry au sujet d'Adonis Vari t Dans les volumes de Vari t V a men une r flexion constante sur la litt la philo la politique sur l'art et sur sa propre pratique de po te Admirateur et continuateur des classiques mais aussi contemporain des linguistes de la premi re moiti du me il a nettement oppos la litt et le r el Trois principes sous-tendent sa conception de la cr ation litt le refus de l'inspiration et du roman l'affirmation du primat du langage et de la forme une esp ce de mat rialisme verbal pr vaut chez le po te qui cr ateur cr se trouve ainsi partiellement d pass er r v l par sa cr ation le rejet de la biographie motiv par la distinction radicale entre l'homme vivant et l'homme crivant Comme Proust V oppose l'ouvrier d'un bel ouvrage et le personnage peu consid rable que livre la biographie de l'auteur Un connu et un inconnu coexistent dans l' tre qui cr e Si la cr ation n'est jamais enti rement dirig e elle n'est pas l' uvre d'une inspiration transcendante mais d'un instinct d'une puissance qui joue des secr tes harpes qu'elle s'est faites du langage Elle exprime ainsi l'unit profonde du Moi qui ne se conna t pas lui-m me et se r v le dans l' uvre l'auteur n'existe qu'en tant qu' il est fils de son uvre Tel quel Tout se passe dans l'intime de l'artiste comme si les v nements observables des son existence n'avaient sur ses ouvrages qu'une influence superficielle Ce qu'il y a de plus important - dans l'acte m me des Muses - est ind pendant des aventures du genre de vie des incidents et de tout ce qui peut figurer dans une biographie le po te effectue un travail sur le langage dont les motivations ne lui sont pas toutes connues Il n'engage pas l'homme de la biographie mais le moi profond de l'artiste Italo Calvino La Machine litt rature Si autrefois la litt tait vue comme un miroir du monde ou comme l'expression directe de sentiments aujourd'hui nous ne pouvons plus oublier que les livres sont faits de mots de signes de proc d s de construction nous ne pouvons plus oublier que ce que les livres communiquent restent parfois inconscient l'auteur m me que ce que les livres disent est parfois diff rent de ce qu'ils proposaient de dire que dans tout livre si une part rel ve de l'auteur une autre part reste anonyme et collective acquis de la critique moderne Le romancier italien confirme l'analyse de Robbe-Grillet selon laquelle ns sommes dans une poque de fiction o les probl mes de l' criture sont envisag s lucidement par le romancier Traducteur de Ponge et membre de l'OuLiPo C a r uni ses r flexions ds La Machine litt rature Analysant les niveaux de r alit en litt rature C signale la multiplication du sujet de l' criture L'auteur du roman n'est pas l'homme de la biographie mais une image particuli re que ce texte donne de lui une cr ation de l' uvre l'auteur de Madame Bovary n'est pas l'auteur de Salammb qui n'est pas l'individu Flaubert Ainsi le je de l' criture est un je fantomatique un lieu vide C'est pourquoi il peut servir de m diation la culture collective l' poque historique ou aux s dimentations profondes de l'esp ce On pourrait ajouter que ces trois strates autorisent des lectures diff rentes faisant appel respectivement l'intertextualit la sociologie ou la psychologie La condition pr liminaire de tte uvre litt est la suivante la personne qui crit doit inventer ce premier personnage qui l'auteur de l' uvre Qu'une personne se mette tout enti re dans l' uvre qu'elle crit voil quelque chose qu'on entend fr quemment mais qui ne correspond aucune v rit Ce n'est jamais qu'une projection de soi que l'auteur met en jeu dans l' criture et ce peut tre la projection d'une vraie part de soi-m me comme la projection d'un moi fictif Lucien Goldmann Pour une sociologie du roman LG a largement contribu au renouveau des tudes litt Se r clamant du mat rialisme dialectique le critique entend expliquer la pens e par l'homme vivant et entier lui-m me con u comme un l ment de l'ensemble qu'est le groupe social aucune uvre importante ne peut tre l'expression d'une exp rience purement individuelle biographie et psychologie st d'ailleurs r cus es comme tant la fois externes l'oe et impossibles tablir scientifiquement Il a labor une m thode sociologique et historique qui se sert du concept de vision du monde Ainsi les trag dies de Racine si peu clair es par sa vie s'expliquent en partie tout au moins en les rapprochants de la pens e jans niste et aussi de la situation sociale et conomique des gens de robe sous Louis XIV Le Dieu cach En en appliquant cette m thode au roman G tablit une homologie de structure entre la forme romanesque et la soci t individualiste n e du capitalisme ds laquelle la qualit et la valeur d'usage st d grad es en quantit et en valeur d' change L' crivain qui privil gie des crit res qualitatifs appara t ainsi comme un individu probl matique et le roman comme l'histoire d'une recherche d grad e de valeurs authentiques dans un monde inauthentique G d veloppe les th ories de Luk cs et de Girard L' conomie lib rale valorisait la vie individuelle c'est pourquoi le roman balzacien se pr sente c la biographie d'un h ros probl matique Qd le march lib ral et individualiste est d pass appara t le Nouveau Roman caract re non biographique Ds les derni res pages de son livre G pr cise la relation entre l' uvre et le groupe social qui par l'interm diaire du cr ateur- se trouve tre en derni re instance le v ritable sujet de la cr ation Un chef-d' uvre se distingue de l'oe m diocre par sa capacit exprimer de fa on rigoureuse la structure virtuelle d'un groupe auquel il permet d'objectiver et de comprendre ce qui ds ses fa ons de penser et de sentir fait syst me le caract re collectif de la cr ation litt raire provient du fait que les structures de l'univers de l' uvre sont homologues aux structures mentales de certains groupes sociaux ou en relation intelligible avec elles alors que sur le plan des contenus c'est- -dire de la cr ation d'univers imaginaires r gis par ces structures l' crivain a une libert totale L'utilisation de l'aspect imm diat de son exp rience individuelle pour cr er ces univers imaginaires est sans doute fr quente et possible mais nullement essentielle et secondaire de l'analyse litt raire tte gde uvre litt ou artistique du pass est l'expression d'une conscience collective Chap L'homme et l' uvre Une solide tradition scolaire fait de la connaissance de la vie de l' crivain un pr alable l' tude de l' uvre Or cela favorise la confusion du personnage et de l'auteur ce que Balzac d non ait ds la pr face de La Peau de chagrin difficile de persuader au public qu'un auteur peut concevoir le crime sans tre criminel Au XIX me si cle s'oppose l'impersonnalit hautaine de l'artiste Flaubert l'engagement moral du romancier qui d sire tre compris et clairer ses lecteurs G Sand D'autre part cette tradition se fonde sur une conception r ductrice du travail de l' crivain qui proc derait la mise en forme d'une pens e ou d'une exp rience pr existantes au texte au lecteur d'en retrouver la trace ds l'oe en s'aidant des donn es biographiques Or comme l'a montr la section pr c dente le sujet de l' criture n'est pas la personne qui crit si un livre est le produit d'un autre moi le questionnement biographiques perd son int r t Proust C'est la position qu'adopte la nvle critique d'inspiration psychanalytique qui s'int resse l'inconscient du texte Bellemin-No l Gustave Flaubert l'exigence d'impersonnalit F est ss doute le premier crivain avoir accord une aussi gde place la r flexion sur sa pratique de romancier Sa correspondance constitue une sorte d'art po tique o il expose ses principes esth tiques Le culte de la forme et du style est pouss jusqu' une esp ce de mysticisme esth tique Le sujet est secondaire il n'y a pas en litt rature de beaux sujets d'art l'artiste doit tout lever Mais le domaine de l'art est toujours le Vrai le beau style tant la