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Histoire de la vie politique.docx

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Contributor: pentapenguin
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Histoire de la vie politique Ce cours d'Histoire de la Vie Politique apr s l Introduction va se diviser ensuite en trois grandes parties Quatre s ances donc quatre CD seront consacr s la Vie Politique sous la IIIe R publique et depuis l'av nement du Suffrage Universel Trois CD ensuite et seront consacr s la Vie Politique depuis depuis la lib ration et enfin deux CD et seront consacr s aux groupes d'int r ts et aux mobilisations en France Premi re s ance en guise d'Introduction une r flexion la fois sur la Science Politique et ce que signifie penser l'Histoire de la Vie Politique Fran aise Ce cours d'Histoire de la Vie Politique Fran aise est parfois assur par des Politistes les Enseignants en Sciences Politiques parfois par des Juristes en Droits Publics parfois par des Historiens du Droit C'est videmment un point de vue de Sciences Politiques que je d velopperai ici ce qui implique quelques pr cisions sur cette discipline En guise de d finition de ce qu'est la Science Politique nous pourrions adopter la suivante La Science Politique est une discipline des Sciences Sociales dont le but est l'analyse des ph nom nes Politiques Cela para t un peu plat et pourtant cela renvoie trois aspects que je vais d velopper ici dans ce premier point donc Sciences Politiques et Politique I LA SCIENCE POLITIQUE Historiquement il y a toujours eu des personnes qui r fl chissaient aux ph nom nes Politiques Platon Hoobs Machiavel Montesquieu Rousseau faisait-il de la Science Politique pas exactement Ce qui diff rencierait beaucoup de ces Th oriciens de la Science Politique contemporaine c est qu'ils avaient ces grands anc tres d lib r ment une vis e normative c'est- -dire que leur travail visait d finir quel tait le bon R gime Politique Leur travail partait d s l'origine d'un jugement de valeur Or c'est pr cis ment ce que nous allons essayer d' viter ici pour plusieurs raisons Dire que la Science Politique est une Science Sociale cela veut tout d'abord dire que sa d marche se caract rise par la neutralit Neutralit donc de la d marche de la Science Politique j utilise le terme de neutralit plus que celui d'objectivit l'objectivit supposerait une s paration radicale entre l'observateur et l'objet observ nous ne sommes videmment pas en tant qu' tres humains s par s des Soci t s que nous observons Neutralit donc le Sociologue Max Weber utilisait le terme de Neutralit Axiologique de Neutralit en Valeur pour expliquer que l'on devait rompre avec ses pr jug s avec ces pr f rences quand l on tudiait ces Soci t s Et bien de la m me fa on discuter de la Politique ne signifie pas ici que des valeurs doivent intervenir dans le jugement Neutralit mais dire que la Science Politique est une Science Sociale cela veut dire aussi qu'elle utilise les M thodes des Sciences Sociales des M thodes Empiriques et Th oriques La Science Politique essaie de rompre avec l'opinion commune avec le sens commun avec ce que l'on appelle la Doxa la Doxa au sens des pr jug s ordinaires les pr jug s de ce qui appara t parfois comme le bon sens les pr jug s comme ce que l'on appelle aussi l'Ethnocentrisme tendance juger les autres Groupes Sociaux les autres Humains partir de nous-m mes Rupture donc avec la Doxa mise en place galement d'hypoth se c'est un autre crit re de la d marche en Sciences Sociales mettre en place des hypoth ses On observe jamais la r alit au hasard on observe la r alit en g n ral partir de questions que l'on pose ainsi on peut observer un R gime Politique partir d'une id e de ce qu'est le Totalitarisme partir d'une id e de ce qu'est la D mocratie Production d'hypoth se utilisation de Th ories et surtout ancrage empirique La Science Politique est une discipline Empirique ce n'est pas ou tr s rarement une Science en Chambre Elle suppose une d marche de v rification d'enqu te une d marche qui permettrait d'autres personnes faisant cette enqu te faisant cette observation de contester ces r sultats Les techniques d'enqu tes qui peuvent tre d'une part des techniques que l'on appelle quantitatives les techniques chiffr es qu'il s'agisse par exemple d'une analyse de sondages qu'il s'agisse de l'analyse de r sultats lectoraux on peut par exemple croiser des r sultats lectoraux avec d'autres l ments un taux de ch mage un taux d'urbanisation dans une r gion Analyse quantitative mais aussi qualitative par M thode Directe entretiens observations sur le terrain refus de croire sur parole On conna t ainsi d'excellents travaux de Sciences Politiques dans lesquels les chercheurs se sont immerg s pendant extr mement longtemps dans le milieu qu'ils observaient L'ouvrage de Vincent Dubois La vie aux guichets par exemple est une observation quotidienne de ce qui se d roule aux guichets des Caisses d'Allocations Familiales et c'est un grand travail de Science Politique qui permet de comprendre ce que c'est que la gestion quotidienne de la mis re par l' tat M thodes qualitatives donc qui peuvent aussi passer par l'utilisation des Archives par exemple Cons quence donc du statut de la Science Politique comme Sciences Sociales empiriques les enqu tes doivent tre v rifiables Ce que l'on ne peut pas v rifier empiriquement au travers de l observation n'est pas scientifique Enfin dire que la Science Politique est une Science Sociale cela veut dire aussi qu'elle peut essayer de d gager des tendances parfois peut- tre m me des Lois Le d bat est ouvert sur cette question au sein m me de la Science Politique tous les chercheurs en Sciences Politiques ne sont pas d'accord sur ce que cette possibilit ou pas de d gager des Lois Il reste n anmoins possible de d gager des r gularit s par exemple des r gularit s dans la fa on de voter On sait aujourd'hui c'est presque une Loi de l'observation Politique dans les D mocraties contemporaines que l'int r t pour la Politique augmente de fa on tr s r guli re avec le niveau d' tudes on sait l'inverse que la propension s'abstenir aux lections a tendance augmenter au fur et mesure que le niveau d' tudes baisse il y a ici une r gularit extr mement forte qui se rapproche d'un raisonnement en termes de Loi D'autres chercheurs en revanche refusent cette id e selon laquelle la Science Politique pourrait tablir des Lois et consid rent plut t que la Science Politique est une science de type historique Qu'elle n'a rien gagner limiter les sciences dures les sciences de la nature et que m me deux objets comparables de R volution par exemple sont finalement d s lors qu'ils sont distants historiquement difficilement rapprochables l'un de l'autre Des Lois des g n ralisations des observations partir de notions ad quates dans tous les cas vous comprenez bien que ces aspects diff rencient la Science Politique du journalisme de la prospective il ne s'agit pas de jouer Madame Soleil et d'expliquer de quoi sera fait le futur ou encore de l'activit Politique Faire de la Science Politique faire de la Politique ce n'est pas pareil et on ne fait pas en g n ral d' tudes de Sciences Politiques pour faire de la Politique II LE RAPPORT DE LASCIENCE POLITIQUE La Science Politique comme Sciences Sociales alors poser cette question cela suppose d'envisager deuxi me point le rapport de la Science Politique aux autres disciplines des Sciences Sociales et Juridiques Il ne suffit pas de dire intellectuellement ce qu'est la Science Politique il faut essayer de comprendre aussi qu elle est la relation la relation parfois un petit peu compliqu e avec d'autres disciplines comme le Droit comme l'Economie comme la Sociologie La Science Politique dont on peut faire la br ve histoire la Science Politique est la derni re-n e des Sciences Sociales du XXe si cle La Science Politique pour qu'elle apparaisse n cessitait tout d'abord certaines transformations Sociales une R volution Industrielle qui change le monde le regard que l'on porte sur lui un certain individualisme une certaine valorisation de la science la croyance en la rationalit autant d' l ments qui permettaient l' mergence de la Science Politique Et cette discipline de la Science Politique commence peu peu se constituer au XXe si cle alors on peut bien entendu rappeler historiquement la fondation en de l'Ecole Libre des Sciences Politiques l'anc tre de Sciences-Po Paris mais au sein de cette Ecole Libre de Sciences Politiques sont rassembl s finalement des professeurs des enseignants qui ne se d finissent pas encore v ritablement comme Politistes Tout change en fait dans les ann es qui sont des ann es pendant lesquelles la Science Politique appara t dans les dipl mes de Droit Certains des anc tres de la Science Politique Fran aise sont en fait l'origine des Juristes de Droit public qui commen aient s'int resser non plus tant au Droit qu'aux Partis Politiques qu' des l ments qui ne relevaient pas du Droit et qui pourtant permettaient de comprendre l' volution du Jeu Politique l' volution de la Vie Politique Et c'est en effet depuis ces ann es que se d veloppent des cursus de Sciences Politiques c'est aussi depuis les ann es que la Sociologie est utilis e de fa on de plus en plus massive au sein de la r flexion de Sciences Politiques Aujourd'hui les grands lieux de la Science Politique en France sont Paris I et Science Po Paris ainsi qu'une s rie de grandes facult s de province ou d'IEP et de laboratoires notamment Lille Bordeaux ou Grenoble Cela suppose d'envisager le statut de discipline carrefour de la Science Politique et les probl mes de fronti res disciplinaires que rencontre cette derni re D'une certaine fa on la Science Politique conna t aujourd'hui la fois sa r ussite et son clatement Son clatement entre divers types de raisonnement entre diverses sous disciplines analyse des Politiques Publiques Philosophie Politique Relations Internationales Il faut souligner que l'id e de discipline n'a pas toujours scientifiquement de sens les raisonnements que l'on m ne aujourd'hui en Sciences Politiques sont bien souvent des raisonnements de Sociologie Politique et sont parfois moins souvent des raisonnements de philosophie Si la notion de discipline n'a pas toujours Scientifiquement de sens elle en a en revanche Socialement au sens o va se d finir avant tout comme Politiste comme Sociologue dans une facult de Sciences Politiques ou de Sociologie Parler de discipline fronti re c'est qu'en effet la Science Politique est une Politique fronti re l' gard du Droit tout d'abord Ce qui oppose la Science Politique et le Droit c'est souvent une attention diff rente au formel du c t du Droit la r gle crite et plut t l'informel aux r gles non crites du c t de la Science Politique En m me temps la Science Politique ne peut ignorer certaines des r gles Juridiques qui encadrent le Jeu Politique Fronti re l' gard du Droit fronti re l' gard de l'Economie de la m me fa on la Science Politique ne peut ignorer certains des grands flux financiers qui transforment aujourd'hui le Jeu Politique Fronti re l' gard de la Philosophie fronti re l' gard galement de l'Histoire fronti re enfin l' gard de la Sociologie Le r sultat en est aujourd'hui que l'on parle parfois de la Science Politique des Sciences Politiques ou des Sciences Sociales du Politique La Science Politique est aujourd'hui une discipline de plus en plus influenc e par la Sociologie qui se subdivise en cat gorie avec les chercheurs qui vont davantage se pencher sur la Science Administrative sur les Politiques Publiques sur l'exercice concret du Gouvernement D'autres chercheurs qui vont davantage se pencher sur les Relations Internationales d'autres enfin qui seront plus attentifs des r flexions de Philosophie et de Th ories Politiques et aujourd'hui il reste qu une majorit de la Science Politique Fran aise renvoie davantage la Sociologie Politique On pense par exemple au travail de Daniel Gaxi Le sens cach qui porte attention aux logiques d'exclusions du jeu Politique d'une partie de la population qui ne se sent pas toujours comp tente pour intervenir dans le jeu Politique on pense galement aux travaux existant aujourd'hui sur les Mouvements Sociaux ou la Participation Politique III LA DELICATE DELIMITATION D limiter la Science Politique ce n'est pas seulement d limiter cette discipline c'est aussi d limiter le Politique lui-m me Cette d limitation du Politique appara t extr mement d licate Qu'est-ce qu'un Ph nom ne Politique Il faut tout d'abord rappeler la diversit des ph nom nes Politiques concrets Il existe tout d'abord toute une s rie de ph nom nes d'objets qui nous semblent videmment Politiques il n est presque pas besoin de les rappeler une s rie d'objets comme les Partis Politiques les hommes Politiques les Campagnes Electorales les r sultats des Elections les Id ologies Tous ceux qui exercent le Pouvoir qui l on ob it tous ceux qui veulent conqu rir le Pouvoir se donner des justifications de le faire la Science Politique analyse bien s r tout cela Mais il existe d'autres ph nom nes Politiques m me s'ils n'en ont pas l'air m me si a priori nous ne les consid rerions pas comme forc ment Politiques Je citais tout l'heure l'exemple des Caisses d Allocations Familiales tudi es par Vincent Dubois dans La vie au guichet on pourrait de la m me fa on voquer le Service des Etrangers dans une Pr fecture les travaux r cents de Sciences Politiques analysent ce qui s'y passe comme quelque chose d' minemment Politique Il n'est pas jusqu' telle mission de t l vision tel que le journal de heures d une grande cha ne Fran aise qui ne soit justifiable galement d'une analyse Politique et il n'est pas jusqu' galement une dame disant moi je ne fais pas Politique dont la Science Politique ne puisse analyser son comportement comme minemment Politique Tout n'est pas Politique mais tout peut le devenir par exemple comme le travail des enfants au XIXe si cle qui n' tait pas consid r au d but du XIXe si cle comme un probl me Politique et qui va peu peu tre pos