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Pensee medievale.docx

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Contributor: gh0st
Category: Religion and Philosophy
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Introduction la pens e m di vale d un point de vue m taphysique Qu est-ce que la m taphysique Qu est-ce que la pens e m di vale Qu y a t-il d encore solide Il y a un cours de m taphysique parce qu il y a un livre d Aristote qui s appelle la M taphysique C est un recueil rappelant le fourre-tout ayant du mal avoir un ordre d fini La m taphysique antique est en grec faite de bric et de broc susceptible d interpr tations contradictoires Son ouvrage est d une profondeur inimaginable fait sur le mode du questionnement Existe- t-il quelque part non seulement des probl mes m taphysiques mais plut t une doctrine m taphysique On dira plut t que la m taphysique s est constitu e comme doctrine au Moyen- ge poque qui transforme les questions en r ponses La M taphysique est aussi le r sultat d un certain nombre de travaux que les disciples d Aristote ont appel m ta ta physica ce qui regroupe les questions qui viennent apr s les trait s de physique du m me Aristote r dig s et construits Est m taphysique ce qui vient apr s la nature ce qui est n cessaire pour la pens e apr s la nature Mais qu est-ce qui est n cessaire pour la pens e apr s que l on ait tudi la science de la nature Aristote donne une r ponse simple d s le livre A Toutes les sciences sont des activit s fort int ressantes et f condes mais elles ont toutes un objet et grandissent avec celui-ci Chaque science prosp re avec son objet les sp cialistes sont ceux qui se sont donn s un objet Aristote r pond que c est toujours la r alit comme quelque chose qui est tudi les sciences ont une orientation accomplie et d finie par leur objet mais elles sont aussi limit es par leur objet Un baudelairien examine la r alit comme baudelairienne et non comme d pendante de Racine Mais quand examine-t-on la r alit comme telle Aristote effectue une double op ration - Si toutes les sciences s attachent l tre des choses sous une certaine d termination mais il reste une question abyssale qu est-ce que l tre en tant qu tre Ici Aristote claircit la question qui vient apr s la physique - Puis il cherche nommer cet tre en tant qu tre La philosophie qui s attache ce point de concentration maximum de la r alit est ce que Aristote nomme philosophie premi re Les autres sont engag es dans des d terminations secondes elles ne sont plus au sommet de la pyramide de l tre L tre en tant qu tre est l objet de la philosophie premi re Aristote explique que faire de la philosophie premi re revient s occuper des principes Il semble que cette id e de principe se trouve d abord dans les math matiques dans les l ments d Euclide la ligne le point etc sont les principes de la g om trie La question du principe et l'int r t pour la figure du principe sont n s au c ur de l'activit des math maticiens grecs c est de l que s est fix l int r t des philosophes pour des principes qui gouverneraient l tre en tant qu tre Le principe est arch qui donne arch ologie architecture arch om trie etc L arch ologie vient de arch d but et -logie la parole la connaissance C est un discours sur ce qui vient au d but sur l originaire Le projet grec consiste remonter vers une notion pure de la r alit et transformer cette derni re en philosophie premi re laquelle repose sur des principes Vient alors de multiples difficult s qu Aristote num re une une La force des M di vaux est que quand ils s occupent de m taphysique ils ont ans depuis Aristote Ils sont face une distance plus grande que celle que nous avons nous-m mes par rapport aux M di vaux De plus ils prennent en charge la m taphysique alors qu ils ne connaissent plus le grec Ils utilisent des transmissions indirectes venant des pays arabes de la tradition grecque Il n y a pas de rapport direct dans la langue grecque ce qui permet que les M di vaux ne demeurent pas fix s sur les mots Ils communiquent avec Aristote par la clart de la pens e qu on en saisit Ils retirent ce qui est pleinement intelligible dans la pens e grecque Malgr ses p riples Aristote traduit en de nombreuses langues avant de revenir en latin est revenu debout avec des concepts et des pens es identifiables Se greffe ensuite un probl me plus dur Quand Aristote a commenc entrer dans la philosophie premi re sa religion nationale se portait mal La philosophie tait assez libre ce qui permettait Aristote d avancer sans tre contraint par les formes autoritaires pr tablies Donc Aristote put b tir sans tre encercl par le b cher Il r fl chit alors sur Dieu qu il appelle l acte pur Sa philosophie premi re d bouche sur une th orie de l acte pur Mais sans dogme ni foi avec seulement des rites tout ceci est plein d h sitations douze divinit s majeures et combien de divinit s mineures Aristote parle tant t d acte pur puis il dit que les toiles sont des dieux Dieu est un acte pur qui s exprime dans les toiles le divin est le ciel Il produit un monoth isme rationnel et une cosmologie qui divise le monde Du ciel Les M di vaux sont dans une civilisation qui a trouv la v rit qui a un seul visage J sus de Nazareth le Christ C est une population sid r e Cette v rit sue connue reconnue est l activit d un groupe d hommes qui la magnifient les pr tres Qui veut philosopher est en situation d licate S il trouve une v rit de philosophie premi re allant dans le sens de la v rit du Christ quoi bon c der aux abstractions de la philosophie Il ne resterait qu adorer cette v rit Ce serait une aspiration de la philosophie premi re par la th ologie Ceux qui trouvent des v rit s non christiques connaissent des ch timents terribles C est ce qui conduit la fin du Moyen- ge au quatorzi me si cle lorsque commence une destin e ind pendante de la philosophie On d couvre le caract re embarrassant d une soci t vou e la v rit mais qui tente de pr server la libert de philosopher Un mauvais sort e t t la doctrine de la double v rit tentation de l intelligentsia m di vale quand la v rit christique et celle de la philosophie ne s accordaient pas on disait qu il existait deux v rit s Il y a une v rit produite par la logique et qui engendre des r sultats vrais selon la raison humaine et ces v rit s sont n cessaires Et il y a des v rit s de la foi imperturbables ayant leur n cessit non rationnelle mais surnaturelle de la croyance Par exemple et pour la logique naturelle Mais les chr tiens soutiennent que Dieu est la fois et Dans la doctrine de la conformit de la foi et de la raison il y a deux registres un rationnel et fond sur la raison ne peut pas s enfermer sur lui-m me car il existe dans l homme une autre facult qui est le d sir La raison saisit des v rit s mais la volont comme si ge de l amour est pris de la v rit Ce sont deux facult s raison et amour qu il faut r concilier Thomas d Aquin pense qu id alement on peut faire se rapprocher le d sir et la raison mais la raison devra c der au d sir et se mettre son service Ainsi la philosophie premi re est la servante de la th ologie La th ologie est le lieu de l amour et la philosophie est le lieu de la raison Dans le Cantique des cantiques Salomon est amoureux d une femme tr s belle entour e de servantes mais lui n aime qu elle mille sont les v rit s connues par la raison mais unique est l objet de mon amour Cet image se r alise pleinement dans la figure du Christ qui repr sente la pl nitude la v rit sur la terre La m taphysique est devenue le point d ogive de deux forces intelligence et volont Elle reconna t en l homme le double pouvoir de raisonner et d aimer La philosophie premi re a donc besoin de l amour pour se r aliser il y a une structure d sirante en elle D j Aristote dit que l homme est un intellect d sirant Mais au Moyen- ge cet amour devient celui d un personnage id al le Christ Tel est le point qui permet de concilier foi et raison intelligence et amour Le rapport entre foi et savoir Thomas d Aquin La somme th ologique Question Cerf Ma tre Eckhart Trait s et sermons GF Discours de l homme noble Dante La vie nouvelle Petite po sie Gallimard ou Version bilingue en Folio A Gilson La philosophie au Moyen- ge Payot deux volumes B Gilson L tre et l essence Vrin C R Pernoud Pour en finir avec le Moyen- ge Seuil D A De Lib ra Penser au Moyen- ge Seuil Les trois auteurs traitent diff remment le rapport de la foi et du savoir Thomas d Aquin montre que l origine de la philosophie r gne une science sacr e qui est l unit de la foi et du savoir Le but de la Somme th ologique est de pr senter cette unit pour ceux qui peuvent boire du lait et non encore du vin Il est possible d unifier foi et savoir dans une philosophie premi re unique qui est la sagesse chr tienne ou la science sacr e Cette unit repose sur la parole du Christ je suis la v rit la voie et la vie Ma tre Eckhart r fl chit sur la valeur de l homme noble il soutient qu'un id al de noblesse traverse le monde Dans la Vita nuova Dante d gage un objet d amour nouveau B atrice Il cr e un v nement d cisif les hommes aiment les femmes avant d aimer le Christ Vouer sa vie l amour humain se passionner pour une autre personne que soi est-ce que ceci change l quilibre de la sagesse m di vale Le d sir qui tait d sir de la foi et de la sagesse devient d sir d un visage Dante introduit un risque de bouleversement des hi rarchies sur lesquelles repose la science sacr e Dante ne cesse de r quilibrer la f minit du divin il fait merger ce socle enfoui qu est la f minit du divin manifest e par la vierge Marie mais Marie n est pas la femme qui change la vie d un homme comme homme commele fait B atrice Nous remontons ici la question de la relation entre m taphysique et f minit C est une introduction la m taphysique moyennant la philosophie du Moyen- ge Cette approche est difficile car partag e entre plusieurs exp riences religieuses Elle est li e une spiritualit qui ne fait pas l unanimit et intervenant dans une situation de crise qui rend difficile la m taphysique La m taphysique dans l Antiquit se trouve tre un fruit philosophique ne souffrant pas la division entre la philosophie et la religion Cet acte unifi se lib rait et d veloppait un chemin rationnel Mais la m taphysique ne s est pas perp tu e de fa on intacte d s que l Occident est devenu chr tien Le christianisme pr tendit d tenir une doctrine qui soit du m me niveau que la m taphysique antique D o un conflit entre la m taphysique et une sagesse chr tienne qui pr tendait pouvoir avancer des propositions profondes concernant le principe de toute chose Au Moyen- ge il y eut deux voies m taphysiques qui prirent deux noms celle de la raison et celle de la foi Le probl me de l poque m di vale fut de les coordonner pour montrer qu elles se renforcent et produisent une doctrine unique Les M di vaux cherch rent un arc d ogive qui harmonise deux voies spirituelles comme deux transepts La voie de la foi n est pas seulement l ensemble des v rit s impos es par l glise mais aussi une voie caract ris e par cette facult qu est le d sir de la volont Elle est li e un dessein amoureux Comment concilier la raison et la foi la raison et l amour Cette double progression constitue l int r t du champ m di val Le Moyen- ge donne acc s une double m taphysique de d sir et de contemplation rationnelle ou encore une voie mystique qui mobilise la capacit d aimer des sujets et une voie de la raison humaine Dante raconte une aventure amoureuse Dans les savoirs m di vaux l amour est arriv un grand degr de reconnaissance Les grands penseurs comprennent l amour qu ils ont pour Dieu et celui qu ils prouvent pour un partenaire Le Moyen- ge est l ge de l amour le regard qu un tre qu il aime porte un l objet qu il a lu Ceci se trouve mal dans l Antiquit car la division de l homme et la femme est telle que l id e de construire une m taphysique pour une femme e t apparu d un ridicule achev et d une ind cence totale Le cheminement par l amour n est pas propre la m taphysique de l Antiquit mais du Moyen- ge L'homosexualit sp culative chez Platon s'oppose la h t rosexualit sp culative chez Dante Au Moyen Age l'un amour n'est pas tout fait sexuel il comprend des formes de chastet comme l' amour pour une femme morte chez Dante La coupure de la diff rence sexuelle est renforc e par l interdit de la pratique sexuelle Or dans l Antiquit il y a des rapports sexuels non aboutis qui sont des conditions de l exp rience sp culative Socrate et Alcibiade Dante et Platon semblent parler de la m me chose mais en r alit chez Platon c est une dialectique de l homosexualit alors que dans La vie nouvelle c est la narration d un deuil h t rosexuel