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Matiere et esprit.docx

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La matière et l’esprit Introduction I. Théorie de la connaissance A. Le phénomène et la chose en soi 1. Le champ d’immanence 2. L’idée de chose 3. Paradoxes B. Le point de vue de la méthode et le point de vue du système 1. Le cercle 2. Comprendre et expliquer C. Le « monisme neutre » II. Ontologie A. La matière et la forme B. La matière et l’esprit 1. Théories classiques 2. Le matérialisme 3. Naturaliser l’intentionnalité 4. La vie Annexes Résumé Citations Sujets de dissertation Introduction La question des rapports entre la matière et l’esprit se pose à deux niveaux : on peut se demander si le monde, en général, est de nature matérielle ou spirituelle. Cette opposition entre le matérialisme et le spiritualisme se déroule alors sur le terrain de la théorie de la connaissance. La question est de savoir si une chose connue, par exemple une cerise, est une réalité matérielle ou une réalité spirituelle. Une autre question se pose, qui est de savoir quelle est la nature de l’âme humaine : s’agit-il d’une réalité spirituelle ou peut-on réduire l’âme à la matière, au cerveau ? Dans le premier cas, il faudra expliquer comment l’interaction est possible entre deux réalités aussi différentes que l’esprit et la matière. Dans le second cas, il faudra expliquer comment la matière peut produire la pensée, et aussi comment « traduire » les concepts psychologiques dans un langage physique. I. Théorie de la connaissance A. Le phénomène et la chose en soi 1. Le champ d’immanence Nous n’avons pas de rapport direct aux choses, nous ne les percevons qu’à travers des sensations. Je ne perçois jamais la pomme « en soi » : je vois une forme colorée, je touche une surface rebondie, lisse et ferme, je goûte une chair sucrée et croquante, etc. Nous n’avons accès qu’à des sensations. Ce terme regroupe aussi bien les sensations externes (données par nos cinq sens) que les sensations internes, à savoir les sentiments et les pensées. Cette mosaïque de sensations au-delà de laquelle nous ne pouvons aller a reçu de multiples noms : flux de conscience, monde des apparences, monde de la vie (Lebenswelt), champ d’immanence, ou encore le « donné ». Ce qu’elle contient – sensations, sentiments et idées – peut être regroupé sous le concept de phénomènes. Les phénomènes sont tout ce qui se manifeste, tout ce qui apparaît à la conscience. Toute notre connaissance est construite à partir de ce point de départ que sont les phénomènes. C’est pourquoi nous avons vu que Husserl fait du Lebenswelt le fondement de la science. 2. L’idée de chose Toute théorie est une représentation mentale qui vise à expliquer les phénomènes. Nous imaginons un mécanisme qui rende compte des apparences de la montre, pour reprendre la métaphore d’Einstein. La « théorie » la plus simple est sans doute l’idée de chose. Par exemple, je vois une pomme ; si je tourne la tête ou si je ferme les yeux, je ne la vois plus, mais dès que je regarde elle apparaît de nouveau. Le moyen le plus simple de rendre compte de ces expériences, c’est de supposer qu’il existe une entité, la pomme, qui se trouve en un certain lieu et qui subsiste même quand je ne la perçois pas, et qui est la cause de toutes mes sensations. J’imagine donc une entité mystérieuse qui est le support de mes sensations. Mon esprit synthétise donc une diversité de sensations pour les réunir dans un unique objet, la pomme. Et il saute, comme un saumon, la rivière causalité : partant des phénomènes, il suppose que ce sont des effets et il remonte à une cause qu’il imagine. Partons d’un exemple. Je vois continuellement cette table ; j’en fais le tour et change comme toujours ma position dans l’espace ; j’ai sans cesse conscience de l’existence corporelle d’une seule et même table, de la même table qui en soi demeure inchangée. Or la perception de la table ne cesse de varier ; c’est une série continue de perceptions changeantes. Je ferme les yeux. Par mes autres sens je n’ai pas de rapport à la table. Je n’ai plus d’elle aucune perception. J’ouvre les yeux et la perception reparaît de nouveau. La perception ? Soyons plus exacts. En reparaissant, elle n’est à aucun égard individuellement identique. Seule la table est la même : je prends conscience de son identité dans la conscience synthétique qui rattache la nouvelle perception au souvenir. La chose perçue peut être sans être perçue. (…) ; elle peut être sans changer. Quant à la perception elle-même, elle est ce qu’elle est, entraînée dans le flux incessant de la conscience et elle-même sans cesse fluante. Edmund Husserl, Idées directrices pour une phénoménologie, 1913 3. Paradoxes Mais je ne connais rien d’autre de la pomme que ce que j’en perçois ! Par conséquent, il faut reconnaître