comme un probl me Politique Tout n'est pas Politique tout peut le devenir comme les accidents de la route longtemps consid r s comme fatalit jusqu' ce que l'inverse le Pouvoir Politique s'en saisisse De la m me fa on enfin pour choisir un dernier exemple le cancer qui frappait les travailleurs de l'amiante a longtemps t consid r comme un probl me qui ne relevait pas du Politique mais de la fatalit avant que des Associations se mobilisent et le pose comme un probl me Politique Tout n'est pas Politique tout peut le devenir cela d pend de la capacit des groupes politiser des questions Tout est potentiellement Politique et ce faisant le rapport de forces entre les groupes va d terminer les fronti res du Politique si un groupe une minorit n est pas assez forte pour faire prendre en compte un probl me par le monde Politique il est probable que ce probl me restera non Politique IV PENSER L'HISTOIRE DE LA VIE POLITIQUE Alors ces quelques pr alables pos s sur la d limitation du Politique la d finition de la Science Politique je vous propose de nous pencher sur quelques obstacles quelques interrogations sur ce que signifie penser l'Histoire de la Vie Politique Fran aise et sur les n cessit s de M thode y aff rent Cinq cueils cinq obstacles donc peuvent guetter qui s'int resse l'Histoire de la Vie Politique Cinq cueils cinq fa ons de faire de l'histoire ou des Sciences Sociales qui me semble contestable et je vais essayer d'expliquer ici pourquoi Cinq cueils Le Tout Ev nementiel Faire l'histoire de la Vie Politique Fran aise ce n'est pas dresser un catalogue d' v nements empil s dans un vague plan chronologique en essayant de laisser les tudiants se d brouiller pour essayer de comprendre ce qui a de l importance ou pas ce qui explique que l'on est s lectionn pour tel v nement plut t que tel autre Bien s r les v nements comptent comment comprendre la Vie Politique Fran aise sans prendre en compte la R volution Fran aise le Putsch des G n raux Alger Mai ou le avril autant d' v nements certes Mais justement peut-on comprendre la R volution Fran aise sans comprendre aussi les transformations qui avaient touch la Soci t le D veloppement d'une Bourgeoisie lettr e peut-on comprendre Mai sans envisager les transformations et l'augmentation de la population tudiante dans les ann es peut-on comprendre aujourd'hui certains votes extr mistes sans garder l'esprit que la France a t une Puissance Coloniale Comme les Historiens de l'Ecole des Annales le rappelaient faire l'histoire ce n'est pas faire l'histoire bataille l histoire des seuls v nements jug s importants par le Politique Un v nement n est un v nement que dans un pr cis Le Tout Institutionnel C'est une autre limite tr s caract ristique de la Science Politique quand elle ressemble trop aux Droits Constitutionnels Bien s r toute compr hension du Jeu Politique suppose de comprendre les R gles du Jeu Politique les R gles Formelles et Informelles Et parmi ces R gles Formelles il existe bien s r l'Organisation Constitutionnelle des Pouvoirs celle qui par exemple dans la Ve R publique affaiblie le Parlement au travers d'une s rie de proc dures de Parlementarisme Rationalis Certes on ne peut pas comprendre certains aspects du Jeu Politique Fran ais sans prendre en compte les Modes de Scrutin et notamment le Scrutin Uninominal Majoritaire deux tours qui explique en partie la Bipolarisation de la Vie Politique Fran aise Enfin on ne peut pas comprendre les Campagnes Electorales si on ne s int resse pas la R glementation de la Vie Politique la R glementation par exemple du Financement de la Vie Politique Mais cette attention n cessaire aux R gles Formelles aux Aspects Juridiques peut avoir des effets pervers Certains auteurs d'ouvrages de Vie Politique pr tent une attention excessive au cadre Institutionnel de la Vie Politique celui qui semble le plus vident les Elections parce qu'elles sont pr vues par le Droit et oublient que le Droit du Politique n'a pas toujours la puissance qu'on lui donne Et si une Constitution ne voulait rien dire crit ainsi Bastien Fran ois professeur de Sciences Politiques qui s'int resse la Constitution de la Ve R publique et qui nous rappelle juste titre que toute la Vie Politique Fran aise n est pas d termin e par la Constitution de la Ve R publique et qu'il n'existe pas forc ment d'ailleurs un esprit de la Constitution de la Ve R publique Est-il certain par exemple qu'il tait v ritablement possible de R former la Constitution par l'article la question est pos e Et quand bien m me l'on sait qu'une r gle relative l'Organisation des Pouvoirs Publics a clairement t viol e on n'en tire pas toujours les cons quences Ce qu'il importe de retenir c'est que le Droit n'est pas le moteur des pratiques et de surcro t le Droit s'impose in galement aux Acteurs Politiques Tel Garde des Sceaux en septembre peut appeler les Parlementaires voter une Loi dont il reconna t pourtant lui-m me le risque d'Inconstitutionnalit Il s'agissait d'une L gislation qui violait le principe de la non r troactivit du Droit et qui entendait imposer tous les criminels sexuels r cidivistes sortant de prison le port d'un bracelet lectronique permettant de les suivre la trace et on voyait ici un Garde des Sceaux pourtant Serviteur des Institutions appeler les Parlementaires ne pas recourir au Conseil Constitutionnel compte tenu de ce risque d'Inconstitutionnalit Enfin le Droit ne suffit pas expliquer la puissance ou la faiblesse d'un acteur Politique Il ne suffit pas de constater la pr minence du Pr sident de la R publique dans la Constitution de la Ve R publique pour comprendre sa puissance Cette puissance elle est galement due la transformation des Partis Politiques l'augmentation de la Discipline Partisane qui n'est pas uniquement li e aux Institutions Face au tout Institutionnel il faut donc rappeler le poids des R gles Informelles dans la Vie Politique Il n'est crit nul part et dans aucune Constitution que les hommes Politiques doivent viter de complimenter leurs adversaires m me quand ils leur arrivent de penser parfois du bien de certaines de leurs initiatives aujourd'hui pourtant un Professionnel de la Politique sait qu'il faut viter de complimenter son adversaire De la m me fa on les R gles d Expressions la t l vision la n cessit des hommes Politiques aujourd'hui de s'exprimer en phrases tr s courtes claires avec un vocabulaire r duit sont des R gles Informelles tr s puissantes quand bien m me elles n'ont videmment aucune expression juridique Le troisi me cueil c est le classement par les id es le jeu des familles Politiques en quelque sorte Voil un autre cueil qui guette l'analyse Politique classer diff rencier les gens par leurs id es C'est bien videmment n cessaire ce n'est pas suffisant Plus exactement s'il est n cessaire de savoir distinguer un homme Politique en fonction de leurs id es s'il est bien vident que certaines id es apparaissent particuli rement marqu es Droite ou Gauche que l'on pense par exemple la d nonciation du Poids de l' tat tr s souvent connot Droite que l'on pense par exemple l'importance du Social connot Gauche il arrive que certaines id es qui aujourd'hui nous paraissent naturellement de Gauche ou de Droite aient plusieurs fois fait le voyage entre Gauche et Droite Ainsi le Nationalisme aujourd'hui fait partie majoritairement du mat riel id ologique de Droite Pourtant au XIXe si cle le Nationalisme est avant tout une pens e de Gauche utilis e l'origine pour bousculer la Monarchie et c'est la fin du XIXe si cle que le Nationalisme bascule Droite De la m me fa on on peut constater que certaines id es n'opposent pas tant que cela Gauche et Droite Aujourd'hui la d fense de la D centralisation se retrouve aussi bien dans les Partis de Gauche Parti Ecologiste que dans certains Partis Conservateurs et Lib raux Les id es sont plastiques elles se transforment les lignes de Fracture Id ologique bougent entre les Camps Politiques Quatri me pi ge l'Anachronisme L'Anachronisme a cette tentation d'attribuer une poque ce qui appartient une autre cette tentation souvent de relier le pass avec les lunettes du pr sent C'est presque in vitable mais cela peut conduire des erreurs grossi res Ainsi la cat gorie Gauche Droite para t vidente un citoyen Fran ais alors m me que cette cat gorie d'opposition entre Gauche et Droite n'est pas celle qui est la plus pertinente pour comprendre par exemple la Vie Politique Am ricaine Dans le Jeu Politique Am ricain on est d'abord D mocrate ou R publicain plut t que de Gauche ou de Droite Nous pouvons de la m me fa on tre pi g s en utilisant des mots qui existent aujourd'hui comme ils existaient il y a deux si cles alors que les r alit s qu'ils d signaient il y a deux si cles et aujourd'hui taient tr s diff rentes Ainsi du terme de Parti on parle de Partis Politiques au d but du XIXe si cle mais pas au sens d'une Organisation Partisane structur e comme aujourd'hui on n'en parle au sens d tre partisans de tel Camp ou tel Camp mais certainement pas au sens des Grandes Machines Partisanes que sont aujourd'hui les Partis Politiques Il est par ailleurs anachronique de juger les acteurs d'hier partir de ce que nous savons aujourd'hui de certains R gimes Politiques Il est par exemple anachronique de parler du Totalitarisme de Robespierre alors m me que le concept de Totalitarisme appara t au XXe si cle pour d signer la r alit Stalinienne en URSS est certainement pas ad quat par cons quent pour d signer le R gime Robespierriste la fin du XVIIIe si cle Dernier cueil enfin celui du Culturalisme l'origine pourtant l'Orientation Culturaliste peut sembler l gitime L'Orientation Culturaliste c est- -dire le fait de pr ter attention la Culture de la Soci t que l'on observe Simplement le Culturalisme peut avoir tendance oublier que tout n'est pas Symbolique tout n'est pas Culture dans la Soci t Bien souvent c'est par paresse que l'on met en place des explications au travers de la Culture en expliquant par exemple qu'il existe une Culture de R sistance au Changement alors simplement que les paysans peuvent tre r tifs aux changements pour des raisons toutes autres que Culturelles mais parce qu'ils n'entendent pas s'endetter pour moderniser par exemple leur possession agricole V QUELQUES OUTILS D'ANALYSE Ces cinq cueils rappel s et que nous essaierons d' viter par la suite je voudrais revenir maintenant sur quelques outils d'analyse cinq principes en somme une d finition de travail et ses cons quences Cinq principes d'analyse L'importance de l'ancrage Social du Politique Cela signifie que le Politique n'est pas s par du Social qu il baigne dans le Social que certaines oppositions Politiques sont parfois explicables avant tout par des oppositions Sociales que de la m me fa on l' tat n'est pas coup de la Soci t l' tat baigne dans la Soci t Bref qu'un certain nombre d'affrontements Politiques que nous analysons comme des affrontements de Politique Id ologique affrontements par exemple entre des Partis de Gauche d fendant la D fense Publique et le r le des Fonctionnaires et des Partis de Droite d fendant une Lib ralisation des Economies et moins de charges pour les Chefs d'Entreprise ne sont pas seulement des affrontements Id ologiques mais renvoient aussi la composition diff rente des Electorats de Gauche et de Droite On voit un attachement plus grand au Secteur Public d'un c t au secteur Priv de l'autre Ancrage Social donc du Politique Deuxi me outil d'analyse il importe de prendre en compte le Temps Long les transformations Morphologiques de la Soci t Fran aise Certaines grandes transformations Politiques sont dues des transformations de la composition de la Population Ainsi l'augmentation du niveau de scolarit dans la Population a des effets tr s importants nous le savons sur la Critique de la Politique On ne se comporte pas de la m me fa on avec un fort Niveau d'Etudes et l'inverse quand une large part de la Population est exclue de l'Alphab tisation De la m me fa on la proportion de propri taires de leur logement dans une Soci t la proportion de femmes qui travaillent dans une Soci t sont des tendances lourdes qui transforment les fa ons de se comporter Politiquement donc Temps Long et transformation Morphologique Troisi me r gle d'analyse il importe d'essayer d'oublier que l'on se trouve la fin de l Histoire Il importe de se souvenir que d'autres pr sents auraient t possibles C'est un d faut un peu in vitable quand nous r fl chissons l histoire nous sommes la fin de l'intrigue en quelque sorte nous sommes la fin de l'histoire au moins provisoire et nous sommes parfois tent s de penser que l'on pouvait discerner au d but d'un processus Politique ce qui allait se passer ensuite mais pr cis ment parce que nous connaissons la suite Exemple quand on analyse aujourd'hui l' chec du G n ral Boulanger l' chec de la Crise Boulangiste la fin du XIXe si cle on a tendance dire que le G n ral Boulanger n' tait v ritablement pas quelqu'un qui aurait pu mettre en danger la R publique et que finalement son suicide sur la tombe de sa ma tresse montre tr s bien que d s le d but il s'agissait de quelqu'un de pas tr s s rieux De la m me fa on beaucoup d'analystes de Mai tendent crire que parce que Mai a chou il ne s'agissait finalement que d'une immense kermesse tudiante et pourtant Mai a t quand m me un grand moment de paralysie historique de la France Donc ne pas se placer la fin de l'histoire et se souvenir peut- tre que d'autres choses auraient t possibles que la IVe R publique par exemple n' tait pas forc ment condamn e par la faiblesse de ses Institutions Il importe galement quatri me point de M thode de penser relationnellement de prendre en compte les strat gies des acteurs Penser relationnellement cela veut dire ne jamais s parer l'action d'un Parti Politique le discours d'un homme Politique les prises de position d'un Syndicat ne jamais s parer ces l ments du comportement de leurs concurrents de ce qu'ils anticipent de l'action du discours des positions de leurs alli s ou de leurs adversaires Alors ces positions peuvent tre anticip es