Hugo crit Platon a dit ros Virgile a dit amor Cette opposition entre les Grecs et les Latins montre que Platon v hicule un rotisme sp culatif alors que Virgile est un philosophe de la m lancolie du deuil - ce en quoi il anticipe Dante Il s int resse cette part m lancolique de l ros que Hugo appelle amour Il y a une diff rence entre une sp culation rotique et une sp culation amoureuse qui marque le passage de l Antiquit au Moyen- ge chr tien Le Moyen- ge construit un rapport homme femme sur la base de l absence celle de B atrice et celle du Christ C est la d couverte des rapports entre l amour et l absence avec un parall lisme troublant entre les figures disparues de B atrice et du Christ On le retrouvera dans la psychanalyse Lacan S minaire VII car des approches de la doctrine de l inconscient ont t difi es au Moyen- ge Il y a un lien entre l exp rience psychanalytique et l amour courtois Le prologue de la Somme th ologique est une doctrine th ologique le Sermon sur l homme noble est une doctrine asc tique et mystique La vie nouvelle est un r cit ou une narration qui raconte le deuil d une femme Ces trois registres th ologique mystique et po tique r pondent la question de la m taphysique au Moyen- ge La th ologie est la nef la mystique est la crois e du transept et le choeur est la po sie La Somme th ologique Question article demande si la doctrine sacr e doit user de m taphore Ceci place Thomas d Aquin dans l obligation de d finir son objet par rapport la po sie On interroge l acc s la m taphysique par la voie de la connaissance et par celle du d sir Aujourd hui on n glige la voie du d sir l envisag trop vite de mani re thique et morale Or les M di vaux savent que le d sir peut tre construit par une morale mais ils ne font pas s quivaloir morale et d sir La pens e m di vale ne construit pas seulement sur le plan thique le d sir mais lui donne un avenir la po sie la mystique des tats absolus qui ne se limitent pas un regard moral De cet lan dans le Moyen- ge nous avons un quivalent l architecture entre la cath drale et le palais de justice Le monument m di val unit toutes les formes vivantes du peuple et de la soci t m di vale dans un seul geste La Somme th ologique de Thomas d Aquin s tend sur plus de vingt ans et se compose de trois parties Dieu l homme et le Christ Le Christ est le principe unifiant les deux premi res parties Malgr l normit du livre cet ouvrage est sens tre pour des d butants Thomas d Aquin avait par ailleurs crit une autre somme consid r e tre destin e aux savants Somme contre les gentils Derri re ces massifs des trait s plus techniques sont les questions disput es Au Moyen- ge les livres sont des manuels qui reprennent le rythme des cours qui taient divis s en deux soit le commentaire d un texte des Anciens ou de la Bible soit la question Le ma tre ne tenait pas un discours qu il imposait ses l ves mais des tudiants rassemblaient les questions de leurs condisciples et les posaient au ma tre qui y r pondait La Somme th ologique commence par une question laquelle elle ajoute la s rie des objections Avant de r pondre le ma tre r f re l autorit de l glise et ses P res - une pens e autoritaire s en tiendrait l Puis le ma tre doit trouver des raisonnements rationnels pour expliquer du point de vue de la raison pourquoi la proposition donn e par l autorit est juste La r ponse du ma tre consiste trouver des rationalit s pertinentes pour justifier du point de vue humain et de la coh rence la r ponse Enfin le ma tre reprend les objections auxquelles il r pond rationnellement Les questions sont les objectionnes l autorit est le sed contra ensuite le respondeo enfin les solutionnes Ce sch ma est immuable Un rite du d bat toujours respect conduit une r ponse toutes les objections Chaque partie de la Somme th ologique est divis e en questions num rot es et chaque question est divis e en articles chacun rythm comme indiqu ci-dessus La premi re question Qu est-ce que la doctrine sacr e comprend dix articles Thomas d Aquin commence par un court prologue d une rigueur admirable Il d fend l id e que cet ouvrage est destin aux d butants qui il propose une p dagogie Le docteur de la v rit catholique doit non seulement enseigner les plus avanc s mais aussi instruire les commen ants selon ces mots de l Ap tre Co - Comme de petits enfants dans le Christ c est du lait que je vous ai donn boire non de la nourriture solide Nous avons observ en effet que dans l emploi des crits des diff rents auteurs les novices en cette mati re sont fort emp ch s soit par la multiplication des questions inutiles des articles et des preuves soit parce que ce qu il leur convient d apprendre n est pas trait selon l ordre m me de la discipline mais selon que le requiert l explication des livres ou l occasion des disputes soit enfin que la r p tition fr quente des m mes choses engendre dans l esprit des auditeurs lassitude et confusion D sirant viter ces inconv nients et d autres semblables nous tenterons confiants dans le pouvoir divin de pr senter la doctrine sacr e bri vement et clairement autant que la mati re le permettra Somme th ologique Prologue La v rit catholique est la v rit universelle C est une doctrine rationnelle amoureuse avec un d sir d'assimilation Ce n est pas simplement ce qui est li la connaissance de notre me mais une phase li e la vie de l me Thomas d Aquin appartient une tradition lact e et l opposition entre le lait et le vin se trouve dans les cultes orphiques avec une tape mod r e du lait et une tape bachique du vin Thomas d Aquin r oriente la mati re de la sagesse chr tienne car il y eut en mille deux-cents ans une accumulation de savoir vari e et d sordonn e Une part de la transmission chr tienne se fait uniquement par le commentaire mais il faut aller plus loin et donner des structures fermes pour la pens e des d butants La doctrine sacr e est aussi une science sacr e La m taphysique au Moyen- ge est une doctrine sacr e C est quelque chose qui s enseigne et non simplement une exp rience priv e comme le m morial de Pascal Il y a un noyau de transmission r guli re de ma tre s l ve s Les contenus ne sont pas exclusivement li s des notions philosophiques mais supposent une relation religieuse C est la transmission du dieu la cr ature Ainsi on retrouve raison et amour foi et savoir C est comme s il fallait deux cornes une corne blanche de la raison et une corne noire de la foi pour se relier au monde de l esprit Le premier article est le premier d chirement du voile Ainsi Thomas d Aquin vainc sans renoncer la raison la doctrine de la double v rit attribu e Averro s Article Une telle doctrine est-elle n cessaire Objections Il semble qu il ne soit pas n cessaire d avoir une autre doctrine que les disciplines philosophiques Pourquoi faire effort en effet vers ce qui d passe la raison humaine Ne cherche pas plus haut que toi nous dit l Eccl siastique Or ce qui est port e de la raison nous est communiqu de mani re suffisante dans les disciplines philosophiques Il para t donc superflu de recourir une autre doctrine Il n y a de science que de l tre car on ne peut avoir de connaissance que du vrai qui lui-m me est convertible avec l tre Or dans les disciplines philosophiques on traite de toutes les modalit s de l tre et m me de Dieu d o vient qu une branche de ce savoir est appel e th ologie ou science divine comme le montre Aristote Il n est donc pas n cessaire d ajouter aux disciplines philosophiques une autre doctrine En sens contraire S Paul dit Tm Vg Toute criture divinement inspir e est utile pour enseigner r futer redresser former la justice Or une criture divinement inspir e n a rien voir avec les disciplines philosophiques qui sont des uvres de la raison humaine c est donc qu une autre doctrine celle-l d inspiration divine a bien sa raison d tre R ponse Il fut n cessaire pour le salut de l homme qu il y e t en dehors des sciences philosophiques que scrute la raison humaine une doctrine proc dant de la r v lation divine Le motif en est d abord que l homme est destin par Dieu atteindre une fin qui d passe la compr hension de son esprit car dit Isa e l il n a point vu Dieu en dehors de toi ce que tu as pr par ceux qui t aiment Or il faut qu avant de diriger leurs intentions et leurs actions vers une fin les hommes connaissent cette fin Il tait donc n cessaire pour le salut de l homme que certaines choses d passant excedunt sa raison lui fussent communiqu es par r v lation divine A l gard m me de ce que la raison tait capable d atteindre au sujet de Dieu il fallait aussi que l homme f t instruit par r v lation divine En effet la v rit sur Dieu atteinte par la raison n e t t le fait que d un petit nombre elle e t co t beaucoup de temps et se f t m l e de beaucoup d erreurs De la connaissance d une telle v rit cependant d pend tout le salut de l homme puisque ce salut est en Dieu Il tait donc n cessaire si l on voulait que ce salut f t procur aux hommes d une fa on plus ordinaire et plus certaine que ceux-ci fussent instruits par une r v lation divine Pour toutes ces raisons il tait n cessaire qu il y e t en plus des disciplines philosophiques uvres de la raison une doctrine sacr e acquise par r v lation Solutions Il est bien vrai qu il ne faut pas chercher scruter au moyen de la raison ce qui d passe la connaissance humaine mais la r v lation qui nous en est faite par Dieu nous devons accorder notre foi Aussi au m me endroit est-il ajout Beaucoup de choses te sont montr es qui d passent la compr hension humaine C est en ces choses que consiste la doctrine sacr e Une diversit de raisons ou de points de vue dans ce que l on conna t d termine une diversit de sciences Ainsi est-ce bien une m me conclusion que d montrent l astronome et le physicien par exemple que la terre est ronde mais le premier utilise cette fin un moyen terme math matique c est- -dire abstrait de la mati re tandis que le second en emploie un qui s y trouve impliqu Rien n emp che donc que les objets m mes dont traitent les sciences philosophiques selon qu ils sont connaissables par la lumi re de la raison naturelle puissent encore tre envisag s dans une autre science selon qu ils sont connus par la lumi re de la r v lation divine La th ologie qui rel ve de la doctrine sacr e est donc d un autre genre que celle qui est encore une partie de la philosophie Somme th ologique Question I Article Une telle doctrine sacr e est-elle n cessaire La doctrine sacr e est inutile pour les tudiants les deux objections disent qu il n est pas n cessaire de s imposer du savoir en plus Les tudiants ne veulent pas que les th ologiens entrent dans les tudes de philosophie ils se satisfont de la logique Un premier tudiant trouve dans la Bible un argument pour ne pas faire de th ologie et l autre estime qu il y a d j tout chez Aristote La connaissance de l tre tant la connaissance du vrai disposer d une philosophie de l tre me dispense de toute autre chose La philosophie tudie toutes les caract ristiques de l tre y compris Dieu Et Aristote appelle cette science de l tre une th ologie La th ologie naturelle ou rationnelle n a besoin de rien d autre La pens e m di vale porte une crise issue de la fid lit Aristote qui lui donne un savoir total et humain sans besoin d ajouter quelque chose par dessus Or on a pens qu il y avait quelque chose au-del Le sed contra convoque Saint Paul une m taphysique de l tre laisse place une m taphysique du livre la Bible et il faut articuler le livre et l tre Pour le ma tre il faut plier devant le livre et qui est un livre inspir Thomas d Aquin doit articuler la rationalit de l objection et l autorit du livre La r ponse la premi re objection est qu il faut distinguer l inconnu et le cru On ne doit pas chercher conna tre l inconnu mais le cru est un interm diaire entre la raison et l inconnu La croyance fait donc la n cessit de la doctrine sacr e Les oppositions entre le contenu et l inconnu sont fausses il existe un domaine interm diaire les v rit s de la foi Une vraie m taphysique doit se donner un savoir rationnel et une perc e vers le myst re par la foi La r ponse la seconde objection est que l tre est l objet commun du th ologien et du philosophe seulement ils ont des points de vue diff rents celui de la raison pour le philosophe celui de la R v lation pour le th ologien Quelque chose se r v le dans l tre Le th ologien devra d abord ma triser les points rationnels de l tre puis d velopper la r v labilit de la face crue de l tre La plus belle objection est la seconde qui proteste contre le dessein m di val la m taphysique est un objet unique rationnel fond sur l tre - et nulle n est raison de lui ajouter un prolongement qui l affaiblirait