que si cette entité mystérieuse est la cause des sensations, elle s’en distingue, et donc je ne peux absolument pas la connaître, sinon comme cette cause. Rien ne me prouve que la pomme continue d’exister quand je ferme les yeux. Mais il est plus simple de supposer que c’est le cas. Ce réalisme n’est pas prouvé, mais il est convaincant car il fonctionne bien, il rend bien compte des phénomènes. Les idéalistes du style de Berkeley contestent d’ailleurs cette construction, et prétendent que la « chose » n’existe pas, qu’il n’y a que des idées. Cette théorie est justifiée, parce qu’en effet nous n’avons accès qu’à des idées ; mais rien ne nous interdit non plus de supposer qu’il existe des choses, surtout si cela nous permet de décrire et d’expliquer plus facilement le monde. La situation est donc paradoxale : car la réalité première, le concret, ce sont des idées. Pour être réaliste ou matérialiste il faut dépasser ces phénomènes, les transcender vers une chose, c’est-à-dire supposer qu’il existe une chose indépendante de nous. La pomme est donc une réalité abstraite. La matière est une idée, et même une idée abstraite. Penser qu’il existe des choses, c’est donc déjà faire de la métaphysique. Nous avons dit : « la matière est une idée ». Cela ouvre la porte à l’idéalisme. Il faudrait dire plus exactement : nous avons l’idée d’une matière. La matière, comme toute chose, se présente comme une idée. Mais c’est l’idée d’une matière, c’est-à-dire l’idée de quelque chose qui n’est pas du tout une idée. Ceci est paradoxal, car comment concevoir autre chose qu’une idée, alors que nous ne connaissons que des idées ? Cela vient de la capacité de l’esprit à ordonner, lier, et donc finalement transcender les idées. L’esprit transcende les apparences vers la raison de la série. La chose est à la série des sensations ce que la formule 2n² est à la série de nombres 2, 8, 18, 32, etc. : la raison de la série. Une chose, ce n’est rien d’autre que la possibilité d’une infinité de sensations liées entre elles par certains rapports (si je tourne la pomme de 360°, elle reprend son apparence initiale, etc.). C’est donc au fond la capacité de l’esprit à transcender le donné vers une idée (l’idée d’une chose, l’idée d’un inconnu, l’idée d’une réalité non idéale) que récusent les idéalistes à la Berkeley. Je vois cette cerise, je la touche, je la goûte, je suis sûr que le néant ne peut être vu, touché ou goûté : la cerise est donc réelle. Enlevez les sensations de souplesse, d’humidité, de rougeur, d’acidité et vous enlevez la cerise, puisqu’elle n’existe pas à part des sensations. Une cerise, dis-je, n’est rien qu’un assemblage de qualités sensibles et d’idées perçues par divers sens : ces idées sont unies en une seule chose (on leur donne un seul nom) par l’intelligence parce que celle-ci remarque qu’elles s’accompagnent les unes les autres. Ainsi quand le palais est affecté de telle saveur particulière, la vue est affectée d’une couleur rouge et le toucher d’une rondeur et d’une souplesse, etc. Aussi quand je vois, touche et goûte de ces diverses manières, je suis sûr que la cerise existe, qu’elle est réelle : car, à mon avis, sa réalité n’est rien si on l’abstrait de ces sensations. Mais si par le mot cerise vous entendez une nature inconnue, distincte, quelque chose de distinct de la perception qu’on en a, alors certes, je le déclare, ni vous, ni moi, ni aucun autre homme, nous ne pouvons être sûrs de son existence. George Berkeley, Principes de la connaissance humaine, 1710 B. Le point de vue de la méthode et le point de vue du système 1. Le cercle Nous aboutissons à une sorte de grand cercle de la connaissance. Nous avons des idées. Parmi elles nous avons l’idée de matière. Et nous concevons que l’ensemble du monde est constitué de matière. Et que nous-mêmes, nous sommes un corps constitué de matière. Et donc que notre esprit aussi est une réalité matérielle. Ainsi l’ensemble de nos idées doivent être des réalités matérielles. Finalement, tout est idée ; mais tout est matière. La situation est circulaire. Selon le point de départ que l’on choisit dans le cercle, on sera idéaliste ou matérialiste. Le matérialiste part des atomes, et finit par le cerveau humain et la pensée. L’idéaliste part de la pensée et finit par les atomes, fruit ultime de notre connaissance. C’est pourquoi on peut dire que l’idéalisme est le point de vue de la méthode, tandis que le matérialisme est le point de vue du système. L’idéaliste se place du point de vue de la méthode : du point de vue de la construction de notre connaissance du monde. Cette construction part des phénomènes (idées, apparences, sensations) et chemine vers une conception du monde : nous construisons d’abord l’idée d’objet singulier (cette pomme, cet homme, ce pin), puis l’idée d’espèce (la pomme en général, l’homme, le