forme exacte de la v rit o la Forme en effet manque l'Id e n'est plus Cela implique la critique des lieux communs et le retrait de la vie sociale le vrai n'est jamais dans le pr sent Cela exige aussi l'impersonnalit de l' uvre il ne faut pas s' crire si l'on veut atteindre le Beau a Le refus de la sentimentalit romantique Lettre Louise Collet du avril La critique du romantisme larmoyant dt Lamartine est la figure embl matique revient c un leitmotiv ds la correspondance Au d ballage de cette sensibilit f minine F oppose la force virile du style Paradoxalement c'est le W de la forme et non l'expansion du moi qui exprime les plus intenses et les plus vrais sentiments de la vie Baudelaire qui condamne la po sie du c ur b L'exigence d'impersonnalit Lettre du d c Omnipr sent mais impassible le romancier peut donner une vie saisissante son oe L'auteur dans son uvre doit tre comme Dieu dans l'univers pr sent partout et visible nulle part c Le refus de l'engagement lettre Mme Roger des Genettes juillet Selon F en voulant philosopher et intervenir dans la vie de son temps Hugo s'est loign du vrai et de l'art Les Mis rables m'exasp rent je ne trouve dans ce livre ni v rit ni grandeur il n'est pas permis de peindre si faussement la soci t quand on est le contemporain de Balzac et de Dickens le but de l' crivain est de composer une oe qui s'imose par ses qualit s esth tiques ce qui exclut tte expression personnelle et tt engagement George Sand lettre Flaubert janvier F a longtemps consid r GS comme le mod le de l' crivain sentimental et sans style Plus tard ptt les deux crivains ont t li s par une amiti dt t moigne la correspondance qu'ils ont chang e de Figure maternelle et artiste respect e S prodiguait conseils et encouragements F aigri par des revers de fortune et des chec litt raires L'Education sentimentale L'art po tique de GS s'oppose en ts points celui de F auquel elle r p te qu'une uvre doit exprimer une vue bien arr t e et bien tendue sur la vie D sireuse de rendre moins malheureux ses lecteurs elle refuse de ne montrer que le mauvais comme le r alisme ds lequel F ne se reconnaissait nullement et r cuse le culte de la forme et l'impersonnalit qui ne s'adresse qu' des lettr s alors qu' on est homme avant tout Pour elle l'auteur doit guider le lecteur en jugeant clairement ses personnages La r ponse de F montre qu'il ne renoncera pas ses principes si le lecteur ne tire pas d'un livre la moralit qui doit s'y trouver c'est que le lecteur est un imb cile ou que le livre est faux du point de vue de l'exactitude Car du moment qu'une chose est Vraie elle est bonne C'est dc bien la question du public qui oppose les deux romanciers Cacher sa propre opinion sur les personnages que l'on met en sc ne laisser par cons quent le lecteur incertain sur l'opinion qu'il doit avoir c'est vouloir n' tre pas compris et d s lors le lecteur vous quitte car s'il veut entendre l'histoire que vous lui racontez c'est la condition que vous lui montriez clairement que celui-ci est un fort et celui-l un faible L'Education sentimentale a t un livre incompris tous les personnages sont faibles et avortent sauf ceux qui ont de mauvais instincts voil le reproche qu'on te fait parce qu'on a pas compris que tu voulais pr cis ment peindre une soci t qui encourage ces mauvais instincts et ruine les nobles efforts quand on ne nous comprend pas c'est toujours notre faute Ce que le lecteur veut c'est de p n trer notre pens e et c'est l ce que tu lui refuses avec hauteur Il croit que tu le m prises et que tu veux te moquer de lui Je l'ai compris moi parce que je te connaissais vous aurez beau faire votre r cit est une causerie entre vous et lui la volont d'impersonnalit expose le romancier n' tre pas compris des lecteurs qui s'attachent la personne de l' crivain et souhaitent qu'il exprime clairement ses opinions sur les personnages Marcel Proust Contre Sainte-Beuve posthume S-B crivait ds une tude au titre significatif Chateaubriand jug par un ami intime en je puis go ter une uvre mais il m'est difficile de la juger ind pendamment de l'homme m me et je dirai volontiers tel arbre tel fruit L'auteur de la Recherche s'est lev contre cette fameuse m thode au nom d'une conception radicalement diff rente de la litt et de l'art le gd crivain ne retranscrit pas les incidents de sa vie il d chiffre le livre int rieur de signes inconnus que les impressions fugitives ont laiss en lui E lecteur doit effectuer par un effort de son c ur un travail au fond de lui-m me pour recr er le moi profond de l'auteur Ainsi l'id e que P se fait de l'art conduit distinguer radicalement l'homme de l' uvre et r valuer le r le du lecteur un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes dans la soci t dans nos vices Paul Val ry Tel quel l'auteur est une cr ation de l' uvre Jean Bellemin-No l Vers l'inconscient du texte S'il est vrai que le fait litt raire ne vit que de receler en lui une part d'inconscience on comprend que certains critiques en suivant l'exemple de Freud cf son tude de la Gradiva de Jensen aient entrepris de lire les textes litt raires la lumi re de la psychanalyse Une place particuli re doit tre accord e la psychocritique de Charles Mauron qui par une m thode rigoureuse de superposition des textes met en vidence des r seaux d'associations et d'images qui ordonnent l'ensemble de l'oe puis d gage une structure symbolique fondamentale inconsciente comparable au sens latent d'un r ve dt le critique cherche ensuite confirmation ds les donn es biographiques Ph dre transpose ainsi un fantasme oedipien en aimant Ariste Hippolyte le Moi tente d' chapper une m re possessive Ca et se heurte un p re implacable Surmoi Plus g n ralement l'oe de Racine exprime sa lutte contre la menace de la n vrose jans niste h ritage de l' ducation rigoriste re ue Port-Royal Le risque est de s'int resser l'homme plus qu' l' uvre Todorov a reproch la psychocritique de postuler l'existence d'un original biographique alors que le texte est toujours la transformation d'une autre transformation Pour se pr munir contre le beuvisme J B-N choisit d'aller vers l'inconscient du texte sans jamais faire appel l'auteur des textes mis en lecture Le je u litt raire Il y a ds le txt un effet de d sir que le lecteur met en sc ne par son travail aussi cet inconscient du txt ne peut-il tre js isol et attribu au sujet-cr ateur La lecture du fameux incipit de la Recherche met ainsi en relation toute une s rie de sujets Le monde le texte le lecteur Marcel Proust JE l'auteur implicite du r cit je le moi conscient du lecteur Je le narrateur explicite je le moi inconscient du lecteur Je le personnage du r cit C'est ds ce jeu des je que r side selon J B-N la s duction myst rieuse de la litt Expliquons le lecteur ne s'approprie pas purement et simplement le je de la fiction il est contraint de composer avec lui de faire une exp rience nvle susceptible de le transformer le txt litt met en relation plusieurs sujets conscients et inconscients L'interconnexion entre les inconscients du txt et du lecteur est la source du plaisir de la lecture Partie III L' uvre et ses lecteurs Il n'est plus possible aujourd'hui de consid rer l'oe en soi forme qio n'existerait que par elle-m me Sartre avait d j conclut que 'il n'y a d'art que pour et par autrui Qu'est-ce que la litt rature La th orie de la r ception accorde une place encore plus grande au lecteur dt la sensibilit et le jugement st d termin es par les conventions esth tiques de son poque Il importe donc d'envisager la relation entre l'oe et le lecteur c- -d les diff rentes modalit s de l'acte de lecture la r ception de l'oe par ses contemporains puis par les g n rations ult rieures qui assurent sa survie Chap Qu'est-ce que lire L'oe n'existe pas sans sa lecture C'est ce que montrent les th oriciens de la r ception qui caract risent le txt litt par son incompl tude et sa polys mie et d finissent