Le dispositif m di val est double une progression rationnelle vers la connaissance du divin et une progression qui suppose que l on fasse confiance quelque chose qui vient d au-del de la raison La difficult est d articuler ces deux dimensions en vue d une amplification de la raison par l amour Il faut d passer un ordre ma trisable par l homme pour entrer dans une confiance qu un religieux appelle la foi Dante introduira un autre th me celui de l amour d une femme Ma tre Eckart quant lui ajoute une ouverture mystique - Mais la solution thomiste est tr s puissante et r gna longtemps sur l Occident Le ma tre prend son temps pour d velopper sa r ponse Il r pond en deux temps Le second argument de Thomas est de reconna tre que la philosophie est une discipline audacieuse mais dangereuse nous n avons pas le droit de nous tromper De nombreuses choses sont connues par la raison mais il faut tre soutenu dans notre d marche par un principe qui guide notre raison fragile Avec seulement des raisonnements beaucoup n iront pas jusqu au bout et croiront avancer alors qu en r alit ils d vieront La doctrine sacr e est n cessaire pour soutenir la raison C est disposer d un accompagnement de la raison la doctrina sacra sert de garde-fou l'exp rience rationnelle La raison suffit pour progresser dans l tre mais cette progression est si difficile qu il vaut mieux avoir un guide La foi est ce soutien cet accompagnement et ce guide Le premier argument est une doctrine de la finalit Quand on cherche la haute sagesse on vise rejoindre le but de toutes choses finalit La fin de l homme est si lev e qu un concept ne suffit pas pour le ma triser Une analyse seulement rationnelle fournit des conceptions trop courtes qui sous-estiment le sens de cette finalit et proposent des bonheurs trop courts Comment placer assez haut le projet du bonheur Il faut qu un geste divin nous montre jusqu o va notre destin La doctrine sacr e permet de placer le sens de l existence sa v ritable dimension Le concept majeur est la pr -cognition En usant de notre raison nous mettons en ordre notre capacit de cognition gr ce la doctrine sacr e nous entrons dans cette pr - cognition qui constitue un horizon d passant toutes nos facult s de le fixer M me Aristote n a pas viser assez loin le sens de la vie car il ne parle que de la connaissance d un premier moteur alors que la doctrine sacr e offre une finalit plus haute la connaissance de notre Salut Cette id e du Salut est ant rieure au christianisme mais remonte aux Grecs Nous sommes d chus nous tions faits pour tre mieux que ce que nous sommes actuellement Nous sommes bris s par un v nement dont nous ne connaissons pas la nature Les Grecs les Juifs les gyptiens et tout le bassin m diterran en avaient l impression d tre issus d une faute qui devait tre rachet e Les Grecs la prenaient en compte dans l orphisme selon lequel les tres humains cherchent dans des myst res profonds la cause de leur chute et voulaient tre d nu s de leur corps La faute de l me est d avoir voulu un corps Le Salut est de s arracher la mati re qui nous retient parmi des choses qui se d truisent qui sont en proie au temps Le Salut passe par une initiation qui nous arrache ce corps Ou bien je juda sme ne consid re plus que le probl me est la mati re mais la souillure de l me vient de la r volte de l homme contre son Cr ateur C est un loignement rebelle l gard du Dieu L histoire consiste surmonter cette col re initiale cette volont d ind pendance que l homme manifeste l gard de Dieu Il faut toute la loi de Mo se pour discerner tous les cas o nous nous cartons On passe d une crise de la mati re une crise de la loi Le christianisme plonge dans ces deux racines et cherche les prolonger autour d une tentative de r concilier l orphisme et le juda sme La mati re est bonne parce que cr e par Dieu qui envoya son fils dans le monde mat riel pour le sanctifier par son Incarnation Cette bont de la mati re n emp che pas que l humanit est tortur e par le d sir du Salut La seule issue chr tienne est que le Dieu incarn finisse dans un auto-sacrifice par expier l ensemble des fautes de l humanit par sa propre mort Ce sacrifice est repris des initiations d leusis Le Christ ne se sacrifie pas cause de la loi comme le proposerait le juda sme le m canisme du Salut n est pas par ou pour la loi mais par l Esprit qui n est connaissable et mesurable que par la loi Le sacrifice christique par amour unifie ainsi l orphisme et le juda sme Thomas montre que si l on ne suit pas une doctrine sacr e qui soutient la rationalit on arrive soit une conception avort e du sens de la vie soit l on devient d pendant de religions du Salut insuffisantes Il est donc n cessaire de cr er un v nement du sens qui emp che de faire fonctionner la raison de mani re soit trop limit e soit trop limitative La doctrine sacr e permet de ne pas manquer le d fi du sens de la vie Ce manquement serait soit le fait de le voir trop court soit un retour des religions ant rieures au christianisme La doctrine sacr e s ancre dans un pass Et elle nous met dans une dimension du au-del de c est- -dire dans la transcendance - qui s oppose l immanence La finalit est donc transcendante Or la m taphysique est l art d aller au-del de la nature Nous sommes bien face une m taphysique car le but thomiste est au-del de la nature Donc la doctrine sacr e est la m taphysique car toutes deux se fondent sur le mouvement de l au-del Refuser cette philosophie nous place dans une immanence qui produit une physique de la vie et non une m taphysique Tout repose sur la pr -cognition traduite ici par le pauvre avant Il existe une connaissance d avant la connaissance quelque chose qui pr c de ma capacit fixer mon but C est quelque chose de transcendant par rapport mes propre facult s La doctrine sacr e r side dans cette pr - cognition Le d passant est ce qui se jette dans la dimension de l exc s - Georges Bataille reprend cette dimension d exc s Il supposa que le seul mode de vie en modernit capitaliste n est pas le repli mais l exc s La somme a-th ologique L exc s chr tien n est pas encore assez excessif pas assez dionysiaque trop ancr dans la haine de la mati re Thomas se voulait tre le penseur de l exc s et Bataille est un penseur de l exc s de l exc s Mais Thomas rappelle que son texte n est que du lait On peut faire l hypoth se que Thomas s en est tenu au lait et Bataille nous abreuve de vin Article La doctrine sacr e est-elle une science Objections Toute science proc de de principes vidents par eux-m mes Or les principes de la doctrine sacr e sont les articles de foi qui ne sont pas de soi vidents puisqu ils ne sont pas admis par tous La foi n est pas le partage de tous dit l Ap tre Th La doctrine sacr e n est donc pas une science Il n y a pas de science du singulier Or la doctrine sacr e s occupe de cas singuliers par exemple des faits et gestes d Abraham d Isaac et de Jacob et d autres choses semblables Elle n est donc pas une science En sens contraire S Augustin dit A cette science appartient cela seulement par quoi la foi tr s salutaire est engendr e nourrie d fendue corrobor e r les qui ne peuvent tre attribu s qu la doctrine sacr e Celle-ci est donc une science R ponse A coup s r la doctrine sacr e est une science Mais parmi les sciences il en est de deux esp ces Certaines s appuient sur des principes connus par la lumi re naturelle de l intelligence telles l arithm tique la g om trie etc D autres proc dent de principes qui sont connus la lumi re d une science sup rieure comme la perspective partir de principes reconnus en g om trie et la musique partir de principes connus par l arithm tique Et c est de cette fa on que la doctrine sacr e est une science Elle proc de en effet de principes connus la lumi re d une science de Dieu et des bienheureux Et comme la musique fait confiance aux principes qui lui sont livr s par l arithm tique ainsi la doctrine sacr e accorde foi aux principes r v l s par Dieu Solutions Les principes de toute science ou sont vidents par eux-m mes ou se ram nent la connaissance d une science sup rieure Et ce dernier cas est celui des principes de la doctrine sacr e comme on vient de le dire S il arrive que des faits singuliers soient rapport s dans la doctrine sacr e ce n est pas titre d objet d tude principal ils sont introduits soit comme des exemples de vie qu invoquent les sciences morales soit pour tablir l autorit des hommes par qui nous arrive la r v lation divine fondement m me de l criture ou de la doctrine sacr e Somme th ologique Question I Article Le second article demande si la doctrine sacr e est une science - La premi re objection consiste remarquer que toute science doit avoir des principes qui doivent tre connus par eux-m mes Or la doctrine sacr e n est pas connue par soi mais par la R v lation moyennant le temps pass Donc elle ne peut pas tre une science car elle d pend de l histoire et de la Bible - La seconde objection part de l id e aristot licienne que l on ne conna t pas le singulier mais les Id es qui sont les essences universelles La connaissance est une l vation du particulier l universel Cette doctrine grecque de la science s oppose la Bible qui reste prise dans le particulier Donc elle ne peut tre la source d une science Il n y a pas d id alisation dans la Bible donc pas de science de la doctrine sacr e Le sed contra vient d Augustin Thomas observe qu il existe des sciences premi res et aussi des sciences subaltern es Soit deux sciences l arithm tique th orie des nombres et la musique La seconde d pend de la premi re La musique comme science des cordes vibrantes requiert l arithm tique De m me la g om trie est une science premi re et l astronomie en d pend au titre de science seconde L astronomie est la g om trie du ciel qui perdit son absolue puret mais qui d pend des math matiques Ceci permet de savoir que la science sacr e est une science subaltern e d pendant d une science sup rieure celle de Dieu Les principes de la science sacr e ne sont pas connus par soi La doctrine sacr e cherche ses principes dans une science au-dessus Et l instar du musicien qui fait confiance au math maticien le th ologien utilise et se fie des principes venant d au-dessus On a vu le caract re de science de la doctrine sacr e Les tudiants auxquels se confronte Thomas d Aquin affichent une r sistance l id e que la religion se situe sur le m me plan que le projet scientifique tel que l incarnait Aristote Comment une religion peut-elle pr tendre se comparer au caract re rationnel issu de la tradition grecque Thomas d Aquin g nie et manipulateur montre aux tudiants qu ils ne doivent pas sous- estimer le degr de v rit de leur religion cette v rit entrant dans une pr tention de forger une sagesse Thomas d Aquin ramasse le christianisme dans le ruisseau et l l ve au plus haut degr de rationalit de son temps Il est entour de ma tres de conf rence influents sur les tudiants et qui ne jurent que par Aristote et les r gles de la science aristot licienne Thomas d Aquin doit montrer qu il y a une structure rationnelle du christianisme le professeur doit renverser les vidences dans lesquelles se tiennent les ma tres de conf rence et les tudiants qu ils influencent Ce texte est la fois autoritaire et inventif Il reprend l ensemble des affirmations de l glise catholique romaine et les expose la critique des ma tres de conf rence Et Thomas trouve chaque fois une structure de la raison pour lever la promesse chr tienne au rang d une science Ces pages prolif rent d invention s dans les r ponses et dans les propos Ce texte brandit une v rit autoritaire et en m me temps il est admirable d imagination sp culative Le christianisme est un pouvoir de la raison dont personne avant Thomas d Aquin n avait eu un tel degr de ma trise Le concept important est celui de science de Dieu Cette notion doit tre tablie plusieurs niveaux On peut s appuyer sur une science plus lev e qui n est pas seulement l objet de la foi mais qui est elle-m me une science Cette science est celle de Dieu transcendante - Elle signifie premi rement que Dieu est un tre pensant susceptible d tre porteur d une science Il est un point d excellence dans l intelligence un sommet de l acte de pens e un esprit - Mais d s lors il est aussi une personne Pour pouvoir conduire un savoir il faut tre un tre ayant une identit et tant une subjectivit proposant une vie int rieure Dieu n est pas simplement le Bien comme dans le platonisme ou l Un n oplatonicien ou l Acte ou la Vie dans l aristot lisme Mais il est dans un acte de savoir un esprit qui sait Ce dieu porteur de la science de Dieu ne peut avoir une s paration entre le sujet et l objet comme les hommes