consciemment pensons la concurrence qui peut opposer au Sommet de l' tat tel Ministre de l'Int rieur et tel Premier Ministre qui anticipe en permanence ce que vont ou ne pas faire leurs adversaires Mais on peut aussi de fa on tr s routini re anticiper sans m me s'en rendre compte ce que va faire son partenaire ce que va faire son adversaire Quand dans les ann es par exemple le Parti Socialiste fait alliance avec le Parti Communiste dans le cadre du Programme Commun de la Gauche c'est une Alliance qui est faite en m me temps de m fiance d observation tr s serr e de ce que fait le partenaire Penser relationnellement cela veut dire que le Jeu Politique est un espace de concurrence d'interd pendance Alors il ne s'agit l pas ici de verser dans le cynisme on pourrait effectivement se demander quel statut donner aux id es aux croyances si les acteurs ne font pas ce qu'ils disent et ne disent pas ce qu'ils font selon la boutade de Pierre Bourdieu En effet quand ils ne se rendent pas toujours compte des d calages parfois entre leur id ologie et leur pratique ou qui ne livreront pas la v rit de leur pratique qui les observent Cela suppose malgr tout de s'int resser aux id ologies et parfois aux d calages d ailleurs entre l'id ologie et la pratique Cela ne veut pas dire donc qu il n'existe pas des croyances ni des id ologies mais simplement que ces croyances ne sont pas toujours le moteur de l'action des hommes et des femmes Politiques partir de l je vous propose une d finition de travail qui va tre celle dans laquelle s'inscrit ce cours une d finition de travail qui est la suivante et que vous retrouverez dans le fascicule la Vie Politique englobe l'ensemble des activit s le plus souvent concurrentiel visant repr senter les Groupes Sociaux exercer le Pouvoir influer sur lui afin de participer aux d cisions appliqu es la Collectivit Tous les mots de cette d finition ont leur importance et je vous propose de revenir dessus L'ensemble des activit s Les activit s Politiques sont vari es ne sont pas toutes de m me type Faire de la Politique n'a pas un seul et unique sens il peut donc d signer aussi bien les protestations d'un Jos Bov que la direction du Gouvernement par tel Premier Ministre ou telle mission de t l vision Tr s grande diversit donc des fa ons de faire de la Politique Activit s le plus souvent concurrentielles cela suppose donc de s'int resser ce qui encadre cette concurrence aux R gles du jeu Politique aux R gles donc vous l'aurez compris Formelles et Informelles Cela suppose aussi d'envisager la question de l'application de d cisions la Collectivit et ceci m me de la part de Groupes qui ne sont pas des Partis Politiques mais qui veulent imposer promouvoir leur fa on de voir au reste de la Collectivit C'est la raison pour laquelle ce cours comprend deux s ances consacr es aux Groupes d'Int r ts des groupes qui n'entendent pas conqu rir le Pouvoir mais qui entendent faire valoir leurs points de vue et influencer la Collectivit qu'il s'agisse par exemple des d fenseurs des oiseaux ou l'inverse des chasseurs des d fenseurs de la flexibilit ou l'inverse d'une plus grande protection Sociale L'autre partie de la d finition soulignait que la Vie Politique consiste repr senter des Groupes Sociaux donc exercer le Pouvoir influer sur lui afin de participer aux d cisions a suppose de poser la question de la Repr sentation Qu'est-ce que la repr sentation Quand on dit qu'un homme Politique repr sente son Electorat on ne veut pas seulement dire qu il ressemble son Electorat c'est souvent bien rare on utilise par Repr sentatif dans ce sens l mais plut t pour laisser entendre qu'il a le Droit de parler au nom de son Electorat parler au nom de Pierre Bourdieu ce propos parle du Coup de Force de la Repr sentation car il y a toujours un coup de force dans la fa on dont un Repr sentant un lu un homme Politique le dirigeant d'un Syndicat va se pr valoir d'un Collectif Or ce Collectif la Nation le Peuple les Travailleurs est toujours au moins partiellement une fiction efficace il est tr s efficace Politiquement de parler au nom de cette Personne Abstraite que peut- tre la Nation le Peuple les Fran ais l' tat La Repr sentation ce processus curieux par lequel l' lu de quelques dizaines de milliers d' lecteurs va pouvoir dire qu'il est le Repr sentant des Fran ais et va fonder son Pouvoir au travers de la croyance en cette fiction Il y a l un tr s fort parall le soulignent les seuls Sociologues et Politiques un tr s fort parall le avec les ph nom nes religieux Bourdieu citant Nietzsche crivait que le pr tre est celui qui appelle Dieu sa propre volont et bien de la m me fa on l'homme Politique est celui qui appelle Peuple Fran ais travailleurs exploit s sa propre volont Cela ne signifie pas qu'il faille tomber dans le cynisme ce coup de force de la Repr sentation est d'autant plus efficace que l'on y croit et d'autant plus efficace que l homme Politique est persuad de parler au nom du Peuple alors qu'il parle au nom de quelques lecteurs qui l'ont choisi seulement Ces quelques outils d'analyse mis en place je vous propose de r fl chir un troisi me axe qui est celui des clich s au travers desquels on pense bien souvent la Vie Politique Fran aise VI L A VIE POLITIQUE FRANCAISE Comment un observateur tranger parlerait-il de nous de notre Vie Politique Sans doute parlerait-il des gr ves du poids de l Administration en m me temps que de notre sentiment tr s critique son gard preuve que nous en attendons beaucoup d'ailleurs De notre attachement l' galit doubl e en m me temps d'une augmentation f roce des in galit s Clich que tout cela sans doute de m me que nous sommes sans doute dans le clich quand nous d crivons nos voisins Europ ens en voquant un certain go t de l'ordre Allemand une certaine forme de retenue des motions propres une large part de la Population Britannique ou enfin un sens de l'arrangement avec la r alit Administrative tr s particuli re l Italie Mais nous savons aussi que ces clich s parfois tombent juste et qu'il est difficile de s'en abstraire Peut- tre parce que c'est pr cis ment le regard de l' tranger qui par sa na vet voit de fa on aiguis e ce qui nous para t normal Et c'est aussi par les clich s que nous arrivons parfois saisir quelques aspects de ce que Norbert Elias ou G rard Noiriel qualifie d'Habitus National Le terme d'Habitus renvoie cette id e d'habitude de routine de traits de structures d'un ensemble de fa on d' tre de faire de penser qui se transmet dans une Nation et qui en tout cas la caract rise Revenons sur ces clich s pour comprendre ce qu'ils d signent ce qui historiquement a contribu les tablir mais aussi ce qui peut aujourd'hui les d mentir Revenons galement sur ces th mes qui encore aujourd'hui renvoient des conflits des batailles Revenons enfin sur les oublis les non-dits les malaises dont le refoulement finit parfois par tre remis en cause VII L'EXCEPTIONNALISME DE L'ETAT Il importe tout d'abord d'envisager l'Exceptionnalisme de l' tat la Fran aise C'est sans doute dans ce qui renvoie l'Etat que l'on souligne le plus souvent la particularit Fran aise et ceci sous plusieurs aspects Le premier est celui de cet tat fort qui s'opposerait une Soci t Civile faible C'est un premier clich pr gnant tr s pr sent celui qui opposerait donc l' tat omnipotent des Fran ais peut aptes s'organiser par eux-m mes Plusieurs auteurs aussi bien contemporains Pierre Birnbaum Raymond Boudon Crozier ou des auteurs plus anciens Tocqueville soulignent cette pr minence selon eux excessive de l' tat On a pu dire qu'une des Administrations les plus importantes au monde tait celle de l'Education Nationale qui a parfois t mis sur le m me plan que l'Arm e Rouge Et le nombre de Fonctionnaires en France lui aussi si l'on rassemble les trois Fonctions Publiques d' tat Territoriale Hospitali re repr sente peu pr s millions de personnes soit pr s d'un salari sur cinq Alors il est vrai que la construction de l' tat s'est faite en France en crasant ou en tentant de le faire ses concurrents Cela s'est manifest d'une part l' gard de la Noblesse On sait que l'Absolutisme Fran ais diff rait beaucoup de l'Absolutisme Britannique dans la mesure o la Royaut avec constance essayait de niveler une partie de la Noblesse On sait aussi qu'une des raisons de la formation de cet tat fort est peut- tre rechercher du c t de la concurrence avec l'Eglise Si la Royaut s'est longtemps appuy e sur l'Eglise on peut aussi consid rer que s'est op r e crit Jacques Le Goff une substitution de l' tat l'Eglise dans la ma trise de la Reproduction Sociale C'est- -dire la Reproduction de la Soci t Education tat Civil Id ologies Relatives la Direction de Soci t Grandes Orientations On sait aussi que cette puissance de l' tat s'est traduite par la m fiance l' gard des corps interm diaires de tous les groupes qui pourraient exister entre l' tat et le Citoyen Un des symboles de cette m fiance est la Loi Le Chapelier promulgu e en juin qui proscrit les Coalitions non seulement les Corporations mais aussi les Rassemblements de Paysans d Ouvriers le Compagnonnage qui de ce fait interdit les Syndicats des gr ves et dont le propos finalement est d'interdire que quoique ce soit se trouve entre l'Individu l' tat et la Loi Malgr tout l'omnipotence de l' tat est in gale s'il est vrai qu'un appareil Administratif et Juridique important s est mis en place il n a pas p n tr toute la Soci t avec la m me intensit l' tat Social est tardif en France La protection Sociale a longtemps t laiss e la charit Michel Offerl rappelle que sur le plan P nal et Militaire l' tat Am ricain est bien plus puissant que l' tat Fran ais Enfin quand on compare le nombre de fonctionnaires d un pays l'autre il ne faut pas oublier que la masse de fonctionnaires Fran ais est due notamment la proportion d Enseignants qui sont comptabilis es souvent de fa on diff rente dans d'autres pays Par ailleurs l'hypoth se de la faiblesse de la Soci t Civile de son incapacit s'organiser doit tre nuanc e Si l'on pense aux Communes Fran aises ces Communes Fran aises ont aussi t une des premi res formes de sociabilit encore aujourd'hui de lien entre citoyens Et enfin c'est dans ce pays la Soci t Civile jug e si impuissante qu'existe une des l gislations les plus Lib rales au monde en mati re de Fondation d'Association la Loi de Aujourd'hui on estime pr s d'un million le nombre d'Associations Loi de d clar es en France et il s'en cr erait chaque ann e ce qui correspond pour le peu un fourmillement des Associations Donc fortes nuances l id e d un tat fort et d'une faiblesse de Soci t Civile On pourrait de la m me fa on rappeler cet autre clich relatif la France celui de l'existence d'un tat Centralis et Jacobin On sait que la notion de Jacobinisme renvoie la R volution Fran aise l'opposition entre le Club R volutionnaire des Girondins plus d centralisateurs et le Club des Jacobins celui de Saint-Just de Marat de Robespierre l'id e de Jacobinisme c'est celle de Radicalit R volutionnaire d' galit obtenue gr ce l' tat gr ce la centralisation Une centralisation effective dans l'histoire de France centralisation de l'Organisation du Pouvoir centralisation Culturelle aussi La langue l gitime en France celle qui s'impose au reste du pays hier comme aujourd'hui c'est celle que l'on parle Paris et la Culture L gitime se confond souvent avec la Culture des Elites rassembl e Paris Aujourd'hui encore on sent fortement cette Centralit de Paris dans le paysage Fran ais cela s'explique aussi par le fait que l'Unification Nationale de certains de nos voisins l'Allemagne l Italie s'est faite beaucoup plus tardivement que dans le cas Fran ais Pourtant ce clich l encore qui comporte une part de v rit ce clich doit tre nuanc d'une part par l'histoire r cente par la d centralisation au travers de la Loi de mais aussi de l'inscription du principe d'une organisation d centralis e de la R publique dans la Constitution en mars Quant au poids crasant de Paris sur le territoire il doit tre nuanc La relation entre la Capitale et le reste du pays a toujours t complexe et longtemps le Pouvoir Politique s'est m fi de la puissance que pourrait prendre la Capitale qui est le si ge des Pouvoirs Publics c'est la raison pour laquelle Paris pendant un si cle n a pas eu de Maire c'est la raison pour laquelle encore aujourd'hui les Pouvoirs de Police du Maire de Paris sont tr s inf rieurs aux Pouvoirs de Police des Maires des autres villes C'est la raison enfin qui peut expliquer l' crasement sanglant de la Commune de Paris qui reste un clivage historique quant au poids de Paris dans la Vie Politique Fran aise Troisi me clich le Concours l'Int r t G n ral le Fonctionnaire la Fran aise Autre clich tr s caract ristique de ce que serait cette Vie Politique Fran aise cette id e de Recrutement de Fonctionnaires Neutres au service de l'Int r t G n ral recrut s par Concours Des Fonctionnaires qui correspondraient presque la forme Bureaucratique pure telle que la d finit le Sociologue Max Weber Un aspect du r le central donn l Etat en France r side ainsi dans cette Id ologie de l'Int r t G n ral L'int r t g n ral que l' tat serait le seul pouvoir incarner Pourtant des travaux d'Histoire Sociale comme ceux de Christophe Charles ont bien montr que le Syst me de Concours m me sous Napol on Ier ne sert pas s lectionner la Majorit du Personnel Administratif Quant la Neutralit du Fonctionnaire elle bute sur la r alit aujourd'hui du pantouflage en France le pantouflage c'est- -dire le d part de ces Dipl m s des Grandes Ecoles dans le Secteur Priv Des Dipl m s de Grandes Ecoles dont rien ne permet de penser justement qu ils sont perdument pris de l'Int r t G n ral puisque pr cis ment ils quittent la Fonction Publique Autre clich galement l impossible R forme et les Corporatismes Sans doute est-ce le clich qui colle le plus durement la peau des Fran ais la difficult qu aurait l' tat Fran ais se r former la tendance qu aurait les Fran ais a bien davantage faire gr ve que leurs voisins Europ ens Alors il est vrai que le nombre de J I N T les Journ es Individuelles Non Travaill es est extr mement important et met la France en en tout cas pour l'ann e au premier rang des Pays Europ ens Par ailleurs il est vrai que l' volution de ces derni res ann es est l'augmentation de la proportion des gr ves dans la Fonction Publique en comparaison des gr ves dans les Entreprises En pr s de des gr ves se d roulaient dans les Entreprises en ce n' tait plus que des gr ves et donc des gr ves dans le Secteur Public pourtant bien qu'importante la conflictualit a largement d cru depuis la Seconde Guerre Mondiale Comme nous le verrons dans le cours consacr au Syndicalisme Fran ais il y a loin de voir un paradoxe dans le fait que la France est la fois le pays le plus faiblement Syndiqu des Pays Europ ens et le fait que les Syndicats recourent massivement la gr ve c'est pr cis ment du fait de leur statut quelque peu minoritaire et affaibli que la gr ve reste en quelque sorte leur Outil principal VIII LIEUX DE MEMOIRE c t de ces clich s qu'il importe d' viter quand on envisage l'Exceptionnalisme de l' tat la Fran aise je vous propose de revenir sur quelques lieux de m moire et Champs de Bataille Lieux de m moire le terme est emprunt l'Historien Pierre Nora qui a dirig l'ouvrage collectif du m me nom Lieux de m moire en plusieurs tomes entre et avec une centaine de sp cialistes Fran ais pr s de pages en trois volets La Nation les R publiques les France Un lieu de m moire a crit Pierre Nora dans tous les sens du mot va de l'objet le plus mat riel et concret ventuellement g ographiquement situ un monument un personnage important un mus e des archives l'objet le plus abstrait et intellectuellement construit Par exemple un symbole comme la fleur de lys une devise un v nement une Institution la Marine Royale Le projet de l'ouvrage Les lieux de m moire c' tait donc celui d'un inventaire des lieux dans lesquels la M moire Nationale s' tait incarn e lieux mat riels et lieux concrets Le projet des lieux de m moire finalement c tait celui d'une histoire symbolique d'une histoire au second degr les lieux de m moire se sont d'abord des restes crivait Pierre Nora Ces lieux de m moire ne sont pas forc ment des lieux consensuels et c'est pourquoi je vous proposais de poursuivre cette m taphore g ographique des lieux de m moire par une autre m taphore spatiale celle des Champs de Bataille Et je vous propose justement de revenir sur quelques-uns de ces Champs de Bataille qui encore aujourd'hui caract risent fortement ce que serait la Vie Politique Fran aise Premier Champ de Bataille celui de la La cit et de l'Enjeu Scolaire On aurait pu penser jusqu'au d but des ann es que la querelle scolaire que les affrontements relatifs la La cit faisaient partie des affrontements purement historiques dans une Soci t qui s' loignait peu peu du Religieux une Soci t en voie de s cularisation Pourtant on sait qu'elle fut la violence du combat de la jeune R publique contre le Syst me de Contr le Social repr sent par l'Eglise Catholique dans un pays ou d j la m moire des affrontements lors de la R volution avait contribu un enracinent de clivage de clivage autour de la Vend e autour de la Chouannerie On sait que la R publique crit Maurice Agulhon a scandalis beaucoup de Fran ais en refusant que l' tat reconnaisse Dieu bien qu'elle n'ait jamais fait non plus de l'Ath isme ou du Mat rialisme v rit s de l' tat Et donc jusqu au d but des ann es on aurait pu penser que cela restait de l'ordre de l'histoire Il faut pourtant se souvenir de quelques-uns des grands Conflits Sociaux qui se sont d roul s autour de la La cit au milieu des ann es Lorsque le Gouvernement Socialiste arriv au Pouvoir envisageait la mise en place d'un Service Public Unifi et La c de l'Enseignement ou lors de la tentative de R forme de la Loi Falloux en par le Gouvernement d' douard Balladur ou aujourd'hui on le voit bien autour de la violence des pol miques relatives au port du voile chez les jeunes femmes musulmanes par exemple Ce qui est frappant c'est finalement de constater les diff rences qui se sont manifest es dans la querelle la que telle qu'elle est red couverte aujourd'hui par rapport la fa on dont elle s'est d ploy e dans les ann es On a vu des F ministes de Gauche extr mement divis es sur la question du port du voile chez les jeunes femmes On a vu l inverse des hommes Politiques Conservateurs plut t proches du Catholicisme recommander l'interdiction du port du voile car le cadre d'analyse pertinent pour eux n' tait plus la place ou pas de la religion dans l'Espace Public mais ce qu'ils percevaient comme l'agressivit de l'Islamisme par rapport leur propre religion personnelle Premier donc Champ de Bataille qui ne semble pas en tout cas disparu Autre de ces Champs de Bataille ce serait la question du refus du Communautarisme Cette question fait partie des domaines dans lesquels les choses seraient de prime abord claires La France serait ce pays qui ne conna trait que des citoyens gaux devant la Loi des Individus abstraits d pouill s de tout ce qui les feraient appartenir quelques Communaut s que ce soit Et bien souvent on oppose ce qui serait le Communautarisme l'Anglo-Saxonne du Communautarisme Am ricain du Communautarisme Britannique ce que serait le refus Fran ais du Communautarisme Une Citoyennet abstraite qui a plut t consist depuis la R volution donner des Droits des Citoyens abstraits Alors ce principe qui para t vident que l'on rencontre aujourd'hui encore dans certaines pol miques souvenons-nous de la fa on dont l'Institut National d'Etudes D mographiques il y a quelques ann es avait envisag de mettre en place des statistiques base ethnique pour comprendre la r alit des discriminations et ce projet avait t re u avec extr mement de m fiance l' gard de l'id e d'enfermer les personnes dans leur Communaut On a vu merger depuis les ann es une critique acerbe du Communautarisme de la part de certains essayistes Des essayistes refusant la ghettoisation refusant ce Droit la Diff rence que r clameraient selon eux certains Groupes certaines Associations Antiracistes Il est assez frappant il faut s'en souvenir que les tats-Unis aient servi ce point de mod le repoussoir alors m me finalement que la France n'a pas t tant que cela trang re au Communautarisme Le Communautarisme ce sont toujours les autres mais il reste que certaines Politiques Publiques aujourd'hui si elles ne s'appellent pas des Politiques de Discrimination Positive si elle ne s'appelle pas des Politiques d'Affirmative Action sont malgr tout des Politiques qui consistent donner un coup de pouce des quartiers par exemple qui concentrent les in galit s et les difficult s Les zones d' ducation prioritaire sont de fait par exemple une fa on d'allouer des ressources suppl mentaires des quartiers en difficult sans que l'on appelle cela Communautarisme Autre Champ de Bataille celui d'une conception Fran aise de la Nation C'est un clich qui colle la encore la peau de ce Pays La France serait cette patrie des Droits de l'homme la prise de la Bastille qui aurait fait sienne une conception volontaire de l'appartenance Nationale et cette id e est souvent oppos e ce que serait par exemple la conception Germanique davantage fond e sur le Droit du Sang de la Nation L encore il convient de la relativiser quelque peu ce clich Le Droit du Sang n'a jamais t enti rement absent de L gislation Fran aise et il faut bien se souvenir que s'il avait t mis une conception volontaire de la Nation en place la fin du XIXe si cle c tait aussi un moyen d'envoyer la guerre une s rie de personnes qui au moment de la conscription se pr tendait non Fran aise et utilisait de fa on quelque peu strat gique cette appartenance Nationale incertaine De la m me fa on si la France se distinguait la fin du XIXe si cle de cette conception fond e sur le Droit du Sang de la Nation et fond e sur la Culture c'est pr cis ment parce qu'elle avait perdu l'Alsace-Lorraine et que les Allemands avaient annex l'Alsace-Lorraine sur des raisons qui taient des raisons de proximit culturelle On parlait en Alsace-Lorraine une langue qui tait bien plus proche de l'Allemand que du Fran ais la fin du XIXe si cle et donc cette conception lective et g n reuse a aussi des raisons quelque peu mat rielles dans son histoire IX OUTILS NON DITS MALAISES Concluons enfin sur un dernier point celui des oublis des non-dits et des malaises qui peuvent tre pr sents dans l'Histoire de la Vie Politique Fran aise J en rappellerais trois Il s'agit tout d'abord de la fa on dont les femmes sont rest es bien longtemps or de la Citoyennet La France est finalement ce pays paradoxal qui est un des premiers pays au monde mettre en place le Suffrage Universel Masculin en et le pays qui pendant la plus longue p riode exclura les femmes de ce m me Suffrage Universel Encore aujourd'hui la France ne compte que de femmes au sein de son Assembl e Nationale tout juste devant l'Italie La France reste malgr tout l'une des lanternes rouges en Europe bien loin derri re une s rie de pays d'Europe du Nord qui ont depuis bien longtemps d pass s les de femmes dans la Repr sentation Et il faut en plus noter que ce taux de de pr sence des femmes l'Assembl e Nationale est pourtant cons cutif une lection dont la r glementation imposait un Syst me Paritaire Mais il y avait obligation de moyens et non de r sultats avec p nalisation des Partis qui ne pr sentaient pas de femmes aux lections malgr tous plusieurs Partis ont pr f r payer des amendes que de pr senter trop de femmes qu ils consid raient comme risquant d' chouer aux lections Donc premier aspect tr s particulier cette exclusion des femmes du jeu Politique qui a de longues racines historiques Deuxi me aspect qui renvoie l encore des oublis des non-dits et un fort malaise dont on voit des manifestations aujourd'hui c'est celui de la violence du Colonialisme et du retour de ce refoul Colonial dans l'histoire Politique Fran aise C'est souvent en marge la p riph rie plus qu au centre que l'on observe les paradoxes ou les contradictions d'un R gime ou d une Tradition Politique Et la France fut la fois ce pays de l'Universalisme des Droits de l'homme et ce pays qui donna un statut atypique ses Sujets des Colonies Ce pays qui adopta en f vrier une Loi reconnaissant le r le positif de la pr sence Fran aise Outre-mer et ce pays dont on voit aujourd'hui que certains affrontements Politiques tournent autour de la M moire Coloniale tournent autour de Populations issues de l'immigration qui se saisissent leur tour de cette M moire Coloniale en rappelant que les Immigr s d'aujourd'hui sont souvent les enfants D colonis s d'hier On pourrait galement rappeler parmi ces oublis ces non-dits ces malaises la question de ce qu aurait t un Antis mitisme sp cifiquement Fran ais Y a-t-il eu cet Antis mitisme sp cifiquement Fran ais Le R gime de Vichy a t-il marqu une exception ou une continuit en mati re d'Antis mitisme dans la Vie Politique Fran aise L'antis mitisme est en effet une id ologie extr mement dominante dans une partie des Bourgeoisies Fran aises avant m me la Seconde Guerre Mondiale et si l'affaire Dreyfus confirme l'importance de l'Antis mitisme en France on sait que se d cha ne la violence verbale voire physique autour de l'Antis mitisme dans l'entre-deux-guerres Et certains Historiens rappellent juste titre que le R gime de Vichy pu s'appuyer sur des esprits largement pr par s par un certain nombre d'id ologues Il n'est pas jusqu' la question prement d battue de la continuit ou non entre les ann es et Vichy qui fasse aujourd'hui d bat comme le pose G rard Noiriel Enfin on pourrait poser comme dernier aspect de ces oublis non-dits et malaises Fran ais celui de l'opposition entre ce que serait l'Egalitarisme la Fran ais et en m me temps la persistance voire l'aggravation d'un certain nombre d'In galit s Sociales et Politiques Le terme d' galit des chances est sous cet aspect paradoxal puisqu'il r introduit la chance le hasard l ou la vraie galit devrait ne pas se soucier pr cis ment de chance et de hasard CD Suffrage Universel et misE en place des organisations partisanes I SUFFRAGE UNIVERSEL Pourquoi adopter ce d coupage chronologique - qui ne se limite pas un seul R gime comme le ferait l'inverse un cours qui se consacrerait uniquement la IIIe R publique et qui choisit dans ce d coupage historique d'envisager IIe et IIIe R publique l'Empire voire m me faire allusion en revenant en arri re quelques volutions du Suffrage avant Rappelons-le le propos d'un cours de Vie Politique n'est pas d tudier la succession des R gimes Politiques il est plut t de comprendre les processus les transformations qui se mettent en place au cours de l'histoire Or ces derni res ne co ncident pas exactement avec la succession des R gimes Ce qui fait l'unit de cette p riode - c est la mise en place progressive d'une nouvelle fa on de faire de la Politique qui s'est caract ris e par la mise en place du Suffrage Universel et des Partis Politiques Ce sont ces volutions que nous allons envisager aujourd'hui dans les cours suivants afin de comprendre les d buts de ce qu'on appelle la Professionnalisation Politique C'est le propos de ce deuxi me CD Introduction Naissance de l'Electeur et du Parti qui nous permettra ensuite de comprendre l' volution des grandes Forces Politiques de la IIIe R publique Cette partie donc Naissance de l'Electeur et du Parti sera consacr e la compr hension d'un paradoxe apparent Pourquoi est-ce pr cis ment avec l'apparition du Suffrage Universel au moins masculin que se d veloppe une Classe de Professionnels de la Politique Une Classe de Professionnels au sens o le Professionnel s'oppose l'Amateur au Dilettante au sens o l'Activit Politique du Repr sentant de l' lu va ressembler de plus en plus une Activit temps plein et dans le cadre de Parti Politique - c est la p riode pendant laquelle se met en place ce processus qui prendra ensuite une dimension beaucoup plus affirm e apr s la Seconde Guerre Mondiale Pourquoi un paradoxe Parce que pr cis ment la fa on dont est souvent pr sent e la naissance du Suffrage