l'oe comme la constitution du texte dans la conscience du lecteur Ms l'exp rience esth tique est d'abord intersubjective ds la mesure o une oe nvle est per ue par le public travers le syst me de r f rences cr par les oe ant rieures et qu'elle contribue modifier Jauss Il n'y a dc pas de txt sans hors-texte c- -d une situation de lecture ds laquelle interviennent des d terminations individuelles et collectives Goulemot Les romanciers se st eux aussi int ress s au rapport au point d'en faire le sujet du roman Calvino cas limite Qt la lecture critique elle ne cherche pas d couvrir la v rit de l'oe en la confrontant au monde ms la d crire avec le langage et les concepts de son poque Barthes Jauss Pour une esth tique de la r ception - Selon J et les th oriciens de l' cole de Constance l'oe englobe la fois le texte comme structure donn e et sa r ception ou perception par le lecteur Il est dc fondamental d'analyser ce processus qui actualise la structure de l'oe et lui donne sens ce sens se constituant progressivement ds l'histoire chaque fois que les conditions historiques et sociales de la r ception se modifient J analyse deux moments de l'exp rience esth tique celui de la d couverte d'une oe nvle et celui de son interpr tation L'oe n'est js re ue comme une nouveaut absolue par un esprit vierge d s le d but par son genre er son style elle voque des choses d j lues et pd place ds le syst me de r f rences du lecteur c- -d ds un ensemble d'attente et de r gles du jeu avec lesquelles les textes ant rieurs l'ont familiaris Cet horizon d'attente est en outre ss cesse modifi par la succession de signaux inscrits ds la strat gie textuelle de l'oe la lecture est dc une part guid e ds cadre d'un syst me s miologique Ds cette perspective l'interpr tation d'une oe n'est pas un ph nom ne strictement individuel et subjectif elle s'inscrit ds l'horizon d'une exp rience esth tique intersubjective pr alable qui fonde toute compr hension individuelle d'un texte et l'effet qu'il produit la r ception d'une oe n'est pas un acte individuel relevant de la pure subjectivit ms s'inscrit ds un horizon d'attente Celui-ci est d termin par l'exp rience esth tique individuelle et intersubjective- du lecteur ss cesse corrig e par les donn es textuelles Cf Charles Grivel Production de l'int r t romanesque la narration a pour but la ma trise du lecteur elle s'en fait le guide se constitue comme dirigisme int gral La personnalit souvent voqu e du lecteur cette alt rit que le texte suppose comme partenaire dans son dialogue n'est qu'une feinte du roman La libert ventuelle du lecteur consiste au plus prendre ou ne pas prendre le volume propos sit t dans ses mains pourtant le livre lui d robe totalement sa libert Jean-Marie Goulemot Pratiques de lectures J-M G analyse la pratique d'une culturelle lieu de production du sens de compr hension et de jouissance Il commence par rappeler quelques vidences tablies par la critique moderne la lecture est un proc s d'appropriation et d' change qui r unit le lecteur et le hors-texte Le texte litt tant polys mique une lecture actualise une des virtualit s signifiantes du texte La situation de lecture est d termin e par facteurs une physiologie une histoire et une biblioth que L'analyse de J-M G sur la r ception de L'Education sentimentale avant et apr s peut tre prolong par l'analyse de Sartre sur l'historicit du lecteur Le Silence de la mer tait adapt au public de l'invitant na pas sympathiser avec les Allemands mais la nouvelle a perdu son efficace en qd la r sistance contre la barbarie nazie a pris des formes plus radicales Qu'est-ce que la litt rature Une lecture aussi d termin e par la m moire des lectures ant rieures et par les diff rents mod les narratifs qui coexistent une poque donn e Le r le de la biblio s'analyse en des termes d'intertextualit et d'horizon d'attente toute lecture est une lecture comparative mise en rapport du livre avec d'autres livres Lire ce serait donc faire merger la biblioth que v cue c'est- -dire la m moire des lectures ant rieures et des donn es culturelles Il est rare qu'on lise l'inconnu la culture institutionnelle nous pr dispose une r ception particuli re du texte la lecture est un processus complexe qui met en jeu le corps l'histoire et la culture du lecteur Italo Calvino Si par une nuit d'hiver un voyageur IC fut le correspondant italien de l'OuLiPo qui r unit des crivains comme G Perec et R Queneau L'OuLiPo s'est int ress aux contraintes et aux proc dures qui pr sident l'engendrement des oe litt et s'est attach soit en inventer de nvles ex le lipogramme utilis ds La Disparition soit analyser celles qui donnent forme aux oe du pass Si par une nuit d'hiver un voyageur porte la trace de ces recherches formelles Les deux h ros un Lecteur et une Lectrice en qu te d'un roman dt ils n'ont lu que le d but en d couvrent neuf autres qui s'interrompent ts au moment le plus palpitant Ces d buts constituent autant de parodies o C manie avec virtuosit l' criture la technique narrative les r fces des pays g ographiquement et politiquement typ s Ms loin de se r duire un exercice de style le roman constitue une r flexion sur les relations entre le livre le lecteur l'auteur et la soci t L'incipit m le malicieusement deux univers normalement disjoints ds la csce du lecteur une petite gare de province d'avant l' lectrification qui sert de cadre l'action d'un inconnu la recherche d'un myst rieux contact le roman ds sa mat rialit m me chapitres alin as phrases qui rappelle ss cesse que le lecteur est en train de construire l'histoire partir des donn es du texte et selon les mod les narratifs du roman policier Les variations de l' nonciation provoquent et contr lent la fois l'identification du lecteur au h ros Les commentaires du narrateur le choix du pr sent puis le remplacement de la me personne par les deux premi res obligent le lecteur voir ds les l ments du r cit des indices interpr ter Ds ce d but discr tement parodique le roman policier appara t comme la m taphore de tout roman d fini comme un syst me de signes lacunaires mais construit pour permettre au lecteur de reconstituer facilement une atmosph re qu' il conna t par c ur Ce txt peu l'illustration de la th se de Jauss selon laquelle la perception du lecteur est ss cesse guid e par les signaux qu'il rep re ds le txt Roland Barthes Essais critiques B commence par rappeler que tte oe litt est d'abord langage on ne peut dc appr cier en termes de vrai ou faux un discours dt la r f rence au monde est probl matique La critique est elle-m me langage et ce titre elle ob it des d terminations historiques et existentielles qui engagent son auteur Son objectivit est illusoire tte critique se fonde sur des principes id ologiques C'est pourquoi B d nonce la critique positiviste et le lansonisme auquel il reproche de couvrir de drap moral de la rigueur et de l'objectivit des fondements id ologiques discutables selon lesquels les d tails d'une uvre doivent ressembler aux d tails d'une vie La diversit de la nvle critique montre d'ailleurs que le discours critique n'a pas pour objet la v rit La critique confronte son langage qui emprunte son poque des concepts et des principes celui de l' uvre langage second ou m talangage elle s'apparente au discours logique et utilise des instruments nvx pour rendre compte des oe ant rieures La qualit d'une bonne critique n'est dc pas d' tre vraie mais syst matique sa validit se mesure sa capacit saturer l'oe Est ainsi r cus e la d marche positiviste qui cherchait expliquer une oe par ses rapports secrets avec le monde de l' crivain Fran oise le personnage de la Recherche n'est pas C leste Albaret la domestique de Proust si la critique n'est qu'un m ta-langage cela veut dire que sa t che n'est nullement de d couvrir des v rit s ms seulement des validit s En soi un langage n'est pas vrai ou faux il est valide ou il ne l'est pas valide