sont des sujets qui connaissent Dieu titre d objet ext rieur Au contraire Dieu est un acte unique La science de Dieu est la science qu a Dieu sens subjectif du g nitif et celle qui n a d autre objet que Dieu lui-m me sens objectif du g nitif Dieu d veloppe une science en tant que personne et esprit et cette science a pour objet Dieu Dieu se sait lui-m me il a une science par simple r flexivit Il est donc savoir de soi On insiste sur les mots r v ler r v l r v lable Cette science sup rieure est r v l e l homme dans la Bible par les Proph tes par les P res de l glise par la tradition et par l autorit de l glise L exc s dans l existence est la transcendance cet exc s m atteint par r v lation L objet de la th ologie est la R v lation en tant qu elle ouvre un monde nouveau qui est celui du r v lable Le r v l d signe les faits consign s dans la tradition biblique et eccl siastique mais ceci ne produit pas encore une science sacr e Il faut percevoir ce qu il y a de scientifique dans le r v l l usage que je peux en faire pour construire une science L acte philosophique consiste abstraire le r v lable du r v l Le r v l d signe les faits le r v lable est la forme scientifique de la doctrine sacr e On renvoie tienne Gilson Le thomisme chapitre Les r v lables et aussi Jacques Maritain Distinguer pour unir avec une perspective chr tienne affirm e Article La doctrine sacr e est-elle une ou multiple Objections Selon Aristote une science une n a pour sujet qu un seul genre Or le cr ateur et la cr ature dont il est question dans la doctrine sacr e ne sont pas des sujets contenus dans un m me genre La doctrine sacr e n est donc pas une science une Dans la doctrine sacr e on traite des anges des cr atures corporelles des m urs humaines toutes choses qui appartiennent diverses sciences philosophiques La doctrine sacr e ne peut donc tre elle non plus une science une En sens contraire l criture parle de cette doctrine comme d une science unique ainsi dit- elle Sg La sagesse lui donna Jacob la science des choses saintes R ponse La doctrine sacr e est bien une science une L unit d une puissance de l me ou d un habitus se prend en effet de son objet non pas de son objet consid r mat riellement mais envisag du point de vue de sa raison formelle d objet l homme l ne la pierre par exemple se rencontrent dans l unique raison formelle du color qui est l objet de la vue Donc puisque l criture sainte envisage certains objets en tant que r v l s par Dieu ainsi qu on vient de le voir tout ce qui est connaissable par r v lation divine s unifie dans la raison formelle de cette science et de ce fait se trouve compris dans la doctrine sacr e comme dans une science unique Solutions La doctrine sacr e ne met pas Dieu et les cr atures galit lorsqu elle en traite c est de Dieu principalement qu elle s occupe et lorsqu elle parle des cr atures elle les envisage selon qu elles se rapportent Dieu soit comme leur principe soit comme leur fin L unit de la science est donc sauve Rien n emp che que des puissances de l me ou des habitus de rang inf rieur soient diversifi s par rapport des mati res qui se trouvent unifi es en face d une puissance ou d un habitus de rang sup rieur car une puissance de l me ou un habitus s il est d un ordre plus lev consid re son objet sous une raison formelle plus universelle Par exemple le sens commun a pour objet le sensible qui embrasse le visible et l audible ainsi bien qu il soit une seule puissance s tendit tous les objets des cinq sens De m me l unique science sacr e est en mesure d envisager sous une m me raison formelle c est- -dire en tant que divinement r v lables des objets trait s dans des sciences philosophiques diff rentes ce qui fait que cette science peut tre regard e comme une certaine impression de la science de Dieu elle-m me une et simple l gard de tout Somme th ologique Question I Article Pascal consid re que la th ologie est un ensemble de sous-savoirs coll s au hasard Or ici Thomas d Aquin cherche passer du r v l au r v lable en remarquant qu un crit re unique constitue l unit de la science Consid rons un homme un ne et une pierre - tous trois sont blancs Ils communiquent dans une m me couleur De m me J rusalem la c ne et la crucifixion semblent sans lien mais toutes participent ou communiquent dans le Salut L objet d une science n est jamais une chose mais une communaut de raisons Les choses r v l es restent s par es h t roclites La Bible elle-m me est h t roclite Mais d s que nous consid rons ces objets sous une m me raison formelle qui est le Salut par lequel les hommes vont Dieu nous passons du r v l au r v lable Pour prendre un autre exemple nous avons cinq sens h t roclites mais la sensation elle est l objet des sens car elle est leur raison formelle Il y a un progr s entre le respondeo et la seconde solution On passe du divinement r v l au divinement r v lable Le divinement est pass du caract re h t roclite de la Bible au caract re unifi de l objet formel de la th ologie L impression de la divine science est la science que Dieu a de lui-m me le caract re transcendant et imm diat de la science divine et de celle des bienheureux qui voient Dieu La doctrine sacr e r sulte de l impression de la science de Dieu dans ma propre science Je connais et rencontre cette impression dans la foi Pourquoi parler d impression et non d expression C est ici le sympt me d une dimension mystique de Thomas La science sacr e ne se contente pas de proc der de la foi c est pourquoi Thomas d Aquin parle d impression et non seulement d expression Il cite les Psaumes Ton visage s est imprim dans mon me Il s agit de rendre compte de la proximit mystique entre Dieu et le savant qui se voue sa connaissance L homme fut fait la ressemblance et l image de Dieu Le mod le de l impression se trouve relay par cette id e de ressemblance de l me humaine l gard de Dieu Il n y a de science th ologique que parce que l homme est cr la ressemblance et l image de Dieu Inversement nous pratiquons la science de la doctrine sacr e pour attester la r alit de la relation de ressemblance qu il y a entre moi et Dieu Article La doctrine sacr e est-elle sp culative ou pratique Objections Il semble que la doctrine sacr e soit une science pratique car selon Aristote une science pratique a pour but l action Or la doctrine sacr e est adonn e l action Mettez la Parole en pratique au lieu de l couter seulement nous dit S Jacques La doctrine sacr e est donc une science pratique La doctrine sacr e se divise en loi ancienne et loi nouvelle Or une loi est affaire de science morale c est- -dire de science pratique C est donc que la doctrine sacr e appartient cette cat gorie En sens contraire toute science pratique se rapporte des uvres qui peuvent tre accomplies par l homme ainsi la morale concerne les actes humains la science de l architecte les constructions Or la doctrine sacr e porte avant tout sur Dieu dont les hommes apparaissent plut t comme ses uvres lui elle n est donc pas une science pratique mais davantage une science sp culative R ponse Nous avons dit que la doctrine sacr e sans cesser d tre une s tend des objets qui appartiennent des sciences philosophiques diff rentes cause de l unit de point de vue qui lui fait envisager toutes choses comme connaissables dans la lumi re divine Il se peut donc bien que parmi les sciences philosophiques les unes soient sp culatives et d autres pratiques mais la doctrine sacr e pour sa part sera l une et l autre de m me que Dieu par une m me science se conna t et conna t ses uvres Toutefois la science sacr e est plus sp culative que pratique car elle concerne plus les choses divines que les actes humains n envisageant ceux-ci que comme moyens pour parvenir la pleine connaissance de Dieu en laquelle consiste l ternelle b atitude Et par l R ponse est donn e aux Objections Somme th ologique Question I Article La doctrine sacr e est-elle une science pratique L opposition entre th orie et pratique appartient aux sciences humaines or la science sacr e reprend ces derni res en les transformant Donc elle consid re le th orique et le pratique sous la seule raison formelle du r v lable Le r v lable signifie ce qui est susceptible d tre connu par une lumi re divine C est le cognoscible Les suffixes -ible et -able renvoient ce qui a la possibilit de donc ce qui peut tre connu Il y a une th ologie de la lumi re qui hante le texte de Thomas et qui sert pr ciser l unit de la raison formelle et de la th ologie Deux interpr tations sont possibles - Le cognoscible est redevable d une th orie de la lumi re laquelle vient de Plotin ou Proclus - Ou bien cette th ologie de la lumi re vient d Albert le Grand ma tre de Thomas d Aquin Pour les n oplatoniciens c est la lumi re qui est le dernier terme Pour les scolastiques et les n o-thomistes la lumi re n a de fonction que de raison formelle Article La doctrine sacr e est-elle sup rieure aux autres sciences Objections La sup riorit d une science d pend de sa certitude Or les autres sciences dont les principes ne peuvent tre mis en doute paraissent plus certaines que la doctrine sacr e dont les principes qui sont les articles de foi admettent le doute Les autres sciences paraissent donc tre sup rieures C est le fait d une science inf rieure d emprunter une science sup rieure ainsi en est-il de la musique par rapport l arithm tique or la doctrine sacr e fait des emprunts aux doctrines philosophiques S J r me dit en effet dans une lettre un grand orateur de Rome en parlant des anciens docteurs Ils ont parsem leurs livres d une telle quantit de doctrines et de maximes de philosophes qu on ne sait ce qu on doit admirer davantage de leur rudition s culi re ou de leur science des Ecritures La doctrine sacr e est donc inf rieure aux autres sciences En sens contraire les autres sciences sont appel es ses servantes ainsi lit-on aux Proverbes la Sagesse a d p ch ses servantes elle appelle sur les hauteurs R ponse La v rit est que cette science la fois sp culative et pratique d passe sous ce double rapport toutes les autres Parmi les sciences sp culatives on doit appeler la plus digne celle qui est la plus certaine et s occupe des plus hauts objets Or ce double point de vue la science sacr e l emporte sur les autres sciences sp culatives Elle est la plus certaine car les autres tirent leur certitude de la lumi re naturelle de la raison humaine qui peut faillir alors qu elle tire la sienne de la lumi re de la science divine qui ne peut se tromper C est elle aussi qui a l objet le plus lev puisqu elle porte principalement sur ce qui d passe la raison au lieu que les autres disciplines envisagent ce qui est soumis la raison Parmi les sciences pratiques on doit dire sup rieure celle qui ne vise pas au-del d elle- m me une autre fin telle la politique pour l art militaire le bien de l arm e est en effet ordonn celui de la cit Or la fin de notre doctrine selon qu elle est pratique n est autre que la b atitude ternelle but auquel se r f rent comme la fin supr me toutes les autres fins des sciences pratiques De toute fa on la science sacr e est donc pr minente Solutions Rien n emp che qu une connaissance plus certaine selon sa nature soit en m me temps moins certaine pour nous cela tient la faiblesse de notre esprit qui se trouve dit Aristote devant les plus hautes vidences des choses comme l il du hibou en face de la lumi re du soleil Le doute qui peut surgir l gard des articles de foi ne doit donc pas tre attribu une incertitude des choses m mes mais la faiblesse de l intelligence humaine Malgr cela la moindre connaissance touchant les choses les plus hautes est plus d sirable qu une science tr s certaine des choses moindres dit Aristote La science sacr e peut faire des emprunts aux sciences philosophiques mais ce n est pas qu elles lui soient n cessaires c est uniquement en vue de mieux manifester ce qu elle-m me enseigne Ses principes ne lui viennent en effet d aucune autre science mais de Dieu imm diatement par r v lation d o il suit qu elle n emprunte point aux autres sciences comme si celle-ci lui taient sup rieures mais au contraire qu elle en use comme d inf rieures et de servantes ainsi en est-il des sciences dites architectoniques qui utilisent leurs inf rieures comme fait la politique pour l art militaire Du reste que la science sacr e utilise les autres sciences de cette fa on-l le motif n en est point son d faut ou son insuffisance mais la faiblesse de notre esprit qui est achemin avec plus d aisance partir des connaissances naturelles d o proc dent les autres sciences vers les objets qui la d passent et dont cette science traite Somme th ologique Question I Article Ce cinqui me article nous