conifère), puis des idées encore plus abstraites (force, atome, etc.) qui sont au fondement des choses. L’ordre de la connaissance est donc inverse à l’ordre des choses. Comme en logique, comme dans l’allégorie de la caverne, on découvre en dernier ce qui est au fondement de tout. Le matérialiste, au contraire, se place du point de vue du système. Il nous expose la conception du monde à laquelle il est parvenu, au terme de la réflexion scientifique. La science a fini par découvrir l’atome, mais elle l’a découvert comme le fondement de toute chose ; aussi le matérialiste part-il de l’atome, et dit que tout est matière. Schopenhauer s’appuie sur cette circularité pour réfuter le matérialisme : La philosophie objective, lorsqu’elle se présente sous la forme du matérialisme pur, est, au point de vue de la méthode, la plus conséquente de toutes, celle dont le développement peut être le plus complet. Ce système pose d’abord l’existence absolue de la matière […] Cela fait, il cherche à découvrir un état primitif et élémentaire de la matière, dont il puisse tirer par un développement progressif tous les autres états, depuis les propriétés mécaniques et chimiques, jusqu’à la polarité, la vie végétative et enfin l’animalité. Si l’on suppose l’entreprise couronnée de succès, le dernier anneau de la chaîne sera la sensibilité animale, ou la connaissance, qui apparaîtra ainsi comme une simple modification de la matière, modification produite en vertu de la causalité. Admettons que nous ayons pu suivre jusqu’au bout et sur la foi des représentations intuitives l’explication matérialiste ; une fois arrivés au sommet, ne serions-nous pas pris soudain de ce rire inextinguible des dieux de l’Olympe, lorsque, nous éveillant comme d’un songe, nous ferions tout à coup cette découverte inattendue : que le dernier résultat si péniblement acquis, la connaissance, était déjà implicitement contenu dans la donnée première du système, la simple matière ; ainsi, lorsque nous nous imaginons avec le matérialisme penser la matière, ce que nous pensions en réalité, c’était le sujet qui se la représente, l’œil qui l’aperçoit, la main qui la touche, l’esprit qui la connaît. Alors se révèle cette étonnante pétition de principe de la doctrine, où le dernier anneau apparaît inopinément comme le point d’attache du premier ; c’est une chaîne circulaire, et le matérialiste ressemble au baron de Münchhausen qui, se débattant dans l’eau, monté sur son cheval, l’enlève de ses jambes et s’enlève lui-même par la queue de sa perruque ramenée en avant. L’absurdité du matérialisme consiste donc à prendre comme point de départ un élément objectif, qu’il engendre finalement au terme de ses explications. […] Le matérialisme est donc un effort pour expliquer par des données médiates ce qui est donné immédiatement. […] A cette affirmation que la pensée est une modification de la matière, il sera toujours permis d’opposer l’affirmation contraire, que la matière est un simple mode du sujet pensant, autrement dit une pure représentation. Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et représentation, § 7 2. Comprendre et expliquer Le conflit entre idéalisme et matérialisme repose sur une opposition fondamentale dans la manière même de « connaître » le monde. Les idéalistes font reposer le non-sens (la matière) sur le sens ; car pour eux le sens est plus fondamental que le non-sens, un monde dépourvu de sens leur paraît inconcevable. Les religieux, par exemple, ne peuvent concevoir le monde sans une réalité spirituelle, une intention (Dieu), à son fondement. Voir surgir la pensée de la matière leur semble absurde ; c’est la matière qui doit jaillir de l’esprit. Les matérialistes au contraire font reposer le sens sur le non-sens. Pour eux, c’est exactement l’inverse : ils ne peuvent concevoir le sens (la pensée) sans support matériel. Un pur esprit leur semble inconcevable. En somme les premiers veulent comprendre, les seconds veulent expliquer : c’est pourquoi chacun ne saurait accepter l’ordre ontologique affirmé par son adversaire. L’esprit est inexplicable, disent les matérialistes. La matière est incompréhensible, répondent les idéalistes. Les uns expliquent l’esprit par la matière, les autres comprennent la matière par l’esprit. C. Le « monisme neutre » Il existe une troisième voie, outre l’idéalisme et le matérialisme : le monisme neutre. « Monisme », parce que cette voie rejette le dualisme, c’est-à-dire l’idée qu’il y aurait dans le monde deux types de substances, la matière et l’esprit. « Neutre », parce que la théorie considère que l’unique substance retenue n’est ni matérielle ni spirituelle. L’idée est que le monde est fondamentalement constitué de sensations. A partir de ces composantes fondamentales, on peut construire aussi bien les réalités matérielles que les réalités spirituelles. Prenons