c'est- -dire constituant un syst me coh rent de signes Les r gles qui assujettissent le langage litt ne concernent pas la conformit de ce langage au r el mais seulement sa soumission au syst me de signes que s'est fix l'auteur son r le est uniquement d' laborer elle-m me un langage dt la coh rence la logique et pour tout dire la syst matique puisse recueillir ou mieux encore int grer la plus grande quantit possible de langage proustien d'ajuster comme un bon menuisier qui approche en t tonnant intelligemment deux pi ces d'un meuble compliqu le langage que lui fournit son poque au langage c'est- -dire au syst me formel de contraintes logiques labor par l'auteur selon sa propre poque Chap L' uvre et son public Les romanciers se st tr s t t pos ce probl me Diderot ds JleF soumet un lecteur pudibond et prisonnier des codes narratifs et moraux de son tps aux critiques d'un auteur malicieux et provocant Stendhal en signalant l'immense consommation de romans qui a lieu en France distingue le roman pour les femmes de chambre et le roman des salons projet d'article sur Le Rouge et le Noir conscient de d ranger les habitudes de lecture contemporaines il destinait son oe aux happy few Ds la re moiti du XIXe l'oe tend devenir une marchandise et l'auteur peut tent de s'adapter aux attentes du public comme le montre l'ex des Myst res de Paris Eco Aujourd'hui le champ litt est ordonn par le syst me m diatique qui conduit un appauvrissement de la litt Ernaux Inversement l'innovation formelle heurte les habitudes de lecture du public cf Madame Bovary Jauss Une oe originale en effet est tjrs d'acc s difficile demande effort d'adaptation avt d' accept e et de modifier vision du monde Proust Umberto Eco Lector in fabula Ds une perspective proche de celle de W Iser Eco d finit le txt litt comme un tissu d'espace blancs d'interstices remplir soit qu'une partie de son contenu n'est pas manifest e au plan de l'expression Seul lecteur peut le faire fonctionner en actualisant ce qui n'est pas exprim explicitement C'est pourquoi le txt suppose et construit un Lecteur mod le dot de certaines connaissances et capable d'en acqu rir de nouvelles Se pose alors la question de la libert d'interpr tation du lecteur l'actualisation du contenu est-elle enti rement r gl e par le txt Eco d finit alors types contrairement au txt ferm le txt ouvert ne cherche pas imposer une seule lecture ms tt en assurant une coh rence des interpr tations Le txt ferm est adapt un public sp cifique qui n'a dc pas besoin de se montrer particuli rement coop ratif les volumes de Fant mas visaient ainsi le public populaire des ann es - Avec les Myst res de Paris initialement destin s au public cultiv Eco montre que l'adaptation de l'e au public a pu se faire pdt la r daction la publication en feuilletons a permis Eug ne Sue d'orienter son roman ds un sens moralisateur et r formiste qd s'est rendu compte de son succ s Ms son message n'a pas t bien compris du peuple qui y a vu une oe r volutionnaire Ainsi m me un txt ferm ne contr le pas totalement son actualisation Annie Ernaux l' crivain en terrain min Le Monde AE alerte l'opinion sur les dangers que le syst me m diatique fait peser sur la litt Tt en reconnaissant ds le d sir d' reconnu une motivation l gitime de l' crivain elle d plore que la cons cration litt d pende essentiellement de la t l l'oe est alors confondue avec l'auteur dt l'apparition ds les m dias est consid r e par le gd public c un crit re de qualit L'adaptation de la litt au gd march conduit une double perversion l'oe devient une marchandise et pour assurer sa promo l' crivain doit offrir au public une image m diatique Pr conserver sa place ds un domaine soumis une dure concurrence l' crivain-vedette doit se soumettre aux lois du marketing entretenir l'int r t du public produire des oe nbses et faciles cultiver la nouveaut Cette satire des m urs est conduite au nom d'une conception de la litt qui loin de se r duire des divertissements futiles que n'inspirent aucun projet esth tique nu interro sur le monde devrait continuer exercer sa fonction dans tous les domaines C'est la litt rature-spectacle Jauss Pour une esth tique de la r ception - Selon J le propre d'une gde uvre est de rompre avec l'horizon d'attente Ms cet cart esth tique peut susciter l'incompr hension du public d rout par une forme nvle J donne ainsi l'ex du proc s que valut F la publication de Madame B en les lecteurs qui avaient en t te les normes romanesques du roman balzacien furent d concert s par l'impersonnalit et l'emploi novateur du style indirect libre En effet le choix d'un mode de narration impersonnel pose pb partir du moment o il ne permet pas aux lecteurs de d terminer avec certitude l'origine des propos rapport s L'enjeu moral est vident et le public peu rompu ce type de narration habitu au jugement moral univoque et garanti sur les personnages par le narrateur balzacien y a vu une glorification de l'adult re l'accusateur de Flaubert tait victime d'une erreur que l'avocat ne se fit pas faute de relever aussit t les phrases incrimin es ne st pas une constatation objective du narrateur laquelle le lecteur peut adh rer ms l'opinion tte subjective du personnage dt l'auteur veut d crire la sentimentalit romanesque Le proc d artistique consiste pr senter le discours int rieur du personnages il en r sulte que le lecteur doit d cider lui-m me s'il lui faut prendre ce discours comme l'expression d'un v rit ou d'une opinion du personnage Proust Le C t de Guermantes P chq individu per oit le monde d'une mani re unique perception qui reste inaccessible l'intelligence l'artiste est seul pouvoir exprimer la sienne au terme d'un travail d' criture L'originalit de l' uvre constitue dc un crit re de qualit Se pose alors le pb de la communication entre artiste et public la singularit de l'oe n'est-elle pas un obstacle sa r ception On sait que la passivit est interdite au lecteur proustien qui doit recr er en lui le moi profond de l'artiste P met l'accent sur travail d'accommodation du lecteur gymnastique difficile qui demande apprentissage faut franchir l'obstacle d'un style nv Une m taphore fait de l'artiste original un oculiste qui modifie la vision du lecteur en lui r v lant des rapports nouveaux entre les choses A c t de Bergotte Renoir illustre parfaitement le renouvellement des formes qu'apporte un gd artiste ce peintre repr sente en effet une cole dt la modernit fit scandale et laquelle les critiques lui reprochaient de mal restituer la r alit La r flexion de P anticipe sur les travaux de Jauss qui montrent comment la r ception d'une oe nvle est r gl e par codes h rit s d'oe anciennes et reconnues Chap Qu'est-ce qu'un classique Notion d signe d'abord une gde oe du e conforme une esth tique fond e sur l'imitation Anciens nature la raison le respect du public biens ances go t et de conventions le d sir d'instruire en distrayant bref une oe que l'on puisse consid rer sur les plans artistique et moral ds la tradition des humanit s largement s'applique tte oe qui a trouv sa place ds notre patrimoine culturel et que l'on tudie en classe notion s'articule sur qualit dur e et utilit de l'oe litt Dur e capacit int resser un autre public que le contemporain est svt voqu e c crit re de qualit mais quel est le principe de dur e Non pas les id es vite d grad es mais la forme notamment po tique Val ry Analyses modernes ajoutent consid rations fond es sur la r ception de l'oe le chef-d'oe supporte des interpr tations successives est ss cesse re-produit La lecture ob it des d terminations complexes qui mettent en jeu s rie de relations dialectiques entre le pr sent et le pass l'individuel et le collectif c'est pourquoi on peut multiplier les d fs d'un classique Calvino Ms plasticit pas tjrs reconnue oe ancienne dat e par sa forme Peut appr ci e c un t moignage d'un tat de langue disparu Proust ou au contraire rejet e au nom du refus du conformisme et de la cr ation de nvles formes adapt es au public contemporain Artaud Val ry Victor Hugo cr ateur par la forme Vari t Pr V forme est seule r alit de l'oe Elle l'est d'abord comme sch me l'origine du Cimeti re marin il y eut une figure rythmique vide Vie humaine vou e au chgt et d gradation Ds domaine esth tique formes changent jugement des hommes aussi Qu'est-ce qui permet l'oe de qualit de r sister au tps - une forme efficace qui participe de la structure du fonctionnement de l'organisme humain de l' tre m me Une telle forme a qlqch d'essentiel en cela qu'elle s'appuie sur la nature constante de l'homme pargn e par le tps Ainsi ce st les l ments les d nu s de signification rythmes rimes figures qui assurent la survie de l'oe parce qu'ils chappent au vieillissement des pens es et des codes V d finit litt c un langage avt tt et affirme le caract re inessentiel du message ou du sujet Italo Calvino La Machine litt rature A la question de l'int r t des gdes oe du pass on r pond svt que leur fr quentation jouent r le essentiel ds formation de l'individu et du citoyen Ce discours humaniste est tenu la fois par l'institution scolaire et par certains crivains comme Claude Roy Cette question subit d placement significatif chez C qui se demande plut t comment on lit les classiques que pourquoi on les lit Article de C pd forme d'une s rie de r flexions ponctu es de d fs originales Sp cificit des classiques se manifeste ds le rapport particulier qu'ils entretiennent avec le lecteur Ils contribuent d finir l'honn te homme la lecture priv e et libre laisse place une lecture collective et guid e ces txts v n r s st d'abord connus par ou -dire et travers un discours critique Ms cette pratique n'est js st rile la richesse infinie des classiques supporte de multiples relectures Cette richesse qui assure leur survie explique aussi leur fonction civilisatrice ils touchent la sensibilit et nourrissent la m moire synth tisent l'exp rience humaine permettent l'homme de se conna tre et de se situer ds le tps et d finissent une continuit culturelle Proust Journ es de lecture Pastiches et M langes Pr P la lecture conduit au seuil de la vie spirituelle la puissance de notre sensibilit et de notre intelligence nous ne pouvons la d velopper qu'en nous-m mes En revanche c'est ds ce contact avec les autres esprits qu'est la lecture que se fait l' ducation des 'fa ons' de l'esprit c- -d du go t raffin P s'interroge sur l'int r t des gds crivains pour les ouvrages anciens Outre la possibilit de sortir de soi et de l'univers qui est propre chacun ils appr cient la beaut d'une langue disparue consid r e comme un miroir de la vie ils go tent un plaisir d'esth te d couvrir les traces persistantes du pass quoi rien du pr sent ne ressemble ds la syntaxe la fois cisel e et audacieuse des auteurs classiques Une longue note emprunte ainsi Andromaque des ex de ces belles lignes bris es Je t'aimais inconstant qu'aurais-je fait fid le Ms c'est la lecture compl te de l'oe et non des morceaux choisis qui r v le cette contexture intime du langage Antonin Artaud En finir avec les chefs-d' uvre Le th tre et son double En A adh re au surr alisme qui lui permet de donner libre cours ses id es radicales Instable atteint de troubles psychiques il tente de trouver une th rapie ds l' criture po tique Le P se-Nerfs puis ds le th tre Metteur en sc ne ms aussi analyste des pratiques th trales il expose ds des articles manifestes conf rences r unis ds Le Th tre et son double ses th ories th trales et sa conception du th tre de la cruaut expression de la souffrance existentielle de l'h il faut croire un sens de la vie renouvel par le th tre d clare-t-il ds la pr face Cette ambition m taphysique suppose un engagement total des acteurs et une constante inventivit le danger est dc de s'attarder artistiquement sur des formes Cette n gation de l'art se fait au nom de l'utilit du th tre Txt d nonce l' idol trie des chefs-d' uvre fix s qui conduit proposer au public des formes d su tes L'exemple d' dipe Roi de Sophocle montre que ce n'est pas le th me qui est tranger la foule d'aujourd'hui ms son langage ses formes Ainsi contrairement Val ry A estime que la forme de l'oe est le principe de son vieillissement Le th tre est con u c un spectacle total tjrs renouvel pour s'accorder la sensibilit changeante du public Les chefs-d' uvre du pass sont bons pour la pass ils ne sont pas bons pour nous Si la foule ne vient pas aux chefs-d'oe litt c'est qu'ils sont litt c'est- -dire fix s et fix s en des formes qui ne r pondent plus aux besoins du temps le culte du chef-d' uvre rel ve du conformisme bourgeois Partie IV Structures du r cit O connaissez-vous une critique qui s'inqui te de l' uvre en soi d'une fa on intense lettre G Sand de f vrier Ce v u de Flaubert semble avoir t exauc depuis la linguistique structurale analysant l'oe ds sa litt rarit La po tique qui a pr objet d' laborer une th orie g n rale des formes litt raires Genette s'est attach e l' tude du r cit narratologie du personnage et de la description Le lecteur na f lit une histoire or cette histoire du pt de vue narratologique est le signifi du r cit signifiant lui-m me produit par un narrateur qui n'a d'existence que ds le txt du roman C'est dire que l'histoire n'a rien de naturel et pourrait repr sent e autrement D'o analyse des modalit s de la repr sentation narrative sur la narrateur le pt de vue etc Le r cit en outre s'inscrit ds des structures spatio-temporelles qui fondent sa v racit Bakhtine a montr comment le tps et l'espace romanesques ordonnent le monde selon une vision particuli re l'auteur le genre ou l' poque La topographie romanesque outre sa fonction mim tique est li e au syst me de personnages auxquels elle fournit un espace de jeu La notion de personnage d'abord abord e en termes psycho a t ensuite trait e ds une perspective structurale et s miotique Il est analys en tant que participant une sph re d'actions et comme un signe dot d'un signifiant et d'un signifi A l'origine de l'illusion r f rentielle que produit le roman r aliste la description a aussi vu sa fonction changer avec le Nv Roman Chap Modes du r cit Dps les Formalistes russes une tendance de la critique litt consiste analyser l'oe ds son fonctionnement interne rapport avec contexte auteur ou lecteur On cherche laborer une po tique qui prenne en compte la fois la vari t et l'unit de tte oe litt travers cat gories permettant d' tablir une grammaire su texte Des critiques comme Todorov ou Genette illustrent cette d marche analytique qui envisage les rapports entre les divers l du r cit selon le mod le syntaxique Utilisant mod le verbal G d finit mode narratif avec outils narratologiques distance et perspective De m me il s'attache d finir notion d' instance narrative en la diff renciant de celle d'auteur ou de point de vue Ds m me esprit un groupe li gois tablit un classement des divers types de focalisation groupe Analyses rh toriques apparaissent directement impliqu es ds r alit de la cr ation romanesque puisqu'un crivain les met en sc ne ds une sorte d'auto-r flexion sur la compo et l' laboration de son roman Kundera Genette Figures III Ds le chap du livre G signale que la fonction essentielle de la critique reste d'entretenir le dialogue d'un texte et d'une psych consciente et ou inconsciente individuelle et ou collective cr atrice et ou r ceptrice Pr lui la critique doit s'orienter ds une autre perspective d finie comme une exploration des divers possibles du discours centr e non sur la litt rature mais sur la litt rarit G propose dc ds Figures III une th orie du r cit labor e partir de la Recherche Il a recours au mod le grammatical pour fonder une grammaire du texte utilisant les cat gories du verbe afin de mettre en vidence les structures organisatrices du r cit R cit analys avec les cat gories temps mode et voix le mode narratif G d