donne un mot nouveau ancilla C est la servante La philosophie est la servante de la th ologie Les tudiants ne veulent pas que cette science sacr e soit si digne car elle repose sur la foi et poss de par l m me des principes incertains or une vraie science doit avoir des principes vidents Thomas d Aquin r pond que c est la science absolument digne qui r duit les autres tre ses servantes La science sacr e est incertaine non cause de son objet mais de par la limite de notre intelligence Comme science de Dieu elle est la plus digne et la plus parfaite Or notre intelligence produit des incertitudes Il ne faut pas juger les choses partir de nous La science sacr e est une science de l exc s ici traduit par l emporte et d passe Nous sommes en pr sence d un dispositif de transcendance de la raison qui n est donc pas le terme ultime La science que je fais est la science quad nos oppos in se Le quad nos est selon nous pour nous f r sich In se est en soi an sich In se est la science absolue le quad nos est notre science La science th ologique s empare des autres sciences et les asservit son objet Article Cette doctrine est-elle une sagesse Objections Une doctrine qui prend ses principes hors d elle-m me ne m rite pas le nom de sagesse Le r le du sage est d intimer l ordre et non de le recevoir d un autre d clare en effet Aristote or cette doctrine-ci emprunte ailleurs ses principes comme on l a montr elle n est donc pas une sagesse C est le fait d une sagesse d tablir les principes des autres sciences d o ce titre de chef des autres sciences que lui attribue Aristote or la doctrine sacr e ne se comporte pas ainsi elle n est donc pas sagesse Notre doctrine s acquiert par l tude tandis que la sagesse est obtenue par infusion ainsi est-elle compt e parmi les sept dons du Saint-Esprit comme on le voit en Isa e La doctrine sacr e n est donc pas une sagesse En sens contraire au principe de la loi le Deut ronome Vg fait cette d claration Telle est notre sagesse et notre intelligence aux yeux de tous les peuples R ponse Cette doctrine est par excellence une sagesse parmi toutes les sagesses humaines et cela non pas seulement dans un genre particulier mais absolument En effet puisqu il appartient au sage d intimer l ordre et de juger et que d autre part le jugement pour ce qui est inf rieur s obtient par un appel une cause plus lev e celui-l est le sage dans un genre quelconque qui prend en consid ration la cause supr me de ce genre Par exemple s il s agit de construction l homme de l art qui a dispos les plans de la maison m rite le titre de sage et d architecte au regard des techniciens inf rieurs qui taillent les pierres ou pr parent le ciment Ce pourquoi l Ap tre dit Co Comme un sage architecte j ai pos le fondement S il s agit de la vie humaine dans son ensemble l homme prudent sera appel sage du fait qu il ordonne les actes humains vers la fin qu ils doivent atteindre ainsi est-il dit aux Proverbes Vg La sagesse est prudence pour l homme Celui- l donc qui consid re purement et simplement la cause supr me de tout l univers qui est Dieu m rite par excellence le nom de sage C est pourquoi comme on le voit dans S Augustin la sagesse est appel e la connaissance la plus digne Or la doctrine sacr e traite tr s proprement de Dieu selon qu il est la cause supr me car elle ne se contente pas de ce qu on peut en savoir par les cr atures et que les philosophes ont connu Ce qu on peut conna tre de Dieu est pour eux manifeste dit en effet l Ap tre Rm elle traite aussi de Dieu quant ce qui n est connu que de lui seul et qui est communiqu aux autres par r v lation La doctrine sacr e m rite donc par excellence le nom de sagesse Solutions La doctrine sacr e n emprunte ses principes aucune science humaine elle les tient de la science divine qui r gle titre de sagesse souveraine toute notre connaissance Les principes des autres sciences ou bien sont vidents et donc ne peuvent tre prouv s ou bien sont prouv s par quelque raison naturelle dans une autre science or la connaissance propre notre science est obtenue par r v lation et non par raison naturelle C est pourquoi il n appartient pas la doctrine sacr e de d montrer les principes des autres sciences mais seulement d en juger En effet tout ce qui dans ces sciences se trouverait contredire la v rit exprim e par la science sacr e doit tre condamn comme faux selon l Ap tre Co Nous d truisons les sophismes et toute puissance alti re qui se dresse contre la science de Dieu Introduction la pens e m di vale d un point de vue m taphysique - Puisque juger est le fait du sage aux deux fa ons de juger dont on peut faire tat correspondent deux sagesses diff rentes Il arrive en effet qu on juge par inclination comme celui qui poss de un habitus vertueux juge avec rectitude de ce qu il doit faire dans la ligne de cet habitus tant d j inclin dans ce sens Aussi Aristote d clare-t-il n que l homme vertueux est la mesure et la r gle des actes humains Mais il est une autre fa on de juger savoir par mode de connaissance comme celui qui est instruit de la science morale peut juger des actes d une vertu m me s il n a pas cette vertu La premi re fa on de juger des choses divines est le fait de la sagesse du Saint-Esprit selon cette parole de l Ap tre Co L homme spirituel juge de tout De m me Denys Hi roth e est devenu sage non seulement en tudiant mais en prouvant le divin Quant l autre fa on de juger c est celle qui appartient la doctrine qui nous occupe selon qu elle est obtenue par l tude bien que ses principes lui viennent de la r v lation Somme th ologique Question I Article Le ma tre doit montrer que l on gagne en intelligence en se soumettant une tradition plus qu en la rejetant - Rabelais fl chira cette autorit du th ologien Cet auteur est de l ampleur de Thomas d Aquin par son savoir mais ne lui accorde pas cr ance Il r siste ce dispositif th ologique Il accepte le passage au r v lable mais ajoute qu il y a d autres bibles d autres traditions que celles bibliques Ce sont des traditions plus anciennes celles des g ants Les actions supr mes des g ants sont la transmission d une sagesse qui est une forme de r v lation et qui donne lieu un r v lable Ce r v lable n est plus celui du jud o-christianise mais celui de la tradition des g ants le pantagru lisme Le pantagru lisme est le savoir la doctrine sacr e d un autre mode pour Dieu de se r v ler aux hommes - mode celtique qui trouve des r percussions dans la Bible elle- m me Rabelais veille des contre-traditions des post-traditions des pr -traditions qui contrebalancent le ph nom ne jud o-chr tien et demandent une autre articulation que la doctrine sacr e de la Somme th ologique Rabelais exerce un contre-poids de dimension nationale et mondiale par ce r veil des traditions touff es par les traditions dominantes Ici Thomas reconstruit le projet sapientiel de sa th ologie Une sagesse est une pens e de la cause et de celui qui gouverne les autres par la cause La th ologie donne ce rapport la cause Or nous n avons pas connaissance directe de la cause de Dieu Nous ne pouvons acc der la cause elle-m me et donc nous sommes oblig s de remonter des effets la cause Par cette induction nous disposons d une connaissance indirecte de la cause mais ceci suffit pour mettre en uvre une sagesse de la cause Nous parlons d une sagesse du christianisme car il se rapporte la ma trise de la causalit tre sage c est commander partir d une cause Cependant nous ne connaissons que la cause partir de ces effets mais par l nous disposons d une connaissance suffisante de la cause pour avoir ensuite une autorit de sages Le respondeo distingue l usage de la cause par Dieu qui est connaissance de lui-m me par lui-m me Et chez les hommes c est une communication par r v lation Il en d coule que ce qui permet de construire cette sagesse se distingue de deux fa ons Nous en savons assez sur la causalit pour critiquer et r futer d autres savoirs Et si nous trouvons une proposition qui s oppose la v rit chr tienne elle doit tre condamn e comme fausse On passe de l ordre r futatif l ordre juridique de la condamnation Se m lent le faux et la condamnation - or aujourd hui nos juristes ne pensent qu gagner un proc s sans se soucier du vrai et du faux Article Dieu est-il le sujet de cette science Objections Toute science dit Aristote suppose connue la nature de son sujet autrement dit ce qu il est Or cette science ne suppose pas la connaissance de ce que Dieu est car selon S Jean Damasc ne Dire de Dieu ce qu il est nous est impossible Dieu n est donc pas le sujet de cette science Tout ce dont on traite dans une science est compris dans son sujet Or dans la Sainte criture il est question de bien d autres choses que de Dieu par exemple des cr atures des m urs humaines Donc Dieu n est pas le sujet de cette science En sens contraire on doit consid rer comme le sujet d une science cela m me dont on parle dans la science or dans la science sacr e il est question de Dieu d o son nom de th o-logie autrement dit de discours ou de parole sur Dieu Dieu est donc bien le sujet de cette science R ponse Dieu est effectivement le sujet de cette science Il y a le m me rapport en effet entre le sujet d une science et la science elle-m me qu entre l objet et une puissance de l me ou un habitus Or on assigne proprement comme objet une puissance ou un habitus ce qui d termine le point de vue sous lequel toutes choses se r f rent cette puissance ou cet habitus ainsi l homme et la pierre se rapportent la vue selon qu ils sont color s et c est pourquoi le color est l objet propre de la vue Or dans la doctrine sacr e on traite tout sous la raison de Dieu ou du point de vue de Dieu soit que l objet d tude soit Dieu lui-m me soit qu il ait rapport Dieu comme son principe ou comme sa fin D o il suit que Dieu est vraiment le sujet de cette science Ceci d ailleurs est aussi manifeste si l on envisage les principes de cette science qui sont les articles de foi laquelle concerne Dieu or le sujet des principes et celui de la science tout enti re ne font qu un toute la science tant contenue virtuellement dans ses principes Certains toutefois consid rant les choses m mes dont traite cette science et non le point de vue sous lequel elle les envisage en ont circonscrit autrement la mati re Ainsi parlent- ils de choses et de signes ou des uvres de la R paration ou du Christ total savoir la t te et les membres Il est bien trait de tout cela dans notre science mais c est toujours par rapport Dieu Solutions Il est vrai nous ne pouvons pas savoir de Dieu ce qu il est toutefois dans notre doctrine nous utilisons au lieu d une d finition pour traiter de ce qui se rapporte Dieu les effets que celui-ci produit dans l ordre de la nature ou de la gr ce Comme on d montre en certaines sciences philosophiques des v rit s relatives une cause au moyen de son effet en prenant l effet au lieu de la d finition de cette cause Quant aux divers objets autres que Dieu dont il est question dans la Sainte criture ils se ram nent Dieu lui-m me non point titre de parties d esp ces ou d accidents mais comme se rapportant lui de quelque mani re Somme th ologique Question I Article Nous trouvons pour la premi re fois le terme de th ologie Dieu est le sujet de cette science laquelle est une th ologie c est- -dire un discours de Dieu C est le fait de donner comme objet ou sujet Dieu Il est l objet de la raison formelle du r v lable et devient l occasion du discours La th ologie voit toutes choses sous une seule raison formelle le r v lable ce par quoi toute chose est ordonn e Dieu Puis Thomas d Aquin fait une liste des fausses conceptions de la th ologie qui l ont pr c d Il y eut trois versions chacune juste mais partielle La th ologie a t d finie comme une science des choses et des signes Elle prend en compte le sens litt ral de la Bible ainsi que ce par quoi les faits relat s annoncent la venue du Salut Cette d finition met au centre la dimension proph tique de l eschatologie ou de la t l ologie du christianisme C est la d finition de Pierre le Lombard qui invente les sentences savoir des propositions structur es pour pr senter de fa on organique la th ologique chr tienne La seconde d finition vient de Saint Augustin c est celle des uvres du Salut l examen de ce que par quoi le Christ sauva le monde Thomas d Aquin juge cette d finition trop partielle La troisi me d finition est le Christ en totalit ce qui vient des franciscains Le Christ total est ce par quoi les franciscains expliquent la vie Thomas consid re ces trois versions comme des moments r els du dessein de la th ologie mais ajoute qu elles ne donneront jamais lieu une science sacr e si on ne les subordonne pas