Universel c est sur le mode de l'acc s de tous la Politique Or c'est au moment o se fait juridiquement l'acc s de tous d faut de toutes la Politique que cette activit se trouve encadr e r gul e de fa on plus forte par les Professionnels par les Organisations par les Partis Politiques La raison de cette volution elle est donc chercher non seulement dans l'apparition du Suffrage Universel fut-il uniquement masculin mais aussi dans le d veloppement de l' tat Moderne tat Suffrage Universel Professionnalisation Politique c'est en quelque sorte l' quation qui va nous occuper pendant les heures qui viennent Alors int ressons-nous tout d'abord au Suffrage Universel et la Mobilisation des Electeurs Aspect le plus vident le Suffrage Universel va tout d'abord contribuer la Pacification du Jeu Politique dans une tendance de long terme Le Suffrage est parfois per u comme d l gitimant les manifestations comme l'illustre ce titre du journal Le temps la fin du XIXe si cle Le Suffrage Universel a tu les barricades Par ailleurs le Suffrage Universel d s lors qu'il se d roule dans de grandes unit s g ographiques et humaines et pas l' chelle de cit qui permettait des formes de D mocratie Directe le Suffrage Universel va de pair avec la D mocratie Repr sentative c'est- -dire la D mocratie fond e sur le R le du Repr sentant et non pas la D mocratie qui repr senterait tout le monde Cela va compl tement modifier la fa on de faire de la politique et le contenu m me de l'Offre Politique Or cette mise en place du Suffrage Universel se d roule dans un cadre o l' tat devient un enjeu croissant de luttes II ETAT COMME ENJEU CROISSANT La fa on m me de faire de la politique en fait va tre modifi e par l'apparition de l' tat Moderne C est Max Weber qui le rappelle l'apparition d'une nouvelle sorte d'hommes politiques est corr lative au d veloppement de l' tat Moderne il y a un parall le finalement entre Professionnalisation Politique et Formation de l' tat Moderne C'est vrai du c t cette cat gorie de Professionnels de la Politique que sont les Fonctionnaires mais c'est vrai aussi du c t de cette autre cat gorie de Professionnels de la Politique les Repr sentants des diverses Forces Politiques Repr sentants en lutte pour l'obtention du Suffrage Car qu'est-ce que la lutte pour l'obtention du Suffrage C'est la lutte pour l'acc s l' tat l'acc s au Pouvoir d' tat l'acc s ce que Pierre Bourdieu appelle le Champ du Pouvoir Or pr cis ment la formation de l' tat Moderne c'est la construction de ce Champ du Pouvoir de cet Espace de Concurrence pour avoir acc s l' tat La Lutte Politique est devenue de fa on Centrale une lutte pour la conqu te de l' tat et de ses ressources Une lutte pour orienter le Fonctionnement de l' tat certes donc de plus en plus de monde veut avoir acc s au Champ du Pouvoir Mais avec deux particularit s importantes premi re particularit la concurrence s'intensifie compte tenu de la taille du pays du nombre de personnes concern es du fait du Suffrage Universel de l'importance du Pouvoir g n r par l'acc s l' tat d'une Activit Politique de plus en plus sp cialis e technique compliqu e par exemple en termes de connaissances juridiques historiques bref une Activit de plus en plus temps plein On assiste une lutte de plus en plus rude un combat de plus en plus violent un contexte dans lequel il devient difficile de faire de la politique en dilettante Et cette particularit se combine une autre Dans un tat Moderne on ne peut pas en tout cas juridiquement s'approprier Patrimonialement les Ressources de l' tat on ne peut pas en parlant de fa on un peu famili re taper dans la caisse en tout cas on est sanctionn si on le fait Alors m me que la difficult de l'Activit Politique implique de s'y consacrer enti rement au sens ou il devient difficile d exercer une activit c t de son Activit Politique Cela va avoir des effets consid rables sur la fa on de faire de la politique cette n cessit finalement d avoir acc s des ressources mat rielles pour faire de la politique temps plein au moment o on ne peut plus en quelque sorte se payer sur la B te o on ne peut plus utiliser les ressources de l tat comme des ressources personnelles donc titre un peu Patrimonial Premier aspect donc l' tat comme enjeu croissant de luttes qui transforme fortement la Lutte Politique Alors cet aspect se combine une autre dimension qui va tre qu'il va falloir se faire lire et non plus tre lu au travers d'un travail qu'on peut qualifier finalement de travail d' Int ressement la Politique III ETRE ELU SE FAIRE ELIRE Souvenons-nous le mars le Suffrage Universel masculin est proclam en France La France est donc le premier Etat de la plan te s'engager dans cette voie On se souvient que la Constitution de avait d j adopt ce principe de Suffrage Universel mais qui tait rest sans application Donc le mars c'est v ritablement l'occasion de passer aux Actes et avec une traduction concr te qui seront donc les Elections du et du avril occasion de la mise en uvre du Suffrage Universel Masculin Il faut bien se rendre compte de ce que cela signifie on va passer de pr s de lecteurs tout coup millions d' lecteurs et l'autre chose qu'il faut garder l'esprit c est que l'apparition du Suffrage Universel ne suppose pas automatiquement l'int r t pour la politique de ceux qui ont conquis ce Droit Et par ailleurs du point de vue strict de l'homme politique de celui qui fait Campagne il n'est pas quivalent de se faire lire par personnes l quivalent d'un petit Amphith tre de Facult et par plusieurs dizaines de milliers Vous voyez bien que dans un cas il est possible finalement de conna tre individuellement tous ses lecteurs et que dans l'autre l'inverse il va falloir faire de la politique autrement Le Suffrage Universel va modifier l'exercice du M tier Politique Il va tout d'abord supposer un travail de sollicitations des lecteurs c tait le sens mon expression un travail d'int ressement la politique au sens o les hommes politiques vont devoir int resser de fa on diff rente de fa on nouvelle les Electeurs la Politique Car enfin que supposer l'inverse concr tement le Suffrage Censitaire sous la Monarchie de Juillet sous auparavant la Restauration Sous la Restauration on comptait un peu moins de Electeurs L gislatifs sous la Monarchie de Juillet on va aller de en pr s donc de Electeurs L gislatifs vers et un Corps Electoral un peu plus large pour ce qui concerne les Municipales Le Cens favorisait surtout les Propri taires Fonciers les Notables et donc il faut bien avoir l'esprit que des D put s sous la Monarchie de Juillet taient lus avec moins de voix cela permet v ritablement une Politique Personnalis e d'un Notable ais qui peut conna tre ses lecteurs souvent aussi ais s que lui dans plus du tiers des circonscriptions On n observait m me pas de concurrence un candidat obtenait presque toutes les voix On tait v ritablement dans une configuration o des lecteurs avaient le sentiment d' lire presque naturellement l'un des leurs D'o l'expression tre lu tre lu de fa on presque naturelle Avec la fin du Suffrage Censitaire il faut donc bien comprendre que la France bascule la Grande-Bretagne l'inverse a progressivement largi le Cens et le passage du Suffrage Censitaire au Suffrage Universel s'est fait de fa on progressive Ce n'est pas le cas en France et donc tout coup on demande leur avis des gens qui on ne l'a jamais demand des gens qu'on ne peut pas forc ment aller voir un par un pour les convaincre de voter car le Corps Electoral a chang de taille Commence donc ce travail d'Int ressement ce travail que Bernard Lacroix appelle un travail de Sollicitations des Suffrages Les hommes politiques vont devoir convaincre les lecteurs de voter pour eux les convaincre que la politique c'est important ce qui en retour justifient leur existence de la m me fa on pour filer cette m taphore religieuse que nombre de Sociologues Politiques utilisent de la m me fa on que le Pr tre en r pandant la parole divine justifie son existence de Pr tre et bien l homme politique en r pandant l'int r t pour la politique justifie son travail de Repr sentant Mais ce travail-l ce travail de Sollicitations des Suffrages il est tr s nouveau pour des Notables habitu s au Suffrage Censitaire Des Notables qui trouvent parfois un peu vulgaire d'aller racoler en quelque sorte des voix Des Notables qui avaient le sentiment d'une sup riorit naturelle Sup riorit Sociale qui ne faisait que se transformer en Sup riorit Politique et qui tout coup d couvrent qu'il faut s'adapter un peuple qui jusqu'alors on n'avait pas demand son avis Vous trouverez dans le fascicule un extrait des souvenirs du Comte Alexis de Tocqueville qui raconte les premi res lections au Suffrage Universel dans son village Normand le village justement du nom de Tocqueville o presque tous les lecteurs voteront pour de Tocqueville Et de Tocqueville raconte comment il emm ne ces paysans voter on est en plein Suffrage Universel et l'on voit que les anciennes m urs n'ont pas disparu il faut bien avoir l'esprit que le Suffrage en n'est pas secret il n'existe pas d'isoloir et que le Contr le Nota biliaire du Vote reste encore tr s fort Malgr tout donc c'est tr s nouveau il va falloir se faire lire plut t qu tre lu pr vu vous voyez bien que le terme suppose un effort un travail tre lu le terme avait quelque chose de naturel de presque divin L encore dans le fascicule vous trouverez cette citation de Gaetano Mosca un th oricien de la fin du XIXe si cle qui crit Lorsque nous disons que les Electeurs lisent leurs D put s nous nous exprimons sans aucune pr cision la v rit est que le D put se fait lire par ses Electeurs Changement tr s prosa que tr s terre terre finalement de l'Activit Politique se faire lire aller chercher les lecteurs par la peau du cou en quelque sorte et cela ne sera pas uniquement malgr tout dans le face- -face Alors ce travail d'Int ressement au Vote va passer par de nombreux autres canaux Comment int resser les Electeurs au Vote Les Ecoles ont permis au vote de devenir un moyen d'expression L gitime dans les petites Communes on va de la m me fa on observer un tr s fort taux de participation c'est la D mocratie au village Puis ce que l'on va observer aussi c'est qu'une transformation en quelque sorte des Biens Politiques offerts Vous trouverez dans le fascicule un petit sch ma expliquant quels types de biens pouvaient tre offerts dans le cadre de Campagnes Electorales des Biens Priv s gag s sur la fortune de l'homme politique des Biens Publics gag s sur son acc s l'appareil d' tat des Biens Divisibles de l'argent de l'alcool des menaces Nombre d'hommes politiques au XIXe si cle offrent des tourn es g n rales par exemple leur futur lectorat Des Biens Indivisibles la construction d'une route dont b n ficiera tout le village ce qui se transforme c'est la nature de ces biens qu offrent les hommes politiques Des Biens qui vont devenir de plus en plus sp cifiquement Politiques Alors cela m rite une explication il nous para t naturel aujourd'hui par exemple qu'un homme politique pr sente un programme lors d'une lection il n'en a pas toujours t ainsi Les programmes politiques se d veloppent avec le Suffrage Universel il nous para t naturel aujourd'hui de penser qu'un homme politique qui veut se faire lire explique ce qu'il entend faire une fois arriv e au Pouvoir mais pendant longtemps on a d'abord lu celui que l'on connaissait bien sans forc ment lui demander ce qu'il allait faire sans lui demander forc ment son tiquette politique Encore aujourd'hui vous voyez bien que l' lection dans un petit village de lecteurs se fait partir de la connaissance personnelle qu'on a du futur Maire plus que de ce que serait un v ritable programme politique Ce que cela signifie l'inverse c'est que moins l'on conna t ses lecteurs dans le cadre du Suffrage Universel dans le cadre de Grandes Villes dans le cadre de l'augmentation du Corps Electoral moins on conna t ses Electeurs plus on leur offre des choses abstraites g n rales Une politique de Gauche ou de Droite une politique R publicaine plut t que seulement des Biens Personnalis s comme un poste d'employ Municipal ou par exemple des esp ces sonnantes et tr buchantes Une traduction de cette apparition des programmes au XIXe si cle c'est la loi Barodet en du nom de D sir Barodet qui fut Instituteur Agent d'Assurances Maire de Lyon qui en tant que Parlementaire proposa une Loi imposant qu'un programme une Profession de Foi accompagne chaque candidature Encore aujourd'hui le Barodet ce que l on appelle le Barodet c est le recueil des Professions de Foi des hommes politiques Or la fa on de fabriquer ces programmes va elle-m me changer du fait c'est un troisi me point de la Nationalisation des March s Politiques et de la naissance des Entreprises Partisanes la naissance en clair des Partis Politiques Trois ph nom nes en effet se d veloppent de fa on parall le pour concourir modifier le type de Biens Politiques offerts par les hommes politiques La Nationalisation de l'Offre Politique le fait qu'une Offre Politique similaire se d veloppe sur tout le territoire des Partis de Gauche ou de Droite l' chelle Nationale l Accroissement des Comp tences requises pour devenir Repr sentant pour faire de la Politique et le D veloppement du R le des Partis Politiques cela une cons quence Pour couvrir le Territoire Politique de fa on de plus en plus efficace et bien il faut offrir peu pr s la m me chose partout il faut en quelque sorte industrialiser la Production Politique l industrialiser en tout cas l'organiser de fa on rationnelle massive avec des Machines Electorales Ce que l'on appelle des Machines Electorales c est- -dire des groupes permettant de faire Campagne des appareils Partisans les Partis Politiques des Ressources Financi res importantes une division accrue des t ches dans les Organisations des colleurs d'Affiche les Organes de R flexion les Organes de Propagande les Organes de Recrutement La cons quence de toute cette volution c'est l'apparition d'une Offre Politique peu pr s unifi e sur tout le territoire En