finit le mode narratif du txt c- -d les modalit s de la repr sentation narrative Ds r cit la r gulation de l'information narrative s'op re au moyen de deux modalit s essentielles la distance et la perspectives narratives d finies comme la quantit d'informations transmise au lecteur et la fa on dt s'op re cette transmission La distance peut fournir plus ou moins de d tails et les fournir de fa on plus ou moins directe La perspective d finit le point de vue partir duquel st donn es ces infos Le r cit peut par exemple donner les infos partir des capacit s de connaissances de telle ou telle partie prenante de l'histoire dt il feindra d'adopter la vision ou le point de vue focalisation interne l'instance narrative Utilisant tjrs le mod le grammatical G met en oe la notion de voix d finie grammaticalement comme l'aspect de l'action verbale consid r e ds ses rapports avec le sujet Appliqu e en narratologie cette notion pd sens plus large le sujet tant non seulement celui qui accomplit l'action mais celui le m me ou un autre qui la rapporte pb de 'instance narrative du r cit Le critique part de la distinction tablie en linguistique entre nonc parole non situ e et nonciation parole situ e ds processus de com mettant en jeu instance productrice Narratologie doit envisager alors aussi une instance productrice du discours romanesque et dc analyser voix qui rapporte r cit Mais pb confusion instance narrative avec support de la focalisation entre voix qui rapporte r cit et personnage dt point de vue oriente la perspective confusion qui voit et qui parle confusion instance narrative instance productrice du r cit narrateur auteur Narrateur r le fictif situation narrative ne se ram ne jamais la situation d' criture Et variations de instance narrative au cours du r cit Groupe Rh torique g n rale groupe de recherche sur les pbs de l'expression d finit litt comme un usage singulier du langage Rh torique g n rale a pour objet la connaissance des proc d s de langage caract ristiques de la litt rature Le fait de style qui fonctionne comme cart par rapport norme est analys comme aboutissement de techniques qui mettent en oe op rations fondamentales suppression adjonction suppression-adjonction permutation Applicable au point de vue narratif perspective travers laquelle st restitu s les v ts ou les personnages de la fiction la suppression de la repr sentation du narrateur appara t ds certains romans am ricains q Sartre a oppos s Mauriac ds un article de Situations I Ds Des souris et des hommes de Steinbeck les personnages st pr sent s de l'ext selon un type de narration behaviouriste Narrateur personnage Vision du dehors l'adjonction de la repr sentation du narrateur cr e la vision omnisciente Ex le N balzacien analyse et juge les personnages N personnage la suppression-adjonction qui substitue repr sentation du N la perception subjective d'un personnage est illustr e par L'Etranger ou Le Horla Vision avec la permutation des points de vue des personnages est repr sent e par le roman par lettres ex Les Liaisons dangereuses points de vue crois s Milan Kundera La vie est ailleurs Analyste lucide des m canismes et des id ologies des soci t s contemporaines de l'Est comme de l'Ouest K affirme clairement ses choix esth tiques refus du lyrisme humour refus de l'illusion r aliste interventions constantes du N Ses r flexions sur le roman st r unies ds L'Art du roman Pr K le roman est devenu po sie depuis Madame Bovary roman po sie antilyrique Ds passage de La vie est ailleurs K met en sc ne N qui r fl chit travers laboration de son propre roman aux conditions de la mise forme romanesque Analysant la fa on dt st pr sent s ds le roman le personnage de Jaromil le romancier permet au lecteur de pdre conscience des modalit s de la mise en forme romanesque traitement du temps et utilisation d'une perspective qui d termine tt le r cit Choix d'une attitude narrative d terminant en adoptant un poste d'observation partir duquel est vue toute l'histoire le N donne coh rence et forme particuli res narration Choix influe d'abord sur rythme du r cit Distorsion entre le temps de la fiction et tps de la narration s'explique par fait que r cit ordonn partir de la mort du h ros ce qui rejette son enfance ds lointain Cette anisochronie selon terminologie de Genette effet de rythme obtenu par distorsion entre dur e de l'histoire et longueur du txt montre que N libre d' organiser tps sa guise l' tirer ou le concentrer De ce choix d pendent mode de pr sentation du personnage leur importance relative et finalement l'histoire elle-m me le roman ne donne voir que J et sa m re Choix garant de la coh rence interne du roman limite champ ouvert la fiction J ne sera js le Xavier dt il r ve Pour que roman soit d'autres romans autres possibles narratifs il faudrait d placer le poste d'observation La premi re partie de notre r cit englobe environ quinze ans de la vie de Jaromil mais la cinqui me partie qui est pourtant la plus longue peine une ann e Donc ds ce livre le temps s' coule un rythme inverse du rythme de la vie r elle Si l'homme ne peut nullement sortir de sa vie le roman est beaucoup plus libre Chap Temps et espace le r cit pour s'inaugurer se maintenir se d velopper comme un monde clos suffisant constitu exige la fois localit et temporalit C Grivel Production de l'int r t romanesque impttce structures spatio-temporelles au sein du fonctionnement de la narration Structures soumises traitement diff rents selon esth tique qui pr side leur mise en oe Ainsi Nv Roman choisit de d construire temporalit traditionnelle par dilatations et concentrations qui restituent subjectivit des personnages Robbe-Grillet Le roman se fabrique un temps pour tre Activit textuelle par laquelle narration cr e effet temporel repose sur un rythme narratif produit de types de dur e la dur e di g tique l'image de la temporalit r elle et la dur e textuelle Ce tempo narratif s'organise autour de mvts pause sc ne sommaire ellipse Genette Le concept de chronotope permet analyser mani re dt une oe ordonne le monde travers cat gories fondamentales de la perception Chronotope rabelaisien r v le nvle vision du monde rompant avec celle du M-A Bakhtine Support de l'effet de r el ds roman traditionnel l'espace rev t ds univers zolien fonction suppl mantaire car conditionne tapes m mes de l'action identit et devenir des personnages Mitterand Robbe-Grillet Pour un nouveau roman Th oricien et praticien de l' criture romanesque R-G tente de d finir ici la sp cificit de ce courant qui englobe tous ceux qui cherchent de nouvelles formes romanesques capables d'exprimer ou de cr er de nouvelles relations entre l'homme et le monde S'insurge contre une approche fig e du roman qui rige en mod le une pratique du roman historiquement dat e celle du XIXe S'attache dc d construire quelques notions p rim es base du roman tradi personnage recours psycho temps et description Temps ds roman tradi constitue armature du r cit centr sur le destin d'un h ros dt l'histoire r alise le devenir Armature fond e sur une chronologie rep rable reproduction illusoire de la temporalit r elle Ds Nv R il n'y a pas d'autre ordre ni d'autre r alit que la succession des phrases Le tps n'est plus lin aire marqu par nbrses ruptures variations r p titions et contradictions Il n'accomplit plus rien Ce tratement apelle lecteur un autre mode de participation que celui dont il avait l'habitude Le r cit se construit ds l'esprit du lecteur dt r le se rapproche de celui de l' crivain Ici l'espace d truit le temps le temps sabote l'espace La description pi tine se contredit tourne en rond L'instant nie la continuit Genette Figures III G envisage le pb de la dur e romanesque en confrontant dur e de l'histoire di g se et dur e du r cit D finit ainsi la vitesse du r cit rapport entre dur e de l'histoire et longueur du texte Distingue mvts narratifs qui st selon lui les formes