Dieu Dieu est le point organisateur d une science Sans lui nous nous privons de la causalit de l unit Cons quemment nous ne pouvons fonder scientifiquement la th ologie sans tout subordonner Dieu Thomas d Aquin fonde une th ologie scientifique qui se r alise dans la position centrale de Dieu La r ponse de Thomas notre question est une m taphysique de l exc s qui se transforme en une science ordonn e par la centralit que Dieu exerce en son centre au titre de la causalit Thomas d Aquin est rationaliste ce qui lui fut reproch au point qu il fut presque jug ath e Nous montrons le degr d'interaction entre le christianisme comme religion et la philosophie comme exigence de raison - les deux se renvoyant sans cesse Thomas d Aquin porte un projet de connaissance si vaste que la raison n arrive pas remplir le programme th orique qu il s est propos L auteur demande la foi d apporter le t moignage d une science plus haute de sorte qu ici la foi est asservie la connaissance C est parce que la connaissance veut tre une sagesse que Thomas d Aquin demande la foi d apporter des compl ments ses aper us sur le divin Ces compl ments lui permettent d augmenter son projet de connaissance L horizon de cette entreprise qui essaie d associer la raison la foi est la science divine Nous pressentons qu il y a une hyper-connaissance qui est celle que Dieu a de lui-m me La mesure du projet scientifique de Thomas d Aquin est le savoir divin lui-m me Le projet de Thomas d Aquin est un dessein de connaissance int grale de totalit de la connaissance dans l ordre divin Cette passion de la connaissance est n cessaire tant donn le mauvais tat dans lequel nous sommes Nous sommes incapables de mesurer les finalit s de l univers Le dessein de connaissance permet d assigner des fins renouvel es la vie humaine et au processus qui gouverne l univers Une connaissance doit permettre d valuer le sens de la vie La th se de Thomas d Aquin est que de la valeur la vie dans sa pl nitude suppose d amplifier le rayon de la connaissance La foi sert donner une nouvelle ampleur au projet de connaissance Elle est cette activit de la volont qui corrobore et soutient l ambition de la connaissance laquelle je veux acc der Il y a une science qui proc de par argumentation comme nous le lisons chez Aristote M taphysique Livre Gamma III o il essaie d tablir les principes de la m taphysique Thomas d Aquin reprend Aristote et tente gr ce la foi d approfondir encore le projet aristot licien Article La doctrine sacr e doit-elle user de m taphores Objections Ce qui appartient en propre une doctrine tout fait inf rieure ne para t pas convenir la doctrine sacr e qui on vient de le dire occupe le sommet du savoir Or l emploi de similitudes diverses et de repr sentations sensibles est le fait de la po tique qui occupe le dernier rang parmi toutes les sciences User de similitudes de ce genre ne convient donc pas la science sacr e La doctrine sacr e para t avoir pour but de manifester la v rit c est pourquoi ceux qui accomplissent cette t che se voient promettre une r compense Ceux qui me mettent en lumi re auront la vie ternelle dit la Sagesse dans l Eccl siastique Vg Or de telles similitudes cachent la v rit Il ne convient donc pas cette doctrine de pr senter les r alit s divines sous des similitudes emprunt es au monde corporel Plus des cr atures sont lev es et plus elles s approchent de la ressemblance divine Donc si quelque chose des cr atures devait tre transpos en Dieu une telle transposition devrait se faire partir des cr atures les plus nobles et non partir des plus basses ce qui cependant se pr sente fr quemment dans les critures En sens contraire Dieu dit dans Os e J ai multipli les visions et par les proph tes j ai parl en similitudes Or pr senter une v rit sous le couvert de similitudes c est bien user de m taphores Il convient donc la doctrine sacr e d en employer R ponse Il convient certainement la Sainte criture de nous livrer les choses divines sous le voile de similitudes emprunt es aux choses corporelles Dieu en effet pourvoit tous les tres conform ment leur nature Or il est naturel l homme de s lever l intelligible par le sensible parce que toute notre connaissance prend son origine des sens Il est donc parfaitement convenable que dans l criture sainte les choses spirituelles nous soient livr es au moyen de m taphores corporelles C est ce que dit Denys Le rayon divin ne peut luire pour nous qu envelopp par la diversit des voiles sacr s De plus l criture tant propos e de fa on commune tous selon ce mot de l Ap tre Rm Je me dois aux savants et aux ignorants il lui convient de pr senter les r alit s spirituelles sous la figure de similitudes emprunt es au corps afin que par ce moyen tout au moins les simples la comprennent eux qui ne sont pas aptes saisir en elles-m mes les r alit s intelligibles Solutions La po tique use de m taphores en vue de la repr sentation car celle-ci est naturellement agr able l homme La doctrine sacr e elle use de ce proc d par n cessit et dans un but utilitaire nous venons de le dire Le rayon de la divine r v lation nous dit Denys n est pas supprim par les figures sensibles qui le voilent il demeure dans sa v rit en sorte qu il ne soit pas permis aux esprits auxquels est faite la r v lation de s en tenir aux images m mes il les l ve jusqu la connaissance des choses intelligibles et par leur interm diaire les autres en sont galement instruits C est pourquoi ce qui est livr en un endroit de l criture sous des m taphores est pr sent plus explicitement en d autres passages Du reste l obscurit m me des figures est utile tant pour exercer les esprits studieux que pour viter les moqueries des infid les au sujet desquels S Matthieu dit Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacr Denys nous explique encore pourquoi il est pr f rable que dans les critures les choses divines nous soient livr es sous la figure des corps les plus vils plut t que sous celle des plus nobles Il en donne trois raisons Tout d abord on carte ainsi de l esprit humain un risque d erreur en rendant vident qu on ne parle pas en propri t de termes des choses divines ce qui pourrait tre l objet d un doute si ces choses taient pr sent es sous la figure des corps les plus nobles surtout pour les hommes qui n imaginent rien de plus noble que le monde corporel En deuxi me lieu cette mani re d agir est plus en rapport avec la connaissance que nous avons de Dieu en cette vie car nous savons plut t de Dieu ce qu il n est pas que ce qu il est les similitudes les plus lointaines sont donc cet gard les plus proches de la v rit elles nous donnent comprendre que Dieu est au-dessus de tout ce que nous pouvons dire ou penser de lui Enfin par l les choses divines se trouvent voil es plus efficacement au regard des indignes Somme th ologique Question I Article Cette collaboration entre la th ologie entendue comme science premi re et la po sie t moigne qu il n y pas d indiff rence du th ologien l gard du po te Le th ologien reconnait la part po tique dans son savoir Les questions et donnent une chance la po sie qui semblait tre en dehors du probl me de l extension de la connaissance humaine C est une mani re de r gler les rapports entre le po me et les livres sacr s avec une extension incroyable du projet th ologique Ces deux articles r pondent la question de l extension de l objet th ologique jusqu la po sie Cette id e d une n gociation entre la po sie et la th ologie fit mauvais effet c est pourquoi les savants qui coutaient Thomas d Aquin formul rent diverses objections La premi re objection de l article pr sente la po sie comme un savoir faible m taphorique qui se rapproche mal de la th ologie Ces savants somment Thomas d Aquin d'arr ter de les engager dans cette mauvaise voie Cette d claration de guerre consiste refuser de m ler la plus haute des sciences avec la plus basse des esth tiques Ceci t moigne d un m pris souverain pour la po sie La seconde objection rappelle que la doctrine sacr e veut la v rit avec un projet de clarification int grale Or la po sie m taphorique voile les choses par l utilisation elle poss de un c t excessif pr sentant l obscur Ainsi Mallarm d fend l id e que la po sie est une uvre de la nuit qui proc de par des concertations de significations qui la rendent semblable la nuit La r volte des ma tres es art contre Thomas d Aquin r side dans l id e que l association de la th ologie et de la po sie occulte la v rit et transforme la th orie de la gloire de Dieu en un occultisme c est- -dire en une voie spirituelle qui proc de de l obscur et aime la dissimulation Le Christ est venu pour manifester tout ce qui tait cach Donc il n y a rien d occulte car le Christ est la splendeur de la R v lation En revenant au po me comme extension de la doctrine sacr e Thomas d Aquin expose la th ologie une r gression esth tique ou occultiste occultatur Un grand occultiste pense que seul l occulte r v le Dieu plus que la th ologie rationnelle liphas L vi qui traite de magie occulte pour entrer dans le myst re du divin Les glises sont peu favorables l occultisme et Alan Kardec n est pas recommand par l archev que Thomas d Aquin s expose des critiques ferventes et dures avec la revendication d une extension de la puissance th ologique l occulte des images La troisi me objection admet que nous osions mettre des images pour d signer les myst res de Dieu mais alors il faut des images sublimes pas d images minables ni obsc nes Contre cette exigence de s lection Thomas d Aquin refuse de poser des crit res d limination des images Il s inspire de Denys l Ar opagyte n oplatonicien chr tien de l Antiquit ayant peut- tre rencontr Saint Paul voire converti par lui voire tant celui qui fonde Saint Denis de Paris on a m lang plusieurs Denys Denis l ar opage est une place Ath nes Thomas d Aquin r pond aux objections avec aussi l argument d autorit L glise d fend l usage d images dans la th ologie Mais il n y pas d interdit l agr de la po tique de la th ologie Thomas d Aquin commence par une r ponse empiriste nous sommes habitu s venir la connaissance des choses abstraites partir des choses concr tes La conscience humaine commence par les choses sensibles M me pour conna tre le divin nous utilisons les images sensibles et nous partons des corps concrets Il est naturel l homme d'acc der aux r alit s intelligibles par l'interm diaire des r alit s sensibles La deuxi me r ponse consiste dire que l enseignement de la th ologie est fait pour tout le monde c est un savoir de commen ants l instar de la Somme th ologique Les tudes de th ologie et l enseignement de la Bible sont ouverts tout le peuple Or ce dernier ne doit pas tre contraint de faire des abstractions mais doit acc der aux r alit s spirituelles par des images Elles sont la preuve du caract re universel de la r v lation La po sie est une extension populaire et Thomas d Aquin demande le respect de ceux qui proc dent par images et comparaisons faute d avoir suivi des tudes Puis Thomas d Aquin r pond aux trois objections sur la base de cette assise La premi re solution montre que les images peuvent tres employ es selon deux logiques La premi re est pour se donner du plaisir et dans cette po sie esth tique la m taphore est le chemin d une exp rience esth tique Ceci ce distingue deuxi mement du projet th ologique qui consid re la th ologie comme une po sie dont le but n est pas esth tique mais doctrinal Il s agit alors de l art d'utiliser des images dans deux conditions quand c est n cessaire et quand c est utile La po tique esth tique n est pas l objet du sauvetage de Thomas d Aquin Cet auteur met en avant une po tique de la n cessit et de l utilit ce qui l gitime l usage de images La th ologique occidentale se s pare ici de l esth tique Elle m ne un trajet solitaire l gard du beau pendant plusieurs si cles jusqu la venue au vingti me si cle d un th ologien Urs von Balthazar La gloire et la croix Balthazar remarque que la grande erreur de la th ologie est de ne pas avoir suivi la voie de l glise orthodoxe laquelle garde un rapport au beau dans sa th ologie Balthazar renoue avec l aspect esth tique de la R v lation qui avait t rompu par Thomas d Aquin dans cette page Thomas d Aquin fait une place la po sie mais cette place est didactique et doctrinale non esth tique ceux qui pensent que toute pratique esth tique conduit l occultisme il r pond que cette id e est fausse Il rappelle aussi que l un des m canismes de l esprit humain est l l vation Voyant une image nous pouvons partir d elle et chercher lever la conscience des r alit s pures non imag es qui sont derri re Une didactique de l image permet de se lib rer du go t de l occulte qui serait