gros aujourd'hui le Parti Socialiste propose peu pr s la m me chose Lille et Toulouse m me si les r alit s locales ne disparaissent pas Deux grandes cat gories les R publicains les Socialistes deux grandes cat gories vont s'imposer pour aider les lecteurs se rep rer pour proposer des choses un peu moins personnalis es l' quivalent en quelque sorte de ce que peuvent tre en quelque sorte des grandes marques dans la Distribution Les grandes marques quoi cela sert-il cela sert un consommateur se rep rer et bien de la m me fa on l'Etiquette Partisane au XIXe si cle c est un moyen croissant pour les Electeurs de se rep rer Alors ces aspects vont se doubler d'un processus qui du c t de l' lecteur est celui de l'Apprentissage du Vote IV L'apprentissage du votE Il se traduit tout d'abord par une transformation des Repr sentations du Vote et de nouveaux mod les du citoyen Le vote devient quelque chose de valoris une obligation morale en quelque sorte dans lequel le bon citoyen pour les R publicains en tout cas le bon citoyen c'est celui qui est d tach de ses appartenances Sociales d tach de ses d pendances Sociales On voit d'ailleurs s'opposer tr s fortement comme l' tudie Yves Deloye dans son ouvrage sur les Manuels d'Instruction Civique la fin du XIXe si cle On voit s'opposer tr s fortement ce que serait le Mod le d'un Vote Individuel et Individualis chez les R publicains et l'inverse dans les Milieux Catholiques le Mod le d'un Vote plus Communautaire plus li l'ind pendance l' gard de l'Eglise Catholique Il s'agit malgr tout de d tacher donc le Vote du Social afin que chaque citoyen puisse tre ce citoyen raisonnant individuellement et mettant librement son choix Un Vote Personnel Individuel Secret dans lequel le moment finalement de l' lection serait ce moment de S paration des D pendances et des Appartenances Sociales Alors cela va se traduire par toute une s rie de techniques de vote qui vont contribuer fabriquer l Electeur Ind pendant La bonne lection c est celle qui peu peu va permettre d'individualiser l' lecteur L'isoloir qui ne va pas du tout tre impos en mais qui s'imposera au tournant du XIXe et du XXe si cle l'isoloir va tre cet instrument mat riel destin Isoler l'Individu le placer l'abri des regards l'abri des influences l'isoloir finalement correspond cette forme aboutie de la D mocratie qui requiert le Vote Individuel et Secret Alors il faut bien voir que cette vision de choses qu'est le Vote Secret et Individuel cette vision des choses n'a pas toujours emport l'adh sion et l'accord de tous Droite fin XIXe le Droit de Vote est per u comme un Droit Collectif on trouve l'id e selon laquelle l' lecteur doit tre en lien en interaction avec la Collectivit avec la Communaut dans laquelle finalement les lecteurs les moins clair s devraient tre inspir s aid s par les Notables l'inverse on retrouve l argument l'Extr me Gauche pour qui l' lecteur ne signifie rien serait un tre politique fictif L'id e selon laquelle la vraie opinion c'est celle que l'on a le courage de montrer En fait les promoteurs de l'isoloir sont l' poque les Socialistes les Centres une partie de la Droite Les Socialistes y voient entre autres un moyen efficace de lutter contre l'emprise des Pr tres sur une partie de l'Electorat Mais quand on lit les d bats Parlementaires la fin du XIXe si cle et au d but du XXe si cle sur la mise en place de l'isoloir on d couvre l'ironie avec laquelle certains hommes politiques parlent de l'isoloir comme ce lieu insalubre et dangereux dans lequel les lecteurs notamment d'origine populaire ne sauront pas se d brouiller tout seuls ce lieu plein de maladies dans lequel les lecteurs vont tre perturb s On retrouve la m me ironie l' gard de l'urne et de l'enveloppe certains Parlementaires de l' poque oppos s au Vote Secret ironisant sur les gros doigts des Electeurs qui n'arriveront jamais mettre le Bulletin dans l'enveloppe Malgr tout donc se mettent en place toutes ces techniques qui contribuent fabriquer en quelque sorte l Electeur Ind pendant Alors qu'elle va tre la cons quence de cette transformation et bien elle va tre celle d'une nouvelle division du travail politique qui va se traduire par cette Professionnalisation Politique par cette Monopolisation de la Comp tence Politique V UNE NOUVELLE DIVISION DU TRAVAIL A Des Notables aux Professionnels Les voies paradoxales de la D mocratisation du Personnel Politique On va observer avec l'apparition du Suffrage Universel une transformation du Personnel Politique et des Organisations Politiques On va voir appara tre le d veloppement de comp tences sp cifiquement politiques avec un recul des Notables Aujourd'hui maintenant que nous sommes l'aboutissement de ce processus initi en il n'est pratiquement plus possible de faire de la politique en amateur au sens o il n'est peu pr s plus possible aujourd'hui par exemple de devenir D put l'Assembl e Nationale en tant soutenu par aucun Parti On conna t quelques exceptions qui correspondent en g n ral des personnes b n ficiant d'une tr s importante fortune personnelle mais malgr tout cela interdit souvent ces hommes politiques de pr tendre de plus hautes fonctions ou d' tre entendu sur tout le territoire Ce ph nom ne de recul des Notables va se doubler donc d'une transformation de la division du travail politique Alors que ce que l'on entend par l C est Roberto Michels un Sociologue Italien d'origine Allemande qui au d but du XXe si cle tait un Militant de Gauche qui analysae ce ph nom ne d'Oligarchie au sens o la division du Travail Politique va aboutir ce que les Professionnels de la Politique au fur et mesure qu'ils se sp cialisent tendent monopoliser un certain nombre de savoir-faire de technique politique Aujourd'hui tre un Professionnel de la Politique cela suppose de ma triser un ensemble de techniques et de savoir des comp tences oratoires un sens de l'improvisation de l adaptation un contr le de ses motions un contr le aussi des informations relatives sa vie personnelle une connaissance de la Soci t une connaissance des R gles Institutionnelles des R gles Officielles des R gles Officieuses Etre un homme politique aujourd'hui cela suppose aussi d'utiliser un langage sp cifique de manipuler un mat riel id ologique Le d veloppement de ces comp tences politiques il aboutit presque m caniquement accro tre le Pouvoir de ceux qui en disposent C'est un ph nom ne classique dans tous les domaines de la vie Sociale la sp cialisation aboutie une forme de Pouvoir Si nous devions nous comporter aujourd'hui comme des citoyens id aux qui auraient une id e claire sur tous les probl mes politiques nous y passerions au moins la moiti du temps Ce qui para t difficilement compatible avec nos vies Personnelles ou Professionnelles Et donc cette transformation du Personnel Politique elle aboutit ce que les Notables eux-m mes doivent apprendre faire de la politique d'une autre fa on et qu' l'inverse de Nouveaux Entrepreneurs de la Politique doivent de leur c t consolider leur Professionnalisation voire m me se notabiliser s enraciner gagner un Terroir un Territoire Politique Transformation donc du personnel politique et des organisations partisanes Au point que l'on va voir appara tre cette tension bien connue que rappelle Max Weber entre vivre de et vivre pour la politique On voit appara tre finalement des int r ts propres sp cifiques au Personnel Politique Avant la formation de l Etat Moderne avant le Suffrage Universel avant la Professionnalisation Politique avant finalement faire de la politique quivalait en vivre soit parce que tout tait m lang Fonds Publics Fonds Priv s dans le cadre du Patrimonialisme En clair quand on tait Souverain on tapait dans la caisse mais ce n' tait pas forc ment choquant parce que la caisse du Royaume tait la caisse du Roi Cela pouvait aussi correspondre au Mod le du Chef de Guerre du pillage de l'appropriation des ressources publiques ou alors cela correspondait au Mod le du Notable dans lequel on disposait assez de ressources afin de d cider de faire de la politique et qu'on l'on prenait en quelque sorte la politique comme un hobby comme un passe-temps r serv aux plus Nobles aux plus Fortun s Mais probl me au moment o appara t le Suffrage Universel faut-il laisser l'Activit Politique aux seuls qui n'ont pas besoin de travailler pour subvenir leurs besoins Vous aurez reconnu ici donc la c l bre question que soul ve Max Weber quand il effectue sa c l bre distinction entre Vivre de la Politique c'est- -dire en avoir fait son activit principale et en tirer ses revenus et Vivre pour la Politique s'y consacrer en faire un engagement Mais justement il faut pas utiliser cette opposition de Max Weber de fa on caricaturale parce que lui-m me rappelait que cette distinction entre Vivre de Vivre pour la Politique cette distinction n' tait pas exclusive on vit toujours de et pour la Politique au sens o il y a toujours des b n fices m mes symboliques tre engag pour une cause Mais que se passe-t-il alors avec l'apparition du Suffrage Universel que se passe-t-il quand on veut aujourd'hui vivre pour la Politique s'y consacrer temps plein Bien l encore de deux choses l'une soit on en a les moyens et le temps c'est- -dire qu'on est un riche oisif et on se retrouve alors dans un syst me o seuls les riches oisifs peuvent devenir hommes politiques ce qui est quelque peu probl matique dans des Syst mes qui se veulent D mocratiques et qui ont adopt le Suffrage Universel Alors cela n'interdit pas de d fendre d'autres Groupes Sociaux que ceux des riches oisifs mais on sait en g n ral que ce n'est pas forc ment la chose qui vient le plus facilement l'esprit des riches oisifs que de d fendre les autres Groupes Sociaux et vice-versa Soit l'inverse on d cide que tout le monde doit avoir la possibilit d'exercer une Activit Politique temps plein et dans ce cas il faut envisager la r mun ration de ces personnes Une r mun ration qui peut prendre des formes diff rentes au travers d'un salaire par exemple comme permanent d'un Parti Politique qui peut passer par la forme d'une Indemnit Parlementaire pour les D put s dans ce cas on se donne finalement les moyens d' viter un Recrutement Ploutocratique un recrutement fond sur l'argent un recrutement Ploutocratique du Personnel Politique qui est ainsi vit Et donc on voit bien ici que la lutte pour la conqu te de l' tat suppose que le M tier Politique devienne un m tier temps plein ce qui ouvre par cons quent de nouvelles questions la R mun ration du Personnel Politique des int r ts propres des int r ts sp cifiques au personnel politique Les citoyens sont souvent les premiers se plaindre de D put s qui votent pour eux-m mes une augmentation ce qui est en m me temps consubstantiel l'exercice d'une Activit Politique Alors ce syst me et cette volution que l'on vient de d crire ici ne doit pas tre caricatur le Syst me de Professionnalisation Politique au XIXe si cle est encore un syst me inachev On observe une forte faiblesse des Partis et un poids encore important des ressources individuelles Alors petites pr cisions tout d'abord sous le terme de Partis peuvent coexister des r alit s tr s diff rentes selon la d finition que l'on se donne Si l'on adopte une d finition stricte comme celle de Joseph La Palombara qui est un des grands sp cialistes de Sciences Politiques des Partis avec l id e d'une organisation durable contrairement aux cliques aux client les aux factions une organisation compl te jusqu' l chelon local contrairement un simple Groupe Parlementaire La volont d lib r e des dirigeants d'exercer le pouvoir ou la volont de rechercher un soutien populaire il n'est pas certain que les Partis de la IIIe R publique ressemblent v ritablement aux Partis de la d finition de Joseph La Palombara l'inverse si l'on adopte une d finition plus souple celle que Michel Offerl adopte en insistant sur deux aspects le Parti comme Entreprise au sens non pas de l'Entreprise Economique mais au sens de Max Weber qui insiste sur cette dimension de groupes organis s dont les dirigeants se comportent comme des Entrepreneurs sur un March Politique Entreprise d'un c t et sur un lieu de Relations Sociales au sein du Parti il est clair que les Partis de la IIIe R publique se rapprochent davantage de cette d finition de Michel Offerl que de celle de Joseph La Palombara Ce qu'on appelle finalement un Parti politique au d but du XXe si cle et jusqu' la IVe R publique ne ressemble pas beaucoup un Parti tel qu'on le conna t aujourd'hui en France le Processus de Professionnalisation est certes enclench mais les Partis sont encore en majorit des structures faibles indisciplin es Ils sont plus proches finalement des Groupes Parlementaires des Comit s Electoraux qui se g n ralisent chez les R publicains apr s ils ont un caract re finalement moins permanent moins structur s au niveau National Ce sont des Groupes Electoraux qui ont une existence limit e au moment de l' lection et qui vont peu peu se p renniser en formation reli es entre elles au niveau National li es des Groupes Parlementaires Vous retrouverez dans votre fascicule une description de la diff rence des Entreprises Politiques selon le type de Capitaux et d'Agents Electoraux des Entrepreneurs Politiques la fin du XIXe si cle Et on peut distinguer ici plusieurs Forces Politiques qui se distinguent entre les Entreprises Politiques que Michel Offerl qualifie d'Int rimaires qui reposent avant tout sur les ressources mat rielles qu engagent les Entrepreneurs avec des Agents Electoraux r mun r s mat riellement sous les Boulangistes Ce seront plus tard les Ligues On retrouve des Entreprises Politiques de client le au sens o elles reposent sur la notori t des Entrepreneurs Politiques sur leurs ressources personnelles elles reposent aussi sur la d tention de Mandat Public Ici les Agents Electoraux sont en fait des Membres de cette client le personnelle de ces Entrepreneurs ou de ces Notabilit s avec une r mun ration mat rielle En clair cela correspond d'une part aux Conservateurs dont les missaires peuvent distribuer des faveurs dans la Campagne