canoniques du tempo romanesque On pourrait assez sch matiser les valeurs temporelles de ces quatre mouvements par les formules suivantes o TH d signe le temps d'histoire et TR le pseudo-temps ou temps conventionnel de r cit pause TR n TH Donc TR TH sc ne TR TH sommaire TR TH ellipse TR TH n Donc TR TH Bakhtine Esth tique et th orie du roman B entend d passer la rupture entre un formalisme abstrait et un id ologisme qui ne l'est pas moins Pr lui les id ologies comme le langage st syst mes de signes inscrits ds une communaut sociale l'oe litt qi est langage ne peut tudi e d'un point de vue strictement linguistique Ms il est aussi vain de vouloir isoler le contenu Articulant linguistique et sociologie B d finit le roman comme un jeu proprement litt raire avec les langages sociaux C'est le chronotope qui d termine l'unit artistique de l' uvre litt ds ses rapports avec la r alit Notion emprunt e la th orie de la relativit d'Einstein d signe la corr lation essentielle des rapports spatio-temporels telle qu'elle a t assimil e par la litt rature une oe est caract ris e par la fa on dt elle ordonne le monde ds les cat gories de l'espace et du temps Le chronotope de Rabelais B note que R tablit une proportionnalit directe entre la qualit et la quantit tt ce qui a de la valeur tend occuper l'espace et le temps instaurant un nouvel ordre du monde R tablit des liens logiques inattendus entre les choses et les id es ss la forme de s ries corps humain v tement nourriture boisson sexe mort excr ments Cette nvle vision du monde rompt avec la conception eschatologique du M-A et postule une r valuation de la vie terrestre accord e l'optimisme de la premi re Renaissance Henri Mitterand Zola L'histoire et la fiction Sp cialiste du roman du XIXe HM r cuse les id es re ues qui r duisent les oe de Balzac Flaubert Zola et leurs pigones des documents humains il entend tudier la po tique du r alisme et du naturalisme produit d'une observation ethnographique de la fiction et des contraintes qui s'y attachent S'int resse ici la mani re dt Zola construit et transforme son espace romanesque comme condition a priori de l'invention d'un personnel et d'une action romanesque Il remarque que l'espace tjrs tr s d fini ds les dossiers pr paratoires de Zola produit effets contradictoires par sa valeur mim tique il est un ressort de l'illusion r aliste ms il constitue une forme abstraite un espace de jeu un espace de man uvre au sens guerrier du terme adapt aux personnages et au programme narratif Topographie pas simple d cor Faisant r f rence divers personnages des Rougon-Macquart montre que les structures spatiales contribuent d finir les personnages qui s'y int grent ou en st exclus et leurs aventures selon qu'ils manifestent ou non leur volution ds espace social hi rarchis Cet univers po tique si rigoureusement ordonn est svt menac par la d sorganisation brutale ex le train fou de Nana ou la cata mini re de Germinal Chap Le personnage Support de l'action de l'analyse psycho point nodal du r cit pers vecteur fondamental de l'int r t romanesque Analyse tradi le voit c moyen de reconna tre des donn es psycho concentr es ds fictif ms fid le r alit humaine qu'il condense en conciliant particulier et g n ral C'est la fonction assign e au type Hugo Approche psycho remise en cause ds litt contemporaine Si Robbe-Grillet consid re pers comme une notions p rim es du roman tradi affirmant ds Pour un nouveau roman qu il appartient bel et bien au pass les critiques structuralistes l'envisagent non comme un tre mais comme un participant c- -d une force agissante d finissant une sph re d'actions Appara t une typologie fond e su ce que font les personnages et non plus sur ce qu'ils sont Barthes concept s miologique le pers est un signe que le roman forme progressivement en tablissant un faisceau de relations qui va remplir ce vide s mantique que constitue l'apparition du pers ds un roman Hamon Hugo William Shakespeare L'imptt est valeur psycho et r le du pers Con u comme instrument de connaissance de la nature humaine qu'il a pr fonction de rendre analysable Le type est miroir le on donn e l'homme par l'homme Le on incarn e ds une individualit part enti re Type doit combiner ss forme individuelle pluralit de caract ristiques psycho formant unit significative il n'est pas un il est tous il n'abr ge pas il condense Il offre l'homme son image parachev e munie d'un sens l'homme est une pr misse le type conclut Ainsi le type par sa nature la fois synth tique et unitaire chappe aux dangers de l'abstraction et vit ds les consciences d'une vie sp cifique il est de l'id al r el Balzac Une t n breuse affaire pr face type personnage qui r sume en lui-m me les traits caract ristiques de ceux qui lui ressemblent plus ou moins Barthes Po tique du r cit Ds article analyse structurale des r cits B se propose de donner comme mod le fondateur l'analyse structurale du r cit la linguistique elle-m me Partant du constat selon lequel la linguistique s'arr te la phrase propose une linguistique du discours en postulant que le r cit ent une grande phrase o on retrouve les principales cat gories du verbe les temps les aspects les modes les personnes Le langage va dc tendre au discours le miroir de sa propre structure B distingue ainsi ds oe narrative niveaus de description celui des fonctions unit s de contenu celui des actions niveau o interviennent les pers con us c actants celui de la narration Critique structuraliste dps analyses de Vladimir Propp consid re pers comme un participant On abandonne le personnage-personne le type humain pour n'envisager que la fonction de l'actant Ce recentrement sur les pers envisag comme agent permet tablir syst me typologique une syntaxe des pers fond s sur mod le des cat gories grammaticales que B utilise c structures organisatrices Syst me fait intervenir coulpes d'actants distribu s sur grands axes s mantiques q ns rep sentons ainsi Trois couples d'actants trois axes s mantiques Destinateur destinataire axe de la communication Sujet objet axe du d sir adjuvant opposant axe de l' preuve Philippe Hamon Po tique du r cit Analyse critique de PH porte sur aspects sp cifiques du roman personnage ds sa th se sur Zola description Introduction l'analyse du descriptif L'article statut s miologique du personnage de Po tique du r cit renouvelle analyse du pers litt en le coupant de tte r f rence psycho et en utilisant donn es de la linguistique Le signifi du personnage Ds analyse structuraliste pers est actant unit de signification devient dc concept s miologique analysable selon donn es de la linguistique Signe il se d finit par double articulation signifiant-signifi Signifi du pers c- -d son sens sa valeur est discontinu car est aboutissement d'un certain nbre d'infos diss min es tt au long du r cit et rassembl es par acte de m morisation du lecteur Indices aboutissent constitution psycho et sociale Ms pers n'est pas seulement caract re est aussi actant fonction d finis par son r le ds la sph re d'actions qui constitue le r cit Son signifi sera dc d fini par un faisceau de relations form par les rapports que le pers entretient avec d'autres rapports de ressemblance d'opposition de hi rarchie et d'ordonnancement le personnage est donc toujours la collaboration d'un effet de contexte et d'une activit de m morisation et de reconstruction op r e par le lecteur Le signifiant du personnage Le personnage est pris en charge et d sign sur la sc ne du texte par un ensemble dispers de marques que l'on pourrait appeler son tiquette et qui constituent peu peu son signifiant Marques variables selon choix de l' crivain ex je me moi ds l'autobio me personne ds r cit tradi R currence et stabilit de l' tiquette essentielles pour la coh rence et la lisibilit du texte Stabilit remise en cause par roman moderne ds son entreprise de deconstruction du personnage tradi Richesse de l' tiquette varie de l'initiale