l’exemple de la salle de classe : il y a des sensations de la salle. Si on réunit toutes mes sensations de la salle, auxquelles on ajoute encore mes autres sensations des autres salles et des autres choses que j’ai vues, on obtient mon esprit. Mais si on réunit mes sensations de la salle avec les vôtres, et avec toutes les autres sensations de cette salle 207 qui se trouvent dans toutes les têtes de tous les gens qui y sont passés, alors on obtient cette salle 207, c’est-à-dire une réalité matérielle et non plus un esprit. Esprits Sensations Choses matérielles 120269016141700012941305168900012941305969000129413042545000 1202690133985000120269017056100031229301705610003122930161417000303149010655300030314907912100030314903340100030314905969000 Pierre Paul S1 S2 S3 … S’1 S’2 S’3 … Maison de Pierre Salle 207 Vacances de Paul Si on regroupe S3 avec S1 et S2, on constitue l’esprit de Paul ; si on regroupe S3 avec S’1, on constitue la salle 207. Le monisme neutre, comme son nom ne l’indique pas, est en fait un idéalisme. Il y a quelque chose de fou à dire que la salle de classe est réellement constituée par les sensations que nous avons d’elle, à faire des sensations les « atomes », les briques à partir desquelles le monde est constitué. Du « point de vue de la méthode », en revanche, c’est parfaitement légitime. Le monisme neutre a été quelques temps la théorie de certains positivistes logiques proches du Cercle de Vienne, notamment Bertrand Russell. Rudolf Carnap, un autre positiviste, a écrit un ouvrage qui s’intitule La Construction logique du monde, et qui vise à construire logiquement le monde à partir des « énoncés protocolaires » qui correspondent à des expériences. Il s’agit de « fonder » et de justifier l’ensemble de la science en montrant qu’elle repose logiquement sur un certain nombre d’observations et d’expériences. Cela illustre bien l’affinité entre l’idéalisme et le point de vue de la méthode. Du point de vue de la méthode, du fondement, de la justification, de la construction logique de la connaissance, il faut en effet considérer que les sensations sont le fondement, le donné, le point de départ. Il y a donc, de manière assez étonnante, une affinité entre le positivisme et l’idéalisme : en tant que refus de tout ce qui est métaphysique, le positivisme en vient à rejeter l’idée même de « chose » ou de « matière » : car il s’agit bien là d’une idée métaphysique au sens étymologique du terme : la chose est au-delà du physique, en tout cas au-delà de nos sensations, donc au-delà de ce qui est positivement donné. La chose n’est rien de positif. Ce qui est étonnant dans l’idéalisme, c’est qu’il fait de ces fondements théoriques les fondements ontologiques : il affirme que ce qui est premier pour nous est aussi premier en soi. C’est cette transposition qui est si surprenante – et contestable. II. Ontologie Au niveau ontologique, c’est-à-dire au niveau de l’être, la question des rapports entre matière et esprit se pose surtout dans le cas de l’être humain : il s’agit d’expliquer les rapports entre l’âme et le corps. Mais nous allons commencer par une distinction plus fondamentale, celle entre la matière et la forme, qui nous aidera à penser le cas de l’esprit humain par la suite. A. La matière et la forme Qu’est-ce que la matière ? La manière la plus simple d’appréhender ce concept est dans son opposition à la forme. En ce sens, la matière est ce qui persiste à travers les changements de forme (de même que la matière est ce qui persiste à travers les changements de matière). Une vague, un animal, une musique sont des formes qui se maintiennent par-delà un flux de matière sans cesse renouvelée. Un morceau de pâte à modeler, de terre, une quantité d’eau ou de sable, au contraire, sont des portions de matières qui se maintiennent malgré les déformations qu’on leur fait subir. Ces concepts de matière et de forme sont relatifs à un niveau d’analyse : la terre est une matière qui peut être mise en forme de briques ; mais ces briques deviennent la matière que le maçon met en forme de maison. Et la terre dont sont constituées les briques est déjà une forme : elle est constituée de molécules, c’est-à-dire d’atomes organisés d’une certaine manière. Par exemple le graphite de votre mine de crayon est constitué d’atomes de carbones ; si on arrange ces atomes autrement, on obtient du diamant. Cette matière qu’est le graphite est donc déjà une forme, à l’échelle atomique. La question de savoir si toute matière est déjà une forme à un niveau inférieur, ou s’il y a une limite dans l’analyse, est celle de savoir s’il existe des éléments, c’est-à-dire des atomes au sens étymologique : des particules insécables, indivisibles, donc sans forme, primitives. Il n’est pas nécessaire de trancher cette question pour parler de matière. Même s’il n’y a pas