une limite de la po tique de la th ologie Jaccotet tient une position inverse en rupture avec le surr alisme De m me Bonnefoy qui connut Breton montre que le surr alisme fait une telle d bauche d images qu il carte le rapport de la po sie la pr sence Breton est proche de Thomas d Aquin autour de l id e que les images ont le pouvoir de conduire vers un myst re Le surr alisme contient une voie d acc s vers le myst re qui est une conqu te des pouvoirs les plus profonds de l me humaine Le surr alisme est une th ologie esth tisante mais qui reste une th ologie - alors que Bonnefoy et Jaccotet rompent avec le projet th ologique et veulent attacher la t che de la philosophie la seule contemplation de la pr sence Baudelaire pense inversement qu une image n est qu une passion primitive selon une expression de Mon c ur mis nu Baudelaire h rite de la tradition catholique par Joseph de Maistre Breton demeure dans les images mais avec une l vation vers la connaissance Dante r oriente la qu te de connaissance vers le Graal Thomas d Aquin trouve que ce n est pas si mal qu il y ait des images car ceci emp che les porcs de manger des perles Elles sont un moyen de distinguer ceux qui ne sont pas destin s la connaissance L image est indispensable comme principe de s lection de ceux qui ont une vocation la connaissance C est une occultation de protection on ne dit pas tout tous Troisi mement Thomas d Aquin soutient que nous parlons mieux de Dieu avec des images vulgaires et viles qu avec des images sublimes et mystiques Il y a une meilleure p dagogie de la connaissance quand nous proc dons de choses basses Les vrais mystiques peuvent tre obsc nes comme Rabelais parfaitement obsc ne et profond ment mystique Nous pensons Rimbaud qui lisait les livres obsc nes sans orthographe Le grand int r t des images basses est que nous ne pouvons pas nous tromper en disant qu elles nous montrent voir Dieu Selon cette technique anti-idol trique plus l'image est basse plus le travail intellectuel est fort C est ce que nous cherchons dans l exp rience initiatique ici d ploy e De plus la th ologie thomiste est s par e en al sit et quid sit La th se de Thomas d Aquin est que nous pouvons d montrer que Dieu est avec des preuves de l existence de Dieu Il invente des voies pour la d monstration de l'existence de Dieu Mais qu est-ce qu est Dieu Nous ne pouvons pas savoir ce qu est Dieu Mais nous savons ce que Dieu n est pas Cette strat gie n affirme pas mais nie c est l apophatisme de Thomas Les images sont bonnes parce qu elles ne sont pas Dieu Comme la th ologie est en son fond n gative et que nous ne pouvons conna tre que ce que Dieu n est pas il en d coule que les images nous conduisent vers la piste de ce que Dieu n est pas Une th ologie po tique est une th ologie qui confirme que nous n avons pas d acc s Dieu dans son essence mais seulement sa d termination n gative L image est la cl d un non savoir de Dieu C est le triomphe du ce que n est pas dans cette approche imaginale de Dieu La th ologie po tique est reprise la Renaissance dans un sens non thomiste avec Pic de la Mirandole qui s oriente vers une conception nouvelle de la th ologie la th ologie po tique - contre Thomas La r v lation n est pas que dans la Bible mais aussi chez les po tes dans les grandes formes du paganisme dans les traditions des religions du monde Il faut donc d doubler la th ologie en th ologie chr tienne dogmatique et th ologie po te qui est la grande t che des humanit s depuis la grande d couverte de Platon Article Est-ce que la lettre de l criture sainte peut rev tir plusieurs sens Objections Il semble bien que l criture ne contient pas sous une seule lettre plusieurs des sens ainsi distingu s le sens historique ou litt ral le sens all gorique le sens tropologique ou moral et le sens anagogique En effet une multiplicit de sens pour un seul passage engendre la confusion pr te l erreur et rend l argumentation fragile C est pourquoi une argumentation v ritable ne proc de pas de propositions aux sens multiples bien plus cela occasionne certains sophismes Or l criture sainte doit tre apte nous montrer la v rit sans pr ter occasion l erreur elle ne peut donc nous offrir sous une seule lettre une pluralit de sens S Augustin nous dit Cette partie de l criture qu on appelle l Ancien Testament se pr sente sous quatre formes l histoire l tiologie l analogie l all gorie division qui para t totalement trang re celle qui a t rapport e plus haut Il ne semble donc pas convenable que l criture sainte soit expos e suivant les quatre sens num r s en premier En dehors des quatre sens pr cit s il y a encore le sens parabolique qui n est pas compris parmi eux En sens contraire S Gr goire dit L criture sainte par la mani re m me dont elle s exprime d passe toutes les sciences car dans un seul et m me discours tout en racontant un fait elle livre un myst re R ponse L auteur de l criture sainte est Dieu Or il est au pouvoir de Dieu d employer pour signifier quelque chose non seulement des mots ce que peut faire aussi l homme mais galement les choses elles-m mes Pour cette raison alors que dans toutes les sciences ce sont les mots qui ont valeur significative celle-ci a en propre que les choses m mes signifi es par les mots employ s signifient leur tour quelque chose La premi re signification celle par laquelle les mots signifient certaines choses correspond au premier sens qui est le sens historique ou litt ral La signification par laquelle les choses signifi es par les mots signifient encore d autres choses c est ce qu on appelle le sens spirituel qui est fond sur le sens litt ral et le suppose A son tour le sens spirituel se divise en trois sens distincts En effet dit l Ap tre He la loi ancienne est une figure de la loi nouvelle et la loi nouvelle elle-m me ajoute Denys est une figure de la gloire venir en outre dans la loi nouvelle ce qui a lieu dans le chef est le signe de ce que nous-m mes devons faire Donc lorsque les r alit s de la loi ancienne signifient celles de la loi nouvelle on a le sens all gorique quand les choses r alis es dans le Christ ou dans ce qui signifie le Christ sont le signe de ce que nous devons faire on a le sens moral pour autant enfin que ces m mes choses signifient ce qui existe dans la gloire ternelle on a le sens anagogique Comme d autre part le sens litt ral est celui que l auteur entend signifier et comme l auteur de l criture sainte est Dieu qui comprend simultan ment toutes choses dans la simple saisie de son intelligence il n y a pas d obstacle dire la suite de S Augustin que selon le sens litt ral m me dans une seule lettre de l criture il y a plusieurs sens Solutions La multiplicit des sens en question ne cr e pas d quivoque ni aucune esp ce de multiplicit de ce genre En effet d apr s ce qui a t dit ces sens ne se multiplient pas pour cette raison qu un seul mot signifierait plusieurs choses mais parce que les r alit s elles-m mes signifi es par les mots peuvent tre signes d autres r alit s Il n y aura pas non plus de confusion dans l criture car tous les sens sont fond s sur l unique sens litt ral et l on ne pourra argumenter qu partir de lui l exclusion des sens all goriques ainsi que l observe S Augustin contre le donatiste Vincent Rien cependant ne sera perdu de l Ecriture sainte car rien de n cessaire la foi n est contenu dans le sens spirituel sans que l criture nous le livre clairement ailleurs par le sens litt ral Trois des sens num r s ici par S Augustin se rapportent au seul sens litt ral l histoire l tiologie et l analogie Il y a histoire explique S Augustin lorsqu une chose est expos e pour elle-m me Il y a tiologie quand la cause de ce dont on parle est indiqu e ainsi lorsque le Seigneur explique pourquoi Mo se donna licence aux Juifs de r pudier leurs pouses c est- -dire en raison de la duret de leur c ur Mt Il y a analogie enfin quand on fait voir que la v rit d un passage de l criture n est pas oppos e la v rit d un autre passage Reste l all gorie qui elle seule dans l num ration de S Augustin tient la place des trois sens spirituels Hugues de Saint-Victor range lui aussi le sens anagogique sous le sens all gorique retenant ainsi dans son troisi me livre des Sentences trois sens seulement le sens historique le sens all gorique et le sens tropologique Le sens parabolique est inclus dans le sens litt ral car par les mots on peut signifier quelque chose au sens propre et quelque chose au sens figur et dans ce cas le sens litt ral ne d signe pas la figure elle-m me mais ce qu elle repr sente Quand en effet l criture parle du bras de Dieu le sens litt ral n est pas qu il y ait en Dieu un bras corporel mais ce qui est signifi par ce membre savoir une puissance active Cela montre bien que dans le sens litt ral de l criture il ne peut jamais y avoir de fausset L objet principal de la doctrine sacr e est de transmettre la connaissance de Dieu non pas seulement ce qu il est en lui-m me mais aussi selon qu il est le principe et la fin de toutes choses sp cialement de la cr ature raisonnable comme on l a montr dans ce qui pr c de Nous devrons donc ayant exposer cette doctrine traiter de Dieu premi re partie du mouvement de la cr ature raisonnable vers Dieu deuxi me partie du Christ qui comme homme est pour nous la voie qui m ne Dieu troisi me partie Notre tude de Dieu comprendra trois sections Nous consid rerons ce qui concerne l essence divine Q - ce qui concerne la distinction des Personnes Q - ce qui concerne la mani re dont les cr atures proc dent de Dieu Q - Touchant l essence divine il y a lieu de se demander en premier si Dieu existe ensuite comment il est ou plut t comment il n est pas Q - et puis il faudra tudier en outre ce qui concerne son op ration savoir sa science sa volont et sa puissance Q - Somme th ologique Question I Article Cet article contient des pens es tranges Quand nous utilisons une langue nous tablissons une relation entre un mot et une r alit C est la relation de signification entre le mot et la chose Dieu est si puissant qu il fit plus que ceci il fit en sorte que les choses elles-m mes aient un sens Il y a une r volution Quand nous lisons un texte nous cherchons la r alit qu il d signe Mais quand nous lisons la Bible nous devons comprendre que des mots d signent des choses et que les choses leur tour signifient encore autre chose Tout texte sacr est dot de deux sens D une part le sens litt ral est celui que d signent les mots D autre part le sens spirituel est le sens mystique de la chose d crite Il y a un d doublement des processus s mantiques dans tout texte r v l de la th ologie sacr e Puis le sens spirituel se divise en trois couches La Bible veut signifier donc quatre choses ce que reprend Henri de Lubac dans Les quatre sens de l criture Nous distinguons dans les sens m taphoriques des m taphores li es aux choses elles-m mes Les choses dans la Bible comme la travers e de la mer rouge ont une valeur m taphorique C est un fait qui porte une signification et joue le m me r le qu une image Puis nous distinguons le sens all gorique le sens moral et le sens anagogique Sens litt ral Sens spirituel Sens all gorique Sens moral Sens anagogique Quand je lis l Ancien Testament lorsqu Isa e dit qu un jour une jeune femme engendrera un enfant qui sauvera le monde c est le sens litt ral Le sens all gorique est de dire que l Ancien Testament annonce le Nouveau Testament l enfant n d une jeune femme d une vierge est J sus n de Marie Litt ralement il n y a aucune trace du Christ mais all goriquement un sens proph tique se r alise L all gorie est un sens figuratif Selon le sens moral non la Bible augmente ma connaissance par la foi qui me donne des principes mais elle rev t aussi un sens pratique Elle me donne des indications pour conduire ma vie Des conseils moraux sont distincts des faits rapport s par exemple le discours des B atitudes Le second sens spirituel de la Bible est ce sens moral Le troisi me sens spirituel est le sens anagogique qui consiste lire la Bible pour pr voir la fin du monde L arbre qui br le est l annonce de la conjuration finale de l univers Il y aura comme dans le Ragnar ck un nouveau monde apr s la chute des dieux Nous disposons d une th ologie en lien avec la po sie condition que ceci ait une fonction didactique Cette pens e n est pas seulement une po sie d images mais encore de choses Les r alit s vang liques et bibliques sont utilis es comme des supports de signification Le monde est signifiant selon une triple dimension all gorique morale et anagogique Ceci montre l extension du monde de Thomas d Aquin non contenu exclusivement dans la logique d Aristote Il n y a pas d Occident sans Gr ce ni sans juda