le cas du Baron de Mackau qui est un homme politique qui traverse la moiti du XIXe si cle qui survit une succession de R gime Politique et qui va peu peu professionnaliser sa fa on de se faire lire C'est quelqu'un qui envoie des missaires comme a distribuer ces faveurs et les petites enveloppes dans tout le D partement mais certains R publicains vont se mettre aussi utiliser leur acc s l' tat R publicain la D coration la Distribution de D corations et de M dailles pour int resser leur Electorat On conna t aussi des Entreprises Politiques de Patronage beaucoup plus li es sur l'acc s aux Ressources Publiques ou enfin un dernier type d'Entreprises Politiques les Entreprises Politiques de type militant et ou l ce qui va compter finalement c est ce qu'on pourrait appeler le Capital Collectif Militant le fait que les Entrepreneurs Politiques s'appuient sur le d vouement de leurs militants dont la r tribution est souvent symbolique plus que mat rielle C'est le cas des Boulangistes c'est le cas des Ligues c'est le cas des Radicaux ou des Socialistes Alors il faut donc bien garder l'esprit que le poids des ressources personnelles de cette p riode reste important notamment si l'on excepte les Socialistes et les Ligues C'est ce qui explique d'ailleurs la faible stabilit des Partis sous la IIIe R publique on n'est pas dans un cadre de Parti disciplin la discipline de vote l'Assembl e est quelque chose de tr s rare est quelque chose de tr s r cent qui date de la fin de la IVe R publique C'est ce qui rend d'ailleurs souvent notre vie politique actuelle beaucoup plus pr visible voire ennuyeuse l'Assembl e qu'elle ne l' tait sous la IIIe R publique ou le fait d'appartenir une tendance politique ne vous rendait pas enti rement pr visible dans votre fa on de voter L'Activit Politique en m me temps qu'elle se professionnalise reste encore tr s personnalis e on a finalement faire d'un c t des Notables qui essaient de se professionnaliser et de l'autre c t des Nouvelles Couches Sociales comme les R publicains qui essaient de se notabiliser un petit peu plut t qu' une totale mainmise des Partis sur le Jeu Politique Le processus reste inachev il reste qu il est enclench et qu il va se manifester par une tendance la Monopolisation de la Comp tence Politique VI UNE NOUVELLE DIVISION DU TRAVAIL B Professionnalisation Politique Je reviens sur ce th me car ce terme a une signification tr s pr cise il ne signifie pas que l'on va mieux faire de la politique Il signifie simplement que le Suffrage Universel combin la division du Travail Politique combin la D mocratie Repr sentative va augmenter durcir la coupure entre ce qui font de la politique temps plein au sens o ils sont lus o ils s'occupent de dossiers ou ils prennent des d cisions et ceux qui en font temps partiel au sens ou ils vont ventuellement parler de Politique ventuellement s'informer et voter une fois par an Coupure donc qu'on pourrait faire quivaloir et une coupure entre initi s et profanes de la Politique Certains auteurs vont d ailleurs se contenter de cette id e d'une coupure pour d finir les D mocraties Repr sentatives au sens Moderne Pour un auteur comme Schumpeter dont vous trouverez un extrait dans votre fascicule la D mocratie au sens Moderne du terme c'est simplement le fait que le peuple a le Droit de d partager les lites qui luttent pour le Pouvoir Et d s le d but du XXe si cle des auteurs comme Wilfredo Pareto Gaetano Mosca Roberto Michels ce que l'on appelle les Th oriciens Elitistes m me si cela ne signifiait pas qu'ils soient tous favorables la domination d une Elite Ces th oriciens insistent sur cette coupure entre Repr sentants et Repr sent s et sur ces cons quences On peut distinguer trois aspects de ce ph nom ne Trois aspects de cette Monopolisations de Comp tence Politique Premier aspect selon l'expression c l bre de Roberto Michels la Loi d Airain de l'Oligarchie Michels donc ce Sociologue Italien qui avait particip au Mouvement Ouvrier qui avait publi avant la Premi re Grande Guerre un ouvrage intitul Les Partis politiques Essai sur les tendances Oligarchiques et les D mocraties Et ce qui frappait Michels c est que m me les organisations cr es dans le but de d fendre le Peuple m mes les Partis notamment les Partis Politiques Ouvriers n s avec la D mocratie Repr sentative et bien m me ces Partis reproduisaient la domination d'une Peuple en leur sein la concentration du Pouvoir L'id e de Michels c est que la division du travail aboutit in vitablement l'apparition d'une Classe sp cialis e d un Groupe sp cialis qui va d fendre ses int r ts propres d'o la division entre une Minorit dirigeante et une Majorit dirig e Michels consid re que c'est un ph nom ne qui est observable dans toutes les Organisations La Sp cialisation favorise la domination donc la Sp cialisation Politique favorise la Domination Politique Ce type d'analyse on le retrouve r sum sous ce terme de la Loi d Airain de l'Oligarchie de cette in vitable Loi qui consisterait voir se reproduire des Oligarchies au sein des Organisations Politiques On retrouve un type d'analyse assez proche chez un autre auteur Moseil Ostrogorsky dans La D mocratie et l'Organisation des Partis Politiques qui souligne l encore que toute organisation a tendance vouloir perdurer en dehors m me du but qui l a fait na tre Loi d Airain de l'Oligarchie qui aboutit finalement une remise en cause de la conception Classique de la D mocratie Ce d veloppement de comp tences sp cifiquement politiques aboutit renverser l'id e un peu na ve que nous nous faisons de la D mocratie c'est la th se que soutient Schumpeter ce dernier rappelle que la conception Classique de la D mocratie supposerait que le peuple a une id e pr cise et sp cifique sur chaque probl me et choisie les Repr sentants qui mettront en uvre ces id es sp cifiques Or c'est une id e fausse il est bien rare que nous lisions des Repr sentants que nous lisions nos D put s partir d'une id e claire que nous avons sur chaque probl me r p tons-le Si nous devions tous et m me les professeurs de Sciences Politiques tre des citoyens part enti re inform s sur toutes les questions au sujet desquels nous votons nous y passerions nos journ es nous lirions plusieurs journaux de diverses tendances politiques afin de nous faire une id e objective sur chaque question nous nous formerions sur les questions Economiques Juridiques et nous ferions ceci temps plein Le r le du Peuple ce faisant nous dit Schumpeter qui ne s'en r jouit pas c est peut- tre plus simplement de fabriquer de d signer des Gouvernants qui vont vouloir sa place d o cette fameuse expression de Schumpeter qui crit que la M thode D mocratique c est le Syst me Institutionnel aboutissant des d cisions politiques dans lequel des individus acqui rent le Pouvoir de statuer sur ces d cisions l'issue d'une lutte concurrentielle sur les Votes du Peuple Alors tous ces aspects nous am nent un dernier point sans doute le plus important qui est l'int riorisation de leur incomp tence par les profanes de la politique Int riorisation de leur comp tence par les profanes de la politique revenons sur ce que suppose l'id e d'Elections On a bien souvent tendance faire quivaloir l' lection la D mocratie pr cis ment parce que nous sommes tous p n tr s de la croyance la D mocratie Repr sentative pourtant si nous revenons un petit peu en arri re si nous lisons par exemple Montesquieu nous d couvrons que pour Montesquieu la m thode v ritablement D mocratique de d signation des Dirigeants c'est le tirage au sort Seul moyen finalement de cr er l' galit r elle l'inverse l'id e de l lection renvoie une th orie du consentement l'ordre politique alors qu'il est possible de dire quelqu'un que l'on a tir au sort que c est seulement le sort qui l a d sign et que l'on est pour rien dans sa d signation partir du moment o l'on vote on est oblig e d'accepter les R gles du Jeu Il y a dans l'id e d'Elections galement l'id e d'une Sup riorit de l Elu Vous voyez bien d'ailleurs que le seul terme d'Elu renferme cette id e et ce n'est pas un hasard qu il soit porteur de cette connotation Religieuse le terme d Elu Dans l'id e d Elections il y a l'id e de choisir les meilleurs ou en tout cas les moins pires il y a l'id e de hi rarchiser entre les personnes qui sont propos es votre choix et ce faisant il y a l'id e de s parer les hommes politiques des autres des profanes de renforcer cette Professionnalisation M me s'il ne s agit que d'une sup riorit per ue cette sup riorit favorise la L gitimit de l'Elu et par extension celle de l'Ordre Politique du R gime Politique de l'Adh sion au R gime Politique Distinction finalement entre le profane et l' lu entre celui qui a directement acc s l'Activit Politique et celui qui n'aura que des contacts pisodiques avec l'Activit Politique en tant que profane Or quand je parlais d'Int riorisation de leur incomp tence par les profanes de la politique et bien je d signe le fait que les Profanes de la Politique loin de se r volter contre leur d possession loin de se r volter contre le fait qu'ils n'aient pas acc s davantage la Connaissance Politique par exemple en exigeant un acc s g n ralis et facile l'information politique Loin de cela les profanes bien souvent finissent par revendiquer leur incomp tence par s'en attribuer la faute par se consid rer comme par d finition en tant qu'Incomp tent en Mati re Politique Qui n'a pas entendu des expressions de type oh moi je ne m'int resse pas la politique c'est bien trop compliqu je laisse a aux Professionnels et j'ai du mal m y int resser comme s'il devenait naturel que la politique tait cette chose r serv e aux Professionnels de la Politique Il faut bien comprendre que des expressions de ce type ne seraient pas sans choquer les Citoyens Grecs qui consid raient en tant que citoyen il tait de leur devoir de s'int resser en permanence la Chose Publique et en permanence d'en discuter Alors plusieurs auteurs ont essay d'analyser les raisons de cette auto exclusion et c'est notamment le travail de Daniel Gaxi de montrer que m me dans les R gimes Politiques D mocratiques Suffrage Universel il y a en quelque sorte une auto exclusion du g opolitique une exclusion qui est d'ailleurs tr s fortement li e au niveau d' tudes CD naissance de la IIIe republique les radicaux dans la republique Comprendre l' volution des grandes Forces Politiques sous la IIIe R publique c'est bien s r comprendre des continuit s qui renvoient par exemple l'Evolution Lib rale du Second Empire qui renvoient aussi la M moire de la m moire du Suffrage Universel mais aussi de son chec face la question Sociale la M moire des journ es de juin au cours desquelles la troupe tire sur les ouvriers M moire aussi du pl biscite qui va mettre fin cette R publique C'est enfin comprendre le processus au travers duquel va se faire l'acceptation de la R publique voire pour certains la r signation la R publique I Naissance de la IIIe R publique I - Les conditions de mise en place du R gime Le R gime de la IIIe R publique n dans la d faite l' crasement sanglant d'une potentielle R volution Sociale et l incertitude Trois aspects qu'il importe de prendre en compte pour comprendre comment vont se d ployer les Forces Politiques sous la IIIe R publique La d faite C est la d faite de l'Empire de Louis-Napol on Bonaparte face la Prusse avec donc Capitulation de Napol on III Sedan le septembre D s que la nouvelle est connue Paris la foule envahit l'Assembl e et peu apr s que la foule ait envahi l'Assembl e les R publicains Mod r s eux se dirigent vers l'H tel de Ville o ils proclament un Gouvernement provisoire L on Gambetta dans ce cadre annonce la d ch ance de l'Empire C'est donc le septembre dans ce contexte de D faite Militaire que na t la IIIe R publique Quelques jours apr s cette proclamation le septembre Paris est assi g par les troupes Prussiennes la p nurie commence et on observe d j des tensions au sein du Gouvernement provisoire des tensions entre les Radicaux et les R publicains plus Mod r s entre par exemple l'homme fort de ce Gouvernement de D fense Nationale L on Gambetta plus jusqu'au-boutiste plus va-t-en-guerre et d'autres R publicains plus Mod r s plus favorables la signature d'une Armistice Peut- tre connaissez-vous l'anecdote de L on Gambetta quittant Paris en ballon dirigeable afin de tenter de lever une arm e contre les Prussiens Le janvier le Roi de Prusse est proclam Empereur d'Allemagne Guillaume Ier dans la galerie des glaces de Versailles L'Armistice est demand e et le Chancelier Bismarck entend n gocier avec un Gouvernement l gal Imaginez donc le contexte dans lequel se d roulent ses premi res lections ces lections du f vrier elles se d roulent dans un contexte de d faite avec un tiers du territoire occup par les Arm es Ennemies avec une population souvent rurale de paysans qui refusent de voter pour les R publicains qui passent pour trop bellicistes pour trop favorables la Guerre Et c est dans ce contexte de ces deux d faites que les Royalistes obtiennent la Majorit l'Assembl e Nationale Et c'est Adolf Thiers un Mod r qui est lu Chef du Pouvoir Ex cutif de la R publique Fran aise Chef donc de cette R publique extr mement faible qui n'a pas encore v ritablement d'Institutions Thiers est en effet Chef provisoire de cet ex cutif en attendant que soit statu sur les Institutions de la France La France qui perd l'Alsace Lorraine qui doit galement payer une indemnit de milliards de francs or tal e sur trois ans autant d' l ments qui ouvrent la voie nous le verront ult rieurement au Nationalisme et au Bellicisme en France La d faite mais aussi deuxi me circonstance de naissance de cette IIIe R publique mais aussi l' crasement sanglant d'une potentielle R volution Sociale Je fais bien entendu r f rence ici la Commune de Paris qui est rest e un des grands mythes de la Gauche R volutionnaire Fran aise Puisque peu apr s que l'Assembl e Nationale s'installe Versailles dans un contexte ou Thiers Chef du Gouvernement provisoire de l'Ex cutif se m fie de la foule du Peuple Parisien Thiers fait enlever