d’éléments, et que la matière est divisible infiniment, parler de matière reste possible : ce concept ne suppose pas qu’il n’y a pas de forme, mais seulement que l’on ne tient pas compte de la forme. On peut même dire que la matière est une abstraction : la matière n’existe pas, pas plus que la forme d’ailleurs. On ne rencontre jamais de matière « nue » : toute matière est prise dans une forme. Il n’y a que des composés de matière et de forme. Et même le composé de matière et de forme est une abstraction : car en réalité toute chose est en mouvement, en devenir : toute chose est un processus. Il y a donc trois pôles et six abstractions possibles. La chose hors du temps est une structure (composé de matière et de forme). La chose hors de l’espace est un processus (composé de matière et de changement). La chose abstraction faite de sa matière est un pur mouvement, c’est-à-dire un changement de forme (composé de changement et de forme). changement (temps) 2117090825500 3397250165100changement de forme 00changement de forme 1019810165100changement de matière 00changement de matière 248285031115chose- processus 00chose- processus 138557096520matière (énergie) 00matière (énergie) 367157096520forme (espace) 00forme (espace) composé de matière et de forme Ainsi dans une vague, outre la matière (l’eau) et la forme (rouleau), on peut distinguer le mouvement de l’eau (rotation), le changement de la forme (évolution de la vague), la vague à un instant donné, ou encore le changement pur. Pour simplifier on peut se contenter de retenir les trois pôles principaux : matière (énergie), forme (espace), mouvement (temps). Le concept de forme, qui a été défini simultanément au concept de matière, fournit le modèle même de l’idée, de l’abstrait. Une idée mathématique, par exemple un triangle, n’est rien d’autre qu’une forme. Un nombre même peut être considéré comme une forme, obtenue par abstraction à partir d’ensembles rencontrés dans le monde. Par exemple le nombre deux est obtenu par abstraction à partir de toutes les paires (paires de chaussures, paires de chaussettes, etc.). Mais la matière aussi est une abstraction, une idée. D’ailleurs ni la matière ni la forme ne sont sujettes au changement : la seule chose qui change, c’est le composé de matière et de forme. Mais une forme donnée ne change pas, une matière donnée ne change pas. L’eau, en tant que telle (c’est-à-dire abstraction faite de la forme), ne change pas, c’est-à-dire qu’elle reste eau ; et la forme ne change pas non plus, bien que la matière puisse changer de forme, c’est-à-dire cesser d’incarner cette forme pour passer dans une autre. B. La matière et l’esprit 1. Théories classiques La théorie la plus classique sur les rapports entre la matière et l’esprit est sans doute le dualisme cartésien. Pour Descartes, il existe deux substances : la substance étendue et la substance pensante. Le corps est une substance étendue ; l’âme est une substance pensante. Toute la difficulté est de concevoir l’interaction de ces deux substances. La substance pensante, n’étant pas matérielle, ne devrait même pas avoir de lieu ! Descartes suppose qu’il existe une glande dans le cerveau, la glande spinéale, par laquelle l’âme et le corps sont en interaction. Cette interaction est d’ailleurs très étroite : l’âme n’est pas comme un pilote en son navire, elle est unie beaucoup plus intimement que cela au corps : J’avais décrit, après cela, l’âme raisonnable, et fait voir qu’elle ne peut aucunement être tirée de la puissance de la matière, ainsi que les autres choses dont j’avais parlé, mais qu’elle doit expressément être créée ; et comment il ne suffit pas qu’elle soit logée dans le corps humain, ainsi qu’un pilote en son navire, sinon peut-être pour mouvoir ses membres, mais qu’il est besoin qu’elle soit jointe et unie plus étroitement avec lui pour avoir, outre cela, des sentiments et des appétits semblables aux nôtres, et ainsi composer un vrai homme. René Descartes, Discours de la méthode, Ve partie Cette idée d’une interaction entre deux substances si différentes est très délicate, pour ne pas dire incompréhensible : si l’âme n’est pas matérielle, comment peut-elle interagir avec la matière ? Tout ce qui interagit avec la matière n’est-il pas, par définition, matière ? En effet, tout ce qui interagit avec la matière est mesurable : onde, force, champ, particule, etc. L’idée d’une substance spirituelle capable d’interagir avec la matière est incompréhensible. C’est pour résoudre ces difficultés du système cartésien que Leibniz et Spinoza ont proposé des versions alternatives. Pour Leibniz, il n’y a pas d’interaction entre la matière et l’esprit. Il me semble que mon corps obéit à mon âme, mais c’est une illusion qui provient, selon Leibniz, d’une harmonie préétablie qui fait que mon corps bouge quand mon âme le veut, simplement