sme La Somme th ologique procure cette synth se Et dans nos lectures nous pouvons pratiquer les quatre sens Dante a t tr s loin en disant dans la lettre XIII que le vrai po te ne se contente pas d images ni de c l brer les corps vils mais comme Dieu il pose un sens litt ral qu il faut interpr ter selon les trois sens spirituels Le po te peut s emparer des quatre sens il est interdit d enfermer la po sie dans la simple logique des images m me dot es d une didactique vocation doctrinale Il faut aller vers une po sie totale rivale de la th ologie Cette th ologie po tique pense que la po sie dicte sa loi la th ologie elle-m me La po sie est une r gle de formulation du sens qui pr vaut sur les r gles de la doctrine sacr e Le Moyen- ge par Thomas d Aquin arrive un quilibre admirable mais il existe des forces de contestation et de substitution d un pouvoir l autre que nous devons examiner C est le Moyen- ge h t rodoxe noir dont Ma tre Eckhart et Dante sont les figures dominantes Nous sommes pass s d une m taphysique de l orthodoxie une m taphysique de l h t rodoxie Une lecture de la Bible par l amour est une lecture au sens all gorique qui bascule sur le sens moral Cette interpr tation articule ces deux sens Le sens litt ral est sous le contr le de l histoire et de l ex g se et le sens anagogique n appara t pas car il est r serv aux cercles protestants Ce cours de m taphysique porte sur la pens e m di vale Tous les M di vaux ne trouvent pas une place dans la question I de la Somme th ologique La puissance du geste de Thomas d'Aquin son rapport la m taphysique d'Aristote son ouverture sur la po sie en font un grand espace pour les spirituels du Moyen- ge Mais cette entreprise n'est pas assez grande pour le g nie humain Il y eut des sorties de pistes Des auteurs prirent des risques pour sortir de cet ordre thomiste Nous verrons Dante et Ma tre Eckhart Tous deux portent un message diff rent de celui de Thomas d'Aquin sans toutefois ignorer ce dernier dont ils taient par ailleurs proches Il y eut une sorte d'enclenchement fatal Ces auteurs qui taient faits pour tre disciples de Thomas d'Aquin prirent au s rieux leur tache au point de la trop bien suivre et de lib rer des enseignements qui taient en attente dans l' uvre de Thomas Ils se lanc rent dans des philosophies folles qui rencontr rent la barri re de l Inquisition et du malheur Ces deux grands sacrifi s rencontr rent la censure et le malheur dans leur vie Mais cette violence ne suffit point pour emp cher la diffusion de leurs uvres Ces derni res r sist rent un pouvoir officiel et se trouv rent sur les traces de l'histoire de l Occident jusqu au vingti me si cle Ces contestataires h r tiques cr rent par la fid le attention de leurs disciples une tradition de fid lit qui transmit ce savoir depuis le quatorzi me si cle C est une pens e inou e qui suppose une chaine de l'amiti et de l audace qui perdure jusqu nous Une chevalerie du service est manifeste chez Thomas et une chevalerie de l amiti du compagnonnage de la loyaut sauva ces manuscrits et les restaura afin de nous les donner comme une question pour notre temps Ces auteurs constituent l'un des visages du Moyen- ge Si nous en restions la configuration de Thomas d'Aquin nous en resterions une vision limit e et tronqu e Dans la composition de la Somme th ologique il faut voir les objections des l ves qui contiennent des h r sies possibles Ces objections ne connurent pas de grand destin car elles avaient leurs r ponses dans les reponsdeo de Thomas d'Aquin La Somme th ologique fait durer des h r sies mais elles sont sous le contr le de la puissance dialectique de Thomas d'Aquin Tandis que les auteurs que nous allons tudier ne trouv rent pas de contr le en face d eux seulement celui de la censure Ils furent interdits et non r fut s Ces gens d une intelligence et d une gr ce incommensurables sont les Rimbaud du Moyen- ge qui nous placent sur l articulation de leur pouvoir Dante est le plus puissant l expert en amour il demande Thomas quel est ton amour Ceci fait tomber le savoir thomiste dans la diff rence sexuelle dans le rapport amoureux et dans la question du d sir Thomas d Aquin ne s attendait pas ce qu un tel po te s empare de ses distinctions pour les pousser jusque dans une dimension amoureuse non pr vue Ma tre Eckhart cr e sa s duction non parce qu il importe l amour en lui mais parce qu il pose un niveau europ en une question nouvelle Qu est-ce que l Allemagne Cette question n est pas l g re ou sans cons quence ou sans responsabilit L ouvrage Trait et sermons dition d Alain de Lib ra comporte deux parties les uvres de Ma tre Eckhart les plus importantes et un texte court pages et suivantes qui porte son poids d' tincelles la condamnation pour h r sie de Ma tre Eckhart Nous commen ons par ce second texte pour comprendre ce qu il se passe dans le reste du livre L'interpr tation de Lib ra est fiable et s rieuse mais il fait tout pour soutenir l id e que c est par malentendu que Ma tre Eckhart fut condamn Son id e est que Ma tre Eckhart est un personnage bizarre qui semble fou mais un vrai savant aper oit que les audaces les plus folles de cet auteur sont recevables par l orthodoxie Ma tre Eckhart fut condamn par des ignorants dont le tort est de ne pas disposer de l analyse de Lib ra Ceci est faux car Ma tre Eckhart est un dangereux personnage qui r veille une Allemagne nocturne Il fait partie d un Moyen- ge chevaleresque que nous ne supportons pas si facilement Lors de son proc s Ma tre Eckhart reconnut devant le pape avoir prononc les phrases qui lui sont reproch es Condamn pour h r sie sa chance est de mourir pendant son proc s sans conna tre la sentence - qu il est h r tique et doit tre trait comme tel En r gle g n rale l glise condamne un h r tique et faute d appliquer par elle-m me la sanction car elle ne peut pas verser le sang remet l accus l autorit politique qui applique la condamnation par l ex cution du personnage s il ne se repent pas Or Ma tre Eckhart mourut pendant son proc s sans avoir encourir les sentences lev es contre lui Mais de quoi et comment est-il mort Nous savons qu il se rendit la cour du Pape Quand la sentence tombe il est d j mort S est-il enfui Mort d puisement De d sespoir En ces temps merveilleux o la Th ologie Fleurit avec le plus de s ve et d' nergie On raconte qu'un jour un docteur des plus grands - Apr s avoir forc les coeurs indiff rents Les avoir remu s dans leurs profondeurs noires Apr s avoir franchi vers les c lestes gloires Des chemins singuliers lui-m me inconnus O les purs Esprits seuls peut- tre taient venus - Comme un homme mont trop haut pris de panique S' cria transport d'un orgueil satanique J sus petit J sus je t'ai pouss bien haut Mais si j'avais voulu t'attaquer au d faut De l'armure ta honte galerait ta gloire Et tu ne serais plus qu'un foetus d risoire Imm diatement sa raison s'en alla L' clat de ce soleil d'un cr pe se voila Tout le chaos roula dans cette intelligence Temple autrefois vivant plein d'ordre et d'opulence Sous les plafonds duquel tant de pompe avait lui Le silence et la nuit s'install rent en lui Comme dans un caveau dont la clef est perdue D s lors il fut semblable aux b tes de la rue Et quand il s'en allait sans rien voir travers Les champs sans distinguer les t s des hivers Sale inutile et laid comme une chose us e Il faisait des enfants la joie et la ris e Baudelaire Les Fleurs du mal Spleen et id al Ch timent de l orgueil Qui tait ce moine Ce personnage d exception domine la th ologie de son temps Baudelaire crit un po me un th ologien se tourne vers Dieu et lui dit qu il lui doit tout Si Dieu avait exist par lui m me il eut t un simple r ve Mais gr ce au th ologien Dieu est devenu un savoir une sagesse un pouvoir Le th ologien fit le po te et le th ologien d clare que Dieu n existe pas la fin du po me le th ologien s en va et devient fou Ma tre Eckhart est le plus grand th ologien apr s Thomas d Aquin Il enseigne Paris apr s Thomas puis Cologne apr s Albert le Grand Il dirige ensuite les couvents dominicains d Allemagne et devient ma tre en th ologie l universit de Paris Il succ de l gitiment Thomas et Albert le Grand Il prend la plume apr s la Somme th ologique et continue ce discours Condamn pour h r sie il tente de d fier les limites dans lesquelles Thomas voulut contenir la doctrine sacr e Des forces sont en mesure de se r veiller sous des v nements qui nous d passent pour submerger les individus les plus quilibr s les hommes aux plus grandes responsabilit s et ceux qui ont la plus grande foi Ma tre Eckhart eut trop de foi il cr t trop et devient fou de cette puissance remise entre ses mains Ma tre Eckhart est dans l excessif Le texte du pape dit qu il voulut savoir trop et fut oblig d'interroger Satan Qu en est-il au Moyen- ge et dans la m taphysique d un pouvoir rival de Dieu qui est celui du R prouv Satan lui-m me Quelle est la m taphysique de Satan au Moyen- ge Ma tre Eckhart entre dans la puissance m me de la th ologie Son point commun avec Dante est dans la relation amoureuse Ma tre Eckhart tudie Paris devient ma tre en th ologie crit des textes si difficiles que tout le monde les accepta ses premiers textes taient jug s conformes l orthodoxie Engag en Allemagne il dirige l ordre dominicain Il enseigne en latin et son uvre prend ce moment un tour nigmatique mais non encore dangereux Puis on lui demande de pr cher le dimanche dans des monast res en grande demande spirituelle Il s adresse des femmes qui attendent des claircissements sur leur foi Ma tre Eckhart entre dans des couvents de femmes qui parlent Allemand et non Latin un haut Allemand barbare Le grand th ologien de Paris pr che en allemand devant des femmes qui l attendent Ceci marque le r veil de l Allemand Eckhart forge en quelques mois une langue allemande et se rend compte que cette derni re permet de dire des choses auxquelles le Latin n acc de pas L Allemand de Ma tre Eckhart est primitif rugueux qu il n a pas crit et que nous ne connaissons que par des copies de ce qu il disait dans une inspiration folle Cette langue lui permet d entrer en relation avec des femmes qui vouaient leur vie la religion chr tienne Ma tre Eckhart avoue n avoir jamais ressenti le d sir pour une femme ni d sirer le pouvoir mais il osa dire ces dominicaines de telles choses qui montrent qu il savait parler une langue du d sir d une telle intensit Si ce n est une sexualit du moins une libido traverse sa textualit qui fait le risque de cette pens e et la chevalerie qui s y associe Sa r putation jusque l purement scientifique s embrase et Eckhart devient glorieux Il embrase une frange des spirituels habitant l Allemagne et est pris comme caution de mouvements de spiritualit alternative savoir la fraternit du libre esprit J rome Bosch en reprend l esprit un si cle plus tard La fraternit du libre esprit engage la th ologie dans un exc s spirituel et obsc ne que nous retrouvons dans Le jardin des d lices tableau de Bosch Il existe en outre un roman qui recr e cette atmosph re Yourcenar L uvre au noir Beaucoup de sermons d Eckhart circul rent dans les cercles h r tiques du libre esprit et beaucoup de faux furent produits en les signant de Ma tre Eckhart Nous n arrivons toujours pas savoir ce qui est de lui et ce qui n est pas de lui Nous nous trouvons face un oc an de manuscrits dont le traitement est inachev et inachevable Il existe une uvre latine r pertori e contr lable pour les milieux acad miques et publi s partir du Moyen- ge et nonc e selon les r gles de la forme scolastique Puis il existe les sermons allemands les trait s en allemand et les l gendes autour de lui Ces textes sont traduits en fran ais Il en va de m me chez Dante partag entre son uvre et les l gendes qui circulent autour de lui Les politiques de l poque voyant cette flamb e demand rent une inquisition sur Eckhart ce qui tait impossible car il tait lui-m me le chef de l Inquisition Une d marche interne son ordre fut engag e avec un inquisiteur sa mesure L un de ses amis fut charg de le questionner de mani re encore douce Mais ceci ne suffit pas Et apr s des grandes difficult s Ma tre Eckhart dut se rendre devant le Pape Avignon avec l ami qui l avait auparavant interrog Ce Ma tre Eckhart qui se d couvre lui m me dans la langue allemande et met jour la puissance de la th ologie va pied se faire soumettre une humiliation inou e Ma tre Eckhart reconna t tous les chefs d accusation comme le fera Giordanno Bruno Ma tre Eckhart se soumet au jugement de l glise sans se battre Un autre proc s aussi fort est celui de Jeanne d Arc Eckhart Bruno et Jeanne d Arc sont des gens grands

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