au portrait en passant par nom propre p riphrases etc Motivation de l' tiquette rapport que le signifiant entretient avec le contenu s mantique du pers est construite sur plusieurs types de proc d s visuels acoustiques ou morphologiques ex jeux onomastiques sur Bovary b uf Gobeseck gobe sec Chap La description Ds Introduction l'analyse du descriptif PH constate que description a lgtps t vue comme un moyen de l'amplificatio qui recouvre ts les moyens de gagner du texte de faire du texte N'appartenant aucun genre particulier ms se retrouvant ds tous la description apparaissait comme un concept difficilement cernable Lieu formel tr s cod exprimant savoir-faire th orique exploitant certain nbre de topo semble non indispensable l' co du r cit A ainsi provoqu m fiance voire refus des th oriciens qui de La Harpe Val ry l'ont per ue comme ornement du discours dt abus menace unit harmonieuse de oe On a alors pos s rie de r gles visant homog n iser descriptions au sein du txt Auteurs r alistes au contraire ont proclam l gitimit de la description en insistant sur sa fonction il na faut pas d crire pour d crire ms concevoir description comme lieu o se noue un sens celui des personnages et ou celui d'une vision du monde Acquiert ainsi valeur et fonction didactiques qui en font support fondamental de l'exacte tude du milieu Zola Cpdt plus qu' la description naturaliste c'est au r cit pique du r alisme balzacien que la critique marxiste attribue pouvoir d' lucidation du r el Luk cs Ainsi li e qu te des profondeurs du monde er des roman tradi qui selon Robbe-Grillet cherche venir bout du r el en lui assignant un sens la description est remise en cause par le Nouveau Roman Surface des choses ayant cess d' le masque de leur c ur on ne cherche plus par la description atteindre leur sens profond Description ne se con oit plus comme moyen de reproduire copier un monde dt elle affirmerait l'existence et le sens on valorise d sormais sa fonction cr atrice Paradoxalement elle semble maintenant d truire les choses au lieu de les montrer Robbe-Grillet Description voit non seulement chang son statut et ses finalit s ms aussi son statut critique et ses analyses Critiques contemporains s'attachent d finir les particularit s de son fonctionnement textuel en la d tachant du pi ge r f rentiel Hamon Zola Le roman exp rimental Ds ce manifeste du naturalisme Z d finit vis es et proc d s de cette nvle fa on d'envisager le roman et son rapport au monde Partant du mod le scientifique Introduction la m decine exp rimentale de Claude Bernard Z envisage ici le romancier comme un observateur et un exp rimentateur Description lieu r f rentiel par excellence devient enjeu romanesque de premier ordre R sultat de l'observation instrument de l'analyse le description naturaliste n'a rien de commun avec les exercices de peintre de la litt tradi ne constitue plus un plaisir de rh toricien ms la constatation des tats du monde ext rieur qui correspondent aux tats int rieurs des personnages Peut dc d finie comme la restitution d' un tat du milieu qui d termine et compl te l'homme D'o loge des descriptions flaubertiennes C'est dans Gustave Flaubert que je conseille d' tudier la description la peinture n cessaire du milieu chaque fois qu'il compl te ou qu'il explique le personnage Geog Luk cs Probl mes du r alisme Promoteur de la sociologie de la litt d'inspiration marxiste ms adversaire du sociologisme vulgaire GL - met en relation les formes litt et les diff rentes phases de l'univers social ainsi le roman est l' pop e d'un monde sans dieux parce qu'il mat en sc ne un individu probl matique ds un monde contingent La th orie du roman Plus pr cis ment ds essai de raconter ou d crire il dit tout style nouveau na t de la vie sur la base d'une n cessit socio-biologique il est r sultante du d veloppement social Balzac Dickens Tolsto ont particip la transformation de la vieille soci t en une soci t capitaliste Apr s Zola et Flaubert ne st plus que les observateurs critiques de la soci t bourgeoise ils substituent au r cit une m thode descriptive Or le r cit structure la description nivelle comme le montre comparaison Nana Illusions perdues - Ds ces romans description du th tre n'a pour L ni le m me statut ni la m me fonction Chez Zola prend forme d'un tableau qui ne fait pas progresser l'action visant l'exhaustivit monographique elle constitue morceau de bravoure ds lequel romancier a mis tt son m tier et qui suscite admiration du lecteur Chez Balzac description au service du r cit th tre sert de cadre aux aventures dramatiques du po te Lucien qui d couvre que la soci t capitaliste ne reconna t la litt qu'une valeur marchande R cit balzacien permet de comprendre comment s'op re cette transformation description zolienne se contente de montrer r sultat le fait social fig et comme naturalis Au-del d'une pr f rence marqu e pour B on peut voir ds ce jugement s v re de L sur Z une d fense du roman et de ses pouvoirs fond sur description d'un milieu naturalisme tend r duire part des pers et di g se alors que fiction est porteuse d'une v rit que ne peut fournir la seule exploitation des docs cette exhaustivit des objets mat riels est absente chez Balzac Pour lui le th tre la repr sentation n'est que la sc ne des drames int rieurs des hommes le drame des personnages principaux est en m me temps ici le drame de l'institution laquelle ils collaborent des choses dont ils vivent du lieu o ils livrent leurs combats des objets par lesquels s'expriment et sont m diatis es leurs relations selon L la description zolienne en se substituant au r cit se d finit comme un exercice de style et se prive du pouvoir d' clairer en profondeur la soci t de son temps Cf Julien Gracq En lisant en crivant Toutes les maisons tous les jardins tous les mobiliers tous les costumes des romans de Zola l'inverse de ceux de Balzac sentent la fiche et le catalogue Robbe-Grillet Pour un nouveau roman RG constate mauvais accueil fait aux descriptions du NR Jugement n gatif s'explique selon ui par m connaissance des buts et des sens de ces txts jug s avec crit res inadapt s tablis sur les grandes uvres de nos p res r f rence au roman tradi rig en mod le normatif fige critique qui condamne oe contemporaines Oppose descriptions des romans tradi et celles du Nouveau Roman A valeur mim tique de la description tradi qui assure l gitimation de la fiction NR oppose une image mise en doute mesure qu'elle se construit Description ne construit plus ordre coh rent ne pr tend plus reproduire r alit pr -existante ms affirme sa fonction cr atrice Le monde romanesque ne se con oit plus c la r duplication du r el c'est un univers autonome fonctionnant non par similarit avec r alit ms par une vie sp cifique issue de la seule criture Hamon Introduction l'analyse du descriptif Partant du constat selon lequel le txt descriptif n'a pas de statut th orique d fini PH vacuant les pi ges de l'approche r f rentielles s'interroge sur ce qui constitue la sp cificit de la description en cherchant circonscrire un certain effet de texte Ds intro de l'ouvrage souligne particularit du descriptif lieu textuel o se manifeste une utopie linguistique celle de la langue comme nomenclature celle d'une langue dont les fonctions se limiteraient d nommer ou d signer terme terme le monde d'une langue monopolis e par sa fonction r f rentielle d' tiquetage du monde Description induit du lecteur attitude particuli re tend solliciter une certaine comp tence linguistique stt lexicale PH d finit le txt descriptif c un syst me de mises en quivalence Un mot d termination d signant le r f rent est pos comme quivalent une s rie de termes l'expansion termes eux-m mes d finis par s rie de pr dicats Txt descriptif aussi lieu rh torique particuli rement d termin riche en figures de style Ainsi il ressortit l' nonc po tique tel que le

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