parce qu’ils suivent chacun un déroulement causal parallèle, tout comme deux horloges bien réglées indiquent toujours la même heure, sans pourtant interagir entre elles. La conception de Spinoza est similaire quoique moins vertigineuse : il considère que le corps et l’esprit sont deux expressions, deux manières de voir une même réalité fondamentale. Dieu est une substance unique, infinie et dotée d’une infinité d’attributs. Nous ne percevons que deux de ces attributs : la pensée et l’étendue. Ce sont en quelque sorte deux modes d’expression de la substance, ou encore deux manières possibles de la percevoir. Puisque ce sont deux façons de voir la même réalité, les relations causales de l’étendue correspondent aux relations logiques de la pensée : « L’ordre et la connexion des idées sont les mêmes que l’ordre et la connexion des choses. » Il n’y a donc pas d’interaction entre le corps et l’esprit mais leurs évolutions coïncident car ce sont les deux faces d’une même réalité. Si nous avons du mal à accepter l’idée que le corps (lequel comprend le cerveau !) peut faire tout ce qu’il fait sans y être déterminé par l’esprit, c’est parce que nous ne savons pas tout ce que peut le corps : Ni le Corps ne peut déterminer l’Esprit à penser, ni l’Esprit ne peut déterminer le Corps au mouvement, au repos ou à quelque autre état que ce soit (s’il en existe). […] Mais, bien que la nature des choses ne laisse aucun doute à cet égard, je crois que l’on pourra difficilement être amené à examiner ces questions d’une âme égale, si je ne justifie pas ma doctrine par l’expérience ; c’est qu’on est fermement persuadé que le Corps se meut ou s’immobilise par le seul commandement de l’Esprit, et qu’il accomplit un grand nombre d’action qui dépendent de la seule volonté de l’Esprit et de son art de penser. Or personne n’a jusqu’à présent déterminé quel est le pouvoir du Corps, c’est-à-dire que, jusqu’à présent, l’expérience n’a enseigné à personne ce que le Corps est en mesure d’accomplir par les seules lois de la Nature, considérée seulement en tant que corporelle, et ce qu’il ne peut accomplir sans y être déterminé par l’Esprit. Car personne jusqu’ici n’a acquis une connaissance assez précise de la structure du Corps pour en expliquer toutes les fonctions, et nous ne dirons rien de ce que l’on observe souvent chez les animaux et qui dépasse de loin la sagacité humaine, ou des nombreuses actions qu’accomplissent les somnambules pendant leur sommeil et qu’ils n’oseraient pas entreprendre pendant la veille ; tout cela montre assez que le Corps, par les seules lois de sa nature, a le pouvoir d’accomplir de nombreuses actions qui étonnent son propre Esprit. Baruch Spinoza, Ethique, III, prop. 2 et scolie Si les idéalistes ressentent le besoin d’introduire l’action d’un esprit, c’est parce qu’ils sous-estiment le corps, le monde matériel : ils sont font une bien pauvre idée de la matière, dont la richesse dépasse notre entendement. Ce parallélisme va très loin, car pour Spinoza à chaque chose du monde correspond une idée : une pierre ou une grenouille ont une idée, donc une âme. Mais il faut aussitôt ajouter que la richesse de l’idée dépend de la complexité de la chose ; de sorte que l’âme des grenouilles et des pierres n’a rien de comparable à celle des hommes. Mais nous ne pouvons pourtant pas nier que les idées diffèrent entre elles comme les objets eux-mêmes, et qu’une idée surpasse l’autre et contient plus de réalité qu’elle dans la mesure où l’objet de l’une surpasse l’objet de l’autre et contient plus de réalité ; c’est pourquoi pour déterminer en quoi l’Esprit humain diffère des autres esprits et en quoi il les surpasse, il nous est nécessaire de connaître la nature de son objet, c’est-à-dire, comme nous l’avons montré, du Corps humain. Je ne puis toutefois développer ce point ici et cela n’est pas nécessaire à ma démonstration. Je dirai cependant, d’une manière générale, que plus le Corps est capable, par rapport aux autres, d’accomplir ou de subir un grand nombre d’actions, plus l’Esprit de ce Corps est, par rapport aux autres, capable de percevoir simultanément un plus grand nombre d’objets ; et plus les actions d’un seul corps dépendent de lui seul, moins les autres corps concourent à l’action du premier, plus l’esprit de ce corps est capable de comprendre distinctement. Baruch Spinoza, Ethique, II, prop. 13, scolie Le parallélisme de Spinoza est une théorie aujourd’hui à la mode, et qui permet de concilier assez bien les concepts mentaux (pensées, sentiments) avec les concepts physiques (nerfs, neurones). Remarquons d’ailleurs que cette théorie est proche du matérialisme : on peut même considérer qu’il s’agit d’une forme de matérialisme. 