les canons install s sur la Commune de Montmartre en mars il fait enlever les canons pour d sarmer Paris pour viter que ventuellement un Pouvoir Parisien s'empare de ces canons et cette mesure l de d fiance l' gard de Paris va provoquer la R volte Le mars la Commune de Paris est proclam e cette Commune de Paris est form e d'ouvriers de journaliers d'artisans de journalistes c'est un Gouvernement local provisoire qui a un programme R publicain et un programme Socialiste Ce programme c est celui de la S paration de l'Eglise et de l' tat de la La cisation de l'Enseignement de la limitation de la journ e de travail limitation l' poque heures du drapeau rouge du F d ralisme du Calendrier R volutionnaire Une Commune qui malgr tout compte de nombreuses tendances politiques diverses de Gauche d'Extr me Gauche certaines proches des Marxistes d'autres plut t proches des Anarchistes le Syst me de la Commune de Paris est organis par arrondissement Le mai les troupes venues de Versailles ce que l'on appellera les Versaillais entrent dans Paris pendant que les Communards de leur c t mettent le feu aux Monuments Publics C est la semaine qu'on qualifiera de semaine sanglante cette semaine du mai insurg s de la Commune de Paris sont fusill s jusque devant le mur du P re Lachaise que l'on appellera ensuite le Mur des F d r s pr s de personnes sont arr t es et d port es en Alg rie ou au Bagne en Nouvelle-Cal donie Le mouvement ouvrier est r duit au silence un quart des ouvriers de Paris et la Commune d s lors va devenir partie int grante du souvenir de Gauche du souvenir d'Extr me Gauche galement Marx y verra un peu l id al du Mouvement R volutionnaire La Commune restera fortement dans les m moires d'Extr me Gauche comme aussi une des causes du refus de s'allier avec les R publicains Parce que d s lors les R publicains seront per us comme des massacreurs du peuple comme ceux qui s'afficheront suffisamment Gauche pour ne pas venir au Pouvoir mais jamais suffisamment pour rallier le peuple Et dans la foul e de cette crasement c'est plut t l'ordre moral qui s'abat sur le pays ordre moral c'est- -dire une ambiance de moralit quelque peu aust re et provinciale qui va marquer ces premi res ann es de la IIIe R publique Contexte de retour vers les Eglises de p nitence de pi t c'est dans ce contexte qu est galement rig e la Basilique du Sacr -Coeur sur les hauteurs de Montmartre comme symbole galement de l' crasement de la Commune D faite crasement sanglant d'une potentielle R volution Sociale et enfin incertitude et compromis Incertitude quant au devenir de cette jeune R publique on ne sait pas si ce R gime va durer de ces incertitudes s'expriment les strat gies des Forces Politiques notamment les strat gies de ce qu'on appellera les R publicains Opportunistes On parle souvent de R publique Opportuniste pour d signer la R publique de ces ann es - Une R publique qui semble donc fragile qui est contest e au sein m me de ces Institutions puisqu'elle na t avec une Majorit Royaliste au sein de laquelle l'Eglise Catholique s'oppose fermement pr cis ment ce nouveau R gime Alors a suppose apr s les conditions de mise en place du R gime d'envisager quelques jalons Institutionnels II NAISSANCE DE LA III E REPUBLIQUE Quelques jalons que vous retrouverez facilement dans le moindre ouvrage d'histoire et qu'il importe n anmoins de ma triser quelque peu I Premier l ment garder en t te ce que l'on a appel l'affaire du drapeau en octobre Cette affaire du drapeau elle est symbolique de ce qui va finalement diviser les Royalistes et qui va peut- tre emp cher le retour des Royalistes au Pouvoir On est donc face une Assembl e Majorit Royaliste depuis f vrier Paradoxalement donc la R publique Fran aise est domin e pendant une dizaine d'ann es par des Monarchistes Ces derniers malgr tout h sitent et tout particuli rement le Comte de Chambord H ritier suppos du Tr ne dans le cas d'une Restauration Royaliste le Comte de Chambord va avant tout laisser la marque de son intransigeance puisqu'il n'entend pas renoncer au drapeau blanc Le drapeau blanc symbole donc de la Royaut dont il consid re qu'il s'agit de l' tendard de ces anc tres de l' tendard de Henri IV Fran ois Ier Jeanne-d'Arc Et en le octobre le Comte de Chambord refuse de fa on d finitive l'adoption du drapeau tricolore qui aurait constitu un compromis entre les Royalistes et les autres forces du pays il refuse d finitivement ses trois couleurs qui auraient permis peut- tre de rallier les autres Forces Politiques qui auraient permis de rallier Orl anistes partisans du Comte de Paris et L gitimistes Alors m me que la Restauration Monarchique semblait presque certaine mais l'intransigeance du Comte de Chambord dans cette fameuse affaire du drapeau aboutira en quelque sorte un chec de la Restauration de la Monarchie le Comte de Chambord qui refuse je le cite D' tre le Roi l gitime de la R volution Affaire du drapeau Comment la Majorit Monarchique va-t-elle n gocier cette situation trange o l'h ritier finalement potentiel refuse de prendre le Pouvoir puisqu'il refuse ce drapeau Suite l' chec de la Restauration Monarchique la Majorit l'Assembl e d cide de faire voter une Loi la Loi dite du Septennat du novembre l'autre l ment Institutionnel conna tre ici Qu'est-ce que cette Loi du septennat C'est une Loi qui confie le Pouvoir Ex cutif au Mar chal de Mac-Mahon un Royaliste pour une dur e de sept ans Quelle en est la raison Quelle en est l'id e L'id e finalement est de patienter d attendre de trouver une solution d'esp rer que peut- tre un jour le Comte de Chambord acceptera ce drapeau tricolore plut t que le drapeau blanc et l'id e donc est de stabiliser le Pouvoir Ex cutif en laissant en quelque sorte les cl s un proche des Royalistes qui le jour o l'h ritier du tr ne acceptera ce drapeau pourra revenir sur le tr ne En quelque sorte le tr ne reste vacant puisqu'il n'y a pas v ritablement de tr ne l le tr ne reste vacant et on garde la place au chaud gr ce Mac-Mahon en attendant que le Comte de Chambord change d'avis La Loi donc du novembre confie pour sept ans le Pouvoir au Mar chal de Mac-Mahon dans le cadre donc de la Pr sidence de la R publique Alors l'interpr tation de cette Loi elle oppose les Monarchistes pour lesquelles le septennat concerne exclusivement Mac-Mahon et les R publicains pour lesquels ce septennat c'est un v ritable Mandat Pr sidentiel qui pourrait tre confi tout citoyen Cependant au fur et mesure que le temps passe la Majorit Monarchiste se disloque de nombreux Orl anistes donc Royalistes Mod r s se rapprochent des R publicains Conservateurs et c'est dans ce contexte que vont tre vot es les Lois Constitutionnelles qui mettent en place v ritablement le Syst me de la IIIe R publique Ces Lois Constitutionnelles de il y en a trois La Loi du f vrier sur l'organisation du S nat la Loi du f vrier sur l'Organisation des Pouvoirs Publics et enfin la Loi du juillet sur les Rapports des Pouvoirs Publics Trois Lois Constitutionnelles qui vont tenir lieu en fait vous le savez sans doute partir de vos cours de Droit Constitutionnel qui vont tenir lieu de Constitution la France jusqu'en juillet Trois Lois qui mettent en place un S nat une Assembl e Nationale un Pr sident de la R publique Trois Lois auxquelles s'ajoutent un amendement c'est l'amendement Vallon vot une voix de Majorit le janvier un amendement qui reconna t l'Instauration de la R publique il la reconna t en effet puisqu il stipule que le Pr sident de la R publique est lu par le S nat et la Chambre par voix contre l'amendement Vallon marque l'entr e officielle de la R publique dans les textes Constitutionnels On voit ici finalement comment plus le temps passe plus il est favorable l enracinement R publicain du R gime et plus il fait s' loigner la perspective d'une Restauration Monarchiste alors paradoxe norme alors m me que les Monarchistes contr laient le R gime ces d buts Autre tape Institutionnelle importante retenir dans ce contexte c'est la fameuse Crise du mai qui est un pisode extr mement connu on est dans un contexte o suite aux L gislatives de les R publicains ont gagn la Majorit la Chambre des D put s l'Assembl e Nationale Par cons quent le Pr sident toujours le Mar chal de Mac-Mahon se trouve d sormais en face d'une Assembl e majoritairement hostile et d'un S nat o les Conservateurs sont peine majoritaires Mac-Mahon essaie de diviser la Gauche essaie de r duire l'influence du principal leader de l'Opposition R publicaine Gambetta Pour ce faire il nomme dans un premier temps un Premier Pr sident du Conseil Jules Dufaure qui forme un Cabinet de Centre-Gauche puis apr s la d mission de ce dernier il nomme Jules Simon un R publicain Mod r mais ce R publicain tout Mod r qu'il soit prend malgr tout beaucoup de ces consignes aupr s de Gambetta et c'est ce que lui reproche publiquement Mac-Mahon Mac-Mahon en effet le mai adresse une demande d'explication Jules Simon son Pr sident du Conseil son Premier Ministre pour lui demander donc une explication Jules Simon d missionne le jour m me Et Mac-Mahon le remplace par un Conservateur le Duc de Broglie se prononce de Breuil Choisir un Conservateur comme Pr sident du Conseil alors m me que la Majorit l'Assembl e est R publicaine c'est une fa on per ue par les R publicains une fa on scandaleuse de manifester son Pouvoir Personnel une fa on scandaleuse de contredire l'Assembl e Dans ce contexte les R publicains renversent le Cabinet de Broglie R torsion afin de contraindre la r sistance des Parlementaires Mac-Mahon d cide la Dissolution de la Chambre Puisqu'en effet il est dans les pr rogatives du Pr sident de la R publique de Pouvoir dissoudre l'Assembl e Une Campagne Electorale agit e s'engage aussit t Mac-Mahon prend clairement parti en faveur de son camp il s'appuie sur les Fonctionnaires sur le Clerg face lui Gambetta la t te des R publicains organise une Campagne tr s vive tr s virulente qui condamne toute tentative de Restauration de l'Autoritarisme et ce sont les R publicains dans ce contexte qui l emportent de peu Camouflet donc pour le Pr sident de la R publique puisqu'il dissout une Assembl e qui lui tait hostile et c'est nouveau une Assembl e hostile qui sort des urnes La Gauche d s lors entre dans le Gouvernement Mac-Mahon se soumet et se soumettant il reconna t que finalement c'est un R gime Parlementaire qui a t tabli c'est- -dire un R gime dans le cadre duquel le Pr sident du Conseil est d sign avec l'accord des Assembl es Cette Crise du mai marque v ritablement la fin des pr rogatives du Pr sident de la R publique et de l'Ex cutif d'un Ex cutif ind pendant v ritablement et ceci sans doute jusqu' La derni re tape le dernier jalon Institutionnel qui permet de comprendre la mise en place du R gime c'est ce que l'on a appel de fa on peut- tre un peu rapide la Constitution Gr vy Constitution Gr vy du nom de Jules Gr vy qui devient Pr sident de la R publique en janvier Jules Gr vy qui est un R publicain convaincu et qui peine d sign par les Chambres comme Pr sident de la R publique s'adresse aux Chambres en ces termes Soumis avec sinc rit la Grande Loi du R gime Parlementaire je n'entrerai jamais en lutte contre la volont Nationale exprim e par ses Organes Constitutionnels les Organes Constitutionnels de la volont Nationale videmment il s'agit ici des deux Chambres Constitution Gr vy on d signe en fait par ce terme cette Doctrine non crite il ne s'agit pas d'une Constitution au sens mat riel du terme une Doctrine non crite limitant les Pouvoirs du Pr sident de la R publique une Doctrine non crite qui signifiera qu' partir de l le Pr sident de la R publique sous la IIIe R publique n'utilisera plus jamais son Droit de Dissolution l' gard des Chambres quand bien m me il en avait Constitutionnellement le Droit Alors ces quelques l ments clairent de nombreux aspects que nous allons maintenant examiner de la IIIe R publique des forces qui s'affrontent en son sein des Nationalismes la Critique des Institutions de ce sentiment qu'une Guerre Civile pourrait se produire cela suppose maintenant d'envisager les Radicaux dans la R publique III Les Radicaux dans la R publique Pourquoi ce titre parce que les termes vont ensemble Radicaux R publique R publicains parce que l'on parle aussi de R publique Radicale pour d finir le R gime entre et il y aurait eu ainsi la R publique Mod r e - la R publique Opportuniste qu est - des p riodes pendant lesquelles gouvernent certains R publicains que l'on qualifiait quelques ann es auparavant de Mod r s Ce titre les Radicaux dans la R publique permet de r pondre des probl mes de d finition et de r alit historique En effet les notions de Radicalisme les notions de R publicanisme sont sans doute les plus difficiles aujourd'hui comprendre et d finir Pourquoi et bien peut- tre parce que le Radicalisme aujourd'hui n'est plus une Force Politique dominante comme il l'a t en cette fin du XIXe si cle De fa on plus g n rale on voit mal aujourd'hui en quoi tre R publicain peut s'apparenter une attitude de combat alors qu' l'inverse il s'agit v ritablement d'une attitude de combat que d' tre R publicain sous la IIIe R publique Le Radicalisme se confond partiellement avec le Camp R publicain Il y a une certaine incertitude autour du terme de Radicalisme les tiquettes des Partis Politiques sont encore flottantes parce que les Partis Politiques se mettent peine en place Certains se d finissent comme R publicains avant tout et il est vrai que dans la R publique que l'on a appel la R publique des Jules Jules ferry Jules Simon Jules Gr vy Jules Favre tous ne sont pas Radicaux et pr cis ment les Jules ne sont pas Radicaux Jean Touchard dans son ouvrage La Gauche en France propose un portrait de R publicain que vous retrouverez dans le fascicule li ce CD et qui explique assez bien ce qu est le profil d un R publicain la fin du XIXe si cle Avant m me l'existence du Parti Radical parce que le Parti Radical n'est fond qu au d but du XXe si cle beaucoup de R publicains sont consid r s comme

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