2. Le matérialisme Le matérialisme est une théorie développée dès l’antiquité par Démocrite, Epicure, etc. Elle progresse aujourd’hui avec le développement des neurosciences. Cette théorie doit toutefois résoudre quelques problèmes. En particulier, dans une perspective matérialiste il faut expliquer quel type de relation existe entre un état mental (par exemple une douleur) et un état physique : qu’est-ce qu’une douleur ? L’excitation d’un certain type de fibres nerveuses, ou un état fonctionnel de l’organisme ? Pour le fonctionnalisme, la seconde réponse est la bonne. De même qu’un piège peut être constitué de multiples manières, avec des matériaux différents, et fonctionnera toujours comme piège, de même une douleur peut exister dans deux organismes qui n’ont pas du tout les même constituants. Ainsi, selon les fonctionnalistes on peut dire que le poulpe ressente une douleur, quand son organisme subit un dommage, bien que cet animal n’ait pas de fibres nerveuses. 3. Naturaliser l’intentionnalité Plus généralement, le problème qui se pose aujourd’hui est de « naturaliser » l’intentionnalité, c’est-à-dire de réduire les phénomènes psychiques aux phénomènes physiques. Le philosophe autrichien Franz Brentano avait réintroduit, au début du XXe siècle, le concept d’intentionnalité pour caractériser les faits psychiques : Ce qui caractérise tout phénomène psychique, c’est ce que les Scolastiques du moyen âge ont appelé la présence intentionnelle (ou encore mentale) et ce que nous pourrions appeler nous-mêmes – en usant d’expressions qui n’excluent pas toute équivoque verbale – rapport à un contenu, direction vers un objet (sans qu’il faille entendre par là une réalité) ou objectivité immanente. Tout phénomène psychique contient en soi quelque chose à titre d’objet, mais chacun le contient à sa façon. Franz Brentano, Psychologie du point de vue empirique (1874), I, § 5 Husserl a repris ce concept par sa célèbre formule : « Toute conscience est conscience de quelque chose. » La question de l’intentionnalité se pose dans l’étude du comportement animal : une grenouille qui gobe les insectes, un oiseau qui plonge pour attraper les poissons ont-ils des états intentionnels ? Ont-ils « rapport à un objet » ? Quelle conscience de cet objet ont-ils ? En vérité, il semble bien que l’intentionnalité puisse se ramener à un certain nombre de mécanismes qui assurent une interaction entre l’être vivant et l’objet. De sorte que le concept d’intentionnalité ne capte pas tout à fait ce que nous entendons par « esprit ». En effet, même le robot le plus sophistiqué nous semble dépourvu de pensée. Qu’appelle-t-on donc penser ? Calculer, est-ce penser ? 4. La vie Plusieurs tests ont été proposés pour évaluer la « pensée » des ordinateurs. Le test de Turing stipule par exemple que si un ordinateur est capable de se faire passer pour un être humain dans une conversation, alors il faut lui reconnaître la conscience. A cela, on peut opposer l’argument dit de la chambre chinoise : un homme enfermé dans une chambre, à qui on aurait appris à manipuler les symboles chinois, pourrait réagir correctement sans comprendre un seul mot de ce qu’il « dit ». Il en va de même pour l’ordinateur : un programme sophistiqué pourrait à la rigueur produire les bonnes réactions dans une situation donnée, mais l’ordinateur ne comprendrait pas ce qui est en jeu, la signification des mots : ils se contente de manipuler formellement des signes dont il ignore le sens. Plus simplement et plus clairement encore, ce qui apparaît avec l’exemple des ordinateurs, c’est que la vie fait essentiellement partie de notre concept habituel de « pensée ». C’est la dimension affective et volontaire qui distingue les phénomènes vivants des phénomènes mécaniques. Toutes les opérations intellectuelles humaines pourront sans doute être simulées par un ordinateur, mais celui-ci ne sera jamais doué d’affects (émotions, sentiments) ni de volonté. La différence entre l’homme et les autres animaux est de l’ordre de la capacité cognitive, la puissance de calcul pour ainsi dire, alors que la différence entre l’homme et l’ordinateur est plutôt dans la dimension affective. La « pensée » au sens courant est un concept hybride, qui inclut à la fois la notion de calcul et les notions d’affect et de volonté. Annexes Résumé Introduction I. Gnoséologie A. Le phénomène et la chose en soi 1. Le champ d’immanence - champ d’immanence : ensemble de sensations (phénomènes, apparences) dont nous ne pouvons sortir - ce monde de la vie (Lebenswelt) est le fondement de toute connaissance 2. L’idée de chose - la chose est une idée abstraite obtenue par la synthèse d’une diversité de sensations 3. Paradoxes - la « chose en soi » (la chose indépendamment de la manière dont je la connais) est inconnaissable - rien ne prouve que les choses existent quand elles ne sont pas perçues (Berkeley) - nous avons donc l’idée d’une matière, i.e. l’idée d’une chose qui n’est pas du tout une idée - nous ne pouvons pas connaître la chose, et pourtant elle « se réduit » aux sensations que nous en avons - la chose est donc une simple liaison, une inconnue X qui regroupe des sensations - la chose est la raison de la série des apparences B. Le point de vue de la méthode et le point de vue du système 1. Le cercle - nous avons l’idée d’une matière, et nous pensons que tout est matière, y compris nous-mêmes et nos idées : on peut décrire cela en partant de l’idée, ou de la matière : version idéaliste ou matérialiste - l’idéalisme est donc le point de vue de la méthode (ordre de la connaissance, ordre logique) - le matérialisme est le point de vue du système (ordre des choses, ordre ontologique) 2. Comprendre et expliquer - l’idéaliste préfère comprendre : il comprend la matière par l’esprit (comme production d’un Dieu) - le matérialiste préfère expliquer : il explique l’esprit par la matière - faire reposer le sens sur le non-sens, ou l’inverse, selon ce qui nous semble le plus acceptable comme « socle », comme entité pouvant exister « en soi et par soi » C. Le « monisme neutre » - les briques du monde sont les sensations ; selon la manière de les assembler on obtient la matière (les choses) ou l’esprit (les âmes) - ex : la salle de classe - affinité entre le monisme neutre et le positivisme ; s’en tenir au donné ; point de vue de la méthode II. Ontologie A. La matière et la forme - ex : sculpture, briques, maison - ce qui est matière à un niveau est forme au niveau inférieur - ex : les briques sont matière pour la maison, forme pour la terre - l’idée d’élément : une matière pure, primitive, qui n’est pas une forme - matière et forme sont toutes deux des abstractions : seul le composé de matière et de forme est concret - et même le composé est une abstraction : ce qui existe, ce sont des « choses-processus » B. La matière et l’esprit 1. Théories classiques - dualisme cartésien ; difficulté de l’interaction entre l’âme et le corps par la « glande spinéale » - Leibniz : pas d’interaction : harmonie préétablie - Spinoza : pas d’interaction : deux faces de la même réalité (« parallélisme ») - on ne sait pas ce que peut le corps : l’idéalisme procède d’une sous-estimation de la richesse de la matière 2. Le matérialisme - problème : comment traduire les concepts mentaux en concepts physiques ? - ex : qu’est-ce qu’une douleur ? réponse réductionniste : excitation de fibres C ; réponse fonctionnaliste : un état général de l’organisme ; ex : poulpe 3. Naturaliser l’intentionnalité - l’intentionnalité, c’est-à-dire le fait d’avoir rapport à un objet, est selon Brentano le critère permettant de distinguer les phénomènes psychiques des phénomènes physiques - ex : un désir, une croyance, une peur, une représentation ont rapport à un objet - interprétation du comportement animal et des ordinateurs : y a-t-il intentionnalité ? 4. La vie - test de Turing - argument de la chambre chinoise - la vie (volonté et affects) fait partie de notre concept habituel de pensée et d’esprit ; cela expliquer notre réticence à attribuer la « pensée » et la conscience aux ordinateurs Citations - « Être et penser sont le même. » (Parménide) - « Il n’y a point d’objet sans un sujet : tel est le principe qui condamne à tout jamais le matérialisme. Des soleils et des planètes sans un œil pour les voir, sans une intelligence pour les connaître, ce sont des paroles qu’on peut prononcer, mais qui représentent quelque chose d’aussi intelligible qu’un "morceau de fer en bois". » (Schopenhauer) - « La partie qui raisonne en nous est nécessairement spirituelle : car il n’y a rien de si inconcevable que de dire que la matière se connaît soi-même. » (Pascal) - « Il est plus extravagant de dire qu’une chose inerte agit sur l’esprit que de dire qu’un esprit est cause de tout. » (Berkeley) - « Il me semble que là où il n’y a plus d’êtres sentants ni pensants, il n’y a plus rien qui soit. » (Lichtenberg) Sujets de dissertation Toute réalité est-elle matérielle ? « Ce qui est matériel seul existe, ce qui est spirituel n’est qu’une illusion. » Qu’en pensez-vous ? Matérialisme et idéalisme Les états d’esprit sont-ils seulement des signes de ce qui se produit dans le corps ? Peut-on concevoir un esprit sans corps ? Que peuvent s’apporter ceux qui étudient la pensée et ceux qui travaillent sur le cerveau ? Corps et esprit Si l’homme n’est qu’une machine déterminée par des lois, comment ses actes peuvent-ils avoir une valeur morale ? Peut-on aujourd’hui admettre tous les résultats des sciences de la matière et affirmer que l’esprit vaut encore quelque chose ? Matière et valeur La matière n’est-elle pour l’homme qu’un obstacle ? Qu’est-ce qui fait l’accord des esprits ? Qu’est-ce qui rend l